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Ceci est un SOS, un cri de détresse pour chatons malmenés.

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Ceci est un SOS, un cri de détresse pour chatons malmenés. | Sam 23 Mai - 13:22
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Le jour s'était levé dans un soulèvement de bourrasques toutes plus violentes les unes que les autres. Depuis ses bureaux, Alyona n'avait cessé de garder un oeil méfiant vers le ciel, qui se chargeait de lourds nuages au fur et à mesure que les heures passaient. La veille avait été annonciatrice d'un retour de l'été, mais comme souvent, la météo était passée maitre en faux espoirs. Vers dix-sept heure, ne comptait pas prendre le moindre risque, elle avait salué ses employées et s'était redue vers le garage ; c'était l'ennui de la moto, la vulnérabilité face aux intempéries. Mais Alyona ne pouvait guère lutter contre ses instincts primaires, et le son d'un moteur que l'on démarre lui arracha un sourire satisfait. Un sourire qui se volatilisa dès lors que la porte s'ouvrit sur un ciel d'orage. La nuit semblait être tombée tout à coup, au beau milieu de l'après-midi. En quelques instants, la pluie s'était mise à couler en trombes. Elle ignorait qui avait pu offenser les dieux, mais celui-là aurait mieux fait de s'abstenir. Un soupir plus tard, elle filait dans un Séoul au bord de l'apocalypse.

Elle était trempée, l'eau dégoulinait sur la visière de son casque, mais elle était bientôt rentrée. Elle reconnaissait les bâtiments du quartier nord qui se dessinaient progressivement dans son champ de vision. Plus que deux feux rouges, et elle pourrait retrouver le confort de ses chaussons, et la chaleur de son pyjama. Plus qu'un feu rouge. Soudain, dans une ruelle, un spectacle anodin attire son regard. Une petite silhouette, pas plus grande qu'une main, semble miauler. A ses côtés, une boule de poils misérablement recroquevillée. Le son d'un klaxon sort la jeune-femme de son observation. Par réflexe, elle démarre à nouveau. Roule une centaine de mètre. Son immeuble est en vue. Une douche brulante l'attend dans son appartement. Au sec. A l'abri. Pourtant, elle tourne à droite. Puis encore à droite. Jusqu'à arriver de nouveau à ce même feu rouge. Elle se fatigue, des fois. Une part en elle râle déjà. Quel besoin avait-elle de faire demi-tour, vraiment? Elle gare la moto sur le côté, et s'approche de la ruelle. Bientôt, de très faibles miaulements parviennent à ses oreilles. A présent, les deux petites créatures sont recroquevillée, lovée l'une contre l'autre. La vue est à briser le coeur. Lorsqu'elle tend sa main gantée vers eux, la peur s'immisce dans la voix du chaton. " Ne t'en fais pas mon grand, je vais vous sortir de là " murmure-t-elle en se voulant rassurante. De sa main libre, elle ouvre sa veste. Un chaton, puis l'autre. Et elle reprend la direction de sa moto. A quelques rues de là, elle était passée devant une clinique vétérinaire. L'enseigne y était éteinte, mais le sifflement de la respiration de l'un des petits chats l'inquiète.

Lorsqu'elle arrive devant le bâtiment, elle jette un regard aux petites créatures lovées contre sa poitrine. A présent, elle aussi, elle est trempée. Mais ce n'est pas ce qui l'inquiète. Ce qui l'inquiète, c'est qu'elle ne voit plus la poitrine de l'un des deux se soulever. Sa gorge se serre tandis qu'elle se précipite vers la porte de la clinique. Son pas est plus rapide qu'elle ne le souhaitait, les coups qu'elle assène à la porte trahissent sa panique. Intérieurement, elle prie. Elle prie qu'on vienne lui ouvrir. Elle prie de s'être trompée. Elle prie d'être arrivée à temps. Mais pourquoi personne n'arrive ?
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Re: Ceci est un SOS, un cri de détresse pour chatons malmenés. | Mer 27 Mai - 0:56
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Les visites à domicile se succédaient sans que je ne puisse souffler une seconde. La clinique vétérinaire était fermée le mardi. C’était le jour des visites à domicile. J’avais pris la relève alors que mon beau-père se trouvait de plus en plus fatigué depuis le décès de sa fille. J’avais eu droit à la voisine qui nous appelait entre cinq et six fois par semaine par inquiétude de voir son chihuahua trembler telle une feuille à longueur de temps. Par précaution, je l’examinais à chacune de mes visites. Hors, il s’avérait que c’était la même rengaine. J’avais beau lui expliquer qu’il était simplement trop excité, que c’était dans sa nature, et certainement parce qu’il n’était plus tout jeune également,  elle restait convaincue qu’il s’agissait d’une frisson constant. J’avais de la pitié pour ce petit être qui devait se farcir une doudoune en guise de pelage, entravant le moindre de ses mouvements déjà bien chaotique. Sa maitresse finissait quasiment toujours par me mettre à la porte de chez elle me donnant le doux surnom de voyou. Selon moi, tout ceci n’était qu’une supercherie. Le sourire enjôleur qu’elle arborait sur le visage quand mon beau-père la recevait à la clinique vétérinaire en disant long sur ses véritables intentions. Le ton pour lequel elle optait était bien différent. Je sortis de chez elle en ricanant. Elle avait au moins le don de m’amuser, mettant un peu de gaieté dans cette journée bien morne. Une bourrasque s’écrasa violemment sur mon visage avant que je ne continue mon chemin, me cachant derrière le col de ma veste en cuir. Chevauchant ma bécane, le moteur vrombissant au son de la météo frappant le ciel, me conduisant vers ma prochaine destination. Cette visite concernait un triton à ventre de feu. Des taches étranges étaient apparues sur sa peau. J’étais certainement plus qualifié pour ce genre de cas que pour celui d’un chihuahua trop frisquet.

