Je continue d’inspecter le t-shirt qu’on nous a forcé à enfiler d’un mauvais œil. Quand je me suis inscrite aux missions civiques, je n’avais pas signé pour porter un truc aussi moche et aussi grand. Mais bon, c’est pour la bonne cause. Et c’est inscrit dans le dossier scolaire aussi. Mais surtout, c’est pour la bonne cause. J’ai d’ailleurs eu la chance de tomber sur une des missions qui me parle plus que les autres. Moi, aider des personnes âgées ? J’ai déjà suffisamment de mal à parler aux gens de ma générations… Et je ne vous parle même pas des enfants qui me mettent un peu mal à l’aise. Nettoyer un parc me va très bien, faire en sorte que la planète soit un peu plus propre c’est plutôt mon truc. Puis l’écologie ça me parait plus facile à gérer que les humains. Bon, bien sûr, comme les bénévoles nous l’explique, il faudra aussi essayer de sensibiliser les passants. Je suppose que si je contente de remplir mes sacs poubelles, personne ne me reprochera quoi que ce soit. Je regarde vaguement les autres étudiants avec moi avant d’enfiler mes gants, prête à attaquer notre nettoyage au plus vite. J’attrape la pince prévue pour ramasser les déchets, je n’ai pas la moindre idée sur la façon dont cela fonctionne. Je suis plutôt du genre à utiliser mes doigts pour ramasser les déchets en temps normal, cette technique est trop sophistiquée pour moi. Je teste mon nouveau jouet sur quelques mouchoirs qui trainent autour de notre groupe et après quelques essais, je finis par comprendre le principe.  Je m’intéresse de nouveau à mes camarades du jour. « Alors vous êtes contents de la mission ? » je demande avec un petit sourire hésitant. C’est plus pour engager la conversation que parce que la réponse m’intéresse mais la journée va être très longue si on ne s’adresse pas un mot. Cela dit, comme d'habitude, j'en oublis la moitié : me présenter. Décidément, la sociabilisation et moi... Trentes secondes plus tard, un gobelet abandonné sur le bord d’un chemin attire mon attention. Je fronce les sourcils en me disant que c’est le bon moment pour vérifier que j’ai bien pris le coup de main avec ma jolie pince. Je l’attrape sans soucis et je mets non sans fierté mon premier déchet dans mon sac poubelle. « Bon bah, c’est parti… » je chuchote plus pour moi que pour qui que ce soit autour de moi.

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SWEET DREAMS who are you ? why do you hide in the darkness and listen to my private thoughts ?

“ jaehwa&jiyool&nari&yoomi : nettoyer un parc .” & Jae Hwa regarde le t-shirt avec un air dégoûté. Malgré le mauvais goût du morceau de tissu, elle l'enfile. On lui avait forcé la main pour participer à une mission civique. Cependant, comme toujours, elle n'avait rien laissé transparaître sur son visage et avait assimilé l'information en silence. Dans son métier, elle était souvent forcé de participer à des événements contre son gré, alors une fois de plus ou de moins ne changeait absolument rien pour elle. Elle espérait seulement pouvoir faire profil bas et que personne sur les lieux où elle se rendait ne la reconnaîtrait. Sinon ça allait rapidement dégénéré et elle souhaitait simplement vivre une vie d'étudiante normale. Devant les caméras ou à l'école, Jae Hwa restait la même. C'est-à-dire, une personne douce et gentille, même si elle se permettait parfois quelques écarts. Une fois sur les lieux, l'actrice suit les consignes qu'on lui donne et prend les pinces et le sac qu'on lui tend avant de s'avancer dans le parc. Il y a déjà deux-trois personnes sur place en plus d'elle-même. Si elle ne souhaite pas plus que ça s'intégrer aux autres, elle ferait un effort considérable si on lui adressait la parole. Même si elle se pliait à la chose sans argumenter, ça ne voulait pas dire qu'elle avait envie d'être là, à ramasser des déchets. Elle a bien mieux à faire. L'une des participantes engage la conversation d'une drôle de façon et si Jae Hwa ne souhaite pas s'abaisser à ce genre de discussions futiles, elle se fait la réflexion que si elles ne s'adressaient juste pas la parole de la journée, celle-ci allait être longue.

