Kyu avait déjà prouvé, par le passé, qu’il était capable de courir après quelqu’un, jusqu’à ce qu’il obtienne ce qu’il voulait. Mais cette fois, ça semblait différent, quelque part. Cette tension qui émanait d’entre eux n’avait rien à voir avec ce qu’il avait déjà pu vivre. Et c’était certainement ça, qui l’avait poussé à venir le retrouver, sans se poser plus de questions. Dès le départ, l’attention que son voisin avait su lui porter, sa manière d’agir avec lui, avaient marqué Kyu. Il ne savait pas ou tout ça le mènerait, mais il était assez curieux pour être là. Plutôt que de batifoler avec un inconnu qui ne l’intéressait pas. « Dois-je comprendre qu’il ne se passera rien entre nous ce soir ? » demandait-il, une moue se formant sur son visage. Tel un enfant de cinq ans à qui on refusait sa glace préférée. « Ok, j’accepte. » ajoutait-il, reprenant cet air enjoué. Ca n’allait pas l’empêcher de s’amuser encore un peu, de continuer à faire grandir cette tension bien présente en eux. Kyu avait plus d’un tour dans son sac pour ça, et se demandait quelles seraient les cartes qu’il aura à abattre ce soir. Installé sur le plan de travail, ses yeux ne le quittait pas. Jamais il n’aurait cru tomber sur un voisin autant à son goût. Chez qui il provoquerait de l’audace, et qui entrerait dans son jeu, pour défaire les règles qu’il voulait mettre. Et il aimait ça Kyu, bien plus encore qu’il ne pouvait le montrer. Le simple fait de le voir devenir jaloux l’électrisait, alors qu’il gardait ce sourire sur ses lèvres. Peut-être avec un goût de victoire. Mais s’il venait de gagner une bataille, la guerre n’était pas encore finie, pour savoir qui des deux allait totalement succomber en premier. « Nam Kyu. » avait-il simplement répondu à sa première remarque. « Et toi ? » répliquait-il. A sentir cette tape sur sa hanche, il se poussait un peu, réceptionnait ce saladier dans ses bras dans un léger rire, sans pour autant quitter sa place. « Arg c’est dommage, j’aurais bien aimé que tu me touches. Mais je dis pas non à des crêpes non plus. » Un sourcil haussé, son attitude prouvait qu’il comptait bien continuer de jouer, malgré cet interlude pour faire connaissance. Il écoutait les ordres qu’il lui donnait, tentait de suivre les instructions, même s’il n’était clairement pas le meilleur des cuisiniers, au contraire. C’était d’ailleurs la première fois de sa vie, qu’il préparait réellement quelque chose. Il fallait croire que son voisin aussi, arrivait à le sortir de sa zone de confort. « J’ai déménagé ici y’a trois mois. J’suis taureau, et mon groupe sanguin est A+. » avait-il répondu, presque sérieusement. La pâte était rapidement prête, alors que Kyu se décidait à se lever, restant à proximité de son voisin, autant que possible. Il haussait lentement ses épaules, observait ses gestes en se mordillant les lèvres. « Si j’dois me concentrer uniquement sur toi, et la façon dont j’te ferais craquer… Ca pourra m’être utile. » répliquait-il, soulignant ses mots d’un clin d’oeil à son attention. Sa dernière remarque l’électrisait une fois de plus, lui prouvait sûrement que la partie était loin d’être terminée. Il n’en demandait pas plus à cet instant, alors qu’il se glissait derrière lui, posant l’une de ses mains sur sa hanche. « L’attente était trop longue jusqu’à ce que tu reviennes. J'ai failli croire que t'avais décidé de me fuir. » soufflait-il à son oreille, avant de se détacher, allant reprendre sa place assise sur le plan de travail. C’était ce qui le grisait le plus, lancer ces quelques piques, sans réellement attendre de réponse. Simplement provoquer des réactions, sans qu’il n’y ait de résultat final, pas encore. « A ton tour. » lançait-il, comme si de rien n’était. « D’où tu viens ? Tu fais quoi dans la vie ? Oh et, tu les aimes comment, tes amants ? » Il souriait, plus amusé cette fois. Il tentait, à chaque fois, de repousser un peu plus les règles que l’un et l’autres semblait établir, sans y parvenir réellement. Son attention entièrement portée sur son voisin, il devenait de plus en plus curieux. Et c’était troublant de voir à quel point il avait envie de tout connaître de lui, après une seule rencontre. Ca avait beau le perturber, il gardait ça pour lui, et profitait simplement de l’occasion, pour en apprendre davantage, pour son plus grand plaisir.

Il y a quelque chose de réconfortant dans sa présence chez moi, comme s’il était enfin à la bonne place. Je ne comprends pas cette sensation nouvelle mais elle germe doucement au fond de mes pensées romantiques. Serait-il possible que nous soyons destinés à nous rencontrer ? Pourquoi pas ? Je crois fermement que chaque personne possède une âme sœur quelque part dans ce monde. Il serait merveilleux de croiser son chemin pour atteindre le bonheur absolu mais il y a aucune garantie quant à la destination finale. On pourrait envisager du coup que Pikachu et moi, nous soyons des âmes sœur… Ouais je crois que je regarde beaucoup trop de films romantiques. Ils ont été une voie qui me donnait l’espoir de ne pas baisser les bras dans les moments difficiles. Ils restent encore mon refuge lors de ces passages sombres. Je ne voudrais que mon voisin capable de mettre des limites entre nous parce que nous pouvons nous lasser de jouer au chat et à la souris par la suite si nous avons obtenu une soirée torride. De mon côté, je ne recherche pas juste ça même si actuellement j’en ai franchement pas conscience. Je vois juste le beau mec planté dans mon appartement. Pas une seconde, mon esprit ou mon cœur envisage Pikachu comme étant la perle rare faite pour moi. Je me marre parce que je crois au destin mais mon cerveau pense le contraire concernant cet homme, et pourtant chaque fibre de mon corps le désire. Je suis chiant… pourtant je ne suis pas une fille. « Si tu installes aucune barrière entre nous, je devrais encore le faire mais tu ronchonneras ensuite quand ton beau petit cul sera à la porte. » Je hausse les épaules de façon désinvolte alors qu’intérieurement on dirait la groupie hystérique. « Des limites ne signifient pas que nous ne pouvons pas faire quelque chose ce soir ou les autres soirs. » Ah ouais ?! On est carrément dans le long terme maintenant. Je devrais réellement faire attention aux mots qui franchissent ma bouche parce que je terminerai dans un avion en direction de Las Vegas pour notre mariage. Je le questionne enfin sur son prénom, une information que je rêve d’avoir depuis des jours. Il se prénomme alors Nam Kyu… un joli prénom. Je le prononce dans un long murmure « Nam Kyu ». J’aime beaucoup la façon dont les sons glissent sur ma langue. « Ye Jun » Je réponds avant de reprendre la préparation de la pâte. « La chantilly se mérite mon cher ! » Je lui offre un sourire tout en rougissant. Il comprendra le double-sens ou pas ? Je lui laisse entrevoir que ce soir les choses pourraient aller plus loin ce soir. Mon voisin se montre sérieux pendant que nous préparons la pâte. J’aime bien ça !!! La conversation est encore basique parce que nous nous connaissons peu finalement. Nous sommes encore des inconnus pour l’autre. J’enregistre dans un coin de ma tête les informations données. « Je suis lion… tu sais il parait que nous aurons des difficultés pour