Depuis plusieurs mois, Evan avait le sentiment d’avoir enfin tout ce qu’il avait désiré dans sa vie. Voire même plus. Et c’était étrange comme sensation, agréable mais surprenant. Pendant longtemps, il n’avait fait que longer une chemin qui ressemblait davantage à des montagnes russes. Des moments de bonheur suivis d’étapes à surmonter, mais peu de périodes de calme. Pourtant, c’était enfin le cas. Il avait pu exposer certains clichés dans plusieurs galeries de la capitale, et avait même vendu sa première photographie. Il avait réussi son année, ayant même été propulsé au rang de vice-président de sa fraternité. Et pour couronner le tout, il avait Ma Nah. Celle dont il avait longtemps rêvé, celle qui semblait inatteignable, et qui pourtant, faisait son quotidien depuis quelques mois. Bien sûr, il y avait toujours ces tracas du quotidien, ces rendez-vous à l’hôpital qu’il manquait la plupart du temps. Mais il pouvait le dire, Evan était heureux. Il semblait avoir trouvé un certain équilibre dans sa vie, et s’en accommodait parfaitement.
Quelques mois de bonheur ne font pas tout, il le sait. Il le sent, depuis plusieurs jours. Il reste toujours le même avec Ma Nah, avenant, amoureux. Mais il a le sentiment que ça s’effrite, peu à peu. Que la magie des premiers jours s’estompe lentement. Lui qui s’est attaché tant de fois mais n’a jamais réussi à avoir une relation stable et sérieuse, se met bien malgré lui à douter. Il aimerait pouvoir se dire que tout ça est dans sa tête, pourtant il voit bien que Ma Nah est de plus en plus distante. Et ça lui fait peur, quelque part, il ne sait pas quoi faire. Alors, en sortant des cours aujourd’hui, il se dépêche comme il peut pour la retrouver devant sa salle, un sourire sur les lèvres, cette attention qu’il lui porte toujours. Lorsqu’il la voit arriver, il attend simplement qu’elle vienne à sa rencontre, garde cet air enchanté sans pouvoir le cacher. « Coucou. » lance-t-il avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. « Je m’suis dit qu’on pourrait aller manger un bout tous les deux avant de rentrer au dortoir, qu’est-ce que t’en dis ? » Ca lui arrive souvent, de l’emmener faire un tour à la fin de la journée, un moyen pour lui de lui offrir quelques moments en dehors de cette vie d’étudiant. Pourtant aujourd’hui, il espère réussir à lui parler, faire taire les doutes qui commencent à le submerger. Même si quelque part, il doute être capable de trouver le courage pour ça.