Naïvement, les gens ont souvent tendance à penser que Ye Won est le genre de femme qui a tout pour être heureuse. Elle est belle, sait se faire élégante. Elle a un petit ami qui semble parfait, attentif à elle et ce qu’elle désire. Sa famille est riche, lui paye des études qui la mèneront loin dans la vie, lui offre des vacances que peu de personnes peuvent s’offrir. Sous cette couverture, elle n’est pas à plaindre, loin de là. Mais les apparences sont souvent trompeuses. Les autres ne voient que ce qu’ils veulent, tentent rarement de creuser un peu, sous ce regard perdu, terrifié par le futur. Parce que même si on a envie de croire qu’elle a tout pour elle, ils sont bien loin de la vérité. Cette journée n’a été qu’un calvaire de plus, qu’un coup de poignard supplémentaire à son coeur. Elle n’arrive plus à encaisser, ne trouve plus aucun courage, plus aucune force pour continuer d’avancer. Même entourée, elle se sent terriblement seule. Elle n’a jamais été aussi bas, même lorsqu’elle pensait avoir touché le fond. Lorsqu’elle a appris pour la relation qu’avait entretenu Il Kyang avec Sawan, elle se sentait déjà trahie. Lorsqu’elle les a surpris ensemble, elle avait compris que plus jamais, ils ne pourraient avoir un avenir ensemble. Idée qui s’est renforcée lorsqu’elle a finalement appris que cette même étudiante était enceinte. Déjà à ce moment, Ye Won était persuadée que plus rien ne pourrait autant la faire souffrir, mais c’était sans compter cette vision d’Il Kyang, des affaires de bébés dans les bras, qui tourne en boucle dans son esprit depuis plusieurs heures. Elle a ordonné à Ji Ho de la laisser seule, alors qu’elle savait qu’il ne pourrait pas comprendre. Bien entendu, elle lui avait déjà parlé d’Il Kyang, sans pour autant entrer dans les détails, et elle savait surtout qu’en agissant ainsi, il pourrait deviner que ses sentiments pour lui sont toujours intacts, malgré ce coeur qu’il a malmené tout ce temps. Mais Ye Won a ressenti le besoin de s’isoler, de se retrouver soi-même. D’acheter quelques pilules et de pouvoir déverser toutes ces larmes sans qu’on ne puisse la voir. De longues heures, elle est restée dans cette chambre. Elle s’est débarrassée de ses fringues de luxe, a enfilé ce large pull qu’elle porte tout le temps au dortoir, et elle a avalé ce premier cachet de crimson. De longues minutes, attendant que celui-ci fasse effet, sans succès. Ye Won ne désire plus qu’une chose, alors qu’elle tourne en rond dans sa chambre ; faire taire cette douleur dans son coeur qui la lacère un peu plus à chaque fois qu’elle repense à Il Kyang. Mais rien n’y fait, il occupe encore et toujours toutes ses pensées. Elle le revoit dans ce lit avec Sawan, dans ce magasin avec ces vêtements pour nouveau né. Elle repense à ces moments heureux qu’elle a partagé avec lui, réduits en cendres, emportant avec le peu d’espoir qu’elle avait réussi à garder. Elle veut simplement que tout s’arrête, que tout ça disparaisse de son esprit. Alors elle prend une autre pilule, ces perles d’eau continuant de ruisseler lentement sur ses joues. Elle ne pense pas à ce qu’elle fait, garde cette simple idée en tête, celle de faire taire tous ces sentiments qui la bouffent petit à petit. La nuit est sombre dehors, la plupart des étudiants vivant sous le même toit sont en train de dormir. Alors elle en profite, à pas feutrés elle se dirige vers la cuisine pour récupérer l’une des bouteilles d’alcool cachées des autres. Elle n’a jamais été aussi déprimée, esseulée. Le monde ne s’est jamais autant dérobé sous ses jambes, et elle se noie. Elle perds pieds, ne trouve plus aucun repère dans cette vie qui la malmène toujours plus. Installée dans le salon, elle boit déjà quelques gorgées de cet alcool fort qu’elle a réussi à dégoter. Sa gorge brûle sous le liquide qui glisse le long de son oesophage, mais elle ne sent plus rien. Son propre corps ne devient qu’une enveloppe vide, noircie par les événements des derniers jours. Mais ni l’alcool, ni la crimson n’arrivent à faire taire ce coeur qui hurle au désespoir. Alors elle continue, prend désormais ces pilules deux par deux. Elle boit un peu plus, un peu plus vite. Il n’y a aucune euphorie, aucun soulagement. Simplement l’obscurité qui devient plus opaque devant elle. Voilà qu’elle peine à se lever, à remonter jusqu’à sa chambre pour récupérer ses cigarettes. Elle vacille déjà, mais rien n’est suffisant. Les larmes se sont arrêtées, laissent des marques rouges tout autour de ses yeux. Monter, descendre les escaliers semble être une épreuve de plus à surmonter, mais elle y arrive, tant bien que mal. Le courage lui manque pour aller trouver un peu d’air frais, alors elle se laisse retomber sur le canapé. Elle titube, son corps bouge sans qu’elle n’ai rien à contrôler. Rien n’est suffisant, rien n’arrivera à calmer la douleur qui gronde si fort au fond d’elle. Pas même cette cigarette qu’elle fume difficilement. La bouteille se vide au fur et à mesure des minutes, le sachet de crimson est désormais vide devant elle, mais elle en veut plus. Elle veut consommer jusqu’à sombrer. Jusqu’à ce que tous ces sentiments disparaissent. Quelques gorgées d’alcool, dans lesquelles elle voit un peu de courage, pour aller récupérer ce dont elle a besoin, ce dont elle pense avoir besoin pour arriver à ses fins. Mais lorsqu’elle se relève enfin, elle ne voit plus rien. Le néant a déjà pris place autour d’elle. Ses jambes n’arrivent plus à la soutenir alors qu’elle s’effondre au sol, son corps et sa tête claquant contre le parquet. Voilà que tout s’efface enfin. Voilà que la nuit se retrouve en elle. Et ces dernières pensées s’évaporent lentement au dessus d’elle. La fin d’une misérable vie qui se dessine au loin. Peut-être que c’est tout ce qu’elle espérait ce soir. Que c’est tout ce dont elle avait besoin pour se sentir délivrée de ce poids qui pesait depuis trop longtemps sur ses épaules.