nous entendre si nous ne faisons pas de concessions. » Bonsoir Madame Soleil ?! Je devrais tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de l’ouvrir. Il va me prendre pour un dingue. Je savoure les gestes que Nam Kyu a envers moi. Il essaie de me provoquer ? Il devrait se rassurer parce que je ne comptais pas stopper ce jeu tout de suite. « Tu ne veux pas des cours, non plus ? » Je me marre avant de laisser le saladier de pâte sur une partie du plan de travail. Il en profite alors pour poser ses fesses sur le reste. Je me rapproche de lui, pose mes mains sur ses cuisses que je caresse. Je me penche vers lui, plongeant mes yeux dans les siens. « J’ai toujours vécu dans le quartier de Gangnam. Je suis artiste tatoueur dans un petit salon non loin de l’immeuble : le Blue Moon Ink. Si jamais tu veux passer sous l'aiguille, réclame moi que l'on se fasse une séance privée. » Des informations sans grande importance à mes yeux. Mes mains remontent vers ses hanches que j’agrippe fermement. « Ils ont été peu nombreux… et aucun te ressemblait… » Je sourie sans lui fournir plus de détails. Je recule avant de retourner aux crêpes. Je sors le reste du matériel puis finis la recette. L’assiette est encore fumante quand je me lance dans la vaisselle. « Je suis venu pour renouer avec ma frangine donc n’espère pas me faire tomber amoureux de toi. » Je préfère dire les choses plutôt que le faire espérer car cela ne serait pas correct de ma part. Je me dirige vers mon frigo pour en sortir le siphon de chantilly. « Crois-tu mériter ta récompense ? » J’en dépose une noisette sur mon index avant de le provoquer « Viens la chercher ! Sauf si tu préfères poursuivre la discussion. » puis laisse la noisette sur le bout de ma langue.

Il était rare, finalement, qu’un homme lui fasse autant d’effet. Qu’il arrive à en quémander autant en si peu de temps. Généralement, ce petit jeu ne durait jamais vraiment longtemps. Quelques jours tout au plus, avant que l’autre ne succombe et que cette nuit annoncée finisse par arriver. Ensuite ? Kyu disparaissait, reprenait le cours de sa vie. Pourtant, face à ce voisin, il avait le sentiment étrange que, même s’il venait à obtenir ce qu’il voulait, ça ne s’arrêterait pas là. Fallait-il déjà que son voisin fasse tomber toutes les barrières, mais plus l’attente était longue, plus la nuit allait être mémorable. « Les autres soirs aussi ? Là tu m’intéresses. » répondit-il, une certaine lueur dans son regard. Il se sentait frissonner une fois de plus, à l’entendre prononcer son prénom, sa langue qui passait sur ses lèvres dans un geste incontrôlé. Sa faim grandissait irrémédiablement, même s’il savait que ce jeu ne faisait finalement que commencer. « Enchanté, Ye Jun. » Il appuyait chaque syllabe de son prénom, presque provocateur. Continuait d’observer chacun de ses gestes. Et il appréciait voir son voisin cuisiner. A dire vrai, si lui était peu doué dans ce domaine, il aimait les hommes capables de préparer un repas, une gourmandise. Un point de plus que Ye Jun gagnait un point à ses yeux, sans qu’il ne le comprenne directement. « J’ferais en sorte de la mériter. » répliquait-il, s’installant un peu plus confortablement sur le plan de travail. De là ou il était, légèrement en hauteur, Kyu n’en admirait que mieux encore la vue qu’il avait sur Ye Jun, s’en délectait un peu plus à chaque seconde. En venait même à se demander comment celui-ci arrivait à le faire chavirer autant en si peu de temps. Mais là n’était pas la question, s’il fallait pouvoir continuer de jouer, il avait bien compris qu’il devrait se dévoiler davantage à l’autre. Buvant ses paroles, il continuait de sourire. « Et t’es prêt à en faire, des concessions ? » demandait-il, l’air de rien. Une question pourtant remplie de sous-entendus, comme il aimait faire. « T’en fais pas, j’apprend vite. » ajoutait-il, l’observant s’avancer vers lui. Sans bouger, il profitait de ce nouveau contact, ces quelques caresses sur ses cuisses. Si ça ne tenait qu’à lui, il l’aurait déjà attrapé de ses jambes et le dévorerait sur place. Mais ce n’était pas le moment, pas encore. Son coeur commençait à pulser dans sa poitrine, alors qu’il ancrait son regard dans le sien. A entendre le nom de ce quartier, il grimaçait intérieurement, mais ne laissait rien transparaître. Vraiment ? En plus de ça, ils venaient du même endroit ? Les coïncidences se faisaient de plus en plus nombreuses. Tout ça ne pouvait être un hasard, pourtant Kyu ne croyait pas en ces choses là. Il fallait croire pourtant, qu’ils étaient faits pour se rencontrer. « Ah oui ? Et quelle genre de séance privée tu comptes me proposer ? » avait-il demandé, se rapprochant de lui. Ses yeux tiquaient dans ce geste nerveux qu’il avait, alors qu’il sentait ces mains s’accrocher à lui. Son sourire n’en était que plus large sur ses lèvres, son visage restant à quelques centimètres à peine de celui de son vis-à-vis. « Dois-je comprendre que je suis unique ? » Il haussait ses sourcils, amusé. Il aimait cette idée là, d’être l’exception dans la vie de l’autre. Cette tentation qui n’avait rien à voir avec ce que l’autre connaissait d’habitude. Et c’était presque un supplice, de le voir s’éloigner, terminer de préparer ces crêpes. Il ne pouvait s’empêcher de le regarder, ne jamais rater une miette de ce spectacle qu’on lui offrait. « J’ai pas cette prétention là. » avouait-il, malgré lui. Kyu ne croyait pas réellement en l’amour. Son passé ne l’avait guère aidé dans ce domaine là. Il restait persuadé que ce genre de choses n’était pas faite pour lui, bien au contraire. C’était certainement pour ça, qu’il n’avait jamais pensé à l’idée de se poser avec quelqu’un, vivre une véritable histoire. Au fond de lui, il avait une peur démesurée de ce monde là, un monde qui n’était pas fait pour lui. Mais ses pensées étaient bien vite tournées vers son voisin, cette noisette de chantilly qu’il venait poser sur sa langue. La réaction de Kyu ne se fit pas attendre, alors qu’il descendait déjà de son plan de travail. Il n’avait su retenir un grognement, s’approchant bien rapidement de l’objet de ses désirs. D’un geste presque brusque, il avait attrapé le visage de Ye Jun entre ses mains, et sans réfléchir, il avait récupéré cette gourmandise. Quelques secondes tout au plus, à venir titiller sa langue de la sienne. A cet instant, c’était comme si son esprit s’était entièrement vidé, pour ne se concentrer que sur celui qu’il tenait entre ses mains. Si déstabilisant et si électrifiant à la fois, il plongeait son regard dans le sien. « J’vais avoir envie de beaucoup plus si tu continues comme ça. » soufflait-il. Un aveu qu’il faisait. Peut-être même une faiblesse face à ce voisin qui ne le laissait pas si indifférent que ça. Lâchant son emprise, il se reculait de quelques pas, ce sourire bien marqué sur ses lèvres. « Mais j’ai pas envie de m’faire mettre à la porte de suite. » avait-il ajouté, avant de récupérer le siphon de chantilly. A son tour, il en déposait sur son doigt, avant de le tendre vers Ye Jun. « T’as faim ? » demandait-il. Comme une image de leur première rencontre, il s’amusait un peu plus. Même si finalement, il se sentait être capable d’être le premier à faiblir, pour la première fois.

