no one is old enough to be that kind of person - ft. yi june
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no one is old enough to be that kind of person - ft. yi june | Ven 10 Avr - 23:06 Citer EditerSupprimer
Tu te diriges vers le coin fumeur, sans le son assourdissant de la musique qui emplit les murs, on aurait pu entendre les talons aiguilles de tes cuissardes claquer le sol avec virtuosité. Ta cigarette à la main rend l’apparence de celle-ci beaucoup plus élégante qu’elle ne l’est d’habitude. C’est vrai que tes mains sont loin d’être ce qu’on appellerait « de jolies mains féminines ». Ce sont des mains abîmées par le travail, des mains fortes et capables. Des mains qui, aussi, ont fait des choses plus horribles les unes que les autres, seules ces deux choses de chaire savent tout ce que tu as fait, elles sont presque devenues des entités qui tous les jours quand tu les regardes en te réveillant te demandent quand vas-tu jeter cette vie de crimes et de malhonnêteté. Bref, des mains de criminelles tenant entre ses doigts une énième destruction, cette fois envers toi-même.
Tu sens les regards autour de toi. Il y a énormément de gens dans ces lieux envahis par les corrompus et les trompeurs, alors ces regards ne sont pas insistants, tu ne les captes presque pas, mais tu es tout aussi consciente que si la salle était moins bondée, tu sentirais la majorité des regards se poser sur toi. Tu aurais même presque entendre à travers la musique les murmures à ton sujet. Non. Tu n’es pas la beauté fatale de la soirée. Non, tu n’es pas l’objet de désir de toutes ces personnes qui posent leurs yeux curieux pour certains, peureux pour beaucoup. Tu es probablement une des criminelles la plus haut placée dans cette salle même. Ton propre chef, certainement pas. Du moins pas encore. Est-ce que ça arrivera un jour ? Peut-être. Mais pour l’instant tu es l’une des plus jeunes recrues ayant intégrée le clan Seven Stars à l’âge de 20 ans, et tu as monté les échelons un par un avec beaucoup de mal et de sang sur les mains pour pouvoir assurer ta sécurité et celle de tes proches.
Une machine.
Une femme, qui plus est.
Bref, cette cigarette.
Tu l’allumes, adossée au mur du fumoir. Tu n’as même pas envie de danser, de bouger un tant soit peu ton corps, de regarder les personnes qui t’entourent, ou lever tes yeux. La flemme. Tu craches rapidement la fumée, laissant des traces de rouge à lèvres sur tes doigts tellement tes gestes sont rapides et vagues. Tu veux expédier cette petite tâche, pas t’éterniser, c’était juste histoire de sortir de ce foutu fauteuil en cuir qui te fait transpirer l’arrière des cuisses. L’angoisse, cet endroit, vraiment.
C’est bon, ça suffit, tu jettes ta cigarette par terre, l’écrases et sors rapidement de cette pièce qui sent littéralement la Mort si elle était fumeuse. Tu marches rapidement jusqu’à retrouver la banquette, t’es la seule femme entourée d’une quinzaine d’hommes qui te charrient, te bousculent un peu pour montrer leur plaisir de rigoler avec toi. De créer un lien qui plus tard leur servira. Tu leur serviras. Ta gâchette vive leur servira. Tu ne souris même pas mais il est vrai que ces abrutis peuvent être drôles parfois. Puis, un mouvement dans la foule attrape ton attention. Pourtant il y en a tant des mouvements à cette même seconde dans le même mètre carré. Mais étrangement, ton regard a été attiré à un endroit précis. Ça bouge de nouveau. Tu fronces les sourcils et te bascules sur ton siège pour essayer de capter la scène d’un angle plus large. Tes bras et tes jambes se décroisent.
Y a une gamine ici.
Tu te lèves avec précaution, prenant conscience de ton couteau papillon dans ta cuissarde, au cas ou et tu te déplaces vers ce couloir qui semble aller vers d’autres salles et où tu as aperçu la jeune fille, accompagnée, s’engouffrer. Tu accélère le pas, tu bouscules quelques malheureux, en pousses d’autres. Tu arrives enfin dans un périmètre proche d’eux, tu la toises un peu avant d’approcher. Elle a l’air vraiment jeune, quand même, est-elle majeure au moins ? Tu trottine vers elle et tu lui attrapes le poignet. Tu regardes l’homme qui l’accompagne dans les yeux.
« Excusez-moi de vous déranger mon cher, mais puis-je vous demander l’âge de la jeune fille qui vous accompagne ? »
Il est vrai qu’à aucun moment on te t’a demandé ton avis, mais pour toi il y avait des limites à pas dépasser, même dans ce milieu. Du moins des limites que toi tu ne laisserais pas passer.