J’avais encore ce sourire aux lèvres en laissant Sawan. Je savais que notre relation avait changé, mais avoir passé une après-midi avec elle m’avait fait du bien. Je voulais qu’elle se sente aidée, épaulée. Qu’elle sache que j’étais là pour elle… plus que Seo Joon. Même si rien n’était comme avant, au moins les choses s’étaient apaisées. Et je m’en voulais d’avoir joué au con avec elle. J’y repensais encore, pour lui envoyer un message « ça m’a fait plaisir d’être avec toi aujourd’hui. » vérité que je pensais, malgré que mon chemin ait croisé celui de Ye Won. Dans la matinée, dans un rayon alors que j’avais ces affaires de bébés dans les mains. Je ne savais plus quoi penser, ni même quoi me dire en la voyant là. J’avais refusé d’avoir honte, de me cacher. Je le faisais pour Sawan… et pour moi aussi. Ce bébé c’était une… bonne nouvelle. Je ne voulais pas voir ça comme une erreur. Il n’avait rien demandé lui. Et je refusais de le laisser seul… alors oui, j’avais eu envie de lui montrer que ça comptait pour moi en lui offrant ce doudou. Seulement, ma tête avait vrillé en voyant celle que mon cœur aimait encore. Situation compliquée, malaise installé… je ne parlais pas de son copain, qui était lui aussi là… A cette idée, je serre les dents, désemparé face à ce type. Je n’arrivais pas encore à avaler la pilule. Me dire qu’elle était en couple avec un autre… je ne l’acceptais pas, alors j’évitais au mieux de les croiser, ou même de les voir au loin. Ma vie prenait un nouveau tournant. Je devais trouver mon rythme, évité de penser à elle. Je crois aussi que me concentrer sur Sawan, le bébé… ça m’aidait à avancer. A me dire que je devais tourner la page… enfin, je ne sais pas. Ce soir je me sens vidé, trop d’émotions nouvelles, trop de choses auxquelles je ne m’attendais pas. J’essaie de me sentir mieux, plus investi et serein. Laisser les problèmes de côtés, alors qu’au fond je suis encore dévasté. Je n’arrive pas à faire face, mais avoir repris le dialogue avec les médecins… m’aide un peu aussi je crois. Je n’avais qu’une envie, rentré au dortoir pour me reposer. J’allais peut-être sortir aussi… pour voir Kitae et jouer avec lui. J’en avais besoin aussi. Arrivé sur le campus, je grimpe les marches deux à deux. Pressé de pouvoir retrouver ma chambre. Comme d’habitude j’emprunte le même chemin, parcours les mêmes salles…
Demain j’apprendrais à vivre sans elle…
Regard que j’avais posé sur cette silhouette inerte. Une main si pâle, mon cœur qui s’accélère. Mes pas qui se pressent vers elle… une seconde où je la reconnaissais, une seconde où tout vrillait. Palpitation, je courais vers son corps étendu. « Ye Won ! » j’ai crié plus fort que je ne le voudrais, comme si elle pourrait m’entendre. Juste une chute, voilà ce à quoi je veux penser quand je m’approche d’elle. Ma paume sur sa joue « Ye Won ! Tu m’entends ? » Je cherche une trace, quelque chose qui me dirait ce qui lui est arrivé. Il n’y a rien de couleur rouge… que ce blanc éclatant. Ses lèvres bleues, ce frisson qui me glace. Mon regard se pose sur ce qui l’entoure, bouteille… sachet vide… de pilules qu’elle a déjà prises. Bout de plastique témoin de son acte que je comprends trop rapidement. « Non, non. » j’attrape sa main, si froide… tapote ses joues pour la faire revenir… « Ye Won s’il te plait réponds-moi. » ma voix perse ce silence qui devient lourd tout à coup. Je n’entends plus rien, je ne vois plus rien que son corps si fragile. Geste désespéré, alors que mon souffle se coupe. Je me saisis d’elle, l’attire contre moi. Je ne comprends plus rien, je ne saisis plus ce qui se passe… subite impression de tenir une poupée de chiffon… rien… aucune réaction de sa part, alors que j’hurle plus fort « Putain Ye Won réponds moi !!!!! » crie désespéré, vers une fille déjà loin. Mes yeux s’emplissent de larmes, tandis que la panique m’envahie. Je n’arrive plus à penser, je veux qu’elle se réveille. Qu’elle réagisse… Je dois appeler les secours… que quelqu’un vienne m’aider. Sans savoir ce que je fais, téléphone en main… « Elle ne bouge plus… » Encore… encore une autre ambulance que je dois attendre. Encore ces minutes qui s’éterniseront… Je lâche l’appareil, reste auprès d’elle, je ne vois plus rien. De l’eau brouille ma vue, alors que j’essaie de comprendre. « Pourquoi ? Pourquoi t’as fait ça putain ? » Parce-que je le sais… parce-que je l’ai déjà vécu avec Young Min. Ce geste désespéré, cette situation. Tout tourne dans ma tête, tout devient tellement flou… je n’arrive pas à la lâcher, inquiet… mes gestes sont nerveux. Angoisse qui me scie la gorge, alors que je retiens un sanglot entre mes lèvres tremblantes. Je frissonne une nouvelle fois « Ye Won reste avec moi, je t’en supplie me lâche pas. M’abandonne pas. Pas comme ça. » Parce-que j’ai peur tout à coup. Cette même frayeur qui se glisse, me possède alors que je pleure sans m’en rendre compte. Et je reste là, des minutes entières à la tenir contre moi, à espérer qu’elle se réveille, qu’elle dise quelque chose. Le temps s’est arrêté… J’entends des sirènes au loin, des silhouettes qui s’approchent. Mon regard croise celui d’un homme… et je crois y lire mon désespoir, avant qu’ils ne se ruent vers elle. D’un geste ils veulent m’éloigner, mais je résiste totalement perdu « Laissez-nous faire ! » ils me repoussent, s’agitent autour d’elle alors que je crie « Je vous en supplie sauver la ! » parce-que je ne peux pas vivre sans elle. Parce-que même si elle m’a rejeté moi je n’y arrive pas. « Depuis combien de temps est-elle comme ça ? » « J’en sais rien ! »  J’hurle plus fort, laisse de nouvelles larmes s’échapper de mes yeux. Tout s’agite une fois de plus devant moi. Et je repense à cet accident, à cette peur que j’avais ressenti… elle n’est rien comparée à celle que je ressens aujourd’hui… « Est-ce que vous savez ce qu’elle a prit ? » « De… la crimson. » ils se jettent un regard… réagissent… je tremble, j’ai froid tout à coup. Nouvelle panique qui s’immisce en moi. Les minutes s’affolent, ma tête devient folle. J’ai envie de vomir, je suis nerveux, je bouge partout alors qu’ils la relèvent pour l’emmener. « Je viens. » je ne leur laisse pas le choix, courant après eux pour les suivre.
Ne m’abandonne pas…
« Je vais crever sans toi… »sa main dans la mienne, je laissais échapper un nouveau sanglot, j’avais peur. J’étais terrifié à l’idée de la perdre. Je tremblais, je perdais toute notion du temps et de ce qui m’entourait. Embrassant sa main à plusieurs reprises, je la gardais contre ma joue, tandis que les médecins restaient auprès d’elle. J’étais mal, je voulais que quelqu’un vienne la sauver, me dire que tout irait bien. « On la descend. » nouvelle vague de panique qui me prenait alors qu’on m’éloignait d’elle. Je la suivais, désemparé jusqu’à l’intérieur. Je courais, plus vite encore parce-que j’avais peur… des infirmières se jetaient sur moi, alors que je persistais. « Laissez-moi être avec elle. S’il vous plait. » une supplique qui ne servait à rien. Des mains plus ferment m’arrêtaient, me saisissant pour m’empêcher d’avancer. Et je m’agitais, sans succès avant de lâcher prise… et laisser de nouveau mes larmes couler.