Devrais-je éprouver des remords de voler ainsi le beau voisin à son rencard ? Les personnes normales auraient laissé cet homme profité de celui qui occupe mes pensées ? Ouais bah écoutez, je me moque bien de passer pour le connard de service parce que je me suis transformé en type jaloux. Ses yeux peuvent que se poser sur moi s’il y a aucun autre homme dans les parages. Je vire les obstacles ainsi les rayons du soleil pourront m’atteindre… entre nous, on ne peut pas dire que je sois le genre de personne sur lequel les autres se retournent. Je suis souvent « le bon copain » mais rarement « le copain ». Je commence à me dire que le destin a choisi de ne pas me donner d’âme sœur. Il trouve plus amusant de me voir galérer ? Possible ! Je dois être une distraction de premier ordre alors. Je soupire en y pensant, et heureusement que Pikachu se trouve chez moi sinon je me serai réfugié sous ma couette avec des confiseries devant un film romantique. Il me permet de repousser mes pensées sombres. Je lui adresse un sourire en entendant sa remarque. « Cette soirée pourrait être unique si jamais nous allons voir ailleurs par la suite. » Un comportement qui me ressemblerait pas mais il peut arriver que cela me permette de découvrir qu’il n’est réellement pas ce qui me faut. Il ne ressemble à aucun de mes ex. Ils ont toujours été sérieux, bosseurs mais pas du tout portés sur la séduction. Ils avaient une grande aversion pour la classe sociale dont je suis issu… et bien que ma vision soit différente aujourd’hui, cela fait partie de moi. Seul comptait le boulot à leurs yeux alors les soirées sont souvent été solitaire. Je ne sais pas ce qui serait mieux pour moi mais je voulais une personne qui me choisisse moi, pas son boulot ou ses potes. Je souhaitais avoir la sensation d’être unique, que ma présence était vitale pour l’autre… donc une chose impossible. Une provocation à base de chantilly. Il fallait donner de soi pour garder l’attention de l’autre. « Je fais toujours des concessions quand je suis avec une personne… je m’oublie aussi… et on m’oublie… » Un aperçu des blessures que je gardais au fond de moi. Je ne sais pas si Nam Kyu comprendra le sous-entendu mais il avait déjà une piste. Il ne fallait pas mâcher tout le travail. Je me rapprochais de lui, caressais ses cuisses avant de lui donner des informations basiques me concernant. Il me fait rire en parlant de séance privée. « Je fais des séances privées seulement pour les personnes spéciales… sinon tu peux toujours venir pour un tatouage. » Je tire la langue avant de me concentrer sur les crêpes. Je pouvais toujours lui donner des indices pour attiser sa curiosité. « Si jamais tu arrives à la place VIP, sache que mon fauteuil de tatouages est vierge. » Je laisse son imagination travaillée. Il voulait avoir des informations sur mes amants ? Il est adorable ! « Une chose est certaine, vous êtes bien différents… » Jamais je lui avouerai qu’il est unique sinon il va prendre la grosse tête. Est-ce qu’il pourrait me le dire chaque fois que nous nous croisons ? Possible. Je ne le connais pas mais il donne la sensation de faire partie de la catégorie des hommes vous rabâchant les oreilles avec des trucs comme ça.

Je m’engage dans une partie dangereuse en déposant cette noisette de chantilly sur ma langue, et en lui proposant de venir la réclamer parce qu’il risque de me pousser sur un terrain rempli d’incertitudes. Kyu n’avait toujours pas imposé ses limites. Comment savoir ce que nous pouvons faire ou non ? Le cours de mes pensées fut parasité car mon voisin se rapprocha pour prendre sa récompense. Ce moment est enivrant !! Il me fait tourner la tête. Je soupire tout en agrippant son haut pendant que nos regards s’accrochent et ne se lâchent pas. « Pourquoi ne pas succomber ? » Je me sens abandonné quand il remet de la distance entre nous. « Dois-je te rappeler que cette fois tu imposes les limites ? Je ne te mettrai pas à la porte ce soir… sache juste que je compte bien te faire oublier ce gigolo avec qui tu étais. » Ouais ma jalousie explose toujours en grosses bulles. Je m’empare de son poignet avant de glisser son doigt dans ma bouche. Ma langue s’enroule autour puis récupère la noisette de chantilly. Mes yeux sont restés fixer sur lui pendant tout le temps. Je dépose un baiser sur son doigt tandis que ma main caresse son bras. « Veux-tu des crêpes ? » Je souris en me dirigeant vers l’assiette que je prends pour poser sur la table. « Chantilly ? Nutella ? Confiture ? » Je me demande bien quels sont ces goûts. Je déniche le pot de Nutella, fourre mon index dedans pour jouer avec ses nerfs. Je suçote ces derniers sans lasser son visage des yeux. « J’attends toujours pour essayer la chantilly sur toi. » Je me montre sûr de moi, aguicheur. Cela ne me ressemble pas !! Normalement je suis sérieux, effacé. Je suis un geek bordel. Je vous balance des statistiques, des informations et des références qui me font passer pour un extraterrestre. La décoration de mon appartement en atteste. Physiquement je ne suis pas non plus un canon alors ne nous faisons aucune illusion sur la suite de ce jeu. Il se lassera, et trouvera une personne plus accordée à ce qu’il aime. Je tends la main pour prendre une crêpe et la prépare. Je fais comme si je ne lui prêtais aucune attention. « As-tu d’autres questions sur moi ? »

