Assise sur une chaise, tes deux mains posées sur tes genoux, tu scrutes longuement le mur qui te fait face et les quelques affiches qui le recouvrent. Cela fait une bonne trentaine de minutes – si ce n'est un peu plus - que tu es là, à attendre, et... Tu dois bien admettre que t'es pas forcément très à l'aise. En témoigne d'ailleurs tes pieds, que tu ne cesses de croiser et décroiser sous ta chaise, signe somme toute évident de ce malaise que tu ressens en ce moment même. Faut dire que t'as jamais vraiment été très fan des salles d'attente. D'abord parce que rester autant de temps assise à ne rien faire, si ce n'est attendre, ça n'a jamais été ton truc. Toi, t'as toujours besoin de bouger, de te défouler... Et, à défaut, il te faut au moins quelque chose pour t'occuper correctement l'esprit. Sauf que là, pour le coup, ce n'est pas ces affiches dont tu connais déjà le contenu par coeur, à force de les regarder, ou même ces magazines parus alors que tu n'étais même pas encore née qui sauraient te distraire un tant soit peu... Toutefois, ce que tu supportes encore moins dans les salles d'attente, et plus encore lorsque tu te rends chez le médecin ou tout autre professionnel de la santé, c'est leur ambiance beaucoup trop oppressante.... Il n'y a aucune couleur, nul part... Tous les murs sont blancs, tristes... De quoi vous donner envie de vous tirer une balle en pleine tête. Ou de sauter par la fenêtre, au choix... D'ailleurs, tu sens que ça te démange, là, tout de suite. Tu te mets même à gigoter un peu trop sur ta chaise, tapotant frénétiquement le sol de tes pieds. Mais finalement, et heureusement, la porte sur ta gauche finit par s'ouvrir et tu te lèves alors aussitôt de ta chaise, le sourire aux lèvres. « Chanie ! » que tu laisses alors échapper sur un ton un peu trop enthousiaste, malgré toi. « C'est bon, t'as fini ?! On peut y aller ?! » Pas de doute la dessus... Les salles d'attente, ce n'est vraiment pas pour toi...

Dans cette pièce, qu’il connaissait depuis plusieurs mois maintenant, Yuchan se livrait. Il parlait de sa vie, de ses peurs, de ses angoisses et de ses idées noires. Il avait du venir toutes les semaines pour voir cette psychologue à cause de sa tentative de suicide d’Octobre. Tentative qu’il avait faite à cause d’un connard qui avait pensé que jouer avec son cœur et son corps était la meilleure chose à faire. Chan en avait souffert plus qu’il n’en parlait et si Hani ne l’avait pas retrouvé, il ne serait probablement plus de ce monde. Heureusement qu’elle avait été là d’ailleurs. Il ne pourrait jamais la remercier assez pour ce qu’elle avait fait. Certes, au début, quand il s’était réveillé et que Minseok était là à ses côtés, il avait maudit la jeune femme de l’avoir empêcher de se donner la mort. Mais maintenant, même si ça faisait toujours mal de penser à son ex. Cependant il était entouré de son amie et également de sa psy. Il n’aimait cependant pas venir ici voir cette dernière. Ça lui rappelait trop son réveil dans cette pièce froide en compagnie de ce médecin condescendant. Chan avait quand même réussi à découvrir son secret et il s’en servait malgré qu’il ne soit pas fier de ça. Seulement, il avait besoin et envie de se sentir désiré. Alors, c’était le pauvre Minseok qui prenait parce que Yuchan se disait que sans ça, jamais il ne se serait intéressé à lui. Il était persuadé de ça malgré qu’il n’en fasse pas part à la psy. Il n’allait pas dire qu’il était en train de faire du chantage à un mec, juste pour avoir de l’affection et un tant soit peu de chaleur humaine. Chan finit par se lever lorsque la séance se termina et ouvrit la porte. Il ne fut par surpris de voir Hani presque se précipiter sur lui. Il lui sourit tendrement. « C’est bon j’ai fini. On peut y aller. » Il se tourna quand même vers le médecin, se courbant légèrement pour lui dire au revoir. « A la semaine prochaine. » grimaça-t-il avant de récupérer la main de son amie. « Allons y. Je supporte plus cet endroit. » En même temps, ça faisait des mois qu’il le voyait au moins une fois par semaine. Une fois dehors, il se sentit libéré et prit une profonde inspiration, respirant l’air chaud de la capitale coréenne. « On fait quoi maintenant ? » demanda-t-il, espérant qu’elle avait planifié quelque chose. Sinon, ils improviseraient.