La fin approche plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru. Une gorgée de plus, pour que son corps lâche finalement prise. Pour que tout s’envole, tout s’éloigne, enfin. La douleur disparaît peu à peu, le monde autour d’elle s’efface au fur et à mesure des secondes. Un autre univers qui semble enfin lui tendre les bras, plus lumineux. Un autre univers ou la souffrance n’existe pas. Ou la peine et la colère ne sont que des mots oubliés. Voilà tout ce qu’elle attendait, tout ce qu’elle espérait depuis qu’elle était entrée au dortoir. Et elle y parvient enfin, lentement mais sûrement. Elle croit deviner ce qu’elle cherchait ces dernières heures, le touche du bout des doigts. Son esprit s’évapore bien trop loin, dans ce doux rêve qui la happe de toutes ses forces. Mais Ye Won n’a plus la force de lutter, pour quoi que ce soit. Elle imagine encore le bonheur et la joie, des sourires à tout va. Et lorsque son corps ne réagit plus, son âme elle, semble certainement trouver la paix. Celle qu’elle a désiré si fort qu’elle n’arrive pas à croire qu’elle se tient là, juste devant elle. Sous forme d’une silhouette blanche et lumineuse, au sourire radieux, qui à elle seule arrive à absorber toute la détresse du monde.

Mais cette silhouette n’a rien de réel. Elle est loin, bien loin de ce corps inerte. Celui qu’on bouge, celui sur lequel on hurle de se réveiller. Ye Won n’entend plus rien, ne voit plus rien. Sa conscience s’est échappée bien trop loin pour qu’on arrive à la retrouver. Elle est bien loin de se douter, que dans ce monde réel, il y a quelqu’un qui tente maladroitement de lui faire ouvrir les yeux. Le bruit des sirènes, les cris, tout ça est occulté par les visions dans lesquelles elle se perd. Cette silhouette n’est plus qu’un tas de muscles froids, dont la vie se dissipe peu à peu. Qu’on tente déjà de réanimer, auquel on administre les premiers soins. Son coeur est sur le point de lâcher, retenu un peu plus longtemps par ce liquide qu’on fait couler dans ses veines. Le temps de la conduire jusqu’à l’hôpital, de la débarrasser de ce liquide brûlant, de ces pilules qui tyrannisent ce muscle de vie. Les secouristes lancent l’alerte, roulent à toute vitesse vers l’hôpital le plus proche. Ils savent, que le temps est compté. Qu’ils ont besoin de se dépêcher, s’ils ne veulent pas la voir sombrer, pour ne plus jamais revenir.

Dans ce monde imaginaire, Ye Won oublie les épreuves de la vie. Elle occulte complètement tout ce qu’elle a subit ces dernières semaines. Plus rien n’existe, à part elle-même. Dans sa bulle, elle ne sent pas cette main dans la sienne, n’entend pas les mots qu’on peut prononcer à son égard. Peut-être parce qu’elle aurait voulu les entendre avant. Peut-être parce que c’était tout ce dont elle aurait eu besoin, pour ne pas sombrer ce soir. La vie peut parfois être si cruelle. Les autres peuvent se montrer si inconsistants. A ne pas voir la détresse pourtant si violente qui s’agite dans l’esprit de l’autre. De simples mots qui auraient pu changer la donne, mais qui sont passés sous silence, pour ne laisser à cette nuit qu’un goût de peur et d’appréhension. Pour faire de l’obscurité qu’un cauchemar de plus dans lequel on semble s’enfoncer pour ne plus jamais pouvoir s’enfuir. De terribles erreurs qui n’auront plus le même goût. Qui se découvriront sous un nouveau jour, lorsque le soleil viendra à se lever.

Le bruit des sirènes qui s’arrête enfin, pour laisser place au balai des infirmiers et des médecins. Une scène bien trop vue dans ces couloirs, un corps de plus à devoir laver de toute toxine, pour espérer n’y voir aucune séquelle. Mais celles du coeur resteront encore invisibles. Les raisons d’un tel geste seront incomprises par le plus grand nombre. Parce qu’il paraît impensable qu’on veuille mettre fin à ce quotidien, lorsqu’on a tout pour être heureux. Et par delà cette peau blanche, ces lèvres bleutées, ces yeux d’un rouge vif, Ye Won renvoie encore malgré elle cette image. Celle d’une jeune femme à qui tout sourit. Savent-ils que celui qui tient encore sa main a réduit son coeur en cendres ? A tel point que ce soir, elle a hurlé son désespoir, elle a crié pour qu’on l’aide à faire taire cette douleur si vive qu’elle la détruit à petits feux ? Ces hommes en blouse blanche ne se posent pas la question, l’emmènent déjà dans cette salle ou ils feront tout ce qu’ils pourront, pour la voir s’éveiller, découvrir un nouveau jour. Ils ne comprennent pas, qu’elle se sent soulagée d’un poids, dans cet autre monde. Qu’elle voit finalement le bonheur lui faire face, alors qu’il lui a tant fait défaut. Ils ne voient pas que si elle pouvait encore choisir à cet instant, elle déciderait simplement de partir, pour ne plus avoir à subir ces peines qui la submergent.

Des minutes, des heures peut-être, avant qu’ils n’arrivent à stabiliser ce corps. Une âme qui retrouve son enveloppe corporelle lentement, mais sûrement. Et qui sent déjà la peine et la colère reprendre place. Des yeux qui refusent encore de s’ouvrir, alors qu’à ses oreilles parvient déjà le bip incessant du moniteur à quelques centimètres d’elle. Une pièce blanche dans laquelle elle se trouve, qui n’a rien à voir avec le paradis ou l’enfer. Une triste réalité qui se dessine finalement, alors qu’elle reste dans ses songes, encore un peu plus longtemps. Et ce médecin, qui retrouve finalement celui qui l’a retrouvée, qui l’a certainement sauvée d’une fin atroce. La voix grave du résident qui résonne enfin dans ce couloir. « Vous avez appelé à temps, elle va pouvoir s’en sortir. » Des séquelles, il y en aura forcément, des conséquences aussi. « Elle présente une légère commotion cérébrale liée à sa chute, il va falloir qu’on la garde en observation quelques jours.  Elle est encore endormie, mais vous pouvez aller la voir. » Un soulagement pour certains, sûrement, mais pas pour Ye Won, qui devra renouer avec ses peines, bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru.

