« Cher futur bébé… je ne te connais pas, tu ne me connais pas, mais je suis ton père. (S’te plaît si t’as l’âge de comprendre quand tu liras cette lettre, relis ma première phrase en mode dark vador, merci bébé). J’ai essayé d’imaginer ce à quoi tu pourrais ressembler, mais en fait c’est une mauvaise idée, on pourrait être surpris ou déçu, et ce n’est pas normal de devoir être surpris ou déçu par sa descendance.  Si je commence à vouloir mettre un visage et que ce n’est pas ça je vais m’en vouloir. Je ne connais même pas ton sexe. Peut-être que tu es un garçon, ou peut-être une fille. Peu importe tant que t’es à moi. Tu dois te demander pourquoi je t’écris ça alors que t’es pas encore né pas vrai ? T’inquiètes pas, moi aussi je me le demande. C’est-à-dire que je suis toujours aux études, je bosse dur pour pouvoir faire pilote. Pilote de chasse. Et ta mère elle est dans la psychologie. C’est un truc qui lui va bien. Et clairement avec moi je pense qu’elle a de quoi faire parce que je ne suis pas un cas super facile.  Et dire que y a deux ans je connaissais même pas ta mère. Enfin peut-être de vue. Tu sais comment ça a commencé ? Je lui volais les yaourts dans notre résidence. Des yaourts à la fraise spécifiquement. Puis après pour raisons diverses et variées on s’est retrouvés à un poste de police (non tes parents ne sont pas des criminels) et puis on a commencé à sortir ensemble. Ta maman c’est mon héroïne. Je dis pas ça pour faire genre, mais si je le dis pas à toi, je lui dirai pas à elle car j’ai une réputation de mec irresponsable /pas romantique  à tenir, lol.

En fait j’ai énormément de sentiments, c’est pour ça que je t’écris. Tu sais, je sais pas si je serai un bon père.  On m’a déjà reproché d’être un mauvais fils, un mauvais frère et un mauvais petit-ami alors c’est vrai que je me demande sincèrement si je peux être un bon père. Alors tu vas me demander la différence entre le bon et le mauvais. Et ça c’est totalement subjectif. Mais quoi qu’il en soit j’espère que Naeun et moi on pourra te rendre heureux ou heureuse. Peu importe. Ta mère, elle, sera une bonne mère, j’en suis certain. D’ailleurs elle a dû quitter la fac pour prendre soin de toi. J’espère qu’elle trouvera vite un boulot même si elle a pas tout terminé. Je vais faire du forcing avec ma mère, elle est psychologue après tout, elle aussi. Bref j’écris pas pour te raconter ma vie, enfin si un peu, mais je voulais juste te dire que j’espère pouvoir tout faire pour que tu sois un bébé heureux, en plus tu vas avoir les meilleurs parrains du monde, et la meilleure famille du monde car tu seras un Kwon. Par ta mère, et ton père. Kwon au carré bébé »

Enveloppe scellée et à ouvrir le 27 juillet 2048, d’après le générateur de dates. De base j’avais choisi 2098, mais peut-être qu’en 2098 mon gosse n’aura pas atteint ses 78 ans. Et si ce n’est pas mon gosse ça sera la lettre qui se sera dégradée. Alors 2048 c’est plus sûr.  


Un soupir, puis un autre. Une main par-ci, une main par-là. Les cheveux qui s’emmêlent, les corps qui s’enlacent, les doigts qui s’entrelacent. Et les muqueuses qui embrassent chaque parcelle de sa peau encore chaude. Faire attention à ne pas être trop violent. Attendrir ses gestes. Ne rien abîmer. Ne pas paniquer. Faire comme d’habitude. Ne pas oublier de demander. Regarder. Embrasser. Convoiter. Caresser. Embrasser. Lécher. Et aller plus loin si nécessaire. Retirer la première couche, puis la seconde. Embrasser ce qui ne me sera bientôt plus réservé. En profiter pendant qu’il en est encore temps. Et montrer que j’aime ça. De toutes les manières possibles. Sourire. Rougir. Gémir. Jouir. M’abstenir. Ne pas trop en faire mais en vouloir quand même. Et ne jamais la lâcher. Car je ne l’ai jamais autant aimé qu’à ce moment précis. Et même si je dois ravaler toute ma fierté pour avouer ça, j’ai qu’une hâte, c’est de la voir être encore plus à moi. Un tout petit peu plus que d’habitude. Elle et cette jolie chose qui pousse petit à petit, à moi. Pour toujours. Et je serai à eux. Parce que j’ai jamais eu autant envie de donner qu’à ce moment précis. Mots aussi bienveillants que crus au creux de son oreille, corps qui en disent long sur la situation. Et lorsque les draps n’en peuvent plus non plus je m’abandonne à mon tour, me laissant finalement tomber à côté d’elle. Je ne vais pas pouvoir dormir. On est en pleine journée. Ces choses-là, ça se commande pas, et c’est apparemment pire lorsque la femme est enceinte.

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« Fiou…ça m’avait presque manqué » -de coucher- dis-je en sortant alors de ma douche, t-shirt à moitié mis et simple boxer en guise d'habits. Faut dire que ces deux dernières semaines j’avais été considérablement occupé et que des nuits blanches à bosser j’en avais bouffé. « ça a poussé un peu non ? » dis-je en mimant de mes mains une poitrine au niveau de mon torse, sourire aux lèvres. Avec ou sans ça m’est égal, mais je vais pas me plaindre si j’ai plus de matière à toucher qu’à la normale. « Au fait c’est quand déjà qu’on sait pour le sexe ? mon père m'a encore demandé » Peut-être qu’elle m’en veut, de ne parler que du bébé en ce moment. Comme si nous deux ce n’était plus pareil. Pourtant, je l’ai jamais autant qu’en ce moment. Je l’ai jamais voulu autant que maintenant. Et même si on ne se connait pas depuis des années, même si c’est peut-être une grave erreur ce qu’on fait là, et bien à l’heure actuelle c’est ce que je veux. Je la veux elle, je veux le bébé, je veux les deux, mais elle à tout prix. Qu’elle continue de m’aimer comme elle fait. Que je puisse l’aimer aussi de mon côté. Le mieux possible. « Bon, ciné ? restau ? ikea ? patinoire ? ouais non pas patinoire…musée ? magasins de robes de mariée ? Tu veux faire quoi ? burger ? a moins que tu sois trop fatiguée ? »  putain je pensais pas qu’un jour Ikea serait dans ma liste des choses que j’ai envie de faire…Les robes de mariées non plus. Peut-être même que ça porte malheur aussi. On sait pas trop. Mais je veux sortir. C'est l’intérêt de faire l'amour en journée, ça requinque.