Toi et Yu Chan, ça fait pas si longtemps que vous vous connaissez. Ou plutôt, disons que de tous tes plus proches amis, il est celui dont tu as fait la connaissance le plus récemment. D'ailleurs, tu te rappelles de votre première rencontre comme si c'était hier. Plutôt comique, à vrai dire, puisque ce jour là le jeune homme n'avait eu d'autre choix que de te mettre un stop en te révélant qu'il était gay, alors que tu avais jeté ton dévolu sur lui. Toutefois, loin de te décourager ou de te donner envie d'aller te terrer dans un trou - après tout, tu venais de te prendre un râteau en plein milieu d'une boite de nuit bondée - tu avais tout de même tenu à faire connaissance avec lui et, à présent, le jeune homme fait parti de ces personnes pour qui tu pourrais faire n'importe quoi. Et c'est d'autant plus vrai depuis ce "fameux" jour d'octobre pendant lequel tu t'es promis que tu ne le laisserais jamais tomber et que tu serais toujours là pour lui. Ceci expliquant d'ailleurs ta présence, aujourd'hui, en ce lieu que tu n'apprécies pourtant guère. Et lorsqu'enfin Yu Chan réapparaît dans ton champ vision, t'annonçant que son rendez-vous est terminé, c'est sans te faire prier que tu quittes cet endroit, après avoir toi aussi salué le médecin. « Tu m'étonnes ! Ce genre d'endroit me donne carrément la chaire de poule... » Et, pourtant, des endroits à t'en donner la chaire de poule, t'en as vu des dizaines et des dizaines, toi la grande fan d'urbex. « Ils pourraient au moins faire un effort sur la décoration... » D'ailleurs, maintenant que t'y penses, c'est à se demander si leur intention est vraiment de soigner les gens parce que tu ne peux pas vouloir aider les gens à combattre leurs troubles et les obliger à venir dans des endroits aussi déprimants... Heureusement, pour la suite de cette journée, tu as bien l'intention d'emmener Chan dans des endroits bien plus vivants. « Hm... Alors, j'avais prévu de t'emmener aller manger une glace ! Y'a un nouveau glacier qui a ouvert pas très loin d'ici et, à ce qu'il parait, leurs glaces sont excellentes ! » En plus, de ce que tu as vu sur un post GNS, il est possible de déguster les glaces sur place, le tout accompagné d'une bonne boisson sucrée, et l'endroit a l'air super mimi. « Sinon, avant ça, je pensais également qu'on pourrait aller traîner dans les boutiques ! Je sais pas pour toi mais moi je manque cruellement de vêtements pour cet été ! » Bon, c'est pas tout à fait vrai, mais du neuf dans l'armoire, ça fait toujours plaisir. « T'en penses quoi ? Ça te tente ? »

Sa rencontre avec Hani était une de ses rencontres qui le faisait sourire. En effet, elle l’avait dragué toute la soirée. Ça aurait pu être flatteur si la préférence de Yuchan n’allait pas vers les hommes. D’ailleurs, il avait été obligé de lui révéler ce fait parce qu’il avait été mal à l’aise. Pas qu’il n’aimait pas qu’on le drague, mais quand c’était une femme, ça le rendait vraiment mal à l’aise. D’ordinaire quand il parlait de son homosexualité, on lui lançait un regard outré voire dégoûté avant de le laisser en plan ou alors, la fille continuait d’insister. Cependant, avec Hani, ça avait été le contraire. Elle était restée mais pas pour l’embêter encore plus, juste pour être son amie. Yuchan avait apprécié le geste et maintenant, c’était elle qui venait le chercher après ses séances chez la psy. Elle avait été aussi la personne qui l’avait retrouvé alors qu’il était en train de mourir dans sa baignoire. Il avait lu pas mal de truc sur les suicides et il avait trouvé celle qui lui ferait le moins mal. Néanmoins la vie en avait décidé autrement et il était toujours là, devant Hani, sa sauveuse. Heureusement qu’il la voyait après ses séances parce que ça les rendait plus facile à suivre. Chan n’aimait pas cet endroit et la jeune femme non plus. « Tu sais que t’es pas obligée de m’attendre devant le cabinet. Tu peux attendre dehors. » Il rit légèrement à la remarque sur la décoration et regarda autour de lui avec un œil critique. « C’est sûr que c’est… Morbide. » Petite blague de mauvais goût mais qui tira au jeune homme un sourire avant qu’il ne se presse de quitter cet endroit. Il demanda à la jeune femme la suite des évènements et il sourit quand elle lui parla de glace. « Oh bordel, si tu savais à quel point j’ai envie d’une glace là maintenant que t’en as parlé. » Il ne pouvait pas se le sortir de la tête maintenant que Hani avait mentionné la sucrerie. L’étudiante reprit la parole et il l’écouta avec attention et sourit un peu plus. « Pourquoi pas ? Je manque de papiers et de crayons pour dessiner. Ça me permettra d’en racheter. » Yuchan l’étudia des pieds à la tête avec un sourire narquois sur les lèvres. « T’es sûre qu’il te manque des vêtements ? Je te vois jamais deux fois avec les mêmes vêtements d’un mois sur l’autre. » Il exagérait peut-être un peu la situation mais il ne devait pas réellement être très loin.