S’ils avaient d’ores et déjà glissé sur la pente de ce jeu, Kyu évitait encore de montrer cet aspect de lui plus évocateur. Celui qui avait partir de son quotidien bon nombre de personnes. Son passé ne l’avait guère aidé à être quelqu’un de normal, entrant dans le moule de la société. Il était une possessivité maladive, avec ses proches. Le genre de mec capable de tout faire pour ceux qu’il aimait, ceux qui avaient accepté de rester dans sa vie. Peut-être peu doué pour les concessions, il faisait tout ce qu’il pouvait, pour s’agripper un peu plus longtemps à ceux qui lui offraient de leur temps, de leur amour. Parce qu’il en avait cruellement manqué étant enfant. Mais surtout, il le voulait simplement pour lui. Il voulait voir à travers les regards des autres qu’il était unique, que cet amour qu’on lui portait était incomparable. Capable de s’accaparer une personne, être jaloux d’un rien. Il avait fait fuir bon nombre de personnes. Et s’il cachait encore cette part de lui, c’était uniquement pour que Ye Jun ne prenne pas peur, pas encore. « Pourquoi ? Tu comptes aller voir ailleurs après ça ? » Il fronçait ses sourcils, l’observant de longues secondes. Peut-être qu’à son tour, la jalousie s’emparait de lui. Sentiment qu’il réfrénait, pour se concentrer uniquement sur cet instant qu’ils partageaient. Et possiblement, au fur et à mesure des minutes passées en sa compagnie, Kyu espérait un peu plus. Des longues soirées à pouvoir jouer ainsi, se tourner autour, s’apprivoiser complètement. Et ça semblait si irréaliste pour lui, pourtant, cette sensation gagnait peu à peu du terrain, sans qu’il ne le voit réellement arriver. « Comment peut-on oublier un mec aussi canon ? Qui arrive à faire preuve d'audace, et qui accepte de jouer avec un mec comme moi. » Il était sincère, dans ses mots. Quoi qu’il advienne, Kyu savait qu’il lui serait bien difficile d’oublier celui qui lui faisait face. Il avait éveillé en lui quelque chose de nouveau, qu’il ne saurait décrire. Et rien que pour ça, il savait que ce prénom résonnerait encore longtemps dans son esprit. « Hmm… J’ai plutôt envie de me hisser au rang de personne spéciale. » répondait-il dans un sourire, profitant autant qu’il le pouvait de ce contact, ces quelques caresses sur ses cuisses. « Tu donnes beaucoup trop d’idées, tu le sais ça ? » ajoutait-il, un brin aguicheur. Et finalement, lorsque le contact se rompait entre eux, Kyu en redemandait déjà, sans pour autant le montrer, pas encore. Pourtant, il savait qu’il devait imposer des limites ce soir, s’il voulait faire perdurer ce jeu. En était-il capable ? Il était bien difficile de répondre à cette question. Ye Jun arrivait en un rien de temps à le faire craquer davantage encore, avec une simple noisette de chantilly. C’était si enivrant et déstabilisant à la fois. Jamais, il ne s’était réellement engagé sur une telle pente. Il savourait simplement ce nouveau contact, grognait de satisfaction à voir son voisin aussi entreprenant. Son regard plongé dans le sien, il était prêt à perdre toute volonté ce soir. A simplement se laisser aller, totalement. Mais ça marquerait la fin de ce jeu, et il n’était pas encore prêt à prendre le risque de ne plus le voir, quelque part. « J’t’ai déjà dit que je n’ai aucune limite. » soufflait-il, son visage à quelques millimètres du sien. « Et l’autre, ça fait bien longtemps que je l’ai oublié. » ajoutait-il, d’une voix plus suave, plus empreinte de ces sensations qu’il ressentait au fond de lui. Il se mordait les lèvres, en sentant Ye Jun récupérer à son tour cette noisette de chantilly, son regard ne le quittait pas. Comment une seule personne pouvait-elle lui faire ressentir autant de choses ? Il n’en savait rien, se sentait déjà perdu sur ce chemin qu’ils empruntaient. Même si l’inconnu ne lui avait jamais vraiment fait peur, cette fois, tout semblait bien différent de tout ce qu’il avait connu. « Chantilly et Nutella. » avait-il répondu, sans le quitter du regard. Cette façon qu’avait Ye Jun de l’aguicher le rendait fou, alors qu’il grognait de plus belle, gardait cette légère distance entre eux. A sa remarque, un autre sourire venait illuminer son visage, alors qu’il tendait ses bras. « Viens essayer. Déshabille-moi. » répondait-il simplement, ce regard pourtant rempli de sous-entendus. Un moyen de lui dire que s’il osait, Kyu n’était pas certain de pouvoir se contenir plus longtemps. S’il voulait éviter de flancher ce soir, il devait garder les rennes. Mais comment faire lorsque son vis-à-vis parvenait à éveiller tous ses sens, par sa simple présence ? Ils étaient deux à jouer, à savoir ou imposer les limites, mais il fallait croire que ni l’un ni l’autre n’était encore totalement prêt pour ça. Il s’était assis sur une des chaises, continuait de le regarder préparer sa crêpe. Il reprenait ses esprits, un peu de sérieux. « T’aimes quoi dans la vie ? » demandait-il le plus sérieusement du monde. Il restait attentif à ses gestes, se retenait encore de se jeter sur lui. Si ça ne tenait qu’à lui, il serait déjà en train de savourer le goût de sa peau, de le dévorer entièrement. « Tu m’donnes à manger ? » osait-il demander, haussant un sourcil. S’il pouvait succomber à n’importe quel instant, ce jeu était bien trop grisant pour l’abandonner trop longtemps. Et il voulait encore en profiter, autant qu’il le pouvait. Même s’il arrivait encore à rester impassible, son corps pourtant, commençait déjà à parler pour lui. Cette lueur dans son regard se transformait peu à peu. Plus sombre, plus empreinte de luxure. Si lors de leur première rencontre, il était celui qui avait dépassé les premières limites, cette fois, il voulait que ce soit Ye Jun. Il voulait encore admirer cette façon qu’il avait pu avoir de faire preuve d’audace. Même si le résultat final n’était pas tout à fait celui escompté.

