Sentant le vent se lever, Yulhee s’arrêta de se balancer d’avant en arrière pour tendre le bras et ouvrir sa main afin de recueillir au creux de sa paume, les quelques pétales de cerisier qui se laissaient attraper. L’hiver avait laissé place au printemps, les journées se faisaient plus longues, les températures étaient plus agréables. Si le parfum des fleurs flottait à nouveau dans l’air et les salles de classe se remplissaient pour une nouvelle année. Du moins, aujourd’hui était le premier jour de la rentrée et de ce qu’elle avait entendu, le premier jour se résumait à un discours du président de l’établissement souhaitant à chacun de réussir, la répartition des classes et l’inscription aux différents clubs. De tout cela, Yulhee n’en avait qu’une vague idée car la rentrée pour elle était synonyme des prochaines visites plus soutenues de ses tuteurs.

Une porte s’ouvre, des étudiants semblent en sortir. Yulhee se détache du mur contre lequel elle s’était adossée et s’avance vers eux, utilisant sa canne s’aider. « Bonjour, excusez-moi, est-ce que vous connaissez par hasard Jung Baekho ? Il est en première année de Staps » demanda-t-elle sans aucune crainte, d’une voix posé auquel s’accompagnait un petit sourire, elle ignorait les murmures que certains commençait à s’échanger sur sa condition. Elle en avait l’habitude, et cela ne lui faisait plus rien. Alea jacta est. L’inconnue s’excuse, mais elle lui confirme un fait, elle l’attendait effectivement devant le bon bâtiment. Rien ne l’y poussait à venir ici, si ce n’est la curiosité et puis, une certaine affection. Même si leur rencontre avait été forcé au départ, au fond… elle s’était habituée à sa présence.
Elle entend son rire résonner dans les couloirs, juste avant que la porte ne se referme. Encore, quinze pas, dix, sept, cinq, trois… « Baekho Oppa ! ». Habillée d’une robe printanière, les choix vestimentaires de la demoiselle n’avaient qu’un seul objectif, faire oublier un instant les deux années qui les séparaient. Il ne voulait pas qu’il la traite d’enfants, devant ses nouveaux amis. Dans deux ans, ce sera à son tour de toute façon.


feat. @Jung Baek Ho

une rentrée universitaire est une nouvelle étape, et bon sang, à moi la liberté ! je vais pouvoir me libérer des contraintes, de ma famille aussi. d'ailleurs, la première chose que j'avais réalisé aujourd'hui, c'était de rejoindre une fraternité. si je serais certainement trop occupé pour m'éclater tous les jours avec eux, je voulais profiter de ma vie étudiante d'une façon ou d'une autre. en plus, j'aurais une chambre pour crécher. le manque de temps m'avait empêché de rechercher un appartement, et puis, je ne voulais pas solliciter mes parents bien que mes économies auraient pu me permettre de louer un appartement dépassant les standards d'un étudiant lambda. de toute façon, rares sont les étudiants boursiers dans le coin. et puis, de ce que j'ai pu entendre dans les couloirs, nous sommes obligés de vivre dans un dortoir les quatre premières années. mais comme d'habitude, il y a un monde entre la théorie et la pratique.

quittant finalement un amphithéâtre où s'était déroulée une réunion d'informations pour les premières années de staps, je me retrouve en compagnie de deux mecs. je les ai rencontrés il y a quelques années lors d'un meeting. celui-ci regroupait plusieurs clubs y compris d'escrime. d'ailleurs, à peine arrivé à l'université que je ne vais pas pouvoir traîner trop longtemps ce soir et c'était pas plus mal comme ça. pas forcément sociable et surtout supportable vis-à-vis des autres, j'ai un énième entraînement a eu lieu dans quelques heures. malgré la rigueur demandée par l'université de la yonsei, mon programme peut être adapté à mes heures d'entraînement. la liberté, je ne mentais vraiment pas. je me mets légèrement à rire alors que c'était l'objet même de la conversation avec les deux autres types, mais c'est sans compter sur une intervention soudaine. qui m'appelle ? je fronce naturellement les sourcils avant de remarquer la présence de yulhee. je leur fais signe de continuer, que je les rejoindrais plus tard s'il le faut. " yulhee ? mais qu'est-ce que tu fais ici ? " j'observe sa tenue. " tu cherches un universitaire pour te vanter auprès de tes copines ? t'aurais pu éviter la canne dans ce cas. " trop franc, je sais mais j'ai arrêté de prendre des pincettes avec elle. le petit ange, c'était mon frère pas moi.  


