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watch as the waves, fall back into place [♥Reika]

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watch as the waves, fall back into place [♥Reika] | Jeu 19 Mar - 22:27
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So light hold back the night, wait until it's right.
rei
kaia
#reikaisborn
« Tu ne sais donc rien faire de bon hein ? » Sa voix est grinçante de mépris, un rictus cruel au coin de ses lèvres sur son visage bouffi et rouge de colère. Il rigole, si on peut appeler ça un rire et lorsque ce son glacial s'éteint c'est pour être suivi par celui plus sec, plus tranchant, d'une gifle qui aura fendu l'air sans qu'elle ait pu la voir arriver. C'était peut-être mieux comme ça, mais déstabilisée par l'impact, elle tombe mains les premières sur le bazar qu'est le plan de travail de cette cuisine lugubre et minuscule qui sent l'humidité et la fumée de cigarette. Les éclats de verre lui entaillent les paumes et elle tente tant bien que mal de retenir son gémissement de douleur. En vain. Et lui, il semble s'énerver qu'un peu plus, comme si sa douleur l'avait personnellement offensé. « Ramasse ça ! En silence ! » Lorsqu'il esquisse un pas vers elle, elle se recroqueville sur elle-même et glapit de terreur. Foutue erreur de débutante. Lorsqu'il lui empoigne violemment les cheveux, elle baisse les yeux, se mord la lèvres au sang pour ne pas se mettre à sangloter à voix haute. Lorsqu'il se sert de sa prise pour l'envoyer valser contre l'armoire de la cuisine à deux pas de là, elle n'esquisse pas un mouvement pour se relever du sol poisseux sur lequel elle a atterrit et ferme les yeux tellement fort qu'elle voit des points blancs sur ses paupières, elle espère, non pas pour la première fois, pouvoir disparaitre. La voix de l'homme s'immisce dans le noir dans lequel elle s'est réfugiée en fermant les yeux. Il ne crie pas et pourtant elle l'entend comme s'il s'était mis à hurler dans un parlophone. « La prochaine fois que tu me refais un coup pareil... » Il ne termine pas sa phrase, mais elle sait très bien que ce n'est pas les idées qui lui manquent, quand il s'agit de menacer, il n'a jamais eu besoin d'en dire beaucoup. Elle l'entend partir d'un pas furibard et entre ses paumes ensanglantées, la douleur lancinante dans son dos et son crâne et sa cheville contorsionnée de manière complètement inconfortable, elle tente de retenir ses larmes. S'il l'entend pleurer, il va revenir et quelle que soit la menace qu'il avait voulu proférer quelques secondes plus tôt, il fera pire.

Tout ses muscles crient de douleur lorsque Kaia surgit violemment de son sommeil troublé en haletant, tremblante et désorientée. A tel point qu'elle retient de justesse un cri lorsqu'Aakia vient poser sa petite tête triste sur sa main, tentant tant bien que mal de la rassurer comme il le fait toujours lorsqu'elle se réveille d'un de ses cauchemars. Doucement, elle prend conscience de son environnement. La lumière du jour qui se lève, les rideaux qui ondulent doucement emportés par la brise qui se découle de la fenêtre entrouverte, de l'odeur familière de l'appartement de son frère, le coton doux, mais trempé de son édredon qui lui colle à la peau. Son coeur ralentit doucement la cadence alors que son cerveau lui répète qu'elle est en sécurité. Ses poumons bloqués dans sa gorge, elle laisse échapper un sanglot qui se transforment rapidement en pleurs silencieux alors qu'Aakia monte sur le lit pour venir se coller à elle. Après une longue semaine à revivre les pires moments de se vie toute les nuits, elle est trop fatiguée pour tenter de se contrôler et laisse aller son désespoir alors qu'elle sert le toutou contre elle, le visage enfoui dans son pelage soyeux. Elle laisse couler ses larmes librement, geint et sanglote, personne ne lui fera du mal pour ça. Plus maintenant.