Il me donnait une folle envie de me blottir dans ses bras, et ne plus jamais les quitter parce qu’ils paraissent puissants et rassurants. Je devais combattre ce besoin viscéral car mon comportement aurait été déplacé. Il me prendrait sûrement pour un fou. Nous sommes encore dans la phase « je te cherche, tu me cherches » et elle nous permettait de découvrir les différentes facettes de l’autre. Nam Kyu pouvait être rassuré parce qu’il apercevait un côté de ma personnalité que je me connaissais même pas. Le « Yejun » séducteur est une nouveauté pour moi. Je ne me savais pas aussi aguicheur, taquin. Sa façon de me rentrer dedans pour savoir quelles limites je nous imposerai me donnait plus envie de les détruire et me laisser embarquer dans cette partie de jeu. Elle me faisait perdre la tête !! Je suis convaincu que le moment où nous baisserons la garde totalement pour découvrir une intimité, on ne le regrettera pas. Un instant unique. Il parait peu partant pour aller voir ailleurs ou je me trompe ? Je me stoppe pour observer ses réactions. « Je ne suis pas une personne qui va voir ailleurs… en plus si tu ne le remarques pas, je ne suis pas un canon… Je pensais que toi, tu pourrais en avoir envie… » Je hausse les épaules mais imaginer que Kyu puisse reporter son attention ailleurs faisait mal à mon cœur. Celui-ci avait besoin que son regard reste sur moi parce qu’il me donnait la sensation d’être unique. Ma raison me soufflait cependant de ne pas trop m’enflammer car il est bien trop beau. Une beauté pareille attire les autres. Pourquoi il serait fidèle envers un voisin qui ne peut rien lui offrir de plus ? Je sais que le faites de ne pas vouloir tomber amoureux peut être handicapant. Je protège mon cœur car il est fragile. Il a beaucoup souffert dans le passé alors il est bien dans sa forteresse. Ses compliments me collent des palpitations. « Ta tête a heurté quelque chose avant de venir ici ou tu penses trop à moi pour dire autant de conneries ? » Je souris puis poursuis mon manège. Je plonge dans le jeu auquel nous jouons ensemble. Je réponds honnêtement aux questions mais sa réponse me fait chaud au palpitant. Je risque de tomber sous son charme en disant de telles choses. Il ne faut pas que cela arrive parce que je ne pourrais pas m’en remettre. Je me rapprochais dangereusement de mon voisin, il me donnait la sensation d’être lumineux. Je me dirigeais vers lui comme une biche prise au piège dans les phares de la voiture. « Peut-être que c’est ma façon de te garder dans les parages. » Je titre la langue, puis la passe sur mes lèvres. Il faudrait me censurer ? Non ! Laissez-moi ma liberté de penser ! Nam Kyu joue dans la catégorie supérieure, jamais je ne pourrais l’atteindre. Il n’est pas dangereux de jouer avec lui ? Une petite voix me souffle que celui qui en souffrira, c’est moi. Sa présence me cause déjà des dégâts émotionnels. Je ne veux pas accepter que cet homme puisse créer un désordre dans mes plans. Le destin enverrait un message ? Il veut que je lui laisse une chance ? Aucune idée ! Je suis perdu… je pourrais demander des conseils à qui ? Ma frangine ? Elle a sûrement des choses plus importantes à faire que s’occuper de mes problèmes affectifs. Après ? Il me reste Il Kyang… Je ne crois pas que l’ex-petit ami de ma sœur soit une option. Mon existence est terriblement triste, voire vide. Gérons tout seul !! Heureusement ses petites piques me changent les esprits. Je reviens à la réalité, oubliant mes soucis. « Très bon choix » Adepte du chocolat ? Il me plait beaucoup ! Sa provocation me transforme en poisson hors de l’eau. Quoi ? Pourquoi cette invitation ? Il est sérieux ? Il veut encore connaitre mes limites ? Pourquoi ai-je encore envie de le mettre dehors ? Ah ouiiiiiiiii… je ne veux pas succomber en premier. Je protège toutes les parties faibles de ma personne, donc tout en faites. Pikachu me prend au dépourvu en prenant place en face de moi comme s’il n’attendait pas une réaction de ma part. Suis-je devenu prévisible ? Comment dois-je réagir ? Je me plonge dans la préparation de ma crêpe. Cela me donne une occasion de ne pas répondre immédiatement à sa demande. Je voudrais lui retirer ses vêtements pour coller de la chantilly partout sur son corps. Il est un pêché sur pattes. Nam Kyu revient sur un terrain plus neutre. Je le remercie silencieusement parce que mon rythme cardiaque devenait fou. Je cachais mes tremblements en tartinant le Nutella. « Regarde autour de toi… » Je souris, amusé qu’il ne se rende pas compte de mon côté geek. « J’aime le dessin, les comics, les films de Science-fiction, les mangas… en faites on pourrait dire que je rentre bien dans la case geek avec tous les préjugés que l’on peut avoir sur ce genre de personnes… et tu m’as pas vu avec mes lunettes de vue. » Je joue avec la cuillère de Nutella sans lui lancer un regard. « Et toi ? Tu aimes quoi dans la vie ? » Je voulais savoir les choses qui lui plaisaient. Cela pouvait être une occasion de se trouver des points communs ou non. Je quittais ma chaise pour poser mes fesses sur ses jambes. Je passais un bras autour de son cou tout en tirant l’assiette vers nous. « Je te nourris… puis j’enlèverai tes vêtements avant de te tartiner de chantilly. » Je prends la crêpe tout en lançant « Allez ! On ouvre le hangar pour l’avion… Vrouuuuum… » Le coin de ma bouche se tire en un sourire. Je me sens vraiment taquin en sa compagnie. Je lui fourrais la crêpe dans le gosier avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit. Je me penche pour attraper le reste de la crêpe afin de manger l’opposé. Quand nos bouches sont sur le point de se rencontrer, je coupe la crêpe pour avaler ce que j’avais déjà un bouche. Subitement les choses deviennent sensuelles. Lorsque mes yeux tombent sur son visage, je prends ce dernier entre mes mains pour venir récupérer les miettes au coin de sa bouche avec ma langue. Un geste spontané. Je plaque un baiser rapide sur ses lèvres charnues et tentatrices. Mes doigts retirent son t-shirt pour le lancer quelque part dans la cuisine. « Je vais avoir une collection de tes vêtements si cela continue. » Je change de position pour me mettre à califourchon sur ses jambes. Je caresse les cheveux sur sa nuque. « Je poursuivrai bien la conversation mais je ne peux pas avant d’avoir fait ça. » Je me penche pour savourer ses croissants appétissants. Ma langue se joint au ballet de nos bouches pendant que je me perds dans cet échange. Comment on pourrait avoir envie de prendre ses distances ? « Oublie-le… oublie-les tous… » Je lui soufflais cet ordre parce que je ne voulais pas le voir prendre le large. Je voulais que ses yeux restent posés sur moi. Il me plait !!

