Dans mes filets - Mok
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Dans mes filets - Mok | Dim 19 Avr - 6:17 Citer EditerSupprimer
Les discussions allaient bon train, et la conversation était parfois ponctuée par des éclats de rire. C’était étrange. Là où je m’étais toujours évertué à rester à l’écart, ce soir là je me mêlais à la foule du dortoir. Je découvrais chaque jour ce qu’impliquait la vie à plusieurs, et je me rendais compte par la même occasion de tout ce que j’avais loupé au sein même de ma famille. Envoyé très vite à l’étranger, le fils prodige n’avait de cesse de revenir émérite et de rendre le sourire à un père exigeant et trop violent. J’observais en silence les échanges de cette fraternité hétéroclite, sans pour autant y prendre part. Feignant d’être trop occupé avec mes dossiers, je restais néanmoins attentif, et si j’aurais simplement pu travailler tranquillement dans ma chambre, j’avais un autre objectif. Un but qui était assoupi sur le rebord de la fenêtre et vers qui je coulais mon regard de temps en temps. La soirée s’étirait et menaçait de compromettre tous mes plans. Puis enfin la délivrance. Un à un, les habitants du dortoir désertaient le salon pour regagner leur chambre. « San ? Tu ne vas pas dormir ? » Subtilement, je laissais mes perles voguer vers l’endormie avant de répondre à mon vis à vis. « Non, pas tout de suite, j’ai encore un peu de boulot… » mentis-je. D’un « bonne nuit » ensommeillé et ponctué d’un bâillement à s’en décrocher la mâchoire, je saluais le dernier des résistants et soufflais d’enfin retrouver une certaine tranquillité. Elle était néanmoins de courte durée tandis que je me levais et m’étirais de toute ma hauteur avant de mettre mon plan à exécution. D’un pas discret, je m’approchais d’elle, sa respiration lente et calme trahissait le sommeil dans lequel elle était plongée et si je voulais réussir à obtenir ce premier contact, il me faudrait la tirer des bras de Morphée… L’idée était loin d’être tentante. J’expirais alors la tension qui affluait dans mes membres, m’éloignant d’elle pour m’affaler sur le canapé. Les bras croisés derrière la nuque, les idées se bousculaient, mais aucune ne paraissait suffisamment judicieuse.
J’optais alors pour une méthode qui manquait cruellement d’imagination, et profitais du silence pour ranger et pousser quelques affaires avec fracas. Quelques minutes seulement avant d’attraper l’ouvrage qui était resté caché et le poser négligemment sur moi. Que disait-on déjà ? Le ridicule ne tue pas ? Si seulement il avait pu à cet instant… Les minutes s’écoulaient avec une lenteur sans nom, et mes yeux se posèrent sur la couverture du livre que j’avais entamé. Quel crétin ce Darcy… pensais-je. Quel homme pouvait se targuer d’une telle retenue… juste par amour ? J’aurais presque pu en rire tant il était absurde. Au final, ne l’étais-je pas également ? Sur un soupire, je reposais le livre ouvert sur ma poitrine, simulant une sieste improvisée, un repos bien mérité après une lecture intensive. Je voulais retrouver Lyvan, à tel point que j’en étais tombé à avaler les œuvres de Jane Austen… Aussi j’espérais que je pourrais attirer son regard et sa curiosité, du moins suffisamment pour mettre en marche ce projet ambitieux. Derrière l’opaque de mes paupières, je l’entendais finalement bouger et ce fut alors l’exercice le plus difficile qu’il m’ait été donné de réaliser : feindre le sommeil en espérant déclencher chez elle une réaction.