C'est donc pâle comme la mort, mais avec les yeux moins morts et moins vitreux qu'au matin que Kaia débarque au cabinet de son psy en début d'après-midi après lui avoir téléphoné pour caler un petit rendez-vous d'urgence. Fébrile, elle adresse un sourire minuscule, mais sincère à la réceptionniste qui la connait bien depuis le temps. Ne se formalise pas non plus quand celle-ci lui rappelle qu'elle est un peu à l'avance et qu'en plus les rendez-vous ont pris un peu de retard et qu'elle va donc devoir patienter un bon moment. Très franchement elle s'en fout, elle est de toute façon incapable d'être productive où que ce soit. Elle avait bien tenter de faire de la pâtisserie pour passer le temps jusqu'à son rendez-vous, mais elle avait réussi à se couper deux fois avec le paquet de farine et s'était brûlée avec la grille du four. Elle avait abandonné avant de mettre le feu à l'appart de son frère par inadvertance et s'était dit que quitte à attendre quelque part, autant être déjà sur place. Puis la salle d'attente était plutôt cosy avec ses jolis murs blanc cassé et lumineux, ses fauteuils ocres et son calme ambiant. Il n'y avait pas grand monde qu'elle allait déranger de toute façon. Il n'y avait qu'une seule personne présente dans la salle lorsqu'elle s'installe à sa place préférée près de la fenêtre. La jeune femme n'y fait pas trop attention dans un premier temps, elle prend ses aises. Calée dans le fond du siège, elle se défait de ses converses jaunes pour s'installer en indien. Sans qu'elle n'ait à lui indiquer, Aakia s'installe tranquillement au pied du siège, prêt à faire une petite sieste en attendant qu'ils aient à bouger de nouveau. Contrairement à son état habituel lorsqu'elle se retrouvait entre ces murs, elle a le cerveau au ralenti, ses pensées sont cotonneuses. Elle a du mal à se fixer sur la moindre d'entre elles alors elle perd ses yeux dans le vide un moment, se laisse juste virevolter d'une pensée à l'autre. Elle est léthargique, mais au vue du peu de sommeil accumulé cette dernière semaine, rien de très étonnant là-dedans. Cela dit, elle se lasse vite de ne pouvoir donner de forme à ce qui se bouscule dans sa tête, de donner à ses idées un flot cohérent et continu alors elle entreprend de s'occuper bêtement comme le font beaucoup d'enfants lorsqu'ils doivent attendre. Elle commence par balayer la pièce des yeux à plusieurs reprises, comme s'il y avait encore quelque chose à découvrir dans cet endroit qu'elle connait par cœur.  Elle regarde les patients et les médecins passer sans trop les voir, sans pour une fois se demander qui est qui et pourquoi ils sont là. Le cabinet regroupe de nombreux psychologues de spécialisations toutes différentes. Elle reconnait Park Tae Jun, le pédopsychiatre et lui offre un sourire lorsqu'il passe pour raccompagner une petite fille et ses parents à l'accueil. Elle fait un nouveau tour. Du paysage qu'elle peut voir par la fenêtre, au mur d'en face où trône un tableau abstrait tout de couleurs vêtu, en passant par la table basse au centre de la pièce où siègent des magasines un peu pêlemêle. Elle se triture les doigts, joue avec ses bagues. Pas nécessairement de manière nerveuse, plus par habitude, plus sous le coup de ce besoin impérieux qu'elle a toujours eu d'avoir les mains occupées. Elle passe ses doigts délicatement sur la grosse brûlure rougeâtre qu'elle s'est fait quelques heures plus tôt sur l'avant bras, grimace lorsque tout ce que ce geste parvient à faire est de raviver la douleur. Finalement elle se penche sur son sac au sol, en profite pour faire une doudouce sur le crâne de son chien couché là et se redresse avec une boite remplie des cookies, qu'elle aura réussi à sauver du naufrage, dans une main et un marqueur dans l'autre. Aakia s'intéresse furtivement aux biscuits lorsqu'elle ouvre la boite, mais Kaia lui envoie un regard qui lui confirme très rapidement qu'il n'en aurait pas et il retourne à sa sieste sans chouiner. Ils sont meilleurs que ce à quoi elle s'était attendu, certains peut-être un peu trop cuits parce que même assise face au four elle s'était perdue dans la mer déchainée de ses pensées assez profondément pour les oublier. Les pépites de chocolat fondent doucement sur sa langue, lui apportant un étrange réconfort et elle mâchouille paisiblement alors qu'elle ouvre le marqueur et se lance dans son occupation favorite lorsqu'elle n'a pas grand chose d'autre sous la main, se dessiner dessus. Elle commence par dessiner un cookies sur son bras droit avant que ses yeux ne soient attirés une fois de plus par la brûlure sur son avant-bas gauche. La forme est rigolote, lui inspire la forme d'un petit bateau avec un mat un peu penché et elle ignore complètement le picotement déplaisant de sa blessure encore à vif pour dessiner par dessus, autour. Elle n'en est pas encore à son troisième cookie que son avant bras gauche commence déjà à manquer de place. Elle relève le nez de son bras, une petite moue pensive sur le visage alors qu'elle cherche l'inspiration pour les dix centimètres carrés d'espace libre qu'il lui reste lorsqu'elle se rend compte que l'homme qui était déjà installé dans la salle d'attente à son arrivée est toujours là lui aussi. C'est sans trop réfléchir qu'elle lui tend la boite de cookie installée sur ses jambes avec un très léger sourire et une voix douce. « Vous en voulez un ? Ils sont maison et au chocolat. »