D’une main légère, je laissais mes doigts courir le long de sa peau… une caresse paisible, alors qu’une légère brise se levait. Mon regard dans le sien, je la laissais m’imprégner, mémorisais ses traits et cette lueur dans ses yeux… son rire me parvenait, chatouillait mes sens. Elle me possédait, plus jamais je ne pourrais aimer comme je l’aimais… plus jamais je ne pourrais vivre sans elle…
Mes jambes ne tenaient plus mon poids, j’avais finis par m’écrouler au milieu de ce couloir. Ces inconnus qui me retenaient, me soulevaient pour m’emmener ailleurs. Je n’entendais plus rien. Plus aucun son ne me parvenait. J’étais détruit, anéanti, à bout de souffle, haletant, je laissais mes sanglots briser ces silences qui me hantaient. J’étais inconsolable, la folie me guettait à chaque fois que j’esquissais un geste. Agressif, je voulais m’enfuir, la retrouver. « Lâchez-moi ! » j’hurlais, à en perdre haleine, à en perdre la raison. « Ye Won !!! » dévasté, je ne maitrisais plus les angoisses qui me prenaient. Je me débattais, contre ces inconnus, ces démons qui m’envahissaient. Leurs voix étaient plus dures, leurs regards plus expressifs. Je ne voulais pas leur faire de mal, je voulais juste qu’ils me laissent. Nervosité, qui m’agrippait, puis nouvelle angoisse qui m’abattait. Mes genoux flanchaient, ma tête vrillait… et je repensais à elle, à nous… nos souvenirs, ses sourires, le son de sa voix… j’avais la subite impression de pouvoir entendre les battements de son cœur. Si lent, si lointain… et je sombrais un peu plus. Main réconfortante qu’on posait sur mon épaule, cachet qu’on me proposait. Mais j’en avais marre de vivre encore ces mêmes choses. « Comment vous appelez-vous ? » à quoi bon lui dire ? Je suis celui qui l’a détruite, je suis celui qui la mène à sa perte… « Tout es ma faute ! » et jamais cette phrase n’avait été aussi vraie. « Vous voulez appeler quelqu’un ? » téléphone en main, je n’avais que Kitae à appeler… que lui vers qui me tourner. « C’est Ye Won… elle a fait une overdose… » Nouvel effondrement, sanglot que je laissais échapper. « Si elle ne s’en sort pas, j’en crèverais. » je n’aurais pas la force de poursuivre. Je ne pourrais pas être courageux. Je ne le suis jamais quand elle n’est pas là. Alors ce même rituel, sa présence qui devait me réconforter mais je n’en pouvais plus. A bout de force, je ne voulais pas revivre tout ce que j’avais vécu lors de l’accident.
Kitae se chargeait des formalités, prévenir Ji Ho et surement d’autres personnes. Assit sur une chaise. Le visage enfouit entre mes mains, je n’arrivais plus à contrôler ces larmes qui ne cessaient de couler. Le temps étaient long. Mes mains moites… comment avais-je pu être aussi idiot ? Comment avais-je pu ne rien voir ? Kitae m’interdisait de croire que tout était ma faute. Mais je le savais… rien n’y ferait. J’étais coupable. Responsable de ne pas avoir su lui dire qu’elle comptait pour moi. Minutes qui s’éternisaient, jusqu’à ce qu’enfin un homme s’approche. Le souffle coupé, je croyais mourir en attendant sa réponse, mais le soulagement que j’éprouvais me fit à nouveau verser toutes les larmes que j’avais encore. Kitae le remerciait, et je m’effondrais dans ses bras. Comme un enfant désespéré, je m’accrochais à lui « J’ai cru que je l’avais perdu… » Pleurs que j’étouffais contre le tissu de son haut. Je suis resté quelques minutes à déverser toute cette rage, cette peine et cette peur. Jusqu’à ce qu’il me donne assez de courage pour aller la voir. Essuyant mon visage d’un revers de main, j’étais angoissé tout à coup. J’avais peur de franchir ces portes. Pourtant lorsque j’osais, je me retrouvais face à elle encore endormi. Nouvelle vague de soulagement qui me prenait, je pince mes lèvres. M’avance doucement sans faire de bruit. Je pensais être fort, mais sa simple vu me fait retomber. Larmes qui coulent silencieusement sur ma joue, alors que je m’assois à ses côtés. J’ai besoin de la toucher, un besoin presque vital de venir lui attraper la main et la serrer dans la mienne. Ses doigts fins, plus chaud que dans mes souvenirs, me font rater un battement. « J’ai eut si peur… » je parle doucement, baisse la tête pour venir embrasser sa main et y colle mon front désemparé. Je soupire, soulagé et à la fois si triste. Ce n’est que lorsque je la sens bouger que je relève subitement la tête vers elle. Le regard rougie, brillant, je retiens une émotion « Ye Won… » je me mordille la lèvre, si fort pour ne pas pleurer à nouveau. « Me refais jamais ça… » et je ne pensais pas un jour me sentir aussi anéanti. Je ne croyais pas qu’aimer pouvait autant faire mal… la bouche tremblante, je laisse échapper un soupir en me rapprochant d’elle.

Ce monde dans lequel Ye Won commençait déjà à vagabonder disparaît peu à peu. Trop rapidement, trop subitement à son goût. Ces lumières arrêtent de briller, cette silhouette devant elle s’efface au fur et à mesure des secondes. Elle s’y complaisait pourtant, avait le sentiment d’y trouver sa place, peut-être trop rapidement. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentait bien, mieux. C’était tout ce qu’elle avait cherché, en avalant ces pilules, en buvant cette bouteille. Cet univers imaginaire ou la douleur et la peine n’existaient plus. Laissaient simplement place au bonheur, aussi futile soit-il. Voilà tout ce qu’elle voulait, que son quotidien soit meilleur, loin de cette souffrance qui entachait son coeur, qui l’avait mise plus bas que terre. Mais tout ça n’était qu’une illusion, un rêve enchanté avant de devoir revenir à la réalité. Toujours aussi brutale, toujours aussi hargneuse. Il semble qu’elle n’en avait pas fini avec la vie, les épreuves que celle-ci allait encore lui faire subir. Il fallait qu’elle revienne dans ce monde qui est sien. Mais pourquoi ? Pour continuer de s’effondrer à chaque perte, face à cet espoir qui n’est plus. Elle ne peut pas y croire, et pourtant…

Ses yeux s’ouvrent finalement sur cette pièce aseptisée. L’odeur si désagréable des hôpitaux la prend déjà à la gorge, ces bruits autour d’elle la dérange. Ce n’était pas ici qu’elle voulait être. Elle voulait déjà retrouver ce monde qui s’était dessiné devant elle ces dernières heures. Parce qu’en se réveillant enfin, tout lui revient peu à peu à l’esprit. Le sourire d’Il Kyang lorsqu’il la voyait, son regard amoureux. Les caresses, les moments paisibles qu’il lui offrait. Tous ces souvenirs chaleureux qui avaient pendant longtemps comblé sa vie. Le contact de sa peau, son odeur même. Tout ce qu’il avait toujours représenté pour elle. Une liberté et une joie à l’état brut, avant cette première descente aux enfers. Cette disparition, ces disputes. Les aveux de Ji Won, les mots qu’il avait osé prononcer à son égard. Lorsque la fin s’annonçait déjà, alors qu’elle refusait encore de la voir. Puis, plus violent encore, cette scène à laquelle elle n’aurait jamais voulu assister. Il Kyang et Sawan dans des ébats qu’il semblait apprécier bien plus encore qu’avec elle. L’annonce de cet enfant à naître. Lui, cette peluche dans les bras. Le coup de grâce, l’affront ultime face à tout ce qu’ils étaient, qui n’existera plus jamais. Un soubresaut, comme si elle manquait déjà d’oxygène. Une réalité qu’elle ne voulait plus affronter, qu’elle aurait voulu pouvoir effacer, supprimer totalement de son esprit. Une certaine panique qui l’englobe lentement, qui lui donne des frissons. L’utopie qu’elle s’était faite n’est plus, il va falloir affronter cette triste réalité, celle dont elle ne voulait plus.