feat. @Sun Yulhee

Rien ne l’obligeait à venir, les jours où son père se montrait particulièrement insistant lorsqu’il s’agissait de rendre visite aux Jung étaient révolus, et pourtant, elle se tenait là, à attendre l’un d’entre eux, celui avait qui elle avait passé le plus de temps – mais pas celui qu’elle attendait toujours secrètement. Des liens, qu’elle n’aurait jamais cru pouvoir exister, s’étaient tissés entre eux. Si au début, elle le trouvait quelque peu intimidant, tant il la repoussait dans ses retranchements sans aucune vergogne, ce n’était désormais plus le cas – du moins, elle ne se laissait plus aussi facilement décontenancée. Plutôt que de se taire et d’esquisser un sourire embarrassé, elle commençait à lui répondre, avec plus d’assurance. Yulhee ne pouvait pas dire qu’elle s’était habituée à lui et qu’elle le connaissait parfaitement, mais elle essayait. Elle voyait cela comme un défi à part entière, peut-être qu’un jour, elle pourrait s’en sortir indemne.

Elle n’entend plus que lui s’approcher vers elle et conclut que ceux qui l’accompagnaient devaient être partis. Même si leur présence ne la dérangeait pas, elle espérait que la sienne non plus. « À ton avis ? », question purement rhétorique tant elle sait qu’elle ne peut s’attendre d’un simple accueil de sa part. Ce serait trop lui en demander. « Encore faudrait-il que j’en ai » rétorqua-t-elle sans éprouver la moindre honte, là où, quelques années auparavant, elle aurait prétendu le contraire. Elle passait ses journées chez elle, à recevoir la visite de différents tuteurs, ne sortant que pour les cours de piano, et encore. « Ma canne ? », demande-t-elle en serrant celle-ci pensivement, avant de lever le regard en sa direction, « parce qu’elle est embarrassante ? ».



feat. @Jung Baek Ho

la présence de la belle ne me fait pas honte mais j'ai toujours préféré prévenir que guérir. j'ignore si les deux camarades de ma promo sauront se tenir alors que je suis le premier à la taquiner sur le sujet. la différence, c'est que je suis loin d'être un inconnu aux yeux de yulhee. sans mauvais jeu de mots. et puis, ce qui m'a poussé à les inviter à poursuivre leur chemin, c'est l'effet de surprise. mon amie a fait le déplacement jusqu'à l'université pour une raison que j'ignore. j'ai tendance à m'imaginer le pire avec elle. non pas que je m'inquiète trop mais yulhee me prend par surprise et je suis loin d'être le meilleur dans le cadre de la spontanéité. si j'aime surprendre mes proches, l'inverse n'est pas vrai. '' même pas imaginaires ? " comme d'habitude, je me montre dur. je cherche à faire le moins de différence yulhee et les autres. ce n'est pas toujours efficace mais je me laisse tout de même vivre. " non. car si les hommes font leurs perpétuelles conneries, tu auras déjà une arme pour leur botter l'arrière-train. " je pouffe naturellement de rire et appuie mon dos contre le mur d'à côté. je croise les bras et la regarde d'un air nonchalant. " en tout cas, ta petite robe te va à ravir. tu veux qu'on aille boire un truc, histoire de ne pas gêner le passage. " finalement, je me redresse. ce repos a été de courte durée mais c'est pour un meilleur programme. " promis, on s'installera à l'intérieur. je ne voudrais pas que tu attires les guêpes. j'ai horreur de ces trucs ! " malgré la saison, les insectes sont déjà de sortie. je n'ai rien contre eux mais ceux qui décident de nous attaquer gratuitement n'ont pas ma bénédiction. pourtant, si je devais me comparer à un insecte, je serais certainement un frelon. un des kings trop chiants qui s'agitent près de nos oreilles... et puis, vu mon niveau en escrime, c'est tout aussi légitime. " ça c'est bien passé aujourd'hui ? "  