- Ça m'enchante pas particulièrement, honnêtement, mais c'est pas la mission la plus difficile, donc ça va.

Elle se met au travail à l'unisson avec la demoiselle qui ne s'est pas présentée afin de ne pas trop faire traîner en longueur cette mission un peu indésirée.

 

code by solosands

S'il n'y avait pas eu cette histoire de "bonus" pour son dossier étudiant, Na Ri ne se serait jamais proposée pour ces missions civiques. Elle avait clairement mieux à faire que faire le ménage dans la ville ou s'occuper de petits vieux ou de gamins. A la limite, la mission au refuge pour animaux aurait été celle qui l'aurait le plus enchantée, si on pouvait dire ça comme ça. Mais pas de bol, la voilà au parc à devoir ramasser les déchets et entretenir les chemins. Elle se consolait en se disant qu'elle n'aurait pas à essuyer la bave de qui que ce soit, et que ça ne durerait qu'une seule journée. Ce fut donc avec son air aimable habituel et son t-shirt sur le dos qu'elle était arrivée sur place. Elle fut légèrement ravie de ne voir aucun visage désagréable de personnes insupportables qu'elle pouvait connaître, c'était au moins un bon point. Leur petit groupe était entièrement féminin, une autre bonne nouvelle également. Dieu seul sait que la gente masculine pouvait apprécier le chaos et le provoquer. Gants aux mains, Na Ri n'avait pas mis bien longtemps à comprendre le système de la pince et s'était déjà mise au travail quand l'une des filles avec qui elle faisait équipe tenta d'entamer la conversation. La question manqua de lui faire lâcher un rire cynique. Contente? Pas vraiment non, elle préférerait clairement être ailleurs. Mais pour ça elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même et son besoin d'être toujours au top. Visiblement elle n'était pas la seule à ne pas être enthousiaste de la mission. En temps normal, Na Ri n'aurait probablement pas enchaîné. Faire des efforts niveau social, surtout pour une seule petite journée, elle n'y voyait pas l'intérêt. Mais en l'occurrence, l'intérêt était que si l'entente entre tout le monde se faisait sans accroche, il y aurait moyen de bien s'organiser et de finir ça vite. « Je pense pas que qui que ce soit serait enchanté de faire quelque chose comme ça, sauf peut-être un maniaque du ménage. Mais il est clair qu'on pas besoin d'avoir bac+8 pour faire ça, surtout si on se coordonne bien. » Et c'était à ce moment-là que la cheffe d'entreprise en elle s'éveilla, et surtout la cheffe d'équipe qui gérait des employés. Même si elles avaient - techniquement - déjà un responsable qui leur avait donné des instructions, un peu plus d'organisation ne pouvait pas faire de mal. Surtout qu'ils s'étaient contentés de leur filer le matériel et de les lâcher dans la nature - littéralement. « Si vous avez envie de finir ça vite et bien comme moi, j'vous propose de se mettre en ligne, on couvrira plus de terrain que si on se contente d'avancer aléatoirement et de repasser sans cesse les unes derrière les autres. »

