20h08 ; evan balade tranquillement dans le dortoir, comme à son habitude. bobby le suit de près, il sait que c’est bientôt l’heure d’aller au parc. à croire que ce singe est bien plus intelligent qu’il n’y parait. en passant devant le confessionnal, le pyobeom s’arrête, regarde autour de lui, et finit par entrer dans la pièce, son capucin faisant de même. « ayoooo les p’tits chats ! comment ça va ? moi ça va. » il s’installe rapidement dans le fauteuil en face de la caméra, arrange son bonnet avant de se mettre à l’aise. « c’est plutôt calme au dortoir en ce moment, et juré, ça fait du bien ! mais ça fait bizarre quand même. mais c’est cool ! » bobby prend place sur ses jambes, comme si de rien n’était. « sinon… ah ouais ! y’a une meuf, je sais pas qui c’est, elle a posté un doss de moi sur son gns. sérieux ? » il lâche un rire amusé. « franchement, je sais pas ce qu’elle cherchait à faire, si c’était un bizutage ou quoi mais… juré elle sait pas ce que c’est du vrai doss sur moi ! j’crois qu’à partir du moment ou t’as du te balader dans les couloirs de la fac en maillot de borat, plus rien t’atteint ! et vous pouvez m’croire, c’est du vécu ! non franchement… ça m’a fait rire. j’crois qu’ils sont pas prêts ceux qui essaient de m’afficher. au moins, ça aura le don de m’avoir amusé cinq minutes, c’était cool. » il hausse ses épaules, garde ce sourire sur ses lèvres. « ça m’fait penser… faudrait peut-être s’organiser une soirée un de ces quatre. j’dis pas ça pour faire du doss sur les pyos hein ! de toute on sait que ça reste entre nous. mais ça fait un moment j’crois qu’on en a pas fait. ouaip, faut que j’aille le proposer ! j’vais l’faire maintenant d’ailleurs ! on s’recapte bientôt ! » à ces mots, evan se lève, garde son capucin dans les bras, et sort déjà de la pièce, sa voix résonnant dans les couloirs. « les gars ! qui est chaud pour s’faire une soirée soon ? cocktails gratuits et piscine à volonté ! »

00h55 : impossible de trouver le sommeil parce que la dernière réunion avait eu un impact important sur ma psyché. On parlait librement dans ce cercle. Les histoires des autres me touchaient parce qu’elles paraissaient plus tragiques que la mienne. Il fallait que mon cœur se soulage de ce poids qui pesait dessus depuis un moment. Je savais que le dortoir des pyobeoms comptait un confessionnal. Je décidais de quitter mon lit douillet pour m’y rendre. Je fis le moins de bruit possible puis me glissais dans le confessionnal en compagnie de mon oreiller. Assis en tailleur, je laissais une grimace déformé mes traits avant de me lancer. « Je suis une personne horrible… j’en prends conscience un peu plus chaque jour parce que mon geste a été égoïste. Je me suis laissé submerger par la souffrance physique sans penser aux conséquences que cela aura sur mon entourage. » Je me mords l’intérieur de la joue. « Ma blessure au genou ne guérissait pas assez vite à mon goût. Je voulais rester la star de l’équipe de basket. Mon objectif était de me faire remarquer par une équipe professionnelle… alors il ne fallait pas que je sois sur le banc une seule fois. » Je serre mon oreiller contre moi. « Quelle autre solution aurais-je pu trouver ? Prendre le temps de me soigner… ouais j’aurai dû faire ça finalement… mais j’étais con, angoissé et sous pression. Il est difficile de décevoir ses parents même quand on devient adulte. Ils ne m’adressent plus la parole depuis mon overdose. Ils ne veulent plus me voir… Au moins je sais à quoi m’attendre avec eux. » J’essuie une larme qui perle au coin de mes yeux. « La crimson me paraissait être la meilleure solution. Je me suis embarqué dans cette connerie en suppliant Il Kyang de me fournir… Il m’en fallait toujours plus. Cela ne faisait plus vraiment effet mais je poursuivais mes conneries. Je ne comprenais pas que je prenais la pente descente. Il a fallu que je tombe dans les profondeurs pour comprendre que je me fourvoyais. » Un gros soupir. « Aujourd’hui je tente de reprendre ma vie en main mais c’est difficile. Ma famille ne me parle plus, mes amis ont souffert par ma faute. Je ne peux plus faire de sport au haut niveau. Adieu les études en staps ! Je dois trouver une nouvelle voie. Je me suis lancé en médecine comme mon dernier atout maintenant est mon QI élevé… autant qu’il serve. » Je hausse les épaules. « La suite au prochain épisode. »

