Mon ami a raison, je le sais. Pourtant, l’idée d’aller affronter Hahee le premier ne me plait pas vraiment. J’ai tout aussi peur de lui envoyer un signal tel que ‘tu peux continuer à me cacher autant de choses que tu veux, continue d’agir comme si je n’existais pas’ que celui que je suis assez mature et compréhensif pour affronter la vérité en face. Aujourd’hui, j’ai presque peur de mettre trop souvent et trop longtemps montrer compréhensible avec Hahee et que cela se retourne contre moi. Je comprends ce que Junwan me dit, je n’arrive pas pour autant à m’imaginer faire le premier pas dans ce contexte. Peut-être que les craintes de ma sœur étaient justifiées. Peut-être qu’elle a eu raison de ne jamais m’en parler. Mais peut-être aussi que j’en ai marre d’être aussi compréhensif et de pardonner les erreurs de tout le monde. Peut-être que Hahee n’a juste pas de chance et que c’est l’erreur de trop. Et cela a encore plus d’impacte car il s’agit de ma petite sœur, la seule que je considère vraiment comme ma famille. « Je vais réfléchir. » je conclue mais clairement le fait d’attendre que Hahee vienne me voir penche plus haut dans la balance que le seconde option et Junwan doit s’en douter. Ce n’est pas dans mes habitudes de jouer au brave qui va confronter sa sœur. En tout cas, pas avant plusieurs semaines de réflexion intenses au moins. Ce n’est par ailleurs pas le seul point qui relève des interrogations chez moi. Bien sûr le fait que ma sœur ait revu ma grand-mère et que je sois maintenant au courant précipite la question d’une éventuelle rencontre avec ma grand-mère. Je comprends que je dois faire ce choix de moi-même mais que Junwan m’encourage fortement à le faire. Je sais aussi que la notion de famille est différente pour lui et pour moi. « Tu sais… Je ne considère pas cette femme comme ma famille ; je veux dire… Je ne la connais pas. Je me souviens à peine d’elle. Enfin, de tout façon générale... La seule que je considère comme ma famille est Hahee. Puis ce ne sont pas vraiment nos histoires de famille, si ? Je veux dire c’est le problème de nos parents, pas les nôtres. Pourquoi Hahee se sent obligée de s’en mêler ? ». Cela me met un peu mal à l’aise de dire ce genre de chose devant Junwan qui a perdu sa famille dont il était très proche, mais malheureusement, c’est la façon dont je vois les choses de mon côté. À vrai dire d’ici cinq à dix ans, j’espère de tout cœur que je n’aurais plus besoin ni de satisfaire leurs envies égoïstes de voir leur fils reprendre leur entreprise ni d’avoir rien qu’à les voir. Je n’ai pas encore de plans pour mon futur mais une chose est sûre : ils n’en feraient pas partis. « Qu’est-ce que ça va m’apporter de la rencontrer ? À part des problèmes avec ma mère, je veux dire. J’ai du mal à comprendre pourquoi Hahee a ressenti le besoin de la rencontrer. ». Je me demande bien ce que notre grand-mère peut bien lui apporter de plus, sûrement que personne n’a la réponse à part ma sœur mais je ne peux m’empêcher de me poser la question.