feat. @Sun Yulhee

« Dans ce cas, fais-tu parti de mes amis imaginaires ? J’aurais du te faire plus gentil alors… » rétorque-telle tout simplement, faisant transparaître sur son visage, une légère moue. Elle l’appréciait, même s’il était des plus rustres. Avec une douceur étrange, elle posait la question qui lui brûlait les lèvres à chaque qu’elle sentait les regards se poser sur elle, sur sa canne, à chaque fois qu’elle surprenait un murmure qui la mettait en objet. Bien qu’elle affiche une parfaite indifférence, bâtie au fil du temps par la force des choses, cela ne l’empêche pas de sentir ressurgir, encore et encore, cette insécurité. Cela se traduit par un léger pincement au cœur, et parfois, davantage, au point où elle a simplement envie de disparaître, d’être chez elle, loin des regards, loin de tout. Mais cette interrogation traverse le seuil de ses lèvres que pour le déranger, lui – sauf qu’il en faut bien plus pour mettre à mal l’animal et puis, rares étaient les fois où elle réussissait. À ce jeu-là, elle enchaînait les défaites. « Dans ce cas, gare à toi, tu risques de ne plus pouvoir t’asseoir », elle soulève son arme, et le brandit de la façon qu’on brandirait un fleuret. Elle ne pouvait prétendre pouvoir faire de l’escrime, mais au moins, elle avait cette simple et unique base. Elle baisse sa canne, en même temps que s’étire sur ses lèvres un sourire à l’entente du compliment. « Est-ce parce que je suis une fleur ou parce que j’ai une robe à fleur qu’elles vont venir ? », question stupide, mais elle est posée avec innocence ou presque. Elle soulève un pan de sa robe et attend la réponse en inclinant légère la tête vers la gauche, signe d’impatience. « Une boisson, et une pâtisserie dans ce cas », elle lui attrape le bras, en même temps qu’elle range dans son sac, sa canne rétractable. Ainsi, elle pouvait ressembler à n’importe qui. « Hm, ça a été, il faut juste que je travaille davantage mon morceau de piano… », elle était bien trop distraite pour se concentrer à quoique ce soit. « Et toi ? Raconte ! Comment ça s’est passé ? Vous êtes nombreux ? Tu t’es fait des amis ? Ton emploi du temps est comment ? »


feat. @Jung Baek Ho

avec étonnement, je remarque la présence d'un sourire sur mes lèvres quand elle m'inclut dans sa liste d'amis. je ne devrais pourtant pas être surpris depuis le temps mais il faut dire que notre relation n'a pas été exemplaire à ses débuts. la jeune fille, à cette époque, avait ressemblé plus à une corvée qu'à autre chose. et finalement, par un je ne sais quel moyen, j'ai réussi à l'apprécier. l'inverse doit peut-être tout aussi vrai. je secoue simplement la tête avant d'enchaîner plusieurs boutades y compris des sujets plus ou moins sensibles. parler de handicap effraye la plupart des gens mais je ne voulais pas faire preuve de pitié envers la demoiselle. je ne l'ai jamais et je ne compte pas changer de point de vue d'aussitôt. je grimace quand yulhee évoque de me donner une bonne correction. pourtant, je refuse d'être mélangé aux autres hommes bien que j'ai déjà fait quelques frasques du genre dans le passé. mais maintenant, je suis irrécupérable et même si je ne veux pas sous-estimer le pouvoir de sa canne, il est désormais trop tard pour agir. " et tu oserais faire du mal à un ami ? " je prends une mine offusquée et lui propose, par la suite, de bouger un peu afin de déguster une boisson ou un bon dessert. " prends la réponse qui te plaît le plus. " la réponse était évidente mais je ne voudrais pas la froisser. froisser une si jolie robe, ah ah. la main de la demoiselle se pose sur mon bras et nous avançons ensemble vers la sortie du bâtiment. " j'ai l'impression d'entendre une mère. " j'emploie bien la généralité car ma mère n'est jamais réellement posée de questions à mon égard. je ne parle pas de maintenant. après tout, cette rentrée à l'université ne m'inquiétait pas mais quand j'étais plus jeune, l'histoire était bien différente. " on est nombreux oui. on est beaucoup à tenter nos chances dans cette filière. on verra comment ça se passe par la suite mais oui, eomma, je me suis fait quelques amis. " je lève les yeux au ciel et échappe un rire. " j'ai pas mal d'heures de cours mais c'est plutôt gérable, je vais pouvoir suivre mes entraînements d'escrime. " je m'étire doucement avant de tenir la porte. " vas-y entre. " je la laisse passer et nous entrons ensuite dans le café de la faculté. " qu'est-ce que tu veux comme dessert alors ? ils ont des muffins au chocolat ou il y a quelques desserts au citron. " j'observe les desserts exposés en vitrine. " je vais prendre un thé glacé à la pèche. " dis-je au serveur avant de me tourner vers yulhee. nous sommes tout deux dans l'attente de sa réponse.  