Et puis, cette voix… Ces sons qu’elle ne reconnait que trop facilement. Cette main qu’on tient, elle n’a pas besoin de l’observer pour savoir de qui il s’agit. Et enfin, une larme qui perle sur sa joue. Dans une force incomprise, elle trouve le courage de tourner la tête vers lui. Elle a soif, déglutit. Ses pensées sont encore trop embrouillées pour réfléchir correctement, être capable de se demander pourquoi est-il là. Il lui faut du temps, pour analyser ce qu’il se passe dans cette pièce. Pour tenter de se rappeler ce qui l’a conduite ici. Il n’y a aucune logique à le voir à son chevet, à le sentir lui tenir cette main. Elle aimerait le repousser, mais n’y parvient pas. Chaque mouvement qu’elle tente de faire semble douloureux. Elle a besoin de quelques secondes de plus, avant d’oser faire vibrer sa voix à travers la chambre. « Pourquoi… ? » Pourquoi ne l’a-t-on pas laissée dans ce monde qui semblait lui donner ce qu’elle recherchait. Pourquoi l’avoir trimballée jusqu’ici, si c’est pour retrouver l’horrible quotidien qu’elle n’arrive plus gérer. Pourquoi avoir tenté de la sauver alors qu’il n’y a plus rien à faire. Plus d’issue possible, plus d’espoirs à avoir, plus de bonheur au bout du chemin. Simplement des embûches, encore et encore. Eternellement. Elle ne veut plus de tout ça, Ye Won. Elle a trop donné, elle a trop perdu. A tenter de s’acharner sur des choses qui ne viendront plus jamais. Son coeur ne sait plus battre correctement, son souffle se perd encore. Et elle veut faire taire tout ce qu’il y a au fond d’elle, mais rien n’a changé. Quelques heures libératrices pour retourner dans ce cauchemar qui ne semble pas prendre fin.

Si elle pensait que tout prendrait fin ce soir, il n’en est rien. Il Kyang est là, et elle n’est pas sûre de comprendre ce qu’elle perçoit dans son regard. Sa peau a beau avoir repris quelques couleurs, ses yeux sont toujours aussi rouges, vifs face à ce qu’elle vient de traverser. La chaleur de son propre corps la fait souffrir. Elle a chaud, elle a le sentiment d’étouffer face à lui. Sa main libre se pose difficilement sur son coeur, alors qu’elle ferme les yeux un instant. Impossible de cacher les palpitations de son coeur qui se répercutent sur le moniteur à côté d’elle. Le bruit assourdissant de celui-ci semble insupportable, alors qu’elle entend ce muscle de vie à travers. Sa gorge se noue lentement, une boule au ventre, elle se détache de ce contact qui autrefois ravivait tout son être. Elle aimerait se tourner, pour ne plus le voir, espérer ne plus le sentir, mais son corps endolori l’en empêche une fois de plus. Une nouvelle perle d’eau s’écrase lentement sur l’oreiller, alors qu’elle garde les yeux fermés. « Pourquoi tu m’as pas laissée là-bas ? » Dans cet univers qui lui tendait finalement les bras. Sa voix est brisée, faible, à l’image de ce qu’elle est. Ces larmes perlent une à une, alors qu’au fil des minutes, absolument tout reprend place en elle. Et une fois de plus, elle n’a pas la force nécessaire d’y faire face.

« Je t’aime » incapable lui dire, incapable de le prononcer… sourire que je gardais accroché à mes lèvres, geste que je lui donnais en compensation… Pardonne-moi Ye Won. Pardonne-moi d’avoir été trop idiot pour te le dire. Pour te faire comprendre que je ressentais la même chose. De n’avoir pas su m’en rendre compte. D’avoir mis toutes ces années pour le comprendre… aujourd’hui, plus que jamais j’ai compris le sens de ce que ça signifiait. Je me l’étais promis ce soir-là, et me voilà encore avec ces doutes, ces craintes que je déteste. Son regard se pose sur moi, je n’ai même plus la force de pleurer. Je suis dévasté, anéanti par ce qui nous est arrivé. Je l’aime tellement… mon cœur bat plus vite, s’affole alors qu’elle se met à parler. Sa voix est triste, presque cassée et je ne sais plus si tout ça est vrai. J’ai eu si peur de la perdre… comment passer d’une telle émotion à celle que je ressens désormais. Je n’ai plus envie de rien. Je ne veux qu’elle… dans mes bras, dans ma vie. Je ne reconnais plus son regard. Cette lueur dans ses yeux… elle a l’air si fragile… si loin de moi. Je l’observe, le cœur serré alors qu’elle se détache de moi… ses mots me brûlent… j’ai du mal à comprendre pourquoi elle me dit ça. Je fronce les sourcils, contrarié mais surtout apeuré… « Quoi ? » est-ce qu’elle pouvait s’imaginer une seconde que je la laisserais ? Que je voulais ce qui est arrivé ? Je ravale mon angoisse, me redresse doucement en serrant les dents. J’ai envie de pleurer… de laisser échapper ces larmes qui me brûlent les yeux. Je ne sais pas quoi lui dire, encore moins comment réagir après tout ce qui s’est passé. Elle a l’air perdu et moi si anéanti… « Je… » J’ai peur Ye Won. Peur de te parler, peur que tu me dises que tout ça est arrivé par ma faute. Que tu me dises que tu voulais en finir, que tu me détestais au point de vouloir partir loin de moi… j’ai peur oui… si peur que je finis par craquer sans m’en rendre compte. « Je suis désolé Ye Won… je t’en supplie pardonne-moi ! » et je laisse ces larmes s’échapper une nouvelle fois. Mon regard perdu, je vois flou, je suis si triste. J’ai eu tellement peur… et je sais que tout est ma faute. Je sais qu’elle m’en veut. « J’ai jamais voulu tout ça. Je voulais pas te faire de mal. » Je ne sais pas quoi faire, je suis pris de remords, je serais prêt à n’importe quoi pour effacer ce qui vient de se produire. Je n’aurais jamais cru qu’entre elle et moi ça devienne aussi destructeurs. Où sommes-nous passés ? Que sommes-nous devenus ? Nous étions si heureux avant. J’aimais les adolescents que nous étions. Ce couple qui se suffisait à lui-même… nous nous sommes perdus en court de route et je regrette tellement de ne pas avoir su m’accrocher à ce qu’elle me donnait. Je baisse les yeux, lâche un sanglot en regardant mes mains. Je tremble encore… j’aurais tout donné pour elle. J’aurais été prêt à échanger ma vie pour elle… « J’ai cru que je t’avais perdu… » Ma voix se casse, alors que je ravale un sanglot. Ces heures d’attentes m’ont épuisée, ces minutes où mon estomac se tordait. Et je repense à elle, à ces images qui me hanteront jusqu’à la fin de mes jours… la femme que j’aime, inconsciente, entre mes bras…  « Est-ce que t’as la moindre idée ce que ça m’a fait ? De te voir là, étendue sur le sol ? … » Je serre les dents relève les yeux vers elle. Je suis dur, plus nerveux car je repense à cette scène. A ce qu’elle a fait. A cette souffrance que ça m’a donnée. A ce coup de couteau qui me lacère le cœur. « T’as pas le droit de faire ça putain. T’as pas le droit de me laisser. » Pas après tout ce que nous avons traversé. Qu’elle me déteste soit une chose mais qu’elle en vienne à cet acte… je ne comprends pas. « Qu’est-ce que t’as cru ? Que je m’en foutrais si tu disparaissais ? » je n’imagine pas cette possibilité. Je ne peux pas croire qu’elle pense ça. Pas après tout ce que nous étions, pas après tout ce que j’ai essayé. Regard dur que je pose sur elle, je suis partagé entre la peur, le soulagement et la colère. Surement parce-que ce que j’ai ressenti était trop fort pour moi. Je ne gère pas ce que je ressens. Je lui en veux tellement pour ce qu’elle a fait. Mais je suis en même temps si réconforté à l’idée qu’elle va mieux. C’est dur d’être là, face à elle… face à cet acte désespéré. Mes lèvres tremblent, tandis que je baisse les yeux à nouveau… « Je… je peux pas vivre sans toi Ye Won… » des perles salées s’écrasent sur les draps. Je n’ai plus la force de faire semblant. Plus envie de lui mentir. Quand je vois où cela nous a mené, je me sens défaillir. Je n’arrive plus à être loin d’elle… « Je t’aurais jamais laissé… j’aurais donné ma vie pour toi… »

