Elle s’était évanouie en plein milieu de son interview. Elle l’avait sentie venir, depuis la veille pour être honnête. Depuis quelques jours elle se sentait épuisée, elle avait d’ailleurs dormi énormément les jours précédents l’interview. Kaeden lui avait demandé plusieurs fois si ça allait, mais chaque fois elle trouvait de quoi le rassurer, manquait les cours pour être certaine d’avoir la force nécessaire pour l’accompagner à ce moment important pour lui. Elle ne voulait rien manquer de sa carrière, il s’était battu pour la faire reconnaitre à ses côtés, ce n’était évidemment pas de tout repos, mais jamais la jeune femme ne voulait que quoique ce soit puisse venir gâcher ses efforts et sacrifices. En se battant ainsi pour elle Kaeden lui avait fait comprendre qu’elle était aussi importante que sa musique, même si les deux avaient des places différentes, alors la jeune femme voulait lui faire comprendre qu’elle se battrait avec lui. Qu’elle le soutiendrait dans chacun de ses projets et qu’elle serait toujours ce petit bout de femme au premier rang qui le dévorait du regard et qui lui souriait, confiante. Parce qu’elle avait tant confiance en lui. En son talent … dieu qu’elle était si fière de lui … si fière. Alors elle voulait l’accompagner, elle aurait dû se reposer, non elle aurait dû aller à l’hôpital, car rien n’était bon quand elle se mettait à saigner du nez ainsi et qu’elle tombait de fatigue. Elle avait blêmi, prit le temps de sortir du studio, comme si l’air frais de l’extérieure pouvait lui faire du bien, mais la chaleur avait été accablante. Son nez s’était mis à saigner avant que ses yeux se révulsent et qu’elle tombe lourdement au sol. Le cri qu’une amie à elle troubla le calme des alentours et déjà des gardes de la sécurité se précipitait vers elle. Rapidement l’agitation se fit et le manager ne cessait de répéter qu’il ne fallait en aucun cas arrêter l’interview malgré les avertissements d’une back danseuse qui connaissait parfaitement les consignes de Kaeden au sujet de Kelea. S’il se passait quoique ce soit il fallait le prévenir. Alors outre passant les ordres du manager la jeune femme se cacha pour envoyer un message à Aciel et le prévenir de ce qu’il se passait. Rapidement évacuée, Kelea se retrouva à l’hôpital où elle fut prise en charge. Son état n’était pas critique mais elle avait beaucoup trop forcé. Elle devait se reposer et surtout laisser une chance à son corps de lutter contre la maladie. Hospitalisée pour les deux prochaines semaines elle ne quitterait pas cette chambre et dormirait la plupart du temps entre deux dialyses. Elle vomirait probablement et ses joues se creuseraient plus encore. Quelle folie, mais Kelea était une femme têtue. Elle resterait sagement à l’hôpital, mais rien ne pourrait l’empêcher de vivre, elle l’avait juré. Un masque sur le visage pour l’aider à respirer sans effort, elle semblait endormie paisiblement dans son lit. Les médecins lui ont retiré sa perruque pour éviter toute contamination extérieure. Kelea détestait tant être sans, surtout devant Kaeden bien qu’il soit le seul à l’avoir vu ainsi. Elle se trouvait si hideuse sans son maquillage et sans ses coiffes. Mais endormie dans ce lit, elle n’avait d’autres choix. A la sortie de l’interview, Aciel arriva quelques minutes plus tard et fit signe à Kaeden d’approcher tout en lui expliquant qu’il avait annulé tous ses rendez-vous de la journée. Surtout la session photo shoot qu’il devait faire pour la prochaine pochette de son album qu’il planifierait une fois qu’il aurait eu des nouvelles de Kelea. Aciel ne blaguait pas avec leur relation et c’est pourquoi il s’était chargé personnellement de venir chercher Kaeden pour l’emmener jusqu’à Kelea en lui annonçant son malaise. Il n’en savait malheureusement pas plus et ce n’est qu’une fois à l’hôpital qu’il comprit que l’état de sa petite amie était désormais stable mais qu’elle avait manqué de peu la pire des folies … Les médecins lui donnèrent une blouse, et la panoplie entière pour pouvoir accéder à la chambre de Kelea sans risque. L’image qu’elle renvoyait ainsi frêle dans son lit d’hôpital ne flattait en rien la beauté naturelle qu’elle était d’ordinaire, mais n’importe qui aurait pu voir combien Kaeden s’en moquait. Que pouvait-il espérer de plus que de voir la femme qu’il aime en vie ? Elle respirait lentement, profondément endormie, le teint blême. Et pourtant malgré ce sommeil, la seule chose qu’elle voulait c’était la présence de son petit ami.

