pluie battante, ciel orageux. il a pourtant les pieds dehors comme d'autres habitants de la ville. et s'abat sur sa personne la crise des cieux, l'eau qui coule encore et encore. et puis il y a des éclairs, des soupirs et le choc des enfants. le temps tourne, encore. maussade, peu accueillant. isas pourrait rentrer. n'importe qui le ferait, rien que pour éviter la pluie mais elle l'apaise. elle lave ce masque qu'il porte en permanence, cette façade parfaite ; si craquelée lorsqu'on l'observe d'un peu plus près. et il n'utilise pas d'artifice, il vit comme un simple mortel lorsqu'il s'aventure entre les passants ; dans la rue de la street food. il s'abrite sous un stand au hasard, ne s'intéressant pas particulièrement à ce que le vendeur proposait. il aimait de tout, à vrai dire. au moins dans cette situation. délice commandé, il s'étouffe sur sa première bouchée lorsqu'on le bouscule. isas, il sent aussi quelque chose qui coule sur lui. dans son dos, sur son pantalon et sur ses chaussures lorsqu'il se retourne prêt à exploser. « c'est une blague. » qu'il souffle, plus pour lui-même que la personne. ses yeux noirs s'offusquent en se posant sur le fauteur de trouble. « tu veux pas non plus m'offrir une nouvelle paire ? » qu'il dit, parlant de ses chaussures sur lesquelles l'huile ou la sauce ; peu importe - continuait à couler. même la pluie n'effacera pas ces traces dégoûtantes. atmosphère ruinée.

shasha et ses envies soudaines, shasha et son impulsivité. cette manie qu'elle avait de répondre automatiquement par le positif à la moindre de ses envies, et aujourd'hui en l'occurence c'est d'une bonne barquette de frites, ketchup et mayonnaise mélangés dont elle avait eu envie. il lui fallait parfois se gaver de cochonnerie pour trouver l'inspiration, peindre et s'envoler dans un autre monde, celui qui régnait dans son imagination. et pour ne pas faire les choses à moitié, il avait fallu que la jeune femme s'aventure dans les rues de séoul en talons, première paire de chaussures qui lui était passé sous la main, se contrefichant de devoir marcher de longues minutes sous la pluie pour atteindre ce stand qu'elle avait cru comprendre si réputé. et il n'était pas difficile de comprendre pourquoi lorsque l'on humait la douce odeur de friture. réglant sa consommation, barquette de frites et coca en main, elle se retournait pour laisser la place au prochain client, bien trop concentré sur ses frites pour ne faire attention aux pas qu'elle effectuait. il ne lui fallait d'ailleurs qu'une poignée de seconde pour se tordre la cheville, son talon se coinçant entre deux pierres alors qu'elle se voyait d'hors et déjà rejoindre le sol. chance ou pas, elle réussissait tout de même à échapper à la chute, retrouvant son équilibre avec tout de même quelques pertes, beaucoup de perte. " ouf un peu de plus et j'étais par terre. " prononçait-elle à elle même avant de n'observer les dégâts soit deux tiers de ses frites au sol et la moitié de son coca mélangé à celle-ci. au sol et sur les chaussures d'un jeune homme, sur lequel elle remontait son regard. " oh mon dieu, je suis désolé j'ai trébuché enfin je crois. " prononçait-elle légèrement dans un oops j'ai pas fait exprès qui n'aurait probablement su satisfaire personne.

Il courait entre deux rendez-vous. Encore. S'il continuait sur ce rythme là, il allait finir en burn-out avant même de commencer sa carrière professionnelle ! Mais ce projet là était important, il tenait à son cœur, à son âme, à ses qualités d'être humain et à son honneur. Cette association, il s'y était jeté corps, sueur et sang. Ce qu'il n'avait pas imaginé c'était toutes les fichus démarches qu'il devait effectuer pour légaliser son projet ! Pas très étonnant qu'on essaye de lui mettre des bâtons dans les roues, qu'on essaye de le ralentir, le décourager, mais s'il baissait les bras alors jamais ce pays n'évoluerait.

Courant donc entre deux rendez-vous, une odeur de friture le saisit au nez alors qu'il se perdait dans Hongdae. Son estomac grondant lui faisait remarquer qu'il n'avait pas été alimenté depuis le début de la journée et que s'il continuait à maltraiter son corps, il n'irait pas plus loin. Il pouvait peut-être s'autoriser de manger sur le pouce, non ?

A peine sa précieuse nourriture dans les mains, une sensation désagréable sur son pantalon le fit réagir. Il regarda avec étonnement la tâche qui s'y était formé. Mais du moins était-il plus chanceux que les chaussures de ce gars... Elles devaient coûter cher pour qu'il crie autant. Son regard se tourna vers l'assaillante, une pauvre jeune femme qui avait trébuché, gâché son repas et la journée de quelqu'un et qui n'avait pas l'air de bien comprendre ce qui lui arrivait. Jae Hyuk n'aima pas le ton avec lequel la "victime" s'adressa à elle, ni son regard. Pour qui se prenait-il ? Il décida d'intervenir.

"Vous allez bien madame ? Rien de cassé ?" s'adressa-t-il à elle en s'avançant, plaçant stratégiquement son corps entre l'inconnue et l'énergumène.