Perdu dans mes pensées, je n’écoutais pas. Ni mon supérieur, ni mes autres collègues, ni même le patient dont le diagnostic était exposé. Seuls ses mots, son aveu tournait en boucle dans ma tête. J’en devenais fou… je perdais la notion du temps et de l’espace, je ne dormais plus, ne mangeais plus… j’avançais comme un zombie. Plus rien n’avait d’importance tant mon cœur souffrait. J’avais la sensation qu’on m’avait ouvert la poitrine et qu’on m’avait poignardé à vif, encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du muscle battant. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi… Pourtant j’étais bien là, debout, je travaillais, j’étudiais… mais tout avait perdu sa saveur. Les yeux rivés au sol, je n’avais pas vu le résident s’avancer vers moi. « Seojoon… si tu ne te sens pas de faire les consultations, je te prierais de revenir quand tu auras l’esprit clair… » Puis, de façon plus discrète ajouta « Je t’ai connu bien plus impliqué. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais va prendre l’air quelques heures, tu reviendras pour l’opération de ce soir. D’accord ? » Son abnégation acheva de me pousser un peu plus dans mes retranchements. Mais, silencieusement, je le remerciais de m’offrir ce répit.

Je fuyais vers les vestiaires, las, fatigué, mais surtout affligé. L’âme en peine, elle hurlait presque de cette souffrance dont je ne parvenais à me défaire. Alors sans réfléchir davantage, je saisissais mon téléphone et composais le seul numéro qui me vint à l’esprit. « Hyung… » Ma voix tremblait, et je peinais à masquer les sanglots qui menaçaient de me submerger. « Est-ce que tu peux venir à l’hôpital ? Je… j’ai un peu de temps devant moi… » Sans en dire plus, je me doutais qu’il soupçonnait plus que l’envie de passer le temps. Mon dos vint percuter le métal des casiers et m’arracha un frisson alors que je me laissais glisser sur le sol. Je me sentais pathétique, idiot, et particulièrement stupide d’avoir seulement pu croire à une histoire qui n’avait jamais existée.

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« Only Human »

But I'm only human, And I bleed when I fall down, I'm only human, And I crash and I break down, Your words in my head, knives in my heart, You build me up and then I fall apart, Cause i'm only human...

©️crackintime

Elio n’en pouvait plus de se concentrer sur ce devoir. Il savait dans le fond qu’il allait avoir une bonne note, mais son professeur était intransigeant avec lui et le notait plus sévère pour le pousser plus loin dans ses capacités afin qu’il ne se repose jamais sur ses lauriers. Il avait des facilités avec les langues de toutes évidences. Ses parents d’origines différentes lui avaient permis, dès sa naissance, d’entendre tout un large panel de phonème qui l’aidait aujourd’hui dans l’apprentissage des autres langues. Elio était ce qu’on appelle un polyglotte et il y trouvait là une satisfaction, un genre de super pouvoir qui lui permettait de découvrir le monde comme il le souhaitait. Il adorait la traduction mais ce qu’il préférait c’était l’échange. Elio était un homme sociable et remplie d’une jovialité qui lui permettait facilement de créer du lien avec les gens. Ils étaient appréciés de toute évidence et il était agréable de passer du temps avec lui, mais il ne confondait pas ce dernier point avec l’amitié. Car les vrais qui représentait réellement quelques choses dans sa vie pouvait se compter sur les doigts d’une main. Seo Joon en faisait de toute évidence partie. Alors quand il lui téléphona et qu’il lui demande de venir, Elio ne chercha pas à comprendre. Il repoussa ses devoirs et se leva rapidement. Le ton de sa voix ne lui disait rien qui vaille. Avait-il perçu un sanglot ? Elio s’en voulait de ne pas avoir remarqué que son meilleur ami n’était pas au mieux de sa forme. Il avait bien vu que quelques choses le tracassaient ces derniers jours mais il n’aurait jamais cru qu’il puisse en arriver … là. Peut-être qu’Elio avait été égoïste, qu’il s’était concentré sur son histoire avec Min Woo avec un peu trop d’attention et qu’il n’avait pas su faire ce qu’il fallait pour Seo Joon ? Etait-ce en lien avec Sawan. Il connaissait bien les sentiments de son ami pour la jeune femme et il ne pouvait blâmer son meilleur ami. Les sentiments ne se contrôlent pas … Pour qu’ils viennent ou qu’ils partent, malheureusement. Il rassembla ses affaires et quitta rapidement le dortoir pour rejoindre son meilleur ami. Une fois à l’accueil il lui demande où il peut le trouver et c’est au pas de courses qu’Elio se précipite jusqu’à lui. Il pousse la porte du vestiaire, conscient qu’il n’avait pas le droit d’être là, mais se moque bien du règlement si c’était pour retrouver Seo Joon. Alors quand Elio le voit assis au sol l’air si misérable et dévasté son cœur se serre. Il s’approche doucement de lui et s’accroupit à sa hauteur en posant une main sur son bras. « Qu’est-ce qui se passe, amico moi ? » souffle-t-il avec une compassion débordante. Il dépose à côté de Seo Joon une bouteille d’eau qu’il avait pensé à prendre avant de partir. Il n’avait pas besoin de connaitre les détails pour partager sa peine et son regard triste se posa sur lui.