Le sens des priorités, un détail loin d’être insignifiant et sur lequel le jeune homme avait tâché d’être extrêmement clair que ce soit verbalement ou sous forme écrite. il y avait deux personnes qui passaient irrémédiablement avant sa carrière et dont le bien être lui importait plus que les événements promotionnels auxquels il se devait d’assister. il s’agissait là de l’une de ses conditions pour rejoindre l’agence de Aciel et il avait été catégorique à ce sujet. il n’avait guère l’intention de répéter les erreurs commises lors de son précédent contrat, ne comptait guère cacher son passé et encore moins son présent ni même faire de sa carrière professionnelle ou plus précisément de ses fans une priorité surpassant de par leur importance, le bien être de sa mère et celui de sa petite amie. kaeden était à prendre ou à laisser, il se contrefichait des scandales ou de toute personne se proclamant fan tout en lui reprochant de faire passer la santé de sa bien aimée avant le renflouage de ses poches. tout comme il n’écrivait pas pour satisfaire la société, kaeden n’agissait pas non plus d’une quelconque manière superficielle pour satisfaire son agent, son manager ou ses fans. sa réputation était ce qu’il y avait de plus fidèle à lui même et il espérait que de par sa transparence ses fans n’en apprécierait que plus ses textes et ses compositions.

Ce serait mentir de dire qu’il n’avait pas eu un mauvais pressentiment, c’était intuitif chez le jeune homme, il n’aurait su expliquer comment ni pourquoi mais quand bien même cela se révélait vague, il avait cette sensation depuis la veille au soir que cet interview ne devrait pas avoir lieu. il avait cette confiance aveugle en kelea, lui faisant confiance au point de croire naïvement qu’elle lui dirait sans aucune gêne lorsqu’elle ne se sentait pas bien. et il se savait idiot de penser ainsi, c’était dans la nature de la jeune femme de faire passer son bonheur à lui avant son bien être à elle. c’était son problème, il s’appuyait bien trop sur autrui et cela n’avait de cesse de lui revenir en pleine face. parcequ’il n’arrivait toujours pas à assimiler correctement c’est que son sens des priorités n’était pas le même que celui d’autrui. que mettre kelea en première place ne sous entendait guère qu’elle se retrouvait en première place de ses propres priorités à elle-même, et qu’elle n’était certainement pas la priorité de son manager dont le succès de kaeden importait bien plus que de savoir si la jeune femme était ou non en bonne santé.

Ce que personne ne semblait toutefois avoir compris c’est que le jour où il arriverait quelque chose à la jeune femme, la carrière toute entière du jeune homme en pâtirait. il n’y avait guère d’inspiration sans muse.

les poings nerveusement serrés, il sentait s’enfoncer ses ongles dans la paume de ses mains, seule manière qu’il avait trouvé de se maintenir maître de lui-même et de ne guère sauter à la gorge de son manager. il ne l’avait pas laissé le suivre, lui balançant un simple va te faire foutre alors que seul Aciel avait été autorisé à l’accompagner, non sans mal de la part de Kaeden. il savait son agent non responsable des actes de son manager mais n’était clairement pas en état de relativiser. « son état est-il stable ? » prononçait-il d’une voix nerveuse alors que son regard se posait sur le médecin en charge de la jeune femme, l’apparence bien trop méticuleuse et extravagante du jeune artiste dénotant avec l’atmosphère neutre et lugubre des lieux. « elle fait une rechute c’est ça ? à quoi son malaise est du ? vous êtes sur qu’il est raisonnable de la laisser avoir une activité professionnelle » il enchainait les questions sans ne permettre au médecin d’en placer une, sa main venant instinctivement caresser le dessus de celle de sa douce inconsciente mais d’après ce qu’il avait compris dans un état stable. « j’aimerais que vous interdisiez les visites, du moins le temps qu’elle reprenne conscience et soit en mesure de décider qui elle désire voir ou ne guère voir. » il aurait beau lui répéter un million de fois jamais kelea n’assimilerait l’idée qu’elle soit belle avec ou sans cheveux. à défaut de la forcer à assimiler ce fait, kaeden tenait à respecter les requêtes de sa conjointe consciente ou non, il savait à quel point ne pas porter de perruque la mettait mal à l’aise. « ça va aller mon amour je suis là. » murmurait-il délicatement de sa voix rauque, posant ses lèvres chaudes sur le dessus de sa main qu’il embrassait délicatement.