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Re: Dans mes filets - Mok | Lun 20 Avr - 20:07 Citer EditerSupprimer
Mok avait pris son livre avec elle et avait rejoint le salon comme à son habitude. Elle ne se mêlait pas souvent aux autres ces derniers jours. Elle se glissa dans le petit renfoncement aménagé de la fenêtre. A force de la voir s’asseoir ici les Pyo avaient finis par lui laisser libre, en toute circonstance, comme si la jeune femme s’était approprié son territoire par la force des choses. Elle s’y était plusieurs fois endormie sans s’en rendre compte alors elle avait pris l’habitude d’apporter avec elle un coussin pour pouvoir si lover confortablement. Elle aimait le bruit que faisait les Pyo, les entendre rire, les entendre parler, parfois se chamailler. C’était un boucan rassurant … Un boucan familier qui lui rappelait la maison avant l’accident. Ils étaient tous heureux, se disputaient aussi souvent, mais comme le ferait une famille. Ces temps-là lui paraissent aussi réel qu’un rêve qui restait flou dès qu’on ouvrait les yeux. Elle avait l’impression que ses souvenirs disparaissaient et qu’elle se faisait engloutir dans l’obscurité, sombre et opaque. Elle n’était pas certaine de comprendre comment les images de ses parents, pourtant récente et encore si vive, arrivait à disparaitre ainsi. Comme si son esprit, d’enfant fatiguée et triste, avait fini par trouver une autre façon de la punir. Elle frémit en posant un regard sur un membre de sa fraternité qui venait de pousser un cri. Elle sursauta et grimaça avant de se tourner vers la fenêtre. Elle ne supportait plus le calme et si elle tolérait le silence, ce n’était que pour dormir. Elle reporta son regard sur son livre mais ses yeux finirent par s’alourdir d’eux-mêmes. Lentement elle laissa son livre se replier et sa tête dodelina avant que la jeune femme ne sombre dans un sommeil profond. Elle dormi ainsi de longues minutes. Une heure, peut-être plus ? Et à mesure que les panthères quittèrent la pièce pour aller dormir un calme englouti le salon. C’était peut-être ce calme qui la tirait doucement de ses songes. Elle ne dormait jamais assez profondément pour se couper du monde. Sur un qui vive permanent Mok avait fini par masquer ses cernes avec du maquillage. Elle déglutit et regarda autour d’elle, dans un premier temps elle ne vit personne. Elle glissa alors ses pieds nus sur le sol délicatement et s’étira en se levant. Elle avait des allures de petit elfe à cause de son regard. Elle s’avança alors doucement dans le salon et pinça ses lèvres en voyant San endormi. Elle avait cru comprendre que l’arrivé du garçon avait quelque peu chamboulée ses amies et ne savaient pas réellement comment se comporter à ses côtés. Elle resta un instant figé, par ce seul détail qu’elle se maudissait de ne pas être capable d’ignorer. La façon qu’il avait eu de poser son livre sur son visage cornait la tranche du livre et l’abîmait … Elle se détourna, se répétant que ce n’était rien, qu’elle n’allait pas sauver tous les livres maltraités du monde mais … mais ce livre était son préféré … elle jura tout bas et s’approcha doucement de San. Elle ne voulait pas le déranger, ni le réveiller mais ce livre … pouvait voir les pliures se former sur la tranche du livre et son petit cœur, amoureuse de cette histoire, ne résista pas … Elle attrapa délicatement l’exemplaire en mordant sa lèvre inférieure, désireuse de faire le plus doucement possible mais elle ne put retenir un cri doublé d’un sursaut quand elle sentie soudainement la main de San se refermer sur son poignet comme une coupable prise en flagrant délit. Elle rougie alors rapidement et bafouilla « Je … je suis désolée je … ton livre … s’abîmait … » et soudain cette raison lui parut bien ridicule.
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Re: Dans mes filets - Mok | Mer 10 Juin - 22:31 Citer EditerSupprimer
Le temps me parut s'étirer à l'infini alors que je simulais un sommeil de plomb. L'envie d'ouvrir mes paupières se fit sentir plus d'une fois, mais je fis taire la curiosité pour me concentrer sur la finalité de cette mission que je m'étais donné. Et enfin, je discernais le son feutré de quelques pas qui s'arrêtèrent quelques secondes seulement. Une hésitation ? Je luttais contre moi même, contre des réflexes naturels mais qui m'auraient trahit sitôt que j'aurais relâché ma concentration. Je pouvais presque entendre les battements de mon cœur tant la tension atteignait son paroxysme. N'étais-je pas ridicule ? Je me sentais particulièrement risible, là, allongé sur le divan, feignant le sommeil pour attraper dans mes filets la douceur d'une pauvre jeune fille qui n'avait rien demandé. Elle l'ignorait, mais je ferais d'elle ma captive émotionnelle, mon faire-valoir et ma meilleure campagne de publicité. Je la façonnerais de telle façon qu'elle ne puisse voir en moi que cet étudiant, ce frère qui se repentait de son passé, des actes qu'il n'avait jamais commis et qu'il aurait pourtant dû. Je l'emprisonnerais dans un tourbillon de culpabilité pour qu'elle me prête main forte sans même s'en rendre compte... Loin de nourrir des idées de vengeances, je ne tenais qu'à retrouver ce lien que j'avais sciemment oublié. À quel prix ? J'ignorais tout de Lyvan, et je m'en voulais de n'avoir jamais su faire le premier pas, du moins pas jusqu'à aujourd'hui.