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Re: watch as the waves, fall back into place [♥Reika] | Mer 8 Avr - 9:39
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Wearing. | La sueur perlait sur son front lorsqu’il se réveilla. Immédiatement, le japonais prit conscience des sensations dans son côté droit. La douleur lancinante dans sa hanche sembla s’amplifier par le simple fait de réaliser qu’elle était là. Fronçant les sourcils et fermant les yeux dans une grimace de douleur, Rei tâcha de se concentrer sur sa respiration pour apaiser son corps et son esprit. Un réveil du genre mettait ses nerfs à vif, comme si la moindre terminaison nerveuse devenait sensible au contact de l’air même. Oh ce n’était pas une crise de manque, il avait passé ce stade à présent. C’était normal, et c’était bien là le plus triste. Il avait tellement joué avec le feu qu’il avait endommagé sa jambe de façon définitive. Cette douleur, il allait devoir apprendre à vivre avec, sans rien pour l’anesthésier et c’était bien ça le plus compliqué. Vivre, sans rien pour rendre ce simple fait plus supportable. Toutes les journées ne partaient pas si mal, heureusement, on lui avait expliqué que c’était le propre de la dépression et aussi de la désintoxication.  

Ce combat était solitaire, il se battait seul contre les démons qui hantaient son esprit, et ils étaient nombreux. Il avait quelques armes pour se défendre, des armes qu’il apprenait encore à utiliser. La thérapie, la méditation, la communication, des choses qu’il n’avait jamais songé ou voulu utiliser jusque-là. Et au final, se réveiller dans un tel état ce jour-là était plutôt une bonne chose puisqu’il avait rendez-vous avec son thérapeute. Après une routine matinale boiteuse, Rei était sorti de chez lui, sa canne en main dans l’espoir de soulager ses pas et avait pris la direction du cabinet. Sur le chemin, il s’était étonné de la vivacité des couleurs, de l’intensité des sons, et si certains appréciaient, lui se sentait encore agressé par cet environnement auquel il avait la sensation de ne pas appartenir. Pas vraiment vivant et pas vraiment mort, Rei n’arrivait toujours pas à s’adapter à ce monde qui était le sien à présent, à cette vie qu’il n’avait jamais rêvée ainsi, qu’il n’avait pas voulue ainsi. Et il devait la traverser sans artifice pour rendre le tout plus supportable.

Pas même la douleur de sa jambe qui, bien qu’il soit enfin assis dans la salle d’attente, ne cessait d’envoyer à son cerveau des décharges de douleur parfois intenses parfois moins. Cela absorbait complètement l’énergie de Rei qui tâchait de rester le plus stoïque possible attendant son tour alors que le thérapeute avait maintenant du retard. Sauf que dans cet état de nerfs, il était difficile de ne pas montrer de signes d’impatience. Alors il commença à taper du pied (le gauche évidemment) se moquant que cela puisse déranger la patiente qui était arrivée un peu plus tôt. Du coin de l’œil, il la vit se dessiner sur le bras, et levant un sourcil dubitatif, il la regarda quelques minutes faire avant de détourner les yeux. Qui était-il pour juger les occupations des autres ? S’occupant en faisant tourner le pommeau en métal de sa canne, il se perdit à nouveau dans le flot de ses pensées. Il manqua de faire tomber sa canne lorsque la jeune femme tendit vers lui des biscuits tout en s’adressant à lui. Rattrapant l’objet in-extremis, il la regarda quelques secondes, s’il était dubitatif, son air froid ne le laissait pas le voir. Son regard glissa finalement vers les cookies, ne sachant que faire. C’était fou comme une situation aussi simple le désarçonnait, mais dans le monde dans lequel il avait évolué des dix dernières années, rien n’était gratuit. Finalement, il prit un des biscuits, s’inclinant légèrement au passage tout en lâchant un « merci » d’une voix relativement rauque.  