feat. @Sun Yulhee

Si jusqu’à ce qu’elle ne le rencontre, elle n’était qu’une page blanche sur laquelle il était difficile de savoir ce qu’elle pouvait penser ou ressentir tant elle étouffait ses propres couleurs, tant elle s’interdisait se dévoiler. Impassible, simplement souriante, elle se mettait volontairement en retrait et se fondant alors dans le paysage. Solitaire, invisible, elle ne préférait pas les ombres, bien au contraire, mais elle n’ose pas. Tout l’effraie. Sauf qu’à force de passer du temps sur lui, il la pousse en dehors de sa zone de confort, la bouscule, si bien qu’avant même de le réaliser, il commence à déteindre sur elle. Ses sourires ne sont plus silencieux, elle s’affirme doucement et montre timidement ses couleurs. Son regard s’illumine davantage chaque fois qu’il est là. « Tu me dis de botter l’arrière-train des hommes, mais je dois encore déterminer si c’est un ami ou non ? », elle lui retourne l’interrogation, n’osant pas le lancer dans l’éternel débat qui est celui de savoir si un homme et une femme peuvent simplement être que des amis. Sois prudente, les hommes sont des loups, lui avait-on dit. Mais qu’en était-il d’un ami ? Elle ne savait pas et ne demandait qu’à connaître la réponse. « Celle qui me plaît le plus… hm.», sans terminer sa phrase, son sourire s’étire tandis qu’une légère teinte rosée embellie ses joues. Elle avait choisi.

Elle fronce les sourcils à sa remarque, « manque plus que je te demande de me les présenter, afin que je puisse m'assurer qu'ils soient tous bien fréquentable alors».  Si elle le dit sur un ton plaisantin, elle reste toutefois curieuse. Curieuse de connaître son entourage, son petit monde, encore plus. Peut-être qu'elle s'immisce bien trop, mais elle ne peut s'en empêcher. Ses journées sont termes, les gens qu'elle rencontre sont les mêmes. « Est-ce que je pourrais venir te voir alors ? », elle se penche en avant pour croiser son regard. Sa condition l’empêche de réellement assister à une session d’entraînement, à moins qu’il ne prenne le temps entre deux duels, de commenter ce que font les autres, lui ou un camarade. Mais le bruit lui suffit et généralement, elle prend de quoi lire, s’occuper, sans être enfermée dans sa chambre, dans sa cage dorée. « Pas de muffin à la myrtille je suppose ? », une moue se lit aussitôt sur son visage tandis qu’elle réfléchit à une alternative potentielle, « la même boisson que toi, avec un flan au citron… et de la crème chantilly ! ». Naturellement, elle se tourne vers Baekho, il est celui qui paie après tout.


