La vérité, jamais ne sera dissimulée - Kelea
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La vérité, jamais ne sera dissimulée - Kelea | Sam 11 Avr 2020 - 17:08 Citer EditerSupprimer
Les lettres étaient alignées, les mots se succédaient, une menace qui me faisait froid dans le dos. Comment une personne saine d’esprit pouvait-elle faire preuve d’autant de cruauté ? Je peinais à l’imaginer et pourtant, devant moi, l’encre avait noirci le papier pour ne laisser aucun doute quant à l’orientation sordide de cette lettre. Aucun nom, aucune adresse, juste l’anonymat de ce que j’identifiais être une fan un peu trop éprise de son chanteur. Encore une femme perdue entre le rêve et la réalité, une simple d’esprit, un âme en peine… ou tout du moins une personne qui visiblement souffrait d’un mal qui la rongeait suffisamment pour s’en prendre à une inconnue. Si ma première réaction fut une compassion mesurée, la colère prit rapidement les rennes. Le tourment soufflait subitement sur le muscle battant, et je ne pus me résigner à lire et relire les mots qui proféraient menaces et insultes. Aussi j’attrapais ma veste et quittais sans tarder l’appartement de celle qui avait lu, bien avant moi, les quelques phrases de cette lettre.
Il me fallut braver la foule des travailleurs et des promeneurs, mais aussi celle des étudiants dont le flux ne semblait avoir aucune cohérence pour finalement parvenir jusqu’à l’entrée du campus. La feuille gisait entre mes doigts, froissée par l’inquiétude et la fureur, alors que je me plaçais contre un muret. Je passais sans doute pour un visiteur qui attendait patiemment ses amis, un ancien étudiant en quête d’une seconde jeunesse… sans doute. J’en arborais le style vestimentaire et pourtant. J’observais les plus jeunes quitter les lieux en riant ou en silence, et immobile, j’attendais patiemment qu’elle ne se décide à quitter à son tour la salle de cours.
Bras croisés, mes yeux chutèrent un instant sur le sol à la recherche d’une quelconque inspiration pour amener le sujet houleux de la fan hystérique. Mais rien ne vint, et en levant à nouveau le visage, je pus tomber sur celui de ma sœur. « Kelea… » La surprise se lisait facilement, trop facilement sur son visage, alors comment avait-elle réussi à me cacher cette lettre ? « Tu as fini ? » demandais-je, plus pour entamer la conversation que pour ne réellement lui poser la question.
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Re: La vérité, jamais ne sera dissimulée - Kelea | Mer 22 Avr 2020 - 19:20 Citer EditerSupprimer
La jeune femme était d’une humeur lumineuse ces derniers jours. Depuis que son frère était sorti de prison à vrai dire. Elle était heureuse, de beaux jours se profilaient devant elle. Elle était épanouie dans sa relation avec Caden même s’ils apprenaient encore à être un couple qui s’assume. Ce n’était pas toujours évident mais ils se débrouillaient merveilleusement trouvait-elle. Elle allait mieux, depuis que son frère vivait avec elle il faisait tout. Le ménage, les courses, il préparait des repas et la faisait manger, plus sainement encore qu’avant. Il l’accompagnait à l’hôpital et il s’assurait qu’elle prenne son traitement. Elle savait qu’il se sentait coupable de ne pas avoir été là mais tout ce qu’il avait dû traverser … tout était injuste et jamais Kelea ne lui en voudrait pour quoique ce soit. Elle le savait innocent ! Jamais son frère n’aurait fait ça … Elle détestait cette justice, ça n’en était pas une. Alors depuis qu’elle l’avait retrouvé elle ne faisait que le chouchouter. Elle lui avait remplie son armoire de vêtements, lui avait décoré une chambre rien que pour lui. Elle ne lui demandait ni loyer, ni compensation financière. Avec son crédit et l’argent qu’elle a pu mettre de côté, en plus de l’assurance vie de son mari décédé, elle pouvait très largement s’en sortir toute seule. Mais Kalei l’aide tellement en compensation. Ça faisait du bien de le retrouver. Elle craignait que la prison ne l’ait changé, et parfois elle lui trouvait les traits du visages plus dur, ses pensées peut-être plus acides. Elle n’osait lui demander ce qu’il avait vécu là-bas, dans cette prison, mais se doutait surtout qu’il ne lui dirait pas … Il avait ce côté protecteur suffisamment développé pour la préserver de ces horreurs. Alors elle faisait en sorte qu’il soit bien, qu’il soit installé confortablement dans son petit appartement. Elle voulait qu’il pense sereinement à son avenir, et qu’il revienne … tranquillement. Elle ne pouvait être que ravie de le voir même si son air la fit tiquer. « Bonjour grand frère. » souffla-t-elle en plantant un baiser sur sa joue. « A l’instant oui. » sourit-elle en lui prenant le bras. « Tu es venu me chercher aujourd’hui ? En quelle honneur. » demande-t-elle de cette insouciance ravissante.