Pour mieux profiter du biscuit, Rei entreprit de poser sa canne contre sa chaise, libérant ainsi ses mains. Malheureusement, la canne glissa et, avant qu’il ne puisse la rattraper, tomba au sol dans un claquement sec. Il regarda l’objet d’un regard noir, il la détestait cette canne et elle ne faisait rien pour qu’il finisse par l’apprécier. Se penchant pour la ramasser, le japonais lâcha un grognement de douleur, le mouvement tirant beaucoup trop sur sa hanche droite. Il se relava en fermant les yeux, tellement agacé qu'il avait resserré sa prise sur le cookie qui s’effrita et tomba aussi au sol. Jurant dans sa langue natale, il rouvrit les yeux et regarda la patiente. « Est-ce que ça vous ennuie de la ramassez s’il vous plait ? » Demanda-t-il à contre cœur, l’acidité de ces mots sur son esprit lui donnant presque la nausée.


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Re: watch as the waves, fall back into place [♥Reika] | Dim 12 Avr - 20:41
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L'homme a qui elle s'était adressé reste un instant sans réaction, comme pris au dépourvu, mais Kaia ne s'en formalise pas et n'en perd pas son léger sourire. On lui a souvent dit qu'elle avait parfois des manières bizarres. Que pour tout ce qu'elle tenait à son espace personnel et à sa tranquillité, elle avait parfois le don de s'immiscer dans l'espace personnel des autres sans s'annoncer, une manière de faire que certains coréens avaient même le culot de qualifier de malpoli. Insouciant peut-être, bizarre, certainement, impoli... discutable. Encore quelque chose dont elle ne se formalisait que rarement et ce n'est pas les allures froides de l'homme face à elle qui vont l'empêcher de mener son petit moment comme elle l'entend. Lorsqu'il se saisit d'un biscuit en la remerciant elle lui adresse un nouveau sourire content et s'incline elle aussi par simple mécanisme de mimétisme avant de se réinstaller dans le fond de son siège et de se remettre à son observation des lieux, les yeux toujours aussi vides.

Elle mâchouille distraitement un nouveau biscuit lorsqu'un claquement sec la sort de ses pensées avec un sursaut. La canne de l'homme, qui semblait d'ailleurs bien jeune pour devoir marcher avec une canne, était tombée au sol et Kaia la regardait bêtement, des miettes au coin des lèvres. Elle ne réagit pas beaucoup plus lorsque l'homme échappa un grognement qui semble teinté de douleur alors qu'il se penche pour ramasser l'objet et pourtant, malgré elle, son cerveau qui tournait à vide jusque là, se met déjà à relier des points entre eux. Blessé probablement, d'où la canne à un jeune âge. Mais blessé par quoi ? Sa place ne serait-elle pas chez un médecin s'il a mal quelque part plutôt que chez des psychothérapeutes ? Elle est déjà partie sur vingt hypothèses différentes lorsque la voix rauque de l'homme s'élève et la sort de ses pensées avec un nouveau sursaut. Elle est sur ses pieds plus vite que l'éclair, ses chaussettes glissant légèrement sur le carrelage alors qu'elle se dépêche de ramasser la canne de l'homme et la placer à ses côtés contre le siège en s'assurant qu'elle ne retomberait pas. Elle s'apprête à se rassoir à sa place lorsqu'elle aperçoit qu'Aakia est en train de renifler le biscuit tombé à terre et elle repousse la tête de son chien de son pied s'accroupissant devant lui pour ramasser le plus gros du bazar. « Don't eat that dumbass, it's chocolate ! Come on you jackass, fuck off ! » Sermonne-t-elle avec humeur, repoussant le samoyède à sa place près de son siège et de son sac avec une moue stricte sur le visage. Le nuage blanc l'écoute, non sans bien gronder pour montrer qu'il n'est pas content, mais ça elle s'en fiche. Qu'il boude seulement, au moins il resterait dans son coin sans bouger.