Juri était peut-être la seule personne à s’être proposé volontairement pour ces missions civiques. Sans dire qu’elle adorait aidé son prochain, ça lui permettait de sortir de sa bulle quotidienne et de faire en sorte de rencontrer d’autres personnes. Puis si en plus elle pouvait aider à nettoyer les déchets que les Hommes laissaient derrière eux, elle n’allait pas rechigner. Elle écouta le briefing de l’université avant d’attraper son t-shirt et de le passer. C’était une bonne initiative ce t-shirt. Au moins, de cette façon, ils pourraient se reconnaitre entre eux et n’auraient pas besoin de chercher pendant des heures qui était le groupe. Elle se laissa guider vers le parc qu’elle devrait nettoyer et constata que leur groupe était exclusivement constitué de filles. Elle n’en connaissait aucune et les salua d’un signe de tête avant de récupérer le sac poubelle, ainsi que les gants. Juri regarda tour à tour chacune de celle qui avait parlé, et un discret sourire s’afficha sur ses lèvres. « J’ai choisi de le faire personnellement… Donc celle-là ou une autre. » Elle n’avait pas vraiment d’avis sur les missions mais trouvait ça bien de pouvoir aider d’une façon ou d’une autre. L’une des filles donna alors une idée pour être efficace et encore une fois, Juri hocha la tête. « C’est une bonne idée oui. On peut aussi marcher les unes à côtés des autres, en laissant de l’espace et aller en ligne droite pour aller plus vite. » Elle ne voulait pas imposer quelque chose parce qu’elle ne savait pas si ce serait une bonne idée ou pas, mais elle proposait une idée. « Je m’appelle Juri d’ailleurs… Et vous ? » Bien qu’aucune ne s’était présentée, la jeune femme pensait que ce serait bien que ce soit le cas. Après tout, si elles devaient passer quelques heures ensemble, autant qu’elles sachent comme elles s’appelaient. Elles n’allaient pas communiquer entre elles, par des interjections comme « hey toi là ! » tout le temps. La pyo trouvait ça bizarre que d’ailleurs, personne ne se soit présenté avant elle. Peut-être qu’elles ne voulaient pas, mais c’était la moindre des politesses.

Belle journée pour faire de belles actions. Sol Ah était en première année mais ça ne l’empêchait pas de se sentir concernée par les actions correctives. Elle était une étudiante de la Yonsei et se devait elle aussi de rendre la réputation de l’université meilleure. Il n’y en avait sans doute pas beaucoup mais Sol Ah faisait partie des personnes qui approuvaient cette idée. Elle trouvait que toutes les missions proposées se valaient les unes des autres, il n’y avait pas une mission meilleure que les autres, ni pire. Car elles avaient tous le même but, celui d’aider son prochain et de rendre la vie meilleure. Lorsqu’on lui donna le T-shirt, elle était contente. Elle le trouvait joli mais plus que le visuel du T-shirt, Sol Ah lui donnait une grande signification. La première année s’approcha du groupe de filles. Elles avaient déjà commencé à utiliser leur pince. Sol Ah ne connaissait aucune d’entre elles, surement des années supérieures. La musicienne arriva en cours de la conversation, elle n’entendit qu’à partir de la stratégie proposée. Sol Ah hocha silencieusement de la tête. « C’est une bonne idée ! On sera efficace comme ça ! » Elle parla pour la première fois. « Je suis Ahn Sol Ah, première année en art du spectacle. » Grand sourire. Elle se mit à côté de Juri, pince à la main. « Est-ce que vous voulez qu’on se mette d’accord sur quoi dire pour la sensibilisation ? En tout cas les gros points à aborder ? » Comme ça, Sol Ah serait sûre de ne pas oublier de partager des informations importantes. Mais ce n’était qu’une proposition, elle ne voulait pas imposer son choix aux autres, surtout qu’elle avait l’air d’être la plus jeune ici. Sol Ah ramassa un mégot par terre à l’aide de la pince. « On m’a dit qu’un mégot mettait deux ans à se dégrader et peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau… »