La journée était passée à une vitesse fulgurante. J’étais revenu fin d’après-midi alors que la météo était encore clémente. J’avais abandonné ma moto dans le garage, alors que deux monstres roux et gris m’attaquaient à coup de câlins géants à peine avais-je posé le pied sur le sol. Ils se frottaient à moi, réclamant toute mon intention. C’était le même rituel chaque soir. Ils étaient sans doute les seuls encore capable de m’arracher un sourire sincère. Je tapais un coup dans les mains pour calmer les deux molosses. L’effet fut immédiat. Ils ne bougeaient plus, me regardant attentivement. J’allais prononcer un ordre quand une boule brune déboula à son tour dans le garage poussant un cri aigu. Elle s’arrêta à pied, s’y mettant en boule. Je ne pus qu’éclater de rire en la voyant. Cette boule de poil était si adorable que je me baissais pour la prendre dans mes bras. « Ca va, j’ai compris Mieko, tu viens avec nous. » J’allais chercher son harnais que j’installais autour d’elle, attachant la laisse à son tour. Si les deux chiens étaient bien dressés et pouvaient rester autour de moi sans les tenir en laisse, ce n’était pas le cas de cette petite loutre. Même si elle avait été élève en captivité depuis sa naissance, elle n’en restait pas moins un animal sauvage. Et si je la laissais aller et venir seule en ville, sa curiosité aurait sans doute raison de sa propre vie. Aki Et Chiyo ne me lâchaient pas d’une semelle. Ils savaient ce que tout cela signifiait : promenade à l’horizon. Si leur queue pouvait se décrocher à force de battre l’air, elle se serait déjà envolée au loin. Je levais les yeux au ciel. « Dépêchons nous avant que le déluge céleste ne s’éveille. » Ce fut le départ d’une longue marche sous l’obscurité en plein jour. C’était en quelque sorte le reflet même de mon âme depuis son départ.

Une heure plus tard, la pluie nous avait rattrapée. Les deux chiens me devançaent vers le chemin de la maison, Mieko dans les bras à l’abri sous ma veste, l’eau dégoulinait de mes cheveux et de mes vêtements. C’était trempé que je franchis le coin de la rue. Dans ma course effrénée, je n’avais pas entendu les cris et les coups donnés par une jeune femme face au bâtiment fermé. Ce qui n’avait pas échappé à Aki et Chiyo qui tournaient déjà autour d’elle, reniflant l’air de leur truffe. N’étant plus qu’à quelques mètres eux, je criais d’une voix autoritaire : « Aki, Chiyo, au pied ! » Le Shiba obéit immédiatement alors que le husky paraissait hésiter. Il jetait des coups d’œil entre la jeune femme et moi, l’air inquiet. « Au pied, j’ai dis. » Il jappa aux côtés de la jeune femme, ce qui me fit froncer les sourcils. « Je suis désolé, il n’est pas comme cela d’habitude. Il … » Il paraissait vouloir atteindre les bras de l’étrangère de sa truffe humide. Et c’est là que j’aperçus deux boules de poils minuscules. Sans plus attendre, je me jetais sur la porte, l’ouvrant avec mon jeu de clef. Je lâchais Mieko sur le sol sans prendre la peine de lui enlever son harnais. Ce qui n’avait pas l’air de la déranger plus que cela. Presque immédiatement, elle se précipita dans la petite maison dans laquelle se trouvait un coussin pour aller se rouler en boule à l’intérieur. Seul son piffe dépassait de l’entrée, ses yeux ne rataient rien de la scène. Les chiens s’étaient aussi excités me voyant me précipiter. Je jetais ma veste sur une chaise, attrapant une serviette dans une armoire pour y envelopper les deux petits chats. « Vous pouvez me faire un topo sur ce que vous savez sur leur état ? » Mes gestes étaient confiants et ne tremblaient pas. Si j’avais du mal à prendre soin de moi-même, je savais comment prendre soin de ces petites créatures.

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