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Re: La vérité, jamais ne sera dissimulée - Kelea | Jeu 2 Juil 2020 - 21:39 Citer EditerSupprimer
Le sourire illumina son visage, et chaque fois il me surprenait. Peut être parce qu'elle était ma petite sœur, peut être parce qu'elle partageait le même sang que le mien la rendait moins consciente de la situation. J'adorais la voir sourire, simplement heureuse après tout ce qu'elle avait pu vivre, mais le mystère de son enthousiasme à me voir partager son appartement restait entier. Quand bien même ma culpabilité avait été montée de toute pièce, je restais un ex-taulard et aux yeux du monde, c'était la preuve suffisante pour me fuir. Je ne leur en voulais pas, ils ne cherchaient qu'à se protéger, mais elle... elle ne devait pas souffrir du regards des autres. Elle avait retrouvé sa joie et sa légèreté, et je me promettais que rien ne viendrait jamais les lui enlever de nouveau, pas même cette lettre. « Je suis ton garde du corps pour le reste de la journée oui. » tentais-je de plaisanter alors qu'elle s'accrochait à mon bras. Je retrouvais ma princesse, la douceur et l'insouciance qui se lisait sur son visage, si bien que je pensais un instant lui épargner les inquiétudes des menaces qui lui étaient pourtant destinées. « Comment s'est passée ta journée ? » Les conversations banales étaient sans doute ce qui me plaisait le plus dans ce semblant de vie retrouvée. L'entendre simplement me raconter les péripéties de l'étudiante qu'elle était, sans drame, sans condamnation... Et si je l'écoutais d'une oreille, mon esprit n'avait de cesse de faire apparaître l'image de la lettre que j'avais trouvé. « Princesse... » lâchais-je. J'interrompais en même temps notre ascension, l'obligeant ainsi à m'écouter. « J'ai trouvé quelque chose qui... m'inquiète. Alors si tu as des problèmes, j'aimerais que tu m'en parles. D'accord ? » Le regard insistant, je lui intimais silencieusement de bien vouloir me faire part du papier qui attendait son heure dans mon sac.
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Re: La vérité, jamais ne sera dissimulée - Kelea | Dim 12 Juil 2020 - 15:16 Citer EditerSupprimer
La jeune femme aimait la présence de son frère quotidienne dans sa vie. C’était à la fois un renouveau et un vieux souvenir presque oublié. Elle aimait pouvoir voir son visage tous les matins et manger avec lui quasiment tous les soirs. Elle savait qu’il avait encore beaucoup de choses pour s’acclimater à la réalité, retrouver son quotidien d’antan, ses habitudes, cette vie qu’on oubliait facilement derrière les barreaux. Kelea s’était préparée à la sortie de son frère, elle le savait assez pudique et discret sur ce qu’il ressentait pour se confier à cette vie en prison, alors elle avait lu : des livres, des articles, des témoignages. Elle avait regardé : des émissions, des films, des docufictions. Elle espérait que la moitié des choses qu’elle avait pu voir ne soit jamais arrivée à son frère mais savait pertinemment en croisant son regard le jour de sa sortie, qu’une part d’ombre avait pris possession de lui. Etait-ce qu’il avait subi là-bas, le temps perdu, ou l’injustice de sa condamnation qui l’avait englouti ? Elle n’était certaine de rien, peut-être était-ce même une accumulation de tout ça ? Savoir sa sœur mal en point, à l’hôpital et ne pouvoir rien faire. Attendre ses visites autant qu’il les redoutait. Kelea savait qu’elle avait été un poids pour son frère, qu’il s’était inquiété pour elle à s’en rendre malade, elle s’en était voulu, aurait voulu être plus forte pour le soulager, rien qu’un peu. Mais Kelea était d’une faible constitution, bien que son caractère, soit lui, de feu. Alors à sa sortie de prison elle avait tout fait pour l’accueillir dans ce nouveau monde, ce monde qui avait continué de tourner sans lui. Elle lui avait caché tout le noir de sa vie, ne lui montrant que la beauté. Il n’était pas dupe, elle non plus, mais c’était plus facile ainsi, pour commencer, doucement … Alors quand il se présenta à elle, elle n’y voyait là que l’occasion de passer une bonne journée avec lui. Elle lui raconte sa journée, n’a même pas besoin de l’enjoliver, depuis qu’il était là Kelea était heureuse. Heureuse de l’avoir près d’elle, de pouvoir tenir son bras dans la rue et le savoir en sécurité avec elle. Mais Kalei était du genre à avoir de la suite dans les idées, elle l’avait bien remarqué distrait, peu attentif à ses mots, mais elle avait préféré continué ce petit jeu, cette mascarade où tout allait bien. Elle déglutit et relève son visage vers lui à ses mots. Elle se stop, le fixe, mordille sa lèvre comme une enfant fautive. Lui parlait-il de ses résultats médicaux peu fameux ? Comment avait-il su ? Kaeden lui avait-il parlé ? Non, elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance, jamais Kaeden n’aurait pris l’initiative d’en parler à Kalei sans l’accord de la jeune femme. Elle inspire doucement et penche la tête sur le côté « Dis-moi que tu parles … » souffle-t-elle doucement avant de réfléchir. Trouver quelque chose qui l’inquiète ? Oh. Parlait-il de ces lettres ? Puis elle comprit, su. C’était presque un soulagement pour elle. Elle pourrait masquer ce qui était le plus inquiétant avec ces lettres et l’amener en douceur pour son frère. « Tu as trouvé les lettres, pas vrai ? » sourit-elle contrit. Elle attrape sa main avec douceur et l’entraine vers l’entrée d’un petit parc où ils pourront s’asseoir et discuter tranquille. « Ce n’est pas grand-chose … » minimise-t-elle. « Il ne faut pas que tu t’inquiètes pour ça … elles n’ont que ça pour m’attaquer … » des mots, juste des mots. Tout du moins elle l’espérait.
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