Kyu avait connu plusieurs histoires, par le passé, mais jamais rien de sérieux. Il n’avait jamais réellement cru en l’amour, en ces histoires de couples qui s’aimaient et restaient ensemble jusqu’à la fin de leur vie. Son passé ne l’avait guère aidé à croire en ces choses là. Dans ce sentiment, il ne voyait que violence et déchirement. Une fin atroce et douloureuse. Mais peut-être qu’au fond de lui, il avait simplement barricadé son coeur, avait toujours fait en sorte de partir avant de tomber dans cet amour qui lui faisait peur. Sûrement parce qu’il refusait l’idée de devenir comme son père, d’en arriver à l’acte le plus horrible qui soit. Peut-être qu’au fond de lui, il était simplement effrayé à l’idée de découvrir ce monstre au fond de lui, prêt à s’éveiller lorsque l’amour viendrait toquer à sa porte. Il se protégeait lui-même, et les autres par la même occasion. Sa possessivité était finalement à ses yeux, la preuve même qu’il pourrait devenir comme son père, et il refusait cette idée là. Pourtant, il n’y avait qu’à essayer, pour voir qu’il n’avait rien en commun avec celui qui lui avait donné la vie. Mais il était encore trop peureux pour ça, et tentait malgré lui de garder cette carapace, même face à son voisin. « Difficile d’avoir envie de quelqu’un d’autre quand on t’a toi devant les yeux. » Et il était sincère, une fois de plus. Son coeur semblait chavirer à chaque fois davantage, malgré la situation dans laquelle il s’était retrouvé. Ce Hyung Jae n’était qu’un amusement, une manière calmer ses ardeurs, alors qu’il espérait encore pouvoir continuer de jouer avec son voisin. Le résultat était bien différent de ce qu’il avait imaginé, mais il l’appréciait bien plus qu’il ne le montrait. « J’ai peut-être pensé à toi ces derniers jours… » laissait-il entendre, ce sourire ravageur sur les lèvres. Il savait pourtant, qu’il n’était pas dans la meilleure des postures, après s’être fait chopper la main dans le sac. Mais il restait honnête. Cet invité n’était qu’une interlude alors qu’il ne pensait pas le revoir. Et maintenant qu’il se retrouvait à nouveau dans cet appartement, il n’avait d’yeux que pour son voisin, une fois de plus. Se foutant bien de savoir si Hyung Jae était déjà parti, ou bien resté. Il lui avait même laissé le loisir de détruire son appartement s’il le voulait. Mais Kyu s’en fichait bien, tant qu’il pouvait passer plus de temps encore avec son vis-à-vis. Les attitudes de Ye Jun le rendaient fou intérieurement, mais il se réfrénait encore, ne voulait pas trop précipiter les choses. Il s’était déjà fait mettre à la porte une fois, et n’avait pas spécialement envie de le revivre, pas de suite en tout cas. C’était certainement pour ça, qu’il oscillait entre ces moments de jeu, et ces instants plus sérieux. Mais il voulait aussi en apprendre plus sur lui, découvrir les différentes facettes de celui qui arrivait à contrôler ses pensées sans être là, depuis plusieurs jours déjà. Assis à la table, il observait autour de lui, se mordillait la lèvre. Pour la première fois, il faisait attention au décor, à ce qui se trouvait autour de lui. De longues secondes à faire vagabonder son regard sur ces dessins, ces livres qui traînaient ci et là. Avant que son attention soit de nouveau portée sur Ye Jun. « Hmm… J’suis sûr que t’es le plus sexy des geek avec tes lunettes. » A cette idée, sa langue passait sur ses lèvres, de manière presque sensuelle. Quelques secondes tout au plus, avant de se redresser, sans jamais le quitter du regard. « J’aime les jeux vidéos, les films de super-héros. L’informatique en général. » Il haussait ses épaules d’un geste las, haussant légèrement ses sourcils. « J’dois bien reconnaître que j’suis un peu geek sur les bords aussi. » Il en riait légèrement, ne comptant plus le nombre de soirées qu’il avait pu passer avec Ji Hae sur leurs ordinateurs. Bien qu’il ai une autre vie, bien plus mouvementée, celle-ci était celle qui le canalisait le plus, même s’il avait encore du mal à se l’avouer. Un frisson le parcourait à entendre son voisin, ses lèvres s’étirant un peu plus alors qu’il le réceptionnait sur ses jambes. Cette simple proximité le rendait plus fou encore. Pourtant il savait, que ce n’était pas encore le moment de succomber. Il n’avait pas eu le temps de répondre, simplement d’enrouler son bras autour de lui, qu’il se retrouvait avec cette crêpe dans la bouche, sans possibilité de pouvoir parler. La suite l’électrisait sur place, alors qu’il observait avec minutie son voisin manger la moitié de la crêpe, venir récupérer quelques miettes à la commissure de ses lèvres. Il resserrait son étreinte, sans même s’en apercevoir, inspirant profondément pour ne pas se laisser aller davantage. Il se laissait faire, alors que son tee shirt rejoignait le sol. Il riait de sa remarque, le laissait mieux s’installer sur ses jambes. « Tu peux bien avoir ce que tu veux. » avait-il tout juste eu le temps de souffler, avant de sentir une nouvelle fois leurs lèvres se retrouver. Un sentiment libérateur l’envahissait à cet instant, ses mains glissant sous le haut de Ye Jun pour l’attirer un peu plus contre lui. En une seconde à peine, il se perdait dans ce baiser, cet échange si grisant. La pulpe de ses doigts parcourait sa peau, se laissait simplement aller. « Sans problème… » murmurait-il, avant de capturer de nouveau sa bouche pour un autre échange, plus passionné encore. Et s’il se mettait des barrières depuis toujours, sa carapace semblait déjà se fissurer. Lentement mais sûrement. Et alors qu’il se délectait de cet instant, chavirait dans les bras de son cher voisin, un bruit vint le perturber, se raidir peu à peu. Une voix à travers la porte, lui rappelant qu’il n’était pas seul, avant de venir ici. « Hé le p’tit racoleur, j’me casse. Prend bien ton pied surtout, et essaie pas de m’rappeler ! » Quelques mots pour faire naître en lui des sentiments différents. Son regard se faisait plus sombre, une certaine colère qui l’envahissait, alors que ces dernières minutes étaient tout ce qu’il avait espéré ces derniers jours. Sans pour autant lui répondre, il s’empressait d’attraper le visage de Ye Jun, ancrait ses yeux dans les siens. « Ne l’écoute pas, s’il te plait… » soufflait-il, un pincement au coeur. Il avait déposé un baiser plus chaste, plus tendre, sur ses lèvres. Comme une supplique, alors qu’il sentait sa poitrine se serrer. Comme si tout allait s’effondrer dans les prochaines secondes, comme si finalement, il était en train de perdre tout ce qu’il tentait vainement de construire dans ce jeu qu’ils avaient entrepris. Muscle de vie qui palpitait, et l’appréhension qui le gagnait peu à peu, sans savoir comment réagir à ça. Sans savoir comment lui montrer, qu’il était le seul, qui arrivait à l’atteindre autant depuis leur rencontre. Soupire de désolation, alors qu’il attendait un geste, une réaction. Et au fond de lui, il espérait simplement que son voisin voit, que ce soir, il ne jurait que par lui. Et qu’il était prêt à continuer dans cette voie, s’il lui en donnait la possibilité.

