“ suwon & yanjun : mon 274e message.” +

« Tu préfères les bleues ou les rouges ? » Il hésitait depuis bien trop longtemps, les yeux rivés sur les tasses qui se trouvaient sur l'étagère. Une hésitation lamentable, qu'il ne pouvait éviter. Et si Yanjun ne les aimait pas, ces tasses ? Elles auraient été du plus bel effet dans l'armoire de la cuisine de leur appartement... En fait, il les imaginait très bien sur la table du petit déjeuner, quand ils prenaient un café et qu'il s'égarait dans ses pensées niaises et amoureuses. « Je crois qu'ils ont même les assiettes assorties. » Mais comment en étaient-ils arrivés là, à parler de vaisselle comme un couple établi depuis des années ? Des colocataires de longue date, pour donner au tout l'air moins dramatique. Suwon dut résister à l'envie d'aller se pendre au bras de Yanjun, pris par le doute alors qu'il reposait les yeux sur lui. Mon coeur? disait son regard. Des mots qu'il ne pouvait prononcer en ces lieux, au risque d'attirer trop l'attention sur un couple aux balbutiements déjà bien bruyants.
Jamais il ne s'en serait plaint.

Suwon fit le tour d'un ilot, réfléchissant encore alors que ses yeux se posaient sur divers ustensiles dont il n'avait pas l'usage. Pour la première fois depuis longtemps, il n'éprouvait pas l'envie d'acheter l'un d'entre eux, sachant qu'il n'en avait pas besoin. De quoi avait-il besoin, exactement ? De Yanjun, de sa présence à ses côtés, de son amour. Rien de plus, en vérité. Le monde aurait pu s'arrêter de tourner que cela ne l'aurait pas dérangé. « T'aime bien le lit qu'on a là? » demanda-t-il finalement, réfléchissant encore. Ils avaient commencé la visite par la partie réservée aux accessoires, mais tout compte fait, repasser du côté des meubles n'aurait pas été un luxe. Cet endroit méritait toutes les améliorations du monde, surtout s'ils devaient s'y établir de façon un peu plus permanente, au bout d'un moment.

 

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« les deux ? » c'était peut-être ridicule de perdre autant de temps sur le choix d'une simple couleur. un détail sur lequel nombre de personnes ne se serait peut-être pas attardé mais qui, pour yanjun, avait son importance. oui, il avait pleinement conscience que ce débat ne changerait rien quant à leur avenir, mais l'envie de rendre leur futur parfait reposait aussi en ces petits détails. c'était leurs premières tasses achetées ensemble après tout. et si yanjun était loin d'être matérialiste, tout prenait un autre sens quand ça concernait suwon. s'imaginer prendre leur petit-déjeuner ensemble sur leur terrasse le rendait extatique. cette routine, le garçon en avait déjà pris goût, la réclamait quotidiennement et ne pensait plus pouvoir être capable de s'en séparer. pourtant, il le savait, c'était une fin qu'ils allaient devoir envisager jusqu'à la prochaine fois. une prochaine fois, dont la date était encore incertaine mais que l'étudiant réclamait d'ores et déjà. « désolé, je n'aide pas beaucoup. mais je les imagine toutes les deux dans notre vaisselier, donc... » sa solution était toute simple, mais était-ce pour autant raisonnable de les acheter toutes les deux ? « on doit prendre aussi les assiettes, alors » son regard se portait déjà ailleurs, dans une vaine tentative de sa part de ne pas offrir son attention à suwon. car il savait qu'un seul regard était suffisant pour que son envie de le prendre dans ses bras n'en soit décuplée.

ses doigts saisirent un des verres en question, le regardant sous tous les angles avant de le reposer et glisser ses mains au fond de ses poches. « tu veux pas qu'on prenne des mason jars ? » questionna-t-il tout en posant son regard là où il s'attendait à voir suwon. hélas, c'était une silhouette inconnue qui eut pris sa place à ses côtés, faisant s'affoler son palpitant alors qu'il balaya l'endroit du regard jusqu'à, finalement, le retrouver quelques allées plus loin. soulagé, et un peu penaud, il se glissa à ses côtés et saisit discrètement sa main, son pouce caressant le dos de celle-ci. « j'ai cru t'avoir perdu » c'est une moue quelque peu boudeuse qu'il offrit à son petit-ami, refusant de lâcher la main de ce dernier malgré les regards que cela pourrait attirer. « on peut envisager de le changer. j'aime l'idée d'avoir un appartement à notre image » même si ça sous-entendait devoir le remodeler entièrement. « j'aimerai bien emménager notre terrasse aussi » changer peut-être la table, faire un coin cocooning à côté.. l'idée d'installer un hamac ou une balancelle avait chatouillé son esprit depuis quelques jours déjà, après avoir vu quelques photos sur les réseaux sociaux.


