Comme à peu près peu près chaque matin, tu es en short, t-shirt, une casquette sur la tête et des écouteurs dans les oreilles. Tu as la laisse de Rox, avec lui courant tranquille au bout. L'animal de 6 ans tout juste a besoin d'activité. Votre routine quotidien c'est bien sûr la balade avant d'aller au lit, celle en pleine nuit, seul tous les deux sous le ciel étoilé. Si tu devais donner un meilleur moment dans ta journée ça serait celui-là. Cependant la sortie du matin est tout aussi importante. A l'aube Rox n'attend que ça, tu n'as même pas besoin de réveil, c'est lui qui vient te bousculer quitte à venir commencer ta toilette en te léchant le visage. Tu as beau ronchonner contre lui, il n'a toujours pas compris que tu n'aimais pas ça. Ensuite vient le footing, les itinéraires sont toujours un peu différent. En semaine vous avez plusieurs tours de prédilections. En week-end comme aujourd'hui vous vous autorisez des expéditions. Aujourd'hui direction le stable de l'université. Tu as envie de tester le sprinte contre Rox. Tu es sûr qu'il va gagner mais cela te permettra de te défouler et d'oublier tes retrouvailles houleuses avec ton frère.

En arrivant au stade, tu as fait quelques tours pour terminer de t'échauffer. Alors tu commençais les étirements, toujours la musique dans les oreilles. Tu as vu un homme qui te regarde. Rox est même aller vers lui, souhaitant lui dire bonjour. Sa tête te dit vaguement sans plus. Tu n'as pas l'impression que c'est un élève

Tu siffles Rox qui s'arrête et revient vers toi. De ton côté tu as bien vu que l'homme parlait mais tu n'as pas compris ce qu'il te disait à cette distance. Tu t'avances donc joyeusement suivi par ton chien.

« Désolé s'il vous a fait peur. Il n'est pas méchant, sinon je ne le baladerais pas sans laisse. Vous avez quelque chose à me dire ? »

Une fois n'est pas coutume, tu as un ton assez froid et un haussement de sourcils termine de parfaire le tableau du jeune provocateur. Tu étais en plein étirement et même si aujourd'hui tu n'as pas cours, tu n'as pas de temps à perdre.

Dès que tu as vu l'homme s'avancer, tu as compris qu'il allait te casser les pieds. Tu es plutôt observateur et il n'est pas difficile de lire sur le visage fermé de celui-ci. Il n'a clairement pas l'air d'humeur. C'est surement ce qui te pousse à jouer la provocation. C'est vrai que tu viens d'une famille avec un certain standing. Cependant cela ne t'empêche pas d'être insolent de nature, au drame de tes parents parfois. Lorsqu'il reprend la parole après un rire cynique, tu pouffes de rire sans gêne. En effet tu ne peux pas être aussi impolie que lui, d'abord car l'homme en face de toi est plus vieux, et selon les coutumes tu lui dois le respect. Ensuite et surtout, tu n'es pas grossier. Il t'arrive de jurer lorsque tu te fais mal par inadvertance. Le reste du temps tu réponds aux injustes par un calme olympien et une assurance sans faille. Un sourcil relevé en signe de mépris tu lui réponds

« Vous avez un cours ce matin ? Un samedi matin ? C'est étrange, c'est pour un club surement. Vous êtes sûr qu'ils ont réservés, je n'ai pas vu d'écriteaux ? Vous savez que c'est obligatoire d'afficher qui utilisent les installations ? »

C'est vrai que tu aurais pu devenir avocat si tu voulais. Tu connais les règles par cœur et tu sais en tiré avantage. Cependant tu n'as que faire des réponses qu'il peut te donner. En réalité tu te fiches complètement que tu le gères. Si c'est le club d'athlétisme qui a réservé, tu peux tout à faire d'inscrire pour un cours d'essai. Toujours avec cette attitude hautaine et un fin sourire sur le visage, tu reprends, sans te préoccuper si tu lui coupes la parole.

« Ça tombe bien je voulais faire un cours d'essai. A quelle heure ça commence ? »

Tu as déjà sorti ton téléphone pour vérifier les activités des clubs sur l'interface étudiant de l'université. Avec quelques clics, il ne te saura pas difficile de trouver ce que tu cherches, soit le formulaire d'inscription à un essai dans un club. Tu avais prévu autre chose de ta matinée, mais cet homme a réveillé ton esprit rebelle. D'autant plus que tu vas pouvoir te défouler par la même occasion.

Il est clair que tu aurais pu adopter une attitude moins insolente. Tu aurais pu jouer les bons garçons, t'excuser et partir. Tu aurais aussi pu feindre l'intérêt et demander les possibilités d'inscriptions. Il y avait mille et une solution pourtant de toutes, tu as choisi la plus inappropriée. Tu n'as pas souvent l'occasion d'être rebelle dans ta vie bien organisée. Aussi cet homme pâtisse de ton manque de liberté. Ce n'était pas la meilleure des idées mais c'était grisant et pour une fois tu t'amuses. Il est évident que tu ne comptes pas l'importuné jusqu'à ce qu'il en réfère à l'université. Tu n'as pas intérêt à avoir un avertissement pour comportement. C'est ce qui rend cette situation si amusant, tu as l'impression de jouer avec le feu.

Lorsqu'il explique son cours, tu l'écoutes attentivement, réellement intéressé. En effet tu aimes les sports de combat. Tu en as fait et tu as arrêté par manque de temps. Il te reste des traces et tu te souviens de certains mouvements. Tu n'as jamais pratiqué la boxe mais tu as toujours voulu essayer. Aussi quand il t'annonce que tu ne pourras pas participer, tu retiens une vague de colère et de frustration. Son visage triste t'agace d'autant plus. Tu lâches un soupire en affichant un air dédaigneux. Tu reportes ton attention sur ton téléphone pendant qu'il te fait la liste du pourquoi et comment. Quand il a fini, tu reportes ton attention sur lui, comme s'il n'avait rien dit. Tu sais qu'il doit vouloir te faire partir. Tu te doutes que tu n'arriveras à rien, même en jouant les gentils. A cet instant tu es à court d'arguments mais pas à cours d'idée. Tu t'assois donc à même le sol, lui jetant un regard rempli de malice. Tu pianotes sur ton téléphone pour remplir le formulaire d'essai au club de boxe. Tu n'es pas certain qu'il accepte mais tu tentes le coup. Une fois terminé, tu tends ton téléphone vers lui pour qu'il observe.

« J'ai rempli de formulaire, je peux participer maintenant ? »

Tu te décales de l'accès du téléphone pour capter son regard. Tu fais la moue, accompagné d'une mine suppliante et un regard tout feu tout flamme, tel un enfant qui attend l'accord pour s'amuser avec son nouveau jouet. Tu as aussi l'air d'un gamin qui fait un caprice, sauf que tu ne t'es pas encore mis à crier ou à pleurer. Ce qui peut arriver, si c'est nécessaire au bon déroulement de ton plan. En réalité tu as sincèrement envie de boxer, d'abord car tu n'as pas souvent l'occasion de te défouler et ensuite car tu as besoin d'évacuer toute cette pression quotidienne.