Lorsque ses yeux de braise se posent sur ma petite personne, ils me donnent l’impression que le reste du monde ne compte pas en dehors de moi. J’ai toujours voulu ressentir ça quand un homme me regarde. Je voudrais seulement être la personne la plus importante à ses yeux, la seule qui vaille son attention. Etre unique. On le désire tous. Est-ce que les choses continueront ainsi ? Ce serait extraordinaire mais la vie a toujours été vache avec moi. Mes anciens copains – ils sont au nombre de deux – ont jamais éprouvé de remords en rompant avec moi. Ils ne m’accordaient pas l’importance dont j’ai besoin. Ils ne comprenaient pas non plus ce besoin de me sentir spécial à leurs yeux. Ils disaient souvent que mes émotions étaient un frein à mon évolution professionnelle et personnelle. Je me suis alors refermé sur moi-même, empêchant mes sentiments de s’exprimer librement. Nam Kyu balaie tout d’un revers de la main mes habitudes et me pousse vers un terrain inconnu où je me montre séducteur et provocateur. Cela me surprend mais j’aime tout particulièrement ce qu’il fait ressortir de moi… Ne venais-je pas de me hisser sur ses jambes comme si je faisais de chose tous les jours ? Intérieurement mon cœur bat la chamade parce que je crains la réaction mais plus encore ce qu’il peut penser de moi. « Un jour, tu me verras peut-être avec mes lunettes sur le nez… et tu pourras juger si je suis sexy ou non… » Quand il me parla de toutes les choses qu’il aimait, mon organe mou sautilla dans les sens pour me dire que cela le rendait fou. Il comprendrait alors mon amour pour les super-héros ? Je ne passerai pas pour un dingue ou un gamin ? Mes ex trouvaient mes passions immatures. Impossible de trouver un soutien pour mon rêve : devenir dessinateur de comics. « Je crois que j’ai jamais joué aux jeux vidéo. Tu me montreras ? » Je n’allais pas avouer que mon expérience se résumait seulement aux otome. Il allait me prendre pour un fou.

La crêpe partagée installa une ambiance sexy entre nous. Mon corps se couvrit de chair de poule pendant que mes yeux ne quittaient pas les siens. Je suis aimanté par le charisme et le sex-appeal de mon vis-à-vis. Il me captive ! Je me moque bien que nous ne discutions plus parce que son regard me rendait beau. Personne ne me regardait ainsi. Mon cœur bondissait dans tous les sens tandis que mes doigts jouaient avec les cheveux sur sa nuque. Ils eurent une envie subite de lui retirer son t-shirt. Je souhaitais lui montrer que cette fois les limites pouvaient être repoussées. Je frissonne un peu plus alors que ses mains se glissent sous mon haut overside. J’ai envie de voir ses réactions face à mes tatouages, sentir ses doigts en suivre les contours. C’est une petite plus sensible de mon anatomie. Cela me provoque toujours des vagues de frissons. Nos bouches se scellaient pour mon plus grand bonheur. Ce contact est rassurant, plaisant, enivrant. Je me sens bien dans ses bras. Je veux me perdre dans son étreinte qui se resserre de plus en plus. Mes doigts se perdent dans ses cheveux tandis que nous réduisons le plus possible la distance qui nous sépare. Est-ce que le temps peut suspendre sa course en cet instant ? Je voudrais que rien ne puisse altérer ce moment… malheureusement le destin aime vraiment mettre le bordel. Embarqué par la passion qui se dégageait de nos baisers, la voix de son toy boy fit voler en éclats la bulle dans laquelle nous étions ce qui me sonna quelques secondes. Hein ? Quoi ? Il se passe quoi ? Mon cerveau remit les choses en place assez rapidement pendant que mes oreilles captaient les paroles de l’autre. Je retenais alors ma respiration, écarquillant les yeux alors que mon cœur suspendait ses acrobaties. Nam Kyu avait tout prévu ? Il espérait coucher avec moi puis de rappeler l’autre ? Les couleurs disparurent de mon visage pendant que je pensais avoir été juste un jouet convoité. Il obtenait ce qu’il voulait… et je me faisais avoir comme un débutant. Je ressentis le besoin de mettre de la distance entre nous afin de reprendre contenance mais il attrapa mon visage et plongea ses yeux dans les miens. Mes mains s’étaient posées sur ses épaules pour le repousser, pourtant je le laissais une opportunité de me rassurer parce que je voulais croire en ce regard profond qu’il avait pour moi. Il est difficile de ne pas écouter un type qu’il avait ramené chez lui en comptant le faire passer à la casserole. Pikachu déposa un baiser tendre et chaste sur mes lippes. Ce contact apaisa mon cœur affolé qui songeait aux différentes façons de se suicider. La tension dans mes bras diminua pendant que je restais près de lui. Une larme solitaire coula le long de mes joues. Je me sentais vidé de toute mon énergie alors que mon imagination planifiait des explications plus rocambolesques les unes des autres. « Je partage pas… » Mes doigts s’enroulèrent autour de ses poignets tandis que je lui rendais son baiser chaste. Je quittais ses jambes, sans esquisser un geste pour le mettre dehors. Je me dirigeais juste vers mon canapé pour ramener mes genoux vers mon torse et les encercler de mes bras. Je me protégeais si jamais il décidait de quitter mon appartement finalement. Il me devait rien… pas besoin d’explications. Il y avait aucun engagement entre nous, juste ce jeu du chat et de la souris. Je me sentais vulnérable mais je voulais aussi lui permettre de mettre les choses à plat. « Suis-je une distraction pour toi ? Quand tu auras obtenu ce que tu veux, tu me jetteras ? » Ma voix restait calme alors quand je suis anéanti au fond de moi. Je levais les yeux vers lui « J’ai envie de te croire… mais dis-moi les choses clairement. »

Pour la plupart de ses amis, Kyu n’était qu’un dragueur invétéré, qui serait incapable de se poser. Ce genre de mec qui animait les soirées, faisait du rentre-dedans à qui osait l’approcher. Celui qu’on perdait lors d’une soirée parce qu’il avait trouvé quelqu’un avec qui rentrer. Dans son cercle proche - ou du moins, ce qu’il en restait - certains osaient croire qu’il avait simplement besoin de tomber sur la bonne personne. Celui qui saurait le secouer, lui montrer que l’amour ne le rendrait pas violent, mais qu’il pourrait lui être bénéfique. Mais cette image qu’il donnait, il s’en était toujours accommodé, il avait appris à vivre avec. Ca l’aidait parfois à obtenir ce qu’il voulait. Et la plupart du temps, ce n’était qu’une nuit à la volée, sans rien attendre le lendemain. Rares étaient les fois ou il revoyait ses amants, passait du temps avec eux. Bien sûr, il avait connu quelques histoires, mais elles ne duraient jamais bien longtemps. Bien qu’il soit possessif, Kyu avait du mal à s’attacher, sentimentalement parlant. Il n’était pas un homme romantique, loin de là. S’il acceptait de donner son corps, ça en était bien