feat. @Jung Baek Ho

les questions posées par mon amie d'enfance sonnent maternelles. elles me provoquent un rire, sachant pertinemment qu'elle sera bien la seule à m'interroger à ce sujet. ma mère ne s'est jamais réellement préoccupée de moi ou en tout cas, pas autant que je l'aurais souhaité. et puis, je suis désormais peut-être un peu trop indépendant pour qu'on ait le courage de s'inquiéter à mon égard. toutefois, la gentillesse de yulhee ne me dérange pas. elles me permettent de la taquiner, une nouvelle fois encore. du pain béni sans aucun effort. je ris doucement à sa réplique. " foutaises. tu cherches juste à rencontrer un homme plus âgé. " pour se vanter auprès de ses amis, aurais-je ajouté si je n'avais pas pris note du mode de vie de la demoiselle. je ne veux pas non plus trop remuer le couteau dans la plaie. je protège yulhee à ma façon. ce n'est certainement pas la meilleure méthode mais avoir honte de soi était certainement le plus grand handicap auquel elle devrait se confronter. en tout cas, c'est ma vision des choses. " hm, si tu veux. tu n'as pas peur de t'ennuyer ? " finis-je par demander d'un ton curieux. puis, nous nous dirigeons vers le café, annonçant la carte naturellement à la jeune femme comme j'avais pris l'habitude de le faire. ça lui évite de poser la question, de demander encore un service et moi de trop m'impatienter. " non, je te l'aurais dit sinon. " je lui laisse un temps de réflexion avant d'arquer un sourcil en entendant sa commande. " vraiment ? si tu prends avec de la chantilly, je doute que cette robe continue à être aussi flatteuse. "  le vendeur est déjà parti. c'était simplement une remarque, je ne vais pas la priver de se faire plaisir, bien sûr. " au fait, j'ai décidé de m'inscrire dans une fraternité. je ne sais pas trop pourquoi mais je me dis que ça pourrait être marrant. c'est un peu le passage obligatoire dans une faculté non ? j'espère juste qu'ils ne seront pas trop casses-couilles. " sentant que je venais de tendre une perche à yulhee, je me rattrape. " enfin pas autant que moi, quoi. " le vendeur revient à notre hauteur et j'attrape mon portefeuille dans la poche arrière de mon jean.  " allons-nous installer. "  munie du petit bippeur, nous prenons place, le temps qu'il puisse finir de préparer le nécessaire. je m'étire doucement. " j'ai eu des nouvelles de mon grand-frère. je suppose que ça t'intéresse ? "

feat. @Sun Yulhee

L’hilarité de Baekho laisse l’adolescente perplexe tant elle ne comprenait pas en quoi les questions posées pouvaient provoquer de tels rires. Son interrogation se traduit par cette légère inclinaison de sa tête vers le côté droit sans qu’un son ne traverse le seuil de ses lèvres. Elle a peur de se ridiculiser, de gaffer et arracher un nouveau rire à son ami. « Non c’est faux ! » tempêta-t-elle en lui frappant l’avant-bras pour manifester sa désapprobation à cette idée qu’elle considérait comme parfaitement ridicule. Son manque de confiance l’empêcherait de faire un tel pas en avant. « Qui voudrait d’une aveugle de toute façon » murmura-t-elle de façon quasi inaudible avec une expression grognonne. Se serait mentir que de prétendre que l’envie de rencontrer de nouvelles personnes, de créer de nouveaux liens, n’existait pas. Mais le courage lui manquait cruellement. Si tout le monde était comme Baekho, elle se disait qu’un seul lui suffisait amplement.

« Moi, m’ennuyer ? Jamais ! », pouvoir se rendre à ses entraînements lui donnait une bonne raison de sortir et quitter les murs de cette maison où elle vivait telle une exilée. « Et puis, ce n’est pas comme si je ne pouvais pas lire en même temps » ajouta-t-elle, de peur de ne pas pouvoir convaincre son ami. Et puis, en allant le voir, cela lui permettrait par la même occasion de pouvoir passer du temps avec lui. « À moins que tu aies des choses à cacher… du genre une petite amie ? », elle se saisit de l’opportunité pour le charrier comme il le faisait continuellement. « Je ne voudrais pas interrompre tes petites escapades amoureuses à la fin de tes séances d’entraînement…, elle est comment ? jolie ? est-ce qu’elle est gentille ? »
Même s’ils entrent dans le café et que le vendeur les coupe, cela ne l’empêche pas de secouer le bras qu’elle tenait de Baekho pour lui soutirer une réponse. Mais sa réaction à sa demande d’extra lui arrache une grimace « Comment ça ? tu insinues que je suis grosse ? Pourtant… le médecin n’a pas fait de remarque sur mon poids… il a même dit que j’avais une bonne croissance ». De sa main libre, elle commence à essayer de pincer la bouée qu’il lui prétendait. « Tu crois… que je devrais demander au vendeur de retirer la chantilly ? ». Il lui en fallait peu pour croire son ainé, mais ses inquiétudes furent vite oubliées, chassées, par la tournure de la conversation. « Je ne sais pas si c’est un passage obligatoire, mais ça me semble cool ! Tu es entrée dans quel fraternité ? Y en a combien ? Est-ce que ce sont les meilleurs ? Tu vas les rencontrer quand ? J’espère qu’ils ne seront pas tous comme toi, ça risque d’être fatiguant sinon… » Une inspiration et plusieurs questions à la chaîne.