Je sentais sa présence, elle s'approchait exactement comme je l'avais imaginé, et je n'en ressentais aucune honte. Il me fallut faire preuve d'une patience extraordinaire avant qu'enfin elle ne se décide à soulever l'oeuvre qui dormait paisiblement sur moi. Et ce fut à cet instant précis que j'abattais ma première carte : ma main chuta et se referma sur son poignet lui arrachant par la même occasion un cri se surprise. Mon plan suivait son cours, et lentement, je fis mine d'émerger de ce sommeil factice dans lequel j'étais plongé. Mes yeux s'ouvrirent sur la brune qui me regardait presque effrayée et je ne pouvais pas lui en vouloir. Face à ses joues qui s'empourpraient, je restais calme, presque serein. « Mon livre ? » Je devais jouer subtilement, ne pas exposer mon jeu pour espérer pouvoir la rallier à ma cause, et lui rendais finalement sa liberté qu'elle récupérait sans demander son reste. « Qui me dit que tu ne voulais pas m'étouffer dans mon sommeil... » plaisantais-je. Une mauvaise manoeuvre visiblement puisqu'elle ne semblait pas réceptive à l'humour de celui qui venait sans doute de lui coller une belle frayeur. « Je plaisantais. » affirmais-je en me redressant. « Ainsi donc, tu es la sauveuse attitrée du royaume des pages cornées et des couvertures abîmées ? » Je coulais vers elle un regard taquin agrémenté d'une moue badine. Le séducteur se débarrassait de sa muselière et passait à l'action sur mes ordres. Entre mes doigts, je fis tourner le roman sans ne lui accorder de réelle importance avant de porter à nouveau mon regard sur la biche que je venais d'effaroucher. « Il est en excellent état ce livre, non ? Ou bien vais-je être arrêté et jugé pour maltraitance » Si je parvenais à lui arracher ne serait-ce que l'esquisse d'un sourire, je remportais la première manche. Aussi l'observais-je attentivement, un intérêt dont elle n'avait sans doute pas l'habitude au vu de son visage rosit par la gêne.
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Re: Dans mes filets - Mok | Sam 11 Juil - 22:19 Citer EditerSupprimer
A trop s’enfermer dans son monde, Mok en oubliait ce que cela représentait de se lier aux autres. Elle le fixe, l’écoute, ne comprends pas sa démarche, ce qu’il lui dit. Son regard innocent se pose sur lui alors qu’elle penche la tête sur le côté. Que Veut-il ? Que cherche-t-il ? Flirt-il avec elle ? Elle n’était pas certaine d’en reconnaitre les codes. De comprendre ce qu’il voulait, ce qu’il lui disait. Elle pose son regard sur le livre, pourrait sourire mais ce soir elle est elle-même. Distraite, dans un monde où personne ne vient jamais. Elle n’est pas distante ni froide, mais elle parait venir d’un autre monde. D’un passé qu’on aurait tous oublié. Mok était ce genre de femme presque trop banal pour qu’on puisse les remarquer, et pourtant ce soir à la lueur des lumières tamisées du salon elle était d’une beauté surréaliste. Presque irréelle. Une beauté naturelle à la hauteur de celle des princesses de l’ancienne époque, de l’ancien monde. L’éclat de ses cheveux ébènes qui encadre son visage, et son regard si intense et indomptable, souligne la beauté de la jeune femme. Un livre, un sourire, des tentatives vaines de la part de cet homme qui, malgré ses efforts, n’obtient aucun sourire de sa part. comprenne-t-elle seulement ce qu’il lui disait ? la reine de la nuit était perdue ce soir et elle se contentait d’attraper délicatement le livre qu’il faisait tourner entre ses doigts avec un sourire badin. Elle rosit légèrement de cette attention qu’il lui porte, aimerait rester invisible, mais ce soir cet homme la regardait. Elle porte le livre à son visage pour en sentir les pages, un sourit délicat ourle alors ses lèvres, discret, fugace mais bien réel. Elle fait tourner les pages rapidement de son pouce et porte alors son attention sur le jeune homme en face d’elle. « San c’est ça ? » Car même si Mok n’était pas des plus bavardes, elle était observatrice, assez pour connaitre les nouveaux et les membres de sa fraternité. Ils n’étaient pas des plus nombreux, mais suffisamment pour qu’elle puisse se sentir entourée, et parfois oppressée il fallait bien l’admettre. « Mok. » ajoute-t-elle presque timidement craignant qu’il n’y voit là aucune information importante. Elle était maladroite dans ses rencontres avec les nouvelles personnes. Elle avait oublié comment faire, non à vrai dire, elle avait toujours tout fait depuis l’accident pour qu’on ne la remarque plus. Qu’on la laisse dans son coin comme le faisait tous les Pyo chaque fois qu’elle s’endormait dans l’alcôve de la fenêtre. Et ça lui allait aussi triste que cette constatation pouvait-elle être. Elle referme le livre doucement et le serre contre elle « C’est mon livre préféré. » confesse-t-elle, comme si cela pouvait être intéressant ou lui plaire. Il devait bien s’en moquer, elle qui l’avait réveillé pour une simple histoire de livre corné. Il s’était même moqué d’elle, taquin, peut-être sans méchanceté, mais elle avait été étrange à ses yeux. Idiote peut-être ? A cette pensée la jeune femme détourne le regard, gênée d’être elle. « Je ne voulais pas te réveiller. » dit-elle en guise d’excuse en s’inclinant doucement, cachant son ainsi son visage de ses cheveux qu’elle glisse d’un geste délicat derrière son oreille. Princesse d’un autre temps, perdu dans un monde qui n’était plus le sien depuis longtemps.
