isas déambule dans les rues seoulites. capitale qui grouille, de vermines comme de soleils ambulants. il n'y pose pourtant pas les yeux. concentré sur ses pas, sur les enseignes lumineuses et celle du pc bang qui se profile. rien de magique dans ces lieux, seulement l'odeur de sodas et des chips. les bruits du clavier, les cris et soupirs. plaisir coupable. il a menti à son frère pour s'offrir un petit plaisir, oubliant les prestigieuses études de droit. isas, il avait besoin de s'enfuir un peu. d'oublier la maison et les affaires sanglantes de la famille. aussi, il avait besoin de ne plus être hanté par le visage de neo. une soirée sans aucune pensée, des plus horribles aux plus belles. mention d'anciens amis et il disparaissait, passait le pas de la porte. pc bang retrouvé et il se pose. hésitation quant au choix de personnage. des ramen qui sont commandés presque immédiatement, accompagnés d'un soda ; pas d'alcool pour le moment. et il est concentré sur l'écran lorsqu'il sent un regard insistant. et il ne sait pas si c'est bon ou mauvais signe ; si c'est lié à la famille moon ou bien une pure coïncidence. questions qui se posent et c'est avec un ton neutre qu'il parle à l'inconnu. « j'ai fait quelque chose ? » envie de demander pourquoi il le fixait mais il s'en retient. tragédie que d'être dérangé à chaque seconde, même pendant ces instants de liberté. isas qui s'intéresse finalement à ce qui l'entoure, malgré lui.

Pour une personne qui avait tout ce qu’il lui fallait dans son appartement au niveau équipement, Liên passait beaucoup de temps dans ces PC bang. Seulement, elle commençait à y apprécier l’ambiance générale qui, parfois était calme avec tous les utilisateurs qui ne levaient jamais les yeux de leurs écrans, et parfois enjouée lorsqu’un groupe se rassemblait autour d’une machine, suivant de près les records ou autres mystères de l’internet. De plus, ça lui permettait de voir du monde, d’autres types de personnes que les visiteurs et acheteurs qui fréquentaient généralement sa galerie d’arts. Clichés des coréens qui pouvaient se permettre de loger dans les quartiers les plus chics que la capitale, la vietnamienne se lassait facilement de ce côté supérieur qu’ils renvoyaient bien trop souvent. Et pourtant, elle a été habituée au luxe depuis sa majorité. Un luxe qui ne lui appartenait pas, mais dont elle avait bénéficié tout de même.
Légèrement affalée sur le fauteuil confortable pour ceux qui passaient des jours et des jours assis dessus, Liên avait ses jambes remontée devant son buste alors qu’elle cherchait un jeu qui lui serait intéressant pendant quelques heures. Sur un autre onglet, elle regardait les nouvelles sortis et les nouvelles informations de la part des développeurs pour des futurs achats. Se perdant toujours un peu plus sur l’internet à cause de l’ennui, la jeune femme s’arrêta pour lever les yeux. Elle se redressa un peu, gardant tout de même ses jambes recroquevillées et les pieds sur le fauteuil, pendant que son regard se fixa sur le garçon face à elle. Il semblait bien tranquille devant son écran et pourtant il était dérangé par l’insistance du regard de la femme. Il fallait dire qu’elle observait surtout l’ombre au dessus de l’épaule de l’inconnu mais toute son attention revint sur ce dernier quand il lui parla. Elle sursauta « Tu sais qu’il y a quelque chose accroché à ton épaule ? » Malgré toutes les fois où elle avait été qualifiée de folle car elle disait voir des êtres surnaturels, elle continuait pourtant d’en parler à des inconnus.

il alterne entre le clavier et les baguettes. isas, à moitié concentré au début. personnage choisi rapidement, les images qui s'enchaînent sur l'écran. accueil du jour, d'autres fonctionnalités à choisir avant que le jeu ne se lance finalement. et isas, il commence à se mettre dedans. il ne prétend pas être extra mais ce n'est pas comme s'il avait des scores à battre. ramens qui disparaissent, peu à peu. il prend plaisir à allier les deux, à être loin du quotidien et du clan. il a besoin de temps pour lui, seul. il sent pourtant ce regard, qui se fait insister. question qu'il pose, sans trop savoir à quoi s'attendre. pas envie de se disputer avec l'inconnue mais juste la curiosité. peut-être que sa façon de jouer la dérange. après quelques longues secondes, il entend sa voix qui retentit. question qui le prend de court, isas qui ne comprend. sourcil arqué, ses yeux qui se posent sur elle. « mes vêtements ? » demande t-il, ne comprenant pas la réflexion.

regard qui dévie sur ses propres épaules, vérifie qu'il n'y a rien. néant constaté, isas dont la voix s'élève à nouveau. « tu vas bien ? » demandé sans méchanceté aucune, le ton neutre et les yeux qui dérivent sur elle ; isas, curieux.

Ce fut d’abord un silence de quelques secondes, loin d’être gênant, le temps que Liên comprenne ce que le garçon inconnu venait de lui répondre. Puis, elle éclata dans un rire bien trop fort. Loin des bonnes manières des dames, elle laissa sa tête tomber en arrière contre la surface moelleuse du fauteuil et la bouche grande ouverte. Elle, qui toujours positive, appréciait beaucoup rire, elle était servie. Et, si ce n’était pas une réponse destinée pour la blague, tant pis. Elle pouvait encore choisir comment prendre la réponse. « J’espère bien qu’il y a tes vêtements. » Répondit-elle dans un accent à couper au couteau. Alors qu’elle se redressait légèrement pour ne pas glisser jusqu’en dessus de la table.
Bien évidemment, il n’allait rien remarquer d’anormal, tout comme Liên se risquait de passer pour une folle une nouvelle fois. Mais il s’agissait de Liên, il s’agissait de sa positivité et si elle était incomprise de nouveau, elle l’acceptait. « Moi ça va, et toi ? » L’idée que le jeune homme voulait qu’on le laisse tranquille afin qu’il puisse tranquillement jouer, comme ça devait être la raison de sa présence dans ce lieu, n’effleura même pas la vietnamienne. Au contraire, elle continuait de l’observer, se délectant du fait qu’elle n’avait plus à chercher après un jeu pour faire passer son temps. « Je voulais dire, sur ton épaule, sur tes vêtements, il y a une ombre. » Finit-elle avec un peu plus de sérieux dans la voix malgré son sourire qui ne la quittait pas.