Le temps du bonheur est bien loin derrière elle, presque oublié. Il n’existe plus, depuis trop longtemps. Lorsqu’il est revenu dans sa vie, elle a tenté d’avancer, malgré ses problèmes, la pression de sa famille. Elle était assurée de voir le bout du tunnel, peut-être pas dans l’immédiat, mais dans un futur proche. Puis, les événements se sont enchaînés, à une allure folle. Sa propre vie est devenue incontrôlable, elle ne pouvait plus la retenir entre ses mains. Ses décisions n’ont pas toujours été les bonnes, certaines prises sous le coup de la colère, ou de la tristesse. Et elle accepte, avoir une part de responsabilité dans tout ça. Seulement, elle refuse encore de croire qu’elle méritait tout ça. Qu’elle méritait un tel acharnement. Qu’il se venge autant sur elle, qu’il ne la fasse souffrir autant. Elle pince ses lèvres, garde ses yeux fermés. Elle n’arrive plus à le regarder sans voir ces dernières scènes, les plus horribles de toutes à son coeur. Elle le revoit encore avec Sawan, les imagine déjà en famille, heureux. Ce sentiment que cette fille a réussi à lui arracher le seul être qu’elle serait capable d’aimer autant, qu’elle a été la tempête de trop. Et elle ne supporte plus ces images dans son esprit. Elle a envie de vomir à chaque fois qu’elle y pense, ressent encore cette envie de partir loin, aussi loin que possible, pour ne plus jamais avoir à subir ça.

Des excuses, ce n’est pas vraiment ce qu’elle a envie d’entendre, pas après tout ça. Elle n’arrivera pas à lui pardonner, pas après tout ce qu’ils ont pu vivre. Pas après tout ce qu’elle a tenté de faire pour lui. Ce soir, à ses yeux, leur histoire ne vaut plus rien. Ce n’est plus qu’une vieille histoire qu’on raconte, dont on édulcore la fin. Mais la vérité veut que jamais plus, elle ne veut souffrir autant pour quelqu’un. Plus jamais elle ne veut revivre tout ça. Elle veut taire ces sentiments qui n’ont pourtant jamais disparus. Elle veut oublier tout ce qui a fait leur histoire, parce que cette fin est trop tragique pour ne garder que les bons souvenirs. Si elle était en état, un rire ironique aurait fini par franchir ses lèvres à l’entendre, mais elle n’y arrive pas, secoue simplement sa tête. « T’as pas voulu me faire de mal ? » demande-t-elle, alors que sa voix se brise davantage encore. Ca lui est difficile de parler, pourtant, elle tente. Quitte à ne laisser qu’un murmure s’échapper dans cette pièce. « Alors pourquoi t’as autant joué ? » Elle s’en souvient parfaitement, de cet instant. Elle se souvient des mots exacts qu’il a osé lancer à son égard. Ils avaient déjà signé la fin, sans penser que tout deviendrait pire encore, dans les jours qui ont suivi.

Une certaine peur l’enveloppe lentement, à entendre ces reproches. A subir sa colère alors qu’elle espère simplement que tous ses sentiments disparaissent. Son coeur qui se serre, son souffle qui se coupe, elle n’arrive pas à retenir ces larmes silencieuses. Des perles qui s’écoulent, humidifient ses draps, sans pour autant lui faire du bien. Au contraire, chacune d’entre elle est douloureuse, brûlante sur sa peau. Comme si elles étaient une à une des lames qui lacèrent son visage, son coeur. Elle ne supporte pas ce qu’elle entend, ne comprend pas cet acharnement. « T’as ta vie. » qu’elle commence, la gorge nouée. Elle laisse sa franchise habituelle parler pour elle, n’a pas la force de lutter contre ça. « T’as Sawan … T’as ton gosse … C’est toi qui a tout détruit … » Et moi, je n’ai plus rien. Il n’y a plus aucune place pour moi dans ta vie. Que je sois là ou pas n’y change désormais plus rien. Une idée qui lui retourne l’estomac. Une vérité à laquelle elle s’efforce de croire. Si au départ, ça lui paraissait plus simple de cette manière, aujourd’hui elle se détruit un peu plus à chaque fois qu’elle y pense.

D’autres mots qui parviennent à ses oreilles. D’autres mots qu’elle a sûrement rêvé d’entendre plus d’une fois. Qui n’ont plus le même sens désormais. Pas après tout ce qu’elle a subit. Au fond d’elle, elle ne sait plus sur quel pied danser. Si elle se sentait perdue, c’est encore pire à cet instant. Et quelque part, une part d’elle refuse de le croire, bien malgré elle. « J’en peux plus… » finis-elle par souffler. « Je veux plus de tout ça… » continue-t-elle dans un sanglot qui secoue son corps si frêle. Et une question qu’elle répète bien malgré elle. Cette question qui prend toute la place. « Pourquoi tu m’as pas laissée là-bas … ? » Des sanglots qui se font plus forts, à tel point qu’elle n’arrive plus à articuler correctement. « J’aurais préféré crever que subir encore tout ça… » Un souffle, à peine audible. Une vérité certaine face à cet acte. Sa main qu’elle passe difficilement sur son visage, cet air anéanti qu’elle tente de cacher sans y parvenir. Ce monde n’est pas fait pour elle. Il y a trop de souffrance, trop de peine. Il n’y a plus rien à ses yeux qui vaille encore la peine. Le contre-coup de sentiments qu’elle n’arrive plus à gérer, et qui l’empêche de voir que d’autres comptent encore sur elle, même si elle n’a plus la force d’avancer.