différent pour son coeur. Pendant un temps, il s’était attaché à Sang Jae, mais avait rapidement compris qu’il trouverait en lui un allié, un ami, plus qu’autre chose. Qu’il aurait une épaule sur laquelle se poser quand ça n’irait pas. Puis après ça, il n’avait jamais repensé à l’amour. Ne s’était jamais posé la question de savoir, si un jour, ça pourrait réellement lui tomber dessus. Kyu n’a passé le reste du temps qu’à flâner, comme il a toujours su le faire, jusqu’à ce soir. Face à ce voisin, il était perturbé par ce coeur qui tambourinait dans sa poitrine, par ces sensations qu’il ressentait. Cette envie qu’il avait n’était en rien comparable avec toutes ces nuits passées dans les bras de ces inconnus. Pour la première fois, réellement, il était grisé par ce qu’il se passait, attendait la suite avec une impatience certaine. « J’suis sûr que tu l’es. » répliquait-il d’un naturel qui aurait pu le surprendre lui-même. « J’t’apprendrais si tu veux. » Et aussi surprenant que ça puisse être, il aimait cette idée. Le fait qu’ils puissent s’amuser ainsi, mais imaginer d’autres choses, différentes, se passer entre eux. Ses yeux brillaient, prouvaient que Ye Jun ne le laissait pas indifférent. Et ses gestes le prouvaient d’autant plus, alors que cette fois, il découvrait pleinement le contact de sa peau. Leurs corps qui se collaient l’un à l’autre, Kyu aurait aimé que cet instant perdure. Que le temps s’arrête un instant pour qu’il puisse savourer d’autant plus ce qu’il se passait dans cette pièce. Mais cette bulle avait fini par exploser, d’une manière bien différente, inattendue. Pris au dépourvu, haletant, il ne savait pas comment réagir à ça. Il avait tenté un baiser, plus doux cette fois, mais pouvait déjà sentir cette proximité partie en fumée. Ce contact que son voisin rompait trop rapidement. Il déglutit, sans aucune autre possibilité que de le voir s’éloigner de lui. Et cette larme qu’il croyait percevoir lui défonçait le coeur, alors qu’il n’osait plus réellement bouger, pendant de longues secondes. Un soupire qu’il laissait s’échapper, sa main passant sur son visage, il tentait de reprendre rapidement ses esprits. Il lui avait fallu un instant de plus, avant de se redresser, se diriger vers l’autre pièce. Encore déboussolé par ce qu’il venait de se passer, il s’adossait au mur en face de Ye Jun, sans oser le regarder, pas encore. « T’es pas une distraction. » lançait-il simplement, sans qu’aucune émotion ne transperce sa voix. Essayant de se remettre de ce qu’il venait de se passer, de cette séparation de leurs corps si brutale. « J’suis sincère dans tout c’que j’t’ai dit. » ajoutait-il, avant de relever finalement son regard vers lui. Ses sourcils froncés, on pouvait aisément voir à quel point il se sentait mal, à cet instant. Pour autant, il lui était difficile de poser des mots exacts sur ce qu’il ressentait, n’en avait pas l’habitude. Kyu n’était pas le genre d’homme à se mettre à nu, à savoir exprimer ses sentiments, et ça se voyait, en fin de compte. « J’suis pas le genre de mec à promettre des choses qu’il tiendra pas. J’suis certainement pas le genre de mec avec qui tu dois traîner non plus. Mais je t’assure que j’comptais pas le retrouver après. J’l’ai juste planté avant de venir. » Sa respiration se faisait un peu plus forte, alors qu’il tournait la tête. Peut-être aurait-il du dire à Hyung Jae de partir, directement, au lieu de le laisser en plan, sans aucune explication. Mais il ne pensait pas à ce genre de chose, et peut-être qu’au fond, à cet instant, il le regrettait déjà. « J’suis désolé. » Sa tête légèrement baissée, il se redressait, observait une dernière fois son voisin, ses lèvres pincées d’appréhension. « Si tu préfères que j’te laisse, je m’en vais. » Et dans le fond, il espérait que non, même si ça paraissait impossible. Même s’il fallait mettre de côté ce jeu entre eux, il était prêt à le faire, simplement pour quelques minutes de plus avec lui. Cette idée là le perturbait, pourtant, une part d’anxiété prenait place en lui, sans qu’il ne puisse le contrôler. Alors il attendait simplement. Un geste, un mot, à son égard. Qui le ferait rester, ou partir.

Cette intervention est comme une pierre lancée dans une eau paisible que rien ne troublait avant. Je ressens un violent pincement au cœur en comprenant le sous-entendu caché par ces paroles. Nam Kyu devait le contacter ensuite ? Il avait l’intention de se distraire avec moi puis de rejoindre ce toy boy. Cette nouvelle me cause des douleurs insupportables au palpitant. Pourquoi ? Je me suis laissé embarquer dans ce jeu où il avait toutes les cartes en main sans jamais en connaitre les règles. Il s’est joué de moi ?! Cette perspective me faisait mal. Que suis-je stupide ?! Comment ai-je pu me faire avoir comme un débutant ? Je suis en colère contre moi parce que mon voisin avait su flairer le mec isolé et avait profité de la situation. MOI ? Comme je suis seul dans cette ville quittée des années avant, je ne possède plus aucune relation amicale et familiale – en dehors de ma sœur mais les choses ne sont toujours pas gagnées. Mon beau voisin avait vu une opportunité de se distraire, et moi j’avais cru être intéressant… Une partie de moi voudrait y croire sauf que mes expériences sentimentales passées réveillent mes craintes. Je rends son tendre baiser avant de quitter ses jambes pour aller camper sur mon canapé. Je souhaitais être consolé, rassuré. Malheureusement même de belles paroles n’y arriveraient pas. Je lui tendis une perche quand même parce que je voulais au plus profond de moi avoir ses explications. La distance qu’il gardait entre nous est insupportable. J’ai besoin de le toucher, de le sentir proche de moi. Bordel ?! Qu’est-ce qui se passe ? Je me forçais à observer ses réactions car il n’esquissait aucun geste dans ma direction. Je ne remettais pas en doute les informations le concernant mais ses intentions… puis ma petite voix nommée consciente me rappela que nous ne sommes rien l’un pour l’autre. Je ne peux pas exiger des explications ou autre chose de sa part. Il fréquente qui il veut… Cela me fait mal de me reprendre ça dans la tronche. Ses excuses me font mal parce qu’il s’y prend comme un pied. Il est distant, j’aime pas du tout ça. Je quitte le canapé pour m’approcher de lui. Que dois-je faire ? Je passe mes bras autour de sa taille, pose ma joue contre son torse. Quand les choses vont mal, j’ai vraiment besoin de contact physique. Cela me rassure même si on me tient juste la main ou caresse les cheveux. Ce câlin est de courte durée parce que mes mots allaient être douloureux. « Je veux croire en ta sincérité… mais je pense que ce soir le jeu s’arrête ici. » Je lui caresse la joue, embrasse celle-ci puis range les crêpes et lui rends son t-shirt. « Bonsoir Nam Kyu. »