15h30 : Euigeon n’avait pas cours cet après-midi. Il aurait aimé passer du temps avec Malia, mais elle n’était plus là. Pensait-il encore à elle malgré tous ces mois passés sans aucunes nouvelles de sa part ? La réponse était oui. Il n’y avait pas un seul jour, une seule heure ou une seule minute où la jeune femme ne s’imposait pas à son esprit. Pourquoi ? Parce qu’il était encore amoureux, terriblement amoureux de la jeune femme et que ça ne partirait pas comme ça, en un claquement de doigt, malheureusement, et ce malgré les mois qui passaient. Il avait essayé de se faire une raison, était sorti, avait bu, avait rencontré d’autres personnes. Mais la jeune femme s’imposait encore et encore à son esprit malgré tout. Il avait essayé d’en parler à ses amis, de la retrouver en vain. Alors, il s’était dit qu’il allait en parler encore une fois et que ça le soulagerait. Ce serait la dernière fois qu’il en parlerait. Il ferait en sorte que ce soit la dernière fois. Il ne pouvait pas continuer de vivre dans le passé et encore moins à la chercher en vain. Elle était partie, il devait se rendre à l’évidence. Euigeon s’installa donc devant la caméra et l’alluma. « Bonjour, je m’appelle Euigeon. » Bon ça c’était plutôt évident et il ne savait pas comment démarrer tout ça. il n’avait pas l’habitude. Alors, il laissa simplement les mots sortirent de sa bouche. « Il y a quelques mois, j’ai perdu la femme que j’aimais. Oh, elle est pas morte. Elle a juste disparu sans laisser aucune trace. Je l’ai cherché pendant des mois, sans aucune nouvelle piste. Elle s’est juste volatilisée. Elle a sûrement du quitter le pays… » Il soupira fortement avant de reprendre. « Mais pourquoi ? Je ne sais pas. J’ai passé tellement de temps à me demander ce que j’avais fait de mal ou justement ce que je n’avais pas fait et j’en suis venu à une seule et unique conclusion. Ce n’est pas ma faute si elle est partie. Aucune relation n’est parfaite mais elle ne peut pas fonctionner sans communication. J’aurai aimé qu’elle me parle de tout ça… Mais ça n’a pas été le cas malheureusement. Maintenant, je dois la laisser partir réellement et ne pas m’obstiner à la chercher. » Il hocha la tête à ses mots, comme pour les approuver. « C’était donc la dernière fois que je parlais d’elle. » Il éteint la caméra et quitta les lieux sans se retourner, espérant ainsi marqué le jour où il tournait la page pour de bon.

20h30 : Visage masqué, casquette collée sur la tête cachant la moitié de ses yeux, Minjun marchait dans les couloirs du dortoir des pyobeoms, la tête baissée. Il ne voulait pas se faire reconnaitre par ses camarades alors qu’il se rendait au confessionnal. Il ne souhaitait pas qu’on le voit aller là-bas parce qu’il avait des choses à dire et qu’il était assez gêné de ces choses-là. Il commençait petit à petit à se rendre compte que Hyuntae était réellement sérieux quand il lui disait qu’il l’aimait. Ce n’était pas une petite amourette d’adolescent comme il le pensait ou même simplement de l’amour fraternel. Il était sincère dans ses mots et ça faisait peur à Jun. Ça lui faisait peur parce que cela reviendrait à remettre en cause toute leur relation et ce qu’il pensait qu’elle était. Parce que pour Minjun, cette relation n’était que fraternelle, du moins il le pensait avant que les sentiments de Hyun n’entrent en compte. Il était perdu par rapport à ça et ne savait pas comment réagir. Est-ce que les siens de sentiments avaient changé ? De ce qu’il considérait savoir, non. Ils étaient toujours ceux d’un grand frère pour son petit frère. Mais ne se voilait-il pas la face ? N’essayait-il pas de se cacher derrière ça pour ne pas voir la vérité ? Jun n’en savait rien et était complètement perdu. C’était pour cette raison qu’il devait en parler à quelqu’un. Il aurait pu le faire avec Manah, mais il ne savait pas si elle comprendrait, mieux si elle pourrait l’aiguiller et l’aider à faire le tri dans ses pensées. Il n’avait donc personne d’autre à qui parler. Il arriva devant la porte du confessionnal et poussa la porte en regardant autour de lui pour voir si quelqu’un l’avait vu rentrer. Il se plaça devant la caméra après l’avoir allumée et resta quelques secondes, peut-être même quelques minutes silencieux ne sachant pas quoi dire. Il prit une grande inspiration avant de se jeter à l’eau. « Je Je crois que mon meilleur ami est amoureux de moi… Et je sais pas comment gérer cette information. » Sur ces mots, il se releva, éteignit la caméra et se mit presque à fuir. Le dire à voix haute rendait les choses encore plus réelle et ça l’effrayait.