Jun Wan sait que chaque personne a sa définition de la famille mais il n’a jamais eu le luxe de dire s’il considère quelqu’un comme sa famille ou non. Sa grand-mère, avant que ses parents ne meurent, il ne l’avait vu qu’une ou deux fois, pendant des vacances où il allait à Séoul. Il ne la connaissait que très peu. Pourtant, du jour au lendemain, elle est devenue la seule famille qui lui restait. Il avait dû abandonner tout ce qui lui était encore familier – son école, sa ville, ses amis – pour aller rejoindre la personne la moins familière de son entourage, pourtant l’unique « famille » selon la définition. Maintenant qu’il y pense, peut-être que lui aussi n’a jamais considéré sa grand-mère comme sa famille. Encore aujourd’hui, il ne sait pas trop ce qu’il ressent pour elle. Elle était déjà fort âgée quand il l’a rejoint, détruite par l’âge, la démence et la perte de sa fille. Rares furent les moments où elle était assez consciente de ce qui l’entourait pour essayer de réconforter Jun Wan. Avec les années, bien sûr, un lien s’est créé entre eux, mais Jun Wan doute que ce dernier se rapproche d’un lien familial. « Le simple fait que tu n’aies que très peu vu ta grand-mère montre que tu es mêlé à cette histoire depuis toujours » répond simplement le jeune homme. «  Si tu n’avais pas été mêlé à ça, tu aurais côtoyé ta grand-mère normalement, et tu n’aurais pas grandi dans l’idée qu’il ne faut pas la voir. Ce n’est pas Ha Hee qui s’est mêlé à cette histoire de famille, c’est ta mère qui vous y a mêlé dès le début en vous faisant choisir un camp sans que vous ne puissiez comprendre ce qui se passait. Que tu le veuilles ou non, tu es mêlé à cette histoire. Et si justement tu veux t’en démêler, il faut que tu la rencontres et que tu l’exprimes ouvertement. » Mais bien sûr, son meilleur ami a raison. Faire ça ne calmera pas les tensions, ça ne fera que le mettre dans une situation délicate vis-à-vis de sa mère. Ne faire parti d’aucun camps veut aussi dire n’avoir aucun allié, être seul contre tous. « D’une certaine façon, Won Hee, je ne comprends pas pourquoi tu tiens tant à ne pas avoir de souci avec ta mère alors que tu ne la considères pas comme ta famille. » Ses mots sont peut-être un peu froids (en contraste avec sa voix), mais il est vrai qu’il ne comprend pas. Il voit là une contradiction immense, peut-être aussi parce qu’il lui est difficile d’entièrement compatir avec la situation de son meilleur ami, si différente de la sienne. « Si ta seule famille est Ha Hee pour toi, pourquoi ne pas plutôt chercher à n’avoir aucun problème avec elle, plutôt qu’avec ta mère ? » demande t-il en le regardant dans les yeux, curieux de ce qu’il pourrait lui dire.

Aussi loin que je m’en souvienne, notre situation familiale a toujours été difficile ou bien tumultueuse plutôt. Cela fait des années que nous savons que nos parents et ma grand-mère sont en froid, ma mère ne s’est jamais cachée de ce fait. Hahee et moi avons d’ailleurs souvent entendu parler en mal de cette dernière. Pas que l’un de nous écoute réellement ma mère sur le sujet mais avec le temps, le fait s’est ancré dans nos esprit : ma mère déteste ma grand-mère. Et d’après elle, elle a toutes les bonnes raisons de le faire, car notre grand-mère aurait abandonné l’entreprise aux mains de mon père. Et donc elle aurait abandonné ses droits sur la famille au passage, notamment le fait de voir ses petits-enfants, toujours d’après ma mère. Ma sœur et moi dans tout cela n’avons été que des outsiders, ceux qui ont entendu encore et encore mais qui n’ont jamais eu leur mot à dire dans l’affaire. Je me souviens que très peu de notre grand-mère, je me souviens surtout que du jour au lendemain, ma mère refusait qu’on la voit et qu’elle est devenue d’autant plus aigrie avec tout le monde, et surtout avec nous. J’aurais préféré ne rien savoir de tout ça, continuer ma vie dans l’ignorance, dans l’illusion d’une famille normale. Mais Junwan a raison, à partir du moment où ma mère a décidé de forcer ma grand-mère à couper les ponts avec nous, nous étions mêlés à cette histoire de rancœurs. Mais je ne comprends pas en quoi rencontrer ma grand-mère m’aidera à me démêler de cette histoire. Ce ne serait qu’une autre personne avec qui ses tensions et des attaches pourraient se créer. Je veux juste ne plus entendre parler de cette famille, au plus vite. Prendre contact avec elle ne fera que ralentir le processus à mes yeux. Je souffle sur mon thé avant d’en prendre une gorgée. « Je ne peux pas le faire. » je grimace. « Pas tout de suite en tout cas. Et ni Hahee, ni moi sommes indépendants financièrement parlant. Si je me mets ma mère à dos, qui sait ce qu’il se passera. Que je sois obligé d’arrêter mes études pour travailler est une chose mais Hahee ne mérite pas ça. » j’explique mes peurs, celles qu’on se retrouve face au mur si jamais je commence à me rebeller contre ma mère, celle de gâcher la vie de ma sœur si je le fais. « Vous ne comprenez peut-être pas mais j’essaie juste de protéger Hahee des conséquences de nos actes. ». C’est vrai ça, si Hahee comprenait ce qui risque d’arriver si elle continue, cela ferait longtemps qu’elle aurait arrêté de tenir tête à ma mère. Il suffit pourtant qu’elle soit patiente, mais ce n’est pas une des plus grandes qualités de ma sœur.