Presque docilement, elle le suit et s’installe à la table. Yulhee ne retrouve le sourire que lorsqu’il revient les bras chargés. Quand sa main touche le verre de sa boisson, ses yeux pétillent davantage de gourmandise. « Merciii et bon appétit ! »

Toutefois, elle s’arrête de boire quand elle entend le nom du frère de Baekho surgir. À nouveau, elle sourit de plus belle, « Ouiii ! Il devient quoi ? Il revient bientôt ? »


feat. @Jung Baek Ho

je me demande sincèrement où serait l'intérêt de la jeune femme de m'accompagner à l'entraînement. sa présence ne me dérange pas, contrairement à ce qu'elle peut souligner. c'est simplement une question de logique mais apparemment, ce que je soulève ne rend pas mon amie confuse. je me contente naturellement d'hausser les épaules quand elle me parle d'une petite amie. à vrai dire, je n'ai pas spécialement du temps dédié à une femme, surtout qu'elle et ses copines ont souvent un caractère trop compliqué à gérer. je doute trouver quelqu'un qui apprécierait mon mode de vie à ce jour. ce n'est pas pour me déplaire, batifoler est toujours appréciable. je n'ai juste clairement pas envie de me caser, j'ai trop de beaux jours à venir pour me condamner dans une relation amoureuse ou un équivalent. j'aurais pensé que yulhee l'aurait deviné à moins que cela soit un moyen pour elle de me chercher ? eh bien, tant mieux pour elle, elle m'a trouvé. " désolé de te décevoir mais je suis bel et bien célibataire. et si j'étais avec quelqu'un, crois-moi, elle ne serait pas que jolie. " quant à la gentillesse, ce n'est pas la qualité première que je recherche. je passe les détails à la demoiselle. plus jeune que moi, je suis certain qu'elle pourrait rougir de gêne. le spectacle m'aurait bien plus mais je me souviens de sa canne. elle serait prête à me frapper avec si j'osais parler mal des personnes du genre féminin. " non, tu ne l'es pas. mais si tu fais attention, tu pourrais le devenir. " je crois entendre une enfant quand elle m'évoque sa bonne croissance. notre différence d'âge n'est pourtant pas si conséquente. enfin, je ne voudrais pas contrarier monsieur le médecin. " t'es vraiment crédule, yulhee. laisse la chantilly, au pire, je me chargerai de la manger. " c'était ingénieux comme plan, n'est-ce pas ? je finis par échapper un rire. " je vais rejoindre les pyobeom. je ne sais pas si ce sont les meilleurs mais ils le deviendront certainement grâce à ma présence, non ? " tant de questions et c'est moi qui suis fatiguant ? qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre... je secoue la tête. " il y en a quatre et je vais aller voir ça, en fin de journée ou début de soirée de mémoire. " nous nous installons à table et je commence à m'amuser à écraser - sans succès - les glaçons dans mon thé. puis, je décide d'évoquer mon grand frère à yulhee. elle, qui l'adulait tant. quoi que, je ne devrais pas parler au passé vu le sourire qu'elle affiche. je me demande si elle s'en rend compte. à cette réflexion, je ne peux pas m'empêcher de sentir comme un pincement au coeur. " toujours dans son équipe de hockey. la saison se finit bientôt et il a été nommé mvp lors de son dernier match. il est aux anges et il n'est clairement pas prêt de revenir. " je surveille la réaction de yulhee. " je le comprends. ce pays n'a pas grand-chose à lui apporter. "


feat. @Jung Baek Ho