 

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Oui, c’était un choix difficile. Les bleues ou les rouges ? Il fallait qu’ils se décident, mais Yanjun semblait aussi peu apte à prendre cette décision que Suwon ne l’était lui-même. Son regard posé sur les tasses qui se trouvaient sous ses yeux, il poussa légèrement ses lèvres en avant, essayant de se décider. C’est que les bleues avaient l’air plus douces… Les rouges, plus vives… Il ne savait pas lesquelles auraient été les mieux, dans leur armoire. Côte à côte. À croire que Suwon avait perdu tout sens des réalités, quand il avait décidé d’acheter cet appartement sur un coup de tête. Un privilège de riche, à n’en point douter. [/color] » On peut prendre les deux… » Ce n’est pas comme s’ils manquaient de place, en vérité. Ils avaient des armoires à remplir, avec tout et n’importe quoi, même si Suwon s’était promis de ne pas trop craquer, quand quelque chose lui tapait dans l’œil. Par chance, Yanjun était celui qui le faisait le plus souvent.  « Les rouges, les bleues, et les assiettes assorties. » Et son petit monde intérieur serait pleinement satisfait de ne pas avoir dû faire un choix aussi compliqué, parce qu’il aurait à tous les coups dû revenir pour acheter le deuxième set, jugeant que le premier ne suffisait pas.

Il s’était égaré sans le réaliser, un peu plus loin que l’endroit où se trouvait Yanjun. Perdu dans ses pensées alors qu’il observait l’étiquette d’une lampe sur pied qu’il trouvait assez belle. Il releva la tête en sentant la main de Yanjun saisir la sienne. « Pardon, j’étais absorbé… » Malgré lui, son regard était passé autour d’eux. Ils étaient dans un magasin, en public… Certaines situations avaient le don de le mettre mal à l’aise. Néanmoins, il n’avait pas trouvé le cœur d’arracher sa main à celle de Yanjun, qu’il serra doucement dans la sienne. « On peut regarder ça alors… » Puis, il réfléchit encore un peu. « T’aurais des idées pour la terrasse ? » Après tout, ils pouvaient faire quelques folies, maintenant que cet endroit leur appartenait. « T’aimes bien cette lampe ? Je trouve qu’il fait un peu sombre au salon quand le soleil est couché… Ça nous éviterait d’allumer toutes les lumières… » Parce que parfois, Suwon réfléchissait aussi de façon rationnelle, aussi incroyable que ça puisse paraître… « Tu veux pas un simulateur d’aube pour la chambre ? Je sais pas si y a moyen de faire installer ça, mais ça pourrait être cool aussi… » Et dire qu’il n’avait pas encore parlé de cet achat à ses parents… Il aurait clairement dû, mais il préférait ne pas y penser. Ce moment, il le redoutait plus que tout au monde.

 

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lui qui se faisait une joie de venir ici, lui qui avait été tant impatient à l'idée de décorer à leur façon leur appartement nouvellement acquis, voilà qu'il se trouvait, avec suwon, face à un choix cornélien. et aussi insensé puisse être ce débat, yanjun ne pouvait s'empêcher de voir au-delà d'un simple bien matériel. c'était une nouvelle vie qu'ils s'apprêtaient à commencer à deux, un appartement n'en étant qu'un symbole architectural. une vie, à deux, qu'ils allaient devoir bâtir ensemble. et les mauvaises décisions, yanjun ne voulait pas en entendre parler. c'était peut-être encore trop tôt, finalement, pour estimer que ses idées étaient bien établies, mais au fond de lui, il en était certain ; suwon était sa personne. la sienne. et le seul argument qu'il put trouver était ce bien-être encore jamais ressenti avant que cet ange n'apparaisse dans sa vie. il était heureux. il était amoureux, et pour la première fois, il avait le sentiment d'exister au travers d'un regard. ce regard qui était bien plus important que n'importe qui ou quoi sur cette terre. car c'était suwon.

son suwon.

ce même suwon qu'il perdit bien rapidement de vue, pour son plus grand désarroi, dès lors où il comprit qu'il était en train de parler depuis certainement quelques minutes maintenant avec un parfait inconnu. le palpitant avait marqué son inquiétude en battant si fort contre sa cage d'ivoire. par chance, il fallut à yanjun quelques minutes avant que son petit-ami n'apparaisse enfin sous ses yeux, extirpant un profond soupir de soulagement alors qu'il s'avançait de nouveau vers lui tout en se faisant le serment de ne plus le quitter des yeux. « hm... la prochaine fois je te menotte à moi »  une option bien plus aisée mais pas très efficace sur le plan de la discrétion. c'était la solution parfaite pour attirer l'attention sur eux, sur leur relation. et dans un pays qui se voulait peu enclin à accepter et humaniser leurs sentiments, il était plus intelligent de faire profil bas, le temps qu'il faudrait. c'était donc dans un second soupir que yanjun accepta de rendre sa liberté à suwon, en détachant sa main de cette étreinte qu'il força un peu plus tôt. « j'veux un salon de jardin avec des balancelles, des guirlandes lumineuses.. ce genre de trucs ! » son sourire s'étira petit à petit sur ses croissants de chair, tout en listant ses idées. « t'avais quelque chose de particulier en tête pour la terrasse, sinon ? » même s'il était plutôt satisfait avec ce qui se dessinait dans sa tête, il ne pouvait pas se défaire de l'idée d'une possible divergence d'opinion à ce sujet. d'ailleurs, yanjun s'attela à laisser s'égarer son imagination tout en glissant son regard