Je ne pensais pas que nous en arriverions là tous les deux A quoi cela rimait ? Est-ce qu’on pouvait autant se déchirer ? Se haïr comme on le faisait. Je me sens dépérir, interdit par tous ces non-dits et ces mensonges. Tout a commencé par ma faute. Mais je n’ai rien su contrôler, je n’ai pas eut assez de courage pour tout affronter. Je relève les yeux vers elle, mes lèvres pincées, alors que sa voix me brise. Une fois de plus elle a l’air de s’éloigner. Impardonnable je suis et je le sais. Qu’importe les mots que j’aurais. Les gestes que je ferais… plus rien ne pourra jamais effacer ce qui s’est passé entre nous. Je n’ai pas joué Ye Won, j’ai juste prit les mauvaises décisions. Les mauvaises directions. Je pensais qu’avec le temps je deviendrais quelqu’un de bien. Mais je me suis trompé. Au fond, j’étais juste chamboulé… inconsolable de t’avoir perdu. Et le tout était arrivé seulement parce-que je l’avais voulu. Et je m’en veux, je n’ai plus envie de rien. Tout se complique dans ma tête alors que l’angoisse me consume un peu plus. Je n’ai pas envie qu’on se dispute, ses mots sont trop durs. Cette vie si exagérée. Comment peut-elle croire que j’allais être heureux avec Sawan. Ce n’est pas ce que je voulais. Devenir père ne faisait pas parti de mes plans et encore moins avec elle. Alors j’aurais dut la laisser ? J’aurais dut fuir encore une fois ? J’avais enfin décidé d’assumer mes actes. De devenir quelqu’un de responsable… et je suis désolé que cela soit à ton dépend. Que tu es pu croire une seconde que j’étais plus heureux sans toi… Depuis que tu as décidé de mettre fin à notre histoire je ne suis plus rien. Qu’une ombre qui ère, qui tente de se raccrocher à ce qu’elle peut.  Je serre les dents, j’encaisse sans rien dire. Car je sais qu’une part d’elle a raison. Mais ce qu’elle me dit me rend fou. Ça me fait vriller ! A peine a-telle finit de parler, que j’hurle « Arrête ! J’en peux plus de t’entendre dire ça. Arrête de croire que je suis heureux sans toi. » Arrête de me prendre pour ce que je ne suis pas Ye Won. Je t’ai menti, je t’ai raconté des histoires pour que tu sois plus heureuse. Pour que tu vives ta vie de ton côté…. Jamais pour que tu la perdes. Et l’entendre me dire qu’elle préférait disparaitre me rend fou. « Ça suffit ! Dis pas ça ! Dis pas que tu préférais crever. Si tu crèves je crèves ! Tu comprends ? » C’est comme ça que ça fonctionne. C’est comme ça que j’imagine ma vie sans elle. Et j’ai conscience que ça serait fou. Que tout deviendrait démesuré. Mais je suis incapable d’avancer sans elle. Mon regard est triste, dur aussi mais tellement désespéré. « Me dis pas ça ! T’as pas le droit de vouloir en finir. » Je ne peux pas le supporter, je deviendrais dingue… je ne peux pas… « Parce-que je t’aime putain ! » et je ne pensais pas lui dire de cette façon. Aussi durement, aussi douloureusement. J’ai mal bon sang. Je suis détruit ! Et j’ai beau vouloir retenir des larmes. Je n’y arrive plus. « Tu vois pas que je suis fou amoureux de toi ? Que je suis qu’un bon à rien depuis qu’on est plus ensembles ? » J’aurais aimé que les choses soit différentes… « Je suis juste trop con pour pas te l’avoir dit avant. Parce-que je suis qu’un lâche… parce-que j’avais peur que tu me haïsses trop pour ressentir la même chose… » Ça aurait pu être facile entre nous. Si j’avais osé plus tôt. Si j’avais su assumer ce que je ressentais. « Je t’aime tellement si tu savais… ça me tue, de te voir me haïr autant. » et je tremble un peu plus. Je suis à bout. Je n’ai plus la force de lui mentir de cacher ce que je ressens. J’aurais aimé que cela se passe différemment. Qu’on soit ensembles, qu’on soit tous les deux, dans une meilleure situation. Qu’elle soit avec moi, qu’elle me sourisse et m’aime en retour. Mais je savais que tout ça ne rimait plus à rien. C’est terminé ! Entre nous il n’y a plus rien. « Je suis désolé putain… j’aurais dût m’en rendre compte plus tôt. Mais j’étais trop idiot. » Et malgré tout ce que je voudrais dire ça ne changera rien. Nous sommes passés à autre chose. Je suis désemparé. Face à sa haine je n’ai plus aucune solution. Sa détresse me fend le cœur, tout comme ce que je ressens. Qu’est-ce que je peux faire ? Je n’ai plus aucun espoir. Je n’ai plus aucun futur avec elle… « J’ai jamais joué avec toi… j’ai juste voulu te dire ce que tu voulais entendre… pour que tu avances… mais jamais j’aurais cru que tu en arriverais là… » Ça a été trop loin. Notre relation est toxique. Tout cette simplicité qu’il nous définissait. Ça n’a plus aucun sens aujourd’hui. « J’ai pas voulu te faire du mal. J’ai juste fait des mauvais choix… et même avec Sawan… je ne voulais pas admettre que je t’aimais et que t’avoir revu m’avait chamboulé… c’était plus facile de t’oublier dans les bras d’une autre… » Ma voix est plus basse, mon ton désolé. Je m’en veux tellement… « J’ai fait que des conneries… je savais que tu me pardonnerais jamais de t’avoir laissé… » j’avais essayé de rattraper mon erreur, mais je n’ai fait que salir ce que nous étions… et je regrette. Chacun de mes gestes, chacun de mes mots… je n’ai pas été à la hauteur.

Lorsqu’elle était enfant, Ye Won rêvait comme toutes les petites filles de devenir une princesse un jour. Elle aimait croire qu’un prince charmant arriverait sur son cheval blanc pour l’emmener loin de la misère du monde. Qu’il ferait de sa vie un paradis sur terre. Plus encore que dans les dessins animés qu’on lui montrait, elle aspirait à une vie heureuse, du début à la fin. L’amour d’un père, d’une mère, et de ce prince qu’elle avait si souvent imaginé. Ce n’était qu’une utopie qu’elle s’était construite, pendant quelques années. Ce n’était que son propre récit, son conte de fées à elle. Celui ou le bonheur et l’amour enveloppaient tout le reste, pour ne montrer que la beauté du monde et des gens. Elle avait rapidement compris, que l’amour ne se trouve pas partout, que la famille, bien que partageant le même sang, pouvait parfois faire disparaitre ce sentiment là. Mais elle avait son frère, qui lui donnait tout l’amour dont elle avait finalement besoin. Elle avait rencontré Il Kyang, aussi. Il n’était pas le prince auquel elle s’attendait, mais il avait fait naître en elle des sentiments si forts qu’elle n’a jamais su les oublier, les mettre de côté. Malgré trois ans de silence, elle avait osé se rapprocher à nouveau de lui, peut-être à tord. Elle avait changé, n’était plus l’adolescente souriante et fougueuse qu’elle avait pu être. Elle avait ses rancunes, mais avait retrouvé tout ce qu’elle n’avait jamais ressenti pour personne d’autre. Elle avait retrouvé un peu d’espoir, pendant un temps, et s’y était finalement trop raccrochée. Et ce soir, elle s’en veut terriblement de s’y être attachée, d’avoir succombé si rapidement. Au moment même ou, pour la première fois, il avait posé des mots sur ce qu’il ressentait, dans cette chanson, elle savait au fond d’elle que tout allait changer. Elle ne s’attendait simplement pas à ce que tout s’effondre aussi brutalement. Au fur et à mesure des disputes, elle s’est construite une nouvelle image de celui qu’elle a longtemps considéré comme son prince. Si au départ, la sincérité de leur relation était la plus belle des choses, les mensonges du présent l’on bouleversée, toujours plus. Ils ont prit toute la place. Peut-être lui ont-ils fait croire certaines choses à tord, mais comment aurait-elle pu faire autrement ? La voix d’Il Kyang qui s’élève dans cette pièce la terrorise, ses mots sont comme de nouveaux coups de poignard qu’on lui impose. Mais elle n’est pas en état pour le supporter. Pour tenter de lui faire comprendre que tout ça ne rime plus à rien. ‘Si tu crèves, je crève.’ Elle n’arrive plus à y croire, se sent si démunie, et pourtant si en colère, de ne pas avoir pu entendre ces mots avant. Peut-être auraient-ils changé la donne. ‘Je t’aime.’ Trois mots qu’elle n’avait jamais entendu de sa bouche. Trois mots qu’il avait passé sous silence pendant tout ce temps. Ce n’est qu’une torture de plus de les entendre à présent. A tel point qu’elle s’en bouche les oreilles, ses mains pressant contre sa tête pour ne plus avoir à subir tout ça. S’ils n’étaient pas là, dans cette chambre d’hôpital, elle y aurait cru, les yeux fermés. « Arrête … dis pas ça … » murmure-t-elle, dans une supplique du coeur. Tout ce qu’elle avait espéré n’est plus. Ne ressemble en rien à tout ce qu’elle a pu imaginer tout ce temps. La douleur se fait si vive en elle, qu’elle lui donne la force de se recroqueviller sur elle-même. Dans un cri du coeur, sa main se raccroche au barreau de son lit qu’elle serre de toutes ses forces. Ses veines se dessinent sous sa peau, témoignent de ces sentiments contraires qui se mélangent en elle. « Pourquoi … Pourquoi tu voulais m’oublier ? » peine-t-elle à lancer à son égard. Pensait-il vraiment qu’elle aurait été incapable de lui pardonner sa disparition, ce silence de trois ans ? Elle aurait cru qu’avec tous ces moments volés, toutes ces nuits à se raccrocher à l’autre, il aurait compris, qu’elle avait encore tant besoin de lui. Qu’elle l’aimait comme au premier jour. « Je t’ai toujours aimé … même après tout ça … » même après avoir accepté son départ, même après avoir appris la vérité sur la drogue, sur Sawan. Rien n’a ébranlé son amour pour lui. Il a laissé la place à la colère, l’incompréhension. Il s’est parfois transformé en tristesse, en haine. Mais il l’a suivie, partout, à chaque instant. Même encore ce soir. Même dans cet état lamentable, elle sait au fond d’elle, qu’elle n’aurait besoin que de ses bras pour apaiser les palpitations de son coeur. Elle s’y refuse pourtant, parce que la douleur est toujours là, guide désormais ses gestes, ses paroles. « J’veux juste que tout s’arrête … s’il te plait … » Fais taire les démons qui hurlent en moi. Panse mes blessures les plus profondes, et fais disparaitre tous ces mensonges qui se sont immiscés en moi. Dans un nouveau sanglot, elle se raccroche finalement à ces draps, les humidifie un peu plus de ses larmes, y enfouit son visage déformé par la douleur de cette scène qu’ils sont en train de jouer. Elle est à bout de souffle, aimerait simplement fermer les yeux, et se dire que rien de tout ça n’a existé.