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Re: Dans mes filets - Mok | Mar 28 Juil - 5:53 Citer EditerSupprimer
Les mots m'échappaient maladroitement, et j'aurais pu rire de ne pas savoir user de mes talents d'orateur si je n'avais pas eu en face de moi celle que j'avais considéré comme étant l'un des moyens qui me permettrait d'atteindre Lyvan. La plaisanterie effleura mes carmines et roula sur ma langue sans avoir d'effet sur elle. M'étais-je trompé ? Avais-je fait une mauvaise manœuvre ? J'avais mélangé l'humour et la séduction, un mélange que j'avais espéré convaincant, mais visiblement qui ne trouvait pas son écho en Mok. Tantôt le regard fixe et le corps immobile, tantôt la tête penchée et les yeux baignés d'une lueur peu commune. Du coin de l’œil, je l'observais, priant pour qu'elle ne se prenne finalement dans ce premier filet, qu'elle morde à l’appât et qu'enfin je puisse mener à bien mon oeuvre. Si d'ordinaire il était très, trop facile de faire succomber les demoiselles aux cœurs en émoi, il semblait que cette fois-ci je m'attaquais à un adversaire d'un tout autre niveau. L'enjeu était de taille, trop important pour que je ne m'accorde le droit de battre en retraite, aussi restais-je impassible, un sourire enjôleur néanmoins accroché sur mon visage... jusqu'à ce que ses joues ne s'empourprent. Une jolie teinte rosée qui m'arracha une moue plus sincère, trahissant la satisfaction de cette première victoire. Les yeux rivés sur elle, je ne baissais pas la garde et me tenais prêt à une nouvelle attaque, mais je fus surpris d'assister à une autre scène. Une douceur dont je n'avais pas eu vent, et qui parvint malgré tout à ébranler le muscle battant. La sincérité de son sourire en était presque communicative, mais je me refusais à penser autre chose que la raison pour laquelle j'avais attendu ce soir là. « C'est ça. » lâchais-je, étonné de voir qu'elle connaissait mon nom. Loin d'être un secret, je ne pensais pas m'être suffisamment fondu dans la masse pour que l'on retienne le prénom de celui qui n'était que de passage. Puis elle me délivra le sien, timidement, mais néanmoins distinctement. Je sais Une pensée que je chassais aussitôt par un : « Ravi de faire ta connaissance. » Sa gêne était presque palpable, et à mon tour j'hésitais à lui tendre une main comme pour sceller cette nouvelle amitié. Mais je retins le geste, et sa voix résonna à nouveau dans la pièce. Un aveu dont j'avais déjà connaissance également, mais je feintais la surprise en posant mon regard sur l'oeuvre qui gisait entre ses doigts. La réplique cinglante menaçait de m'échapper, car en d'autres circonstance, et en une compagnie bien différente, nulle doute que j'aurais raillé ce genre de lecture. Mais l'heure n'était pas à la moquerie, je ne pouvais pas griller ma dernière carte. Et alors que j'allais répondre, elle me prit à nouveau au dépourvu. J'avais entendu parlé d'elle, de son tempérament, des amis qu'elle avait, mais je découvrais ce soir là une version quelque peu différente de celle qui était relatée. Le visage barré de ses longues mèches brunes, j'ignorais soudain comment l'approcher sans l'effaroucher. C'en était risible... San, grand séducteur à l'éloquence parfaitement maîtrisée se retrouvait soudain bien moins sûr de lui face à une jeune femme qui détenait, sans le savoir, le sésame qui lui permettrait de renouer avec sa sœur... J'aurais pu rire de la situation, mais je préférais me racler la gorge avant de tenter une nouvelle approche. « Si tu ne m'avais pas réveillé, j'aurais sans doute bien mal dormi... » Mes perles glissèrent vers elle en quête d'un quelconque signe avant de revenir se poser sur le roman. « Peut être que tu pourrais m'expliquer dans ce cas... je ne comprends vraiment pas Elizabeth et Darcy... » arguais-je honnêtement. Je n'étais pas de ceux qui concédaient l'importance d'un rang ou d'une famille, je préférais de loin la simplicité, être direct et sans prendre aucun détour. Mais j'avais visiblement en face de moi le défit de ma vie...
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