C'est vrai que tu pourrais l'attendre dehors. Te balader dans les environs, au grand air, au lieu d'avoir à supporter l'ambiance pour le moins morbide des lieux. Après tout, ce n'est pas comme si tu craignais que Yu Chan prenne la poudre d'escampette et n'atteigne jamais le bureau de sa psychologue. Car si les premières fois avaient été compliquée et qu'il t'avait presque fallu lui administrer un coup de pied au cul pour que Chanie daigne assister à ses séances – ce que tu comprenais, en soit – aujourd'hui, les choses se sont un peu améliorés à ce niveau. Certes, le jeune homme ne va pas à ses rendez-vous de gaieté de coeur – et franchement qui pourrait l'en blâmer ? - mais il y va quand même et sans que tu ais besoin de forcer. Pourtant, malgré cela, tu ressens ce besoin de l'accompagner jusqu'au bout et, venir ici, l'attendre sur cette chaise, qu'il sache que tu es juste de l'autre côté de la porte si besoin est, c'est important pour toi. Tout comme c'est important pour toi de faire en sorte que le Pyobeom se change un peu les idées, à présent. Pour cela, tu as d'ailleurs mis au point un petit programme. Rien de bien extraordinaire en somme, mais quand tu l'annonces au jeune homme, celui-ci semble plutôt enthousiaste, en particulier pour la glace. « Ce sera notre récompense après cette dure journée de labeur ! » De quel labeur parles-tu, au juste ? Tu n'as rien foutu... « Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas mangé une bonne glace à la pistache. J'ai hâte ! » En attendant, c'est toute sourire que tu t'empares du bras de ton ami, t'apprêtant à l’entraîner à ta suite. Cependant, tu te stoppes net dans ton élan et une expression exagérément surprise prend possession de ton visage aux paroles du rose, tandis que tu hoches négativement de la tête. « Je ne vois absolument pas de quoi tu parles... T'as dû mal regarder... » Et pour appuyer tes dires, tu finis par ajouter d'une voix innocente, en tirant légèrement sur ton tee shirt : « Regarde ce tee-shirt ! Je l'ai déjà mis, il y a trois semaines... » Laissant ensuite échapper un rire, tu resserres doucement ta prise sur son bras et vous vous mettez finalement en route. Il ne vous faut alors que quelques minutes de marche pour atteindre les petites rues marchandes du coin. « Tu veux qu'on commence à regarder pour ton matériel à dessin ? » finis-tu par demander. Toutefois, tu juges bon de reprendre la parole pour ajouter : « Parce que je préfère te prévenir, je suis du genre grave indécise alors je risque de mettre 3 plombes pour me décider... » Pourtant t'es loin d'être de ces addicts de la mode qui attachent énormément d'importance à la façon dont ils accordent leurs vêtements ou au fait de savoir s'il s'agit des dernières tendance. Pour autant, même si tu t'habilles avant tout pour être à l'aise, tu ne tiens pas non plus à ressembler à n'importe quoi. Qui plus est, t'es du genre à marcher au coup de coeur alors parfois tu peux mettre des heures à trouver un simple tee-shirt qui saurait te plaire...