On dit de moi que je suis une personne superficielle. Ce que j’en pense ? c’est faux. Enfin, au moins partiellement. Je suis plutôt une personne qui juge facilement les gens, et je ne m’en cache pas – au contraire, je l’admets et je l’assume. Mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas conciliante et que je ne laisse pas une deuxième chance, détrompez-vous. Au contraire, j’aime bien tester les gens psychologiquement, et c’est aussi une façon de me pratiquer… en quelques sortes. Je peux ainsi donc analyser les gens et vérifier si je me trompe par la suite, ce qui me mène à… à mieux savoir si je dois me méfier des gens ou non. Evidemment, que je me trompe. Je ne suis pas médium, on s’entendra sur ce point. Mais ça fait partie de ma personnalité, tout simplement – je suis plutôt méfiante, en général, et comme le dit le proverbe : je préfère de loin prévenir que de guérir. Cela dit, je suis aussi curieuse. J’aime apprendre, j’aime connaître, et j’aime surtout satisfaire mes envies – envies de savoir, envies de toucher, de goûter, de connaître... ce n’est pas ce qu’on semble croire de moi, mais non, je ne suis pas qu’une pauvre greluche écervelée, malheureusement ! Ça m’apporte parfois des ennuis – la curiosité tue et mène à des situations parfois un peu risquées, disons – mais ça m’apporte aussi de bonnes opportunités dans la vie. Ou en tous cas, je m’y plaie à le voir ainsi. Autrement, pour démentir certaines opinions à nouveau, je ne hais pas les gens. Les gens que je considère près de moi, c’est pour la vie. Je n’aime cependant pas me retrouver avec un énorme cercle d’amis, et je préfère avoir trois très bons amis que cinquante ‘bons’ amis, voyez le genre. D’ailleurs, si quelqu’un ose poser la main sur un de ceux-là, vous aurez peut-être du mal à y croire, mais du haut de mon mètre soixante-sept, je sais me battre ! Ah, c’est une autre chose… j’ai des plus mauvais côté, aussi. Je suis un peu colérique. Mes parents vous auraient dit que ce n’était pas qu’un peu, mais je crois que les parents déforment toujours un peu la réalité, n’est-ce pas ? Disons juste que… il ne faut pas toucher mes cordes sensibles, parce que je crache le venin si ça me déplait. J’ai du caractère, c’est vrai, mais lorsque je porte une personne dans mon cœur, je suis plutôt agréable ? après, mes problèmes de possessivité, de jalousie et tout ça… c’est qu’un détail, ouais ouais.

Mis à part le fait que je sois née au cours d’un voyage d’affaire, mon enfance fut plutôt normale et… je dirais même plate. Ouais, la platitude totale. Je suis née un douze février de l’année quatre-vingt-treize. Ma mère ne devait pas accoucher avant trois semaines encore, et elle voulait absolument suivre son homme en Angleterre pour un voyage d’affaire. Deux jours à l’étranger, ça ne pouvait pas être si pire que ça et puis, je n’étais pas du tout censée naître tout de suite, alors pourquoi ne pas visiter la grande ville de Londres ? Elle en avait toujours rêvé, et apparemment, moi aussi, je rêvais de l’univers anglais ! En l’honneur de cet ‘incident’, mes parents m’offrirent un prénom anglais. Ce qui n’est pas mal, en soi, mais le fait que ce soit un prénom unisexe me fait parfois douter de leurs intentions profondes. Bref, c’est pas très important, ça.

Avec tout ça, j’ai vécu quelques semaines sur le territoire anglais avant d’obtenir ma citoyenneté coréenne. C’est ridicule, au fond, mais si j’en crois les dires de mes parents, ce ne fut pas un processus des plus agréables. J’imagine qu’à ce point-là, vous aurez compris que mon père est un homme d’affaire et que ma mère, elle, fut longtemps une mère à la maison. C’est elle qui me fit les cours à domicile un moment avant de léguer tout ça à un professeur privé. Lorsque j’eus atteint l’âge de quinze ans, cependant, elle se vit obligée de m’envoyer dans une école publique. J’aurais largement pu accéder aux rangs d’une meilleure école, d’une école privée, ou d’une école privée pour les filles uniquement, même, mais ce n’était pas ce que je désirais, et alors pas du tout. Après avoir été coupée du monde quinze ans de ma vie, j’avais envie de me mêler à la foule et de vivre une vie comme tous les jeunes de mon âge le faisaient. C’est là que j’en appris beaucoup plus sur ladite vie, et ce en quelques mois, que tout ce que je n’avais pu apprendre au courant de toute ma vie : les amis, les petits amis, les préjugés des gens, comment se comportent réellement les jeunes de mon âge, et j’en passe.

On aurait pu croire qu’avoir été éduquée par des adultes sans jamais n’être influencée par les autres enfants aurait fait de moi une personne beaucoup plus mature… ce n’est pas exactement le cas. J’ai, certes, plus de facilité à voir certaines choses de façon mature. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup de choses que je n’ai pu faire qu’à retardement, et parfois, j’ai simplement envie de tout foutre en l’air et d’agir comme une étudiante sans tête ! Ce n’est pas pour autant que je me laisse aller à faire la fête, consommer, fréquenter de mauvaises personnes tous les soirs et j’en passe, mais parfois, je dérape un peu. Je dirais même, parfois, je perds un peu la pédale. Mais c’est ça, être jeune et con, non ?

À mon âge, on dit normalement qu’on est de jeunes adultes. Pour ça, ce fut la conséquence principale : je n’arrive pas vraiment à me considérer comme une adulte, encore. Non, en fait, pas du tout. Pour ma part, je vous dirais plutôt que je suis toujours une adolescente. Lorsque mes envies de rébellion et ma soif de découverte seront passés, peut-être que j’arriverai à me considérer comme une adulte ? Le moment d’aller à l’université vint tout de même, et le moment de choisir un cours aussi. Sans être totalement convaincue, je posai mon choix là-dessus : arts et design, avec l’idée superficielle – je l’avoue – que c’est trop classe d’être designer… n’est-ce pas ?