Jun Wan hoche la tête quand Won Hee lui confie ses peurs, et la raison qui le pousse à ne pas reprendre contact avec leur grand-mère. « C’est très noble de ta part de t’inquiéter pour Ha Hee, et je comprends, mais je ne pense pas qu’elle serait contente de savoir que tu penses comme ça. C’est peut-être pour ça qu’elle n’a pas voulu te parler de tout ça avant aussi. » Il hésite quelques secondes, pas certain que ce soit une bonne chose à dire, mais reprend la parole quand même. « Écoute Won Hee, je ne peux qu’imaginer ce que ça fait d’être un grand-frère et de se sentir responsable comme toi. Mais Ha Hee n’est plus une enfant et si tu veux mon avis, elle a plus que n’importe qui l’envie d’être indépendante. Je doute qu’elle apprécie que tu te soucies d’elle de cette façon. » explique t-il en déglutissant. Puis, il prend une gorgée de thé et tourne son regard vers son meilleur ami. « Prends ton temps pour y penser. De toute façon, personne ne va te demander d’agir ce soir. Et tu as le droit d’hésiter, d’avoir des peurs, de ne pas oser. Dans tous les cas, je pense que cela mérite une discussion sincère avec Ha Hee. » Jun Wan peut conseiller, écouter, mais il ne fait pas parti de leur famille. Il ne peut pas agir concrètement sur tout ça. Il peut essayer d’interpréter les décisions de Ha Hee, et les sentiments de Won Hee, mais il ne peut rien affirmer avec certitude. « Et puis, je sais que tu vas refuser, que ça te paraît fou et impensable, mais si vous finissez vraiment par avoir des soucis financiers, autant toi que ta sœur, vous pouvez compter sur moi. J’ai trop d’argent pour une seule personne et je serai ravi de vous aider, et même de vous héberger si besoin, d’accord ? Alors pense à toi, pas à l’argent. » dit-il, avec un doux sourire sur son visage, qu’il espère rassurant. « Et puis, eh, si tu as besoin d’un travail à côté de tes études, je pourrai te présenter à mon agence de mannequinat. Je suis sûr qu’il y a de place pour toi aussi, tu veux rejoindre mon monde ? » rajoute t-il, cette fois-ci avec un rire sur son visage. Tentative de faire sourire son meilleur ami – il a l’impression que Won Hee n’a pas rigolé depuis six mois.  

Je réfléchis avec la plus grande attention aux paroles de mon meilleur ami. Il n’y a rien de noble dans ma façon de penser, ou en tout cas pas à mes yeux, c’est juste que je suis trop peureux pour faire face aux réelles difficultés de la vie. Aller à l’encontre de ce que veulent mes parents implique un certain nombre de conséquences auxquelles je ne suis pas prêt à faire face pour le moment. Et quelque part, j’ai peur que l’une d’entre elles soit de perdre Hahee. Ma seule famille. Junwan a raison, elle rêve plus que quiconque d'être indépendante, mais cela signifie qu’elle n’a plus besoin de moi. Ou bien, peut-être n’a-t-elle eu jamais besoin de moi ? Après tout, ce n’est pas comme si j’étais capable de la protéger d’autre chose que de nos parents et ses dernières actions me soulignent le fait qu’elle n’a pas non plus besoin de mes avis pour prendre des décisions. Un soupir m'échappe alors que je baisse les yeux pour fixer le sol. Déposant délicatement ma tasse sur le plan de travail, je passe ma main dans mes cheveux pour les ébouriffer comme pour me remettre les idées en place. « Je sais… Et je sais d’avance que cette conversation va mal se passer. ». Ma petite sœur grandit trop vite à mes yeux, même si elle fait encore des erreurs, elle grandit et plus vite que moi. Hahee prend sa vie en main, sans moi, et elle finira très certainement par continuer de le faire, même si cela signifie me laisser sur le bord de la route. Cela fait longtemps que je le sais, et j’essaie juste de protéger ma sœur d’elle-même et des erreurs qu’elle peut faire. Ramasser les pots cassés derrière elle, comme j’ai toujours fait avec nos parents. Mais peut-être que Hahee souhaite simplement que je la laisse faire, que j’arrête de la gêner. Mes pensées sont coupées lorsque mon ami reprend la parole et je relève les yeux vers lui pour trouver un sourire doux sur son visage. Je grimace, l’idée qu’il soit notre bouée de sauvetage en cas de problèmes financiers ne me parait pas vraiment une solution. Et ne parlons même pas de la proposition suivante. « C’est pas drôle Junwan. Personne dans une agence de mannequinat serait assez stupide pour m’embaucher. » je réponds d’une voix pas du tout amusée. Vraiment, la situation ne me fait pas rire du temps. « Mais je suppose que si Hahee continue à contrarier ma mère, il va falloir que je pense sincèrement à trouver un emploi. Cela dit, je sais rien faire. » je couine, une petite moue agacée sur le coin des lèvres. C’est vrai ça… Je ne sais pas même ce que je veux faire dans la vie, notamment parce que je n’ai aucun talent particulier. Et je n’ai aucune compétence, non plus, donc trouver un job étudiant ne me parait pas si simple que cela. « Je peux peut-être bosser dans le combini à côté du dortoir ? ». Ça n'a pas l’air sorcier comme boulot, et si je me débrouille pour avoir des heures de nuit, je devrais pas croiser trop de clients.

Il veut bien croire son meilleur ami quand il lui dit que la conversation se passera mal. De manière générale, Won Hee et sa sœur ont deux caractères différents, deux visions différentes et deux approches différentes. Il y a peu de chance pour qu’ils tombent d’accord sur quelque chose et connaissant les deux personnalités, il est très probable que ce soit Ha Hee qui remporte le débat, de gré ou de force, sans se préoccuper des conséquences sur son grand-frère. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne l’aime pas, mais plutôt, selon ce que Jun Wan a compris, qu’elle estime que rien ne doit aller à l’encontre de sa liberté, pas même son frère. Si Ha Hee a décidé de prendre un parti, et si ce parti est celui de leur grand-mère, quoi que Won Hee dise, ça ne changera pas. « Vous êtes tous les deux têtus à votre façon » commente Jun Wan. « Elle ne voudra pas changer d’avis mais tu ne voudras pas non plus abandonner l’idée que tu dois la raisonner. C’est pour ça que votre conversation risque d’exploser. » L’idée de Won Hee têtu paraît saugrenu mais s’il ne l’était pas, il accepterait plus facilement de laisser Ha Hee faire ce qu’elle veut. Rapidement, Jun Wan tourne la conversation à l’humour pour adoucir l’ambiance mais son meilleur ami n’est pas très réceptif. « Ils ont bien été assez stupide pour m’embaucher moi. À l’époque, j’étais un gamin renfermé, pas du tout souriant et qui voulait simplement disparaître de la surface de la terre. » C’est encore un mystère qu’on lui ait proposé ce travail. « Mais bon, dans tous les cas, je plaisantais. Je suppose que même si une agence te proposait ce travail, tu n’apprécierais pas. » Il imagine très mal Won Hee prendre des airs fiers devant les caméras. Ni même apprécier une vie où son visage peut être reconnu au moindre coin de rue. « Tu peux bosser un peu partout Won Hee, t’as un profil idéal pour trouver un emploi. T’es gentil, calme, pas un rebelle, sérieux. Je ne doute pas une seule seconde que tu trouveras. Au pire, si t’as besoin de conseil, je pourrai demander à Lucas de t’aider, il a l’habitude » dit-il avec un sourire. « Mais je réitère ma proposition. Si vous en avez vraiment besoin, vous ne serez pas sans revenu, je vous aiderai. » Il peut même les aider sans qu’ils soient au pied du mur, mais il doute que Won Hee accepte. Il préférera une autre solution. 

Rien que de penser au moment où la confrontation avec Hahee deviendra inévitable, j’ai déjà mal à la tête. J’entends déjà les voix fortes qui s’échauffent, celle de Hahee à la limite de crier, la mienne à la limite de l’exaspération. Cela s’annonce sans fin et épuisant, car il est certain que nous ne trouverons pas de solution qui nous conviendra à tous les deux. « Je suis pas têtu… » je souffle d’une petite voix, même si je sais que c’est le cas. Effectivement, je n’ai pas la tête dure comme ma sœur, qui elle est têtue et fonce dans le tas. Mais j’aime bien mon petit confort et je suis capable d’être très borné pour le protéger. Sûrement quelque chose que nous tenons tous deux de nos parents. « Je suis vraiment pas pressé d’avoir cette conversation avec elle… » je grogne venant poser dramatiquement mon front sur le plan de travail devant moi. Junwan tente le changement de sujet et la petite touche d’humour, mais c’est encore trop tôt à mon goût. Je ne suis définitivement pas d’humeur à rire. « Ils ont l’œil pour découvrir des talents, en tout cas. » je souris en levant les yeux vers mon meilleur ami quelques secondes avant de me reconcentrer sur ma tasse. Je soupire une énième fois, j’ai très envie de retrouver mon lit et de me rouler sous ma couette… Un petit rire sans joie m’échappe avant qu’une nouvelle grimace se dessine sur mes lèvres. « Je pense pas non… Tu m’imagines avec des appareils-photo braqués dessus ? J’ai envie de me planquer rien que d’y penser. ». Je suis parcouru d’une multitude de frissons à l’idée de devoir rester devant une caméra pendant plusieurs minutes, je déteste l’attention alors ne parle même pas d’avoir plusieurs caméras et plusieurs paires d’yeux plantés sur moi… J’apprécie la fin de mon thé en écoutant mon ami continuer ses propositions. Junwan est tout à fait adorable avec ses suggestions, pourtant il sait que je n’accepterai jamais qu’il nous prête de l’argent. Surtout si je suis incapable de prédir quand je pourrais lui rendre ou si je pourrais lui rendre un jour tout court. « Tu sais que je ne te le demanderai pas… » je réponds en passant ma main dans mes mains. Puis je me lève pour poser ma tasse sous l’eau, et me préparer un second thé vert. Il n’y a pas que ça de vrai pour calmer les esprits. Une nouvelle tasse fumante entre les mains, je retourne m’installer face à Junwan. « Mais c’est vrai que je pourrais demander à Lucas. Je sais que Hahee ne m’écoutera pas, peu importe ce que je dirai. Donc il va falloir que je me prépare à l’aider si nos parents décident de lui couper les vivres. ». Quoique que ce serait étrange d’avoir cette conversation avec Lucas, sachant que les seules fois où l’on s'est parlé c’était parce que Hahee me l’avait demandé. Je ne sais pas si on est assez proche pour avoir cette conversation. Mais il faut bien commencer quelque part…« Faut pas que je rêve, ils ne me laisseront pas l’aider avec leur argent et si je le fais, ça risque d’empirer la situation encore. » j’explique en levant les yeux au ciel, désespéré à l’idée d’imaginer leur réaction à la situation. J’entends déjà ma mère hurler dans ma tête, ce qui n’aide pas le mal de crâne qui s’y installe. J’ai sacrément hâte d’être débarrassé d’eux dans ma vie, mais contrairement à ma sœur, je sais que ce n’est pas encore le bout moment. Et je sais me montrer patient quand il le faut. « Je vais commencer à chercher ce que je pourrais bien faire pour gagner un peu d’argent de poche… ». L’idée ne m’enchante pas du tout, mais ce n’est pas comme si j’avais réellement le choix de toute façon. Enfin, en continuant ainsi, Hahee va avoir besoin de mon soutien, même si elle ne le réalise pas, sinon l’entreprise va définitivement lui filer des mains. « Mais si Hahee t’en parle, pas un mot s’il te plait… Sinon elle va croire que c’est gagné d’avance. ». Ou se sentir mal et me dire de ne rien faire, parce qu’elle ne réalise pas que l’on ne va pas vraiment avoir le choix pour traverser cette phrase de notre histoire familiale. « Je me prépare juste à l’inévitable… Malheureusement. » je souris tristement. Oui, voilà, il faut que je vois cela comme une étape inévitable, qui doit arriver un jour ou l’autre. Elle arrive juste bien trop tôt à mon goût.