lumières de la nuit (jaehwa)
Invité
Invité
lumières de la nuit (jaehwa) | Sam 27 Juin - 19:30 Citer EditerSupprimer
lumières de la nuit // « c'est la nuit qu'il fait beau de croire en la lumière. » — edmond rostand Les coudes posés sur la rambarde, les joues enfoncées dans les manches de mon sweat qui recouvrent mes mains, je laisse mes yeux se promener sur les lumières de la ville. Séoul de nuit est l’une des plus jolies choses que je connaisse. Et cet endroit est parfait pour en profiter. Un petit square oublié, quelques bancs sur les hauteurs du digital grand park, rien de tout ça ne paye de mine. Personne ne prête attention à ce petit espace où les herbes folles où ont élu domicile et où les cerises cachent le soleil en journée. Pourtant, la nuit venue, tout est magnifique. Les lumières de Séoul dansent sous vos yeux et le vent chuchotent ses chansons les plus douces dans vos oreilles. J’adore cet endroit. Des années et des années que je viens me réfugier ici, le temps de quelques heures. Quand tout devient trop dur, trop lourd à porter, je viens demander au vent de balayer mes problèmes et au silence de panser mes plaies. La plupart du temps, je me contente de regarder la ville de longues minutes puis je finis par repartir pour retrouver la chaleur du dortoir. Parfois, je hurle à plein poumons pour soulager le poids qui pèse sur mes épaules, celui des responsabilités que je n’ai pas demandé. Le calme qui m’entoure est d’ailleurs perturbé par la sonnerie de mon téléphone, m’indiquant l’arrivé d’un message. Je soupire quand je vois la notification de ma mère. Je n’ai pas besoin de l’ouvrir pour savoir qu’elle me prévient d’un nième meeting auquel je n’ai aucun souhait de participer. L’idée de balancer mon smartphone par-dessus la rambarde et de le regarder s’écraser plus d’une dizaine de mètres plus bas me tente beaucoup. Je ne le ferais pas car je sais que cela ne résoudrait pas mes problèmes, mais ce n’est pas l’envie qui m’en manque. Après l’avoir mis en silencieux, je laisse mon téléphone se faire de nouveau oublier dans la poche de mon sweat et je me reconcentre sur la vue merveilleuse que j’ai sous les yeux. Très vite, le besoin de me vider de mes doutes m’envahie et je crache ma douleur à qui veut bien l’entendre en regardant au loin. Pas de mots, simplement je crie de toutes mes forces pendant de longs instants. Et je sens déjà mon esprit s’apaiser, il me faut peu de temps pour me calmer. Tout s’arrête aussi vite que cela a commencé, mes joues reprennent leur place sur mes mains, comme si rien ne s’était passé. Cette fois, un sourire se glisse sur mes lèvres, je me sens un peu plus libéré. Mes yeux se remettent alors à vagabonder sur la ville et mon entourage. Ils finissent par se fixer sur une silhouette féminine non loin de moi. Je mets un peu de temps à réagir, réellement surprise de trouver quelqu’un d’autre que moi dans ce petit square. Tout mon corps se redresse, je sens comme pris en flat grand délit. La honte m’envie et je me sens obligé de faire quelque chose pour contrer ce sentiment. « Hmm. B-bonjour. ». Bonsoir aurait été plus adéquat. Les mots sortent nerveusement de ma bouche et je n’ose pas regarder la jeune femme dans les yeux. Moi qui pensait être le seul à connaître ce petit coin de paradis, je tombe de haut et de honte. ft : @song jae hwa