Je comprends rapidement que je ne suis pas la seule à ne pas être très douée pour les conversations ou bien, les autres jeunes étudiantes n’ont simplement pas envie de papoter. J’hoche la tête, ne trouvant rien à redire, quand la première m’explique que cela ne l’enchante pas mais qu’on aurait pu tomber sur pire. Globalement je suis d’accord avec elle, même personnellement le côté environnemental de la chose me plait assez. Je la regarde alors commencer à s’activer pour ramasser les déchets autour d’elle. Bon, bah je suppose que la conversation s’arrête ici. Une petite moue sur le visage je continue vaguement à rattraper quelques parallélépipèdes de plastiques à droite à gauche. Nari est la prochaine à prendre la parole et elle a un ton bien plus dur, presque acerbe, que la jolie brune mais son avis est relativement similaire. Connaissant Nari de vue, je ne suis pas vraiment étonnée de voir qu’elle n’est pas là pour le plaisir mais avec un objectif. Je me dis juste qu’heureusement que ce n’est pas un projet scolaire et simplement une mission de court terme car le caractère de Nari et le mien se confronteraient sûrement très vite. Mais dans ce cas précis, je serais un fantoche sous ses ordres pour faciliter les choses, pas spécialement envie de créer un incident diplomatique lors d’une mission civique. J’hoche de nouveau la tête, indiquant que cela me va et je continue de remplir mon sac à mon petit rythme. Finalement, c’est une pyo que je crois avoir croisé quelque fois sur le campus qui finit par se présenter. Enfin, une qui a l’air un peu plus sympathique que les autres, cela me rassure. Les gens trop anguleux comme les deux premières étudiantes ont tendance à me rendre nerveuse. Je laisse celle, qui semble être la plus jeune s’entre nous, se présenter avant d’enchaîner. « Choi Jiyool, étudiante en littérature et sango. Enchantée ! » le tout sur un ton qui se veut plus gentil, histoire de casser l’image un peu froide que je peux parfois renvoyer. Solah propose alors qu’on se prépare un peu sur les choses à dire aux passages dans le cadre de la sensibilisation de la population. C’est pour moi la partie la plus dure de la mission alors se mettre d’accord sur ce point me parait être une excellente idée. « J’aime un mégot, j’aime bien… ça fait percuté, l’impact d’un si petit truc. Pour faire parler de la décomposition d’un sac en plastique par rapport à un sac en papier, non ? Je vais regarder le nombre d’année. » je propose en sortant mon téléphone de ma poche le temps d’une petite recherche google. Pas facile-facile vu l’obsolescence évidente de mon vieux smartphone qui galère à trouver un peu de réseau. Quand je parviens à finalement accéder aux résultats de ma recherche, je partage ma trouvaille avec les autres. « Alors… 450 ans pour un sac plastique contre environ 6 semaines pour le papier. Quand même… » je souffle, c'est assez impressionnant.

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SWEET DREAMS who are you ? why do you hide in the darkness and listen to my private thoughts ?

Fronçant les sourcils face à la lumière du soleil, Yoo Mi finit par se réveiller avant de sursauter et d’attraper son téléphone en panne de batterie. Rapidement, elle le brancha, passa une main dans ses cheveux en pagaille pour se dégager le visage avant de passer dans la salle de bain pour se préparer le plus rapidement possible. Elle finit par revenir dans la chambre maquillée, coiffée, habillée, pour vérifier l’heure sur son téléphone qui avait récupéré de la batterie. Merde, merde, merde ! Elle était en retard pour la mission civique. Attrapant son sac, elle le fourra à l’intérieur, courant jusqu’au parc où elle arriva pile à l’heure grâce à sa course. Faire du sport le matin sans rien dans le ventre n’était quand même pas des plus recommandé. Elle avait pris le t-shirt qu’on lui donnait, reflétant l’université dans laquelle elle étudiait puis, comme les autres étudiantes qui l’accompagnait, se mit au travail. Elle haussa un sourcil en entendant l’une d’entre elle être assez directive, retenant sa langue car elle avait parfois du mal avec les esprits de meneuse, le sien se mettant en compétition rapidement. Cependant, elle ne fit rien car elle ne voulait pas avoir de problème. Elles représentaient l’université, c’était important d’être droite dans ses basquettes. « Oui, pourquoi pas. » Avait-elle simplement dit avant de suivre le mouvement, se disant que le tableau devait être intéressant à voir pour les personnes présentes dans le parc. « Je suis Seo Yoo Mi, je suis en deuxième année d’art du spectacle. J’ai aussi choisi de faire cette mission civique. » Un sourire étira ses lèvres alors qu’elle continuait à accomplir sa tâche, elle parut dubitative en entendant les autres parler de l’impact environnemental de certains déchets, impressionnées par leur savoir. Elle avait grandi en devant se faire sa propre éducation presque, elle n’avait pas appris beaucoup de chose dans sa vie. « L’aluminum est quant à lui assez néfaste et peut même avoir un effet sur nous par rapport au sel qu’il dégage dans les produits où il est utilisé. Une tonne d’aluminium c’est aussi 4 tonnes de boue rouge nocive… » Elle supposait que ce n’était pas très intéressant alors elle s’arrêta rapidement, pour elle, le monde était tellement sale. Il faudrait que tout le monde mette la main à la pâte pour avoir l’espoir de changer tout ça. Ce n’était pas demain la veille que ça arriverait.