il est prometteur, cet enfant. il attire les astres et les transpose dans ce regard dont il cherche sans arrêt l'attention. à travers ce regard, hyunmin se sent exister. son père, un modèle. celui dont le jugement semble si pertinent, si évident. des paroles dont l'enfant s'inspire volontiers. il se projette à travers lui, rêve de ce que cet homme attend de lui. hyunmin fait de ses idéaux, les siens aussi. un copier coller d'une vie dont il n'a guère réfléchi autrefois, car il n'était qu'un enfant voulant ressembler à ce modèle qui s'animait, chaque jour, sous ses yeux.
et chaque jour était un nouveau fardeau à porter sur ses frêles épaules. la conscience pourtant éteinte, car jamais hyunmin n'eut à faire face à ses propres choix. il était ce qu'on lui dictait être, suivait cette voie qu'on lui avait tracé. car c'était plus facile, ainsi. il n'avait pas besoin de réfléchir, n'en avait pas non plus l'envie car c'était bien trop terrifiant dans l'obscurité. ça ne faisait pas envie. et le monde de son père, hyunmin le connaît. ça ne le fait pas vibrer, ça ne l'anime pas comme il aurait aimé, mais si grâce à lui, son père peut continuer à vivre ses rêves, alors qu'il en soit ainsi. jamais eut-il l'envie d'aller à l'encontre de ses attentes. jamais eut-il l'envie de le décevoir. et c'était délicat, quand, derrière, un palpitant voulait fracasser cette cage d'ivoire. il y avait une vie, là-dessous, un quelque chose qui ne demandait qu'à exister, qu'à être aux yeux des autres mais qui, malgré tout, se devait d'être tu pour le bien d'un maigre reflet.

et ce reflet, il crut le voir partir en lambeaux. terreur, dans ses yeux, quand le départ vers une terre lointaine renversa ses propres convictions, l'amérique comme nouvelle mère patrie. le regard qui s'ouvre sur un monde dont il n'osa guère faire face. ce même monde qui fut, pourtant, si obscur autrefois. terrifiant, mais pourtant si lumineux quand le réel est mis de côté et que l'adolescent doit enfin faire face à ses propres démons.
c'est dans ses bras qu'il trouva refuge. terre d'eden dont le garçon s'enticha, se sentit pour une fois vivant. être qui il était sensé être. il était bien, avec lui, et il l'aimait si fort que ça en était devenu effrayant. car tout ceci, ce n'était pas ce qu'on attendait de lui. être amoureux d'un il, ce il qui, inconsciemment, le mit au pied du mur quand le choix du s'imposer. un choix que hyunmin n'était pas prêt à faire, car cela impliqua décevoir ce modèle.
le faux était bien plus rassurant, mais au fond de lui, c'était la déception qui gronda. et qui persiste encore. elle ronge son intérieur, à mesure que les souvenirs l'envahissent, à mesure que l'homme avance sur ce chemin. chronos continue sa route, pendant que hyunmin se perd petit à petit.  il s'en était voulu de lui avoir fait mal. il s'en veut encore, pour toutes ces peines qu'il lui infligea. le forcer à n'être qu'une ombre, pendant qu'il se pavanait avec d'autres jeunes femmes. une question d'image, disait-on, aussi machiste puisse cette image être. des phrases que son père lui avait insufflé. que son équipe n'arrêtait pas de lui répéter. des phrases qui le forgèrent progressivement à être la pire version de lui-même jusqu'à abandonner la seule personne qui l'estima un tant soi peu.
et si le temps les sépara, hyunmin n'eut jamais réussi à l'ôter de son esprit. il était toujours quelque part, comme une leçon qu'il veillait constamment à se rappeler. son propre naufrage, tant qu'il laisserait les autres dicter de sa vie. une décision qu'il ne lui reste qu'à prendre, encore faut-il que l'homme puisse trouver un semblant de courage.