Lorsqu'elle revient de s'être débarrassée des crasses, c'est pour tendre un nouveau biscuit à l'homme avec un autre léger sourire absent et s'asseoir sans un mot de plus sur le siège à côté du sien lorsqu'il se saisit finalement de la friandise. Elle ne lui prête pas trop d'attention dans un premier temps, mais ses yeux en ont marre de faire le tour de cette pièce qu'elle connait si bien et reviennent se poser sporadiquement sur la canne posée contre le siège. « Elle est jolie votre canne. » Lâche-t-elle finalement sans même se rendre compte qu'elle a ouvert la bouche, les yeux distraitement obnubilés par les reflets de la lumière sur le métal du pommeau et le vernis du bois. Comme une pie qui est attirée par ce qui brille. Surprise elle-même d'avoir pris la parole, prise au dépourvu par son propre pet de cerveau, Kaia fronce du nez, gênée, se cachant derrière une mèche de cheveux. « Vous venez voir qui ? » Ajouta-t-elle très rapidement, cette fois pas gênée pour un sous. Comme si cette question n'était pas dix fois plus déplacée que lui dire que sa canne est jolie sérieux ! Lancer des conversations juste pour le plaisir n'est pourtant pas un truc que Kaia fait, au contraire, encore moins dans une salle d'attente où beaucoup n'assument parfois même pas d'être là. Alors en parler... C'est simplement son inconscient qui revient à ses habitudes, se poser des questions, observer les gens qui passent, essayer de deviner ce qui les amène là. Pas par curiosité malsaine, juste pour le plaisir du jeu. Son conscient lui, est convaincu de la légitimité de sa question. Ça n'a pas a être déplacé, ni mauvaisement curieux après tout. Qui dit qu'elle ne vérifie juste pas s'ils sont là pour le même thérapeute ? Après tout s'ils attendaient tous les deux pour le même, c'était bien plus qu'un petit moment d'attente qui se profilait pour Kaia qui était arrivé deuxième. Et s'ils n'attendaient pas pour le même, elle aurait un indice de plus sur la venue de l'homme. Il n'avait pas besoin de savoir que Kaia venait voir un psy dont les spécialisations sont les syndromes post-traumatique, les troubles anxieux et les phobies. Tout comme il n'avait pas besoin de savoir que Kaia connaissait la spécialisation de tous les autres thérapeutes du cabinet. Bien qu'elle ait les yeux posés sur le visage de l'inconnu, Kaia le voit sans trop le voir, à moitié absente comme elle l'est bien souvent lorsque ses pensées tournent trop vite, dans un état comme dissocié. Ses doigts retournent frotter distraitement sur la brûlure qu'elle a sur l'avant bras, ravivant la douleur à chaque passage sans qu'elle ne s'en préoccupe plus que ça. Elle n'obtiendrait pas de réponse à sa question qu'elle n'en serait probablement pas déphasée pour un sous. Quelques secondes de plus et elle aurait probablement complètement oublié qu'elle avait posé une question en fait. La magie du cerveau de Kaia dans toute sa splendeur.





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Re: watch as the waves, fall back into place [♥Reika] | Sam 9 Mai - 13:07
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Wearing. | Demander de l’aide était quelque chose qui coûtait beaucoup au japonais. Imaginez, après des années à se convaincre que l’on n’avait besoin de personne, c’était compliqué de faire la route inverse et de se rendre compte que l’on n’allait plus pouvoir avancer sans l’aide d’autrui. Ce fait ramenait Rei à ce handicap qu’on l’obligeait à accepter alors qu’il le rejetait de tout son être. Et pourtant, les faits étaient là, il était incapable de faire les choses les plus simples comme ramasser cette foutue cane, du moins pas s’en se faire mal. Il savait qu’il en avait besoin mais dieu qu’il la détestait, elle le ramenait à ce qu’il était un présent : un infirme. Et il n’avait plus la possibilité de s’assommer de calmants pour prétendre ne pas l’être, prétendre être quelqu’un d’autre.

C’était probablement cela le plus difficile pour Rei : savoir qui il était. Parce qu’au fond, il n’en avait aucune idée. Qui était le Rei d’aujourd’hui, celui de trente-et-un an ? Il n’était plus un champion de taekwondo, depuis bien longtemps. Il n’était plus un sportif non plus, son corps refusait obstinément de se plier au moindre exercice trop brutal. Il n’était plus un toxicomane, ce changement était récent. Il avait du mal encore à rester sobre, la moindre idée trop noire lui donnait envie de replonger dans ses démons. Et il n’était plus un malfrat non plus, puisqu’il n’en avait plus besoin pour payer ses doses. Alors oui, la grande question était, qui était-il ? C’était terrifiant de ne pas savoir, d’être perdue sur sa propre nature.

Mais apparemment, il restait un être humain, au moins il était quelqu’un puisque l’on continuait de s’adresser à lui. Il remercia la jeune femme d’un signe de tête lorsqu’elle l’aida à ramasser sa canne, et une nouvelle fois lorsqu’elle lui tendit un second biscuit. Il la regarda ramasser celui qu’il avait fait tomber, il savait qu’il aurait dû s’excuser mais c’était quelque chose qu’il ne parvenait pas encore à faire facilement. Il était plus simple de porter son attention sur l’animal qui accompagnait la jeune femme et sur le comportement qu’elle avait avec la bête. Il nota qu’elle s’adressait au chien en anglais, ce qui confirmerait l’intuition qu’il avait quant aux traits plutôt exotiques qu'avait son visage. Au bout de quelques instants, il détourna son attention sur le biscuit entre ses mains et en mordit un morceau. Il apprécia le goût sucré et chocolaté, c’était quelque chose qu’il redécouvrait aussi. À passer son temps à s’anesthésier, Rei s’était rendu compte que même ses sens étaient amoindris dans son état de dépendance. Depuis son sevrage, il redécouvrait le goût de certaines choses, du moins c’était la sensation qu’il avait.  

Il s’apprêtait à mordre un nouveau morceau lorsque la jeune femme s’adressa à lui, il tourna le regard pour porter les yeux sur elle puis sur sa canne et de nouveau sur elle. « Mmh. » À la fois un grognement, à la fois un merci qu’il accompagna d’un léger mouvement de tête. Autant dire qu’il ne souhaitait pas parler de cette « compagne » qui maintenant était constamment à ses côtés, et qui lui rappelait tout ce qu’il ne pouvait plus faire à présent. Il avait réussi à la repousser pendant presque douze ans et maintenant il devait l’accepter, elle allait faire partie de lui, c’était du moins ce qu’on voulait le forcer à comprendre. Mais Rei était borné... N’ajoutant rien de plus, il mordit ce fameux morceau de cookie qu’il mâcha lentement, ils étaient vraiment bons. De nouveau, la jeune femme l’interpella, et le japonais la regarda en fronçant légèrement les sourcils. C’était la première fois que quelqu’un, autre que son thérapeute ou les secrétaires, s’adressait à lui dans la salle d’attente. C’était déroutant. Il était là pour parler c’était vrai, mais il n’avait pas envie de parler à des inconnus qui, s’ils étaient là, étaient sans doute aussi névrosés et amochés que lui. De sa main qui tenait le dernier morceau de biscuit, il pointa du doigt la porte de son thérapeute, ne donnant ni son nom ni sa spécialité. Elle n’avait pas à savoir qu’il allait voir une spécialiste des addictions et des traumatismes et syndromes post traumatiques qui, généralement, les engendraient. N’ajoutant rien, il mangea le dernier morceau de son biscuit, et pendant quelques secondes seul le bruit de sa mastication résonna dans cet espace. Il déglutit et regarda la jeune femme du coin de l’œil. « Ils sont très bons. » Sa voix rauque sonna presque étrangère à ses oreilles tant il avait peu parlé ces derniers jours. « Vos cookies. » Se sentit-il obligé d’ajouter, si jamais il n’avait pas été clair. C’était surtout dans sa tête que les choses n’étaient pas très claires. « Merci. » Parce que rien ne l’avait obligée à lui en proposer. Comme si sa voix avait attiré son attention, le chien plutôt calme jusque-là sembla intrigué par le japonais et l’approcha. Rei le regarda intrigué, grimaçant légèrement lorsque l’animal heurta sa jambe pour réclamer biscuit ou caresse, i ne saurait le dire. Il posa doucement sa main sur la tête de la bête pour le contenter et à la fois le tenir à distance. Sans doute que son état psychologique du jour renforçait sans sensibilité physique, sa jambe semblait utiliser tous les prétextes pour envoyer des ondes de choc à son système nerveux. Malgré tout, il n’en voulait pas à l’animal, et le caressait du bout des doigts, pour une fois qu’un chien ne le coursait pas. « Yasashi ne... » Dit-il plus pour lui que pour l’animal.  

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