Affalé sur le comptoir, il se passe une main sur le visage, tente désespérément de reprendre ses esprits. Le téléphone entre ses doigts, il tapote le numéro, grimace en se trompant et recommence. Sous le regard dépité de l’agent qui soupire, se moque légèrement de lui. Des types dans son genre il en voit tous les jours. Des jeunes qui se mettent dans des états pas possibles, tout comme Junho ce soir. Finalement vainqueur de sa bataille contre le téléphone, il attend que ça sonne, se redresse brusquement en entendant sa sœur à l’autre bout « Hey Sunan ! » il rit tout seul, tourne le dos aux agents « Je devais t’appeler ils m’ont dit… un truc dans le genre, je sais plus trop. » il fronce les sourcils, se creuse la tête pour se rappeler ce qu’il devait dire. Mais l’alcool et la drogue font encore trop d’effet sur son cerveau embué. Il n’est plus sûr de rien, juste d’avoir mal à la mâchoire avec les coups qu’il s’est pris. Une bagarre qui avait éclatée à laquelle il avait participé. Puis les substances qu’il avait avalé… il était censé lui raconter l’histoire, mais il reste muet, rigole juste au bout du fil. Alors un agent impatient lui prend le téléphone des mains « Mademoiselle Bang ? C’est l’agent Gong. Je vous appelle du commissariat. Votre… frère, a été arrêté pour une bagarre dans un bar et possession de drogue. Vu son état… nous préférions que vous veniez le récupérer. » Pour ne pas encombrer l’endroit. Ce n’est pas drôle mais Junho rigole encore. « Oooh, elle va m’engueuler. » et il se marre, se décoiffe encore sans savoir quoi faire de son grand corps endolori. L’agent lève les yeux au ciel, explique rapidement la situation avant de raccrocher et attraper Junho par le bras. Le garçon grimace, il le force à s’assoir sur un banc, lui donne quelques consignes qu’il n’écoute pas vraiment. Son cas n’est pas si grave, il n’avait qu’une pilule sur lui, heureusement. Mais le coréen s’en fiche un peu, rigole encore de cet air un peu fou en attendant qu’on vienne le chercher.

oh you're in trouble

Baekgu me fait sursauter en aboyant alors que j’étais complètement absorbée par ce que je lisais sur mon téléphone ; je le regarde en fronçant les sourcils et je tourne la tête avant de me pencher pour lui faire une caresse. Je lâche un soupir et je décide de me relever, reprendre le chemin pour rentrer à la maison. Enfin, c’était l’idée, jusqu’à ce que Junho m’appelle. Je lève un sourcil et je décroche, m’attendant certainement à l’entendre se plaindre parce qu’on ne s’est pas vus aujourd’hui. Mais celle-là, je m’y attendais pas vraiment. « Quoi, qui ‘ils’ ? Junho ? » Je continue ma route et je lâche un soupir quand je l’entends rire au bout du fil. Non, celle-là, elle sentait clairement pas bon. Soudainement, ce n’est plus sa voix, mais une autre, plus grave, qui se fait entendre. Je reste complètement muette l’espace d’un instant, regardant même l’écran de mon téléphone l’espace d’un instant voir si ce n’était pas un canular. Mais non ; c’était bel et bien le sien. « C’est une blague ? Mon frère n’est certainement pas un drogué, monsieur l’agent ! Bon—pour la bagarre ça arrive, mais la drogue certainement pas ! »

Il m’explique la situation, et je prends machinalement le chemin vers le commissariat que l’agent m’indique. J’essaye de lui faire comprendre que non, Junho n’est certainement pas un drogué à cause de son passé, mais il n’a pas l’air de comprendre. Ou alors c’est peut-être bien qu’il a raison. Il finit par raccrocher et j’accélère le pas pour aller là-bas. Je regarde le chemin le plus court, et j’essaye de faire le plus vite possible pour récupérer cette tête brûlée de petit frère, le ramener à la maison pour qu’on ait une bonne discussion tous les deux.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, j’arrive finalement à l’intérieur du commissariat, réduisant le champ de marche de Baekgu pour qu’il soit juste à côté de moi. Pourtant, au loin, il voit Junho et ne peut s’empêcher de tirer sur sa laisse. Je dis à l’accueil que je dois voir l’agent Gong pour récupérer mon petit frère. En attendant, on m’emmène auprès de lui. « Non mais Junho, je rêve ? Tu me fais quoi, là ? C’est pas parce que c’est les vacances que tu dois te relâcher ! » Au final, Baekgu gagne et se niche près de lui, venant lui réclamer des caresses, la langue sortie. « Je te jure que s’il a raison, ça va mal aller pour toi. » Aucune compassion, parce que rien que voir son état physique ne présageait rien de bon.

Il était encore perdu, ailleurs, le sourire aux lèvres quand il aperçut sa sœur… son cœur à lui ratait un battement, alors qu’il la trouvait toujours aussi belle. De ses yeux fous, de son esprit perverti, il se mordillait la lèvre en la voyant s’approcher. Instinctivement il baissait les yeux sur son chien, lui caressait la tête alors que sa sœur l’engueulait déjà. Sa voix avait l’effet d’une bombe qui résonnait dans ses oreilles sifflantes. Avait-elle toujours été aussi bruyante ? Il fronce les sourcils, grimace même en la regardant avant de se mettre à rire. « Salut ! Moi aussi je suis content de te voir. » et sur ces mots, il laissait son regard toiser sa sœur. Bien qu’il gardait son air ahuri, elle n’avait pas la moindre idée des pensées malsaines qui pouvaient habiter le garçon en cet instant. Se redressant, chancelant il se passait une main sur le visage « Raison de quoi ? » qu’est-ce qu’elle lui racontait là ? Lui n’y comprenait rien. D’ailleurs l’agent les interrompait « Mademoiselle Bang, pouvez-vous remplir ces papiers s’il vous plait ? » il jetait un regard à Junho qui arqua un sourcil contrarié. Sans trop tarder pourtant, il se releva à son tour, suivit sa sœur jusqu’au comptoir où il s’appuya comme un pauvre type bourré et défoncé. Il n’y a pas de doute sur son état, à voir ses pupilles dilatées et son air si évasif. Et tandis qu’il observait l’agent, il passa son bras autour de Sunan « Elle est pas trop belle ? » il lui pinça la joue, tandis que l’agent relevait les yeux vers la jeune femme « Il est assez… éméché. Ça va aller pour vous ? » Il faut dire qu’elle n’était pas bien grande face à lui. Mais ce détail le faisait rire alors qu’il se redressait déjà. Balayant d’un geste les propos de l’agent « Je crève de chaud ! Je sors. » À croire qu’il était le seul à prendre les décisions ici. Et il n’attendit pas la permission avant de sortir à l’extérieur. Prendre une grande bouffée d’air frais qui le faisait encore ricaner. Secouant son haut recouvert de tâche de sang, il se tourna pour apercevoir sa sœur qui avait l’air étrangement contrariée. D’après lui il n’avait rien fait qui méritait une telle expression. Lui avait une tête à faire peur, un bleu énorme sur le visage. Lèvre fendue, il écarta les bras « Tu fais pas un câlin à ton petit frère adoré ? » à croire que tout devait rester normal. Puis se mordillant l’intérieur de la joue, il s’approcha d’elle. Joueur il se mit à lancer « ça va mal aller pour moi hein ? Tu vas faire quoi ? » … si elle savait ce que lui rêvait de lui faire.