Left you in the sky
with the fire below

l'obscurité semble apaisante quand l'explosion se fait d'autant plus fracassante dans son crâne. l'enfant comprend pas. non, il ne peut pas comprendre cette accumulation de détresse. il en vient à cette ultime conviction d'être cet enfant maudit. le chaos entre ses mains se délivrant au monde à mesure que les astres gravitent autour de lui. à mesure que le sourire se perd sur ces visages à présent floutés.

pauvre khean. l'enfant a perdu ses parents. cette faiblesse d'antan, l'enfant l'a condamné dans un recoin de sa tête. il ne veut plus en entendre parler. les multiples épreuves de sa vie lui ayant forgé une sorte de carapace face aux adversités. et pendant bien quelque temps il était convaincu d'être seul. seul, par obligation. par peur des représailles, bien pire qu'une maladresse. bien plus cruelle qu'un misérable verre se fracassant sur le bitume.

et pendant longtemps, il voulut se venger de ses démons. pensant ainsi que la seule solution pour éponger sa peine était d'en causer davantage. les bêtises, il les a accumulé, au détriment de ces familles qui eurent le cœur de lui offrir une seconde chance. son enfance se résuma à ceci. des balades de foyers en foyers et de nombreuses erreurs sans l'ombre d'un semblant de regret. ce sont des années qui furent gaspillées à tenter de lui offrir une vie convenable, que le garçon s'amusait à écraser. des années où la paix ne l'effleura en aucun cas. des années qui ne purent trouver un silence, le grondement raisonnant encore plus fort quand il rencontra ceux pour qui il prêta un regard d'admiration. ces amis, ainsi les considéraient-ils. des amis rodant dans les bas quartiers et autres ruelles abandonnées. c'est à l'aube de sa majorité, que khean s'enfonça dans un tournant de sa vie où il ne sut trouver une issue de secours. le lièvre appâté jusqu'à sa prison dorée. l'éducation d'une vie forgée à l'image de ce gang. le vol était devenu son occupation première. son gagne-pain, grâce à quoi, khean pouvait vivre librement.

mais c'était sans compter ce non-retour franchi par l'un des membres du gang. la mentalité venait de muter, prenant une ampleur que le garçon ne pouvait assumer. un acte impardonnable, sur lequel beaucoup semblait s'en amuser. alors, et sans aucun remord, khean fit son sac et s'en alla vers un ailleurs plus rassurant. un ailleurs qui su l'accueillir avant que sa mère ne décide de rejoindre l'homme dont elle était éperdument amoureuse, en compagnie de son fils. et souvent il se perd dans ses pensées, songeant à une réalité alternative. celle où l'amour ne fut point ce qui causa la perte de ses êtres chers. par amour des hommes, son père se sacrifia à travers les flammes d'hadès. par amour pour son époux, sa mère sombra dans la névrose, au point de ne devenir plus que l'ombre d'elle-même jusqu'à ce que le gong final ne vienne arracher sa lumière. khean se jura de condamner ce qui pulsait sous le plexus. vivre une vie lui étant sienne sans dépendre de qui que ce soit. ainsi souhaita-t-il refaire sa vie. se construire l'image qu'il souhaitait sans aucune influence.