Je veux apprendre à être quelqu’un de bien… je veux être celui qui lui correspond. Je vous en supplie, aidez-moi. Aidez-moi à devenir celui qu’il lui faut. Je ne peux pas vivre sans elle. Je n’arrive pas à la laisser à un autre… je suis égoïste. Je ne peux pas imaginer ma vie sans elle… Qu’on me pardonne de ne penser qu’à moi. De ne pas avoir la force de la laisser partir… je n’y arrive pas. Je ne peux pas… tout tourne dans mon esprit, ces images de nous. Ce que je veux… je n’ai jamais été aussi sûr de moi. Putain Ye Won ! Tu ne vois rien ! Comment tu peux penser que ma vie est mieux sans toi. Que je pouvais avancer si tu n’étais pas là. Je n’en ai jamais été capable. Toi et moi… c’était écrit. Je ne croyais pas à ces choses-là avant de te connaitre. Le destin, l’amour… c’était pour les faibles tu sais. Pour ces gens qui rêvaient trop. Et pourtant… tu as changé ma vie. Tu l’as rendu meilleure… regarde-moi. Depuis plus de trois ans je suis une loque. Je me cherche, parce-que tu n’es plus là… et j’ai tellement besoin de toi. De tes sourires, de tes caresses… ta tendresse. Mon être entier te réclame et je suis désolé de ne pas avoir été capable de le comprendre plus tôt. D’avoir joué aux idiots… mais je t’en supplie, me dit pas ces choses-là. Je deviens faible… et je pleure, encore, sans jamais pouvoir m’arrêter car j’ai trop mal. Je souffre trop de la voir ainsi, de revoir ce geste désespéré. Je ne sais plus… « Parce-que si je t’oubliais, je te laissais vivre ta vie… t’avais pas besoin de moi Ye Won. Je t’ai pourri l’existence… je t’ai fait vivre des choses horribles… je voulais juste te rendre ta liberté. »Je la sentais enchainé à moi. A mes démons qu’elle essayait de battre pour moi. Elle n’avait pas à gérer mes erreurs. Mes vices… mes tourments. Je n’aurais jamais dut la conduire dans cette horreur. La drogue… tout ce qui nous avait détruit. Je le regrette si elle savait. Je voulais juste lui rendre ce que je lui avais volé… J’avais l’impression de l’avoir emprisonné et je détestais cette idée. Je l’ai compris quand j’étais là-bas. Quand je repensais à nous et tout ce que nous avions vécu. Ça n’avait rien à avoir avec le fait de ne rien ressentir pour elle. Ses gestes me tuent, son regard me rend fou. Elle a l’air si fragile, si frêle… et ses mots m’atteignent droit au cœur. Comme une flèche, qui me transperce… je deviens sourd au reste. N’ai pas la force de la voir ainsi… Désemparé, je m’approche d’elle, attrape ses poignets si fins entre mes mains « S’il te plait, s’il te plait dis pas ça. » Je n’y arrive pas Ye Won. Je ne peux pas imaginer ces choses-là. « Je t’en prie, regarde-moi. Regarde-moi. » J’aimerais qu’elle voit, qu’elle comprenne dans mes yeux que je n’ai jamais été aussi sincère que aujourd’hui. Qu’elle voit, que je suis un idiot… mais un idiot fou amoureux. C’est trop dur pour moi. C’est trop perturbant de la voir là. D’imaginer son acte, de croire qu’elle voulait en arriver-là. Et quand elle lève enfin le visage vers moi, le monde s’arrête de tourner. Ça me brise, ça me détruit… Je me mordille la lèvre, retient quelques gouttes qui pourraient s’échapper à nouveau. Est-ce que tu le vois Ye Won ? A quel point je suis anéanti ? Je n’ai plus envie de souffrir. « Je t’en supplie… me dis pas que tu veux m’oublier. Dis-moi qu’il reste encore quelque chose… »Je ne peux pas imaginer qu’elle passe à autre chose. Qu’elle soit amoureuse d’un autre. Qu’elle puisse vivre sans moi. Je sais oui, c’est égoïste mais je n’en peux plus. « Dis-moi que tu m’aimes s’il te plait… »Nouvelles larmes qui s’échouent sur la peau de ses bras fragile. « Je ferais n’importe quoi pour effacer ce qui est arrivé… je te le jure. » et je la supplie, d’une voix cassée, masquée par mes sanglots. Je n’ai jamais été aussi faible devant elle. Même lorsque j’allais mal… mais cette fois, je suis à bout. Je ne suis plus rien. Je n’ai plus de force, je pleure sans m’arrêter, mes yeux rougies, les lèvres tremblantes… j’ai si mal. Je voudrais la prendre dans mes bras, lui dire que plus jamais je ne la laisserais. Et d’un geste désespéré, je passe une main dans ses cheveux. Je m’approche d’elle, me raccroche à elle… « Ye Won, j’arrive pas à te laisser. Je t’aime tellement. » pardonne-moi encore une fois de ne pas réussir à me détâcher de toi. De ne pas être capable de tourner cette putain de page qui me pourrie la vie. Je ne peux pas… « J’ai trop peur de vivre sans toi. De te perdre… » et parce-que aujourd’hui plus qu’hier, ces mots je les comprends. Et parce-que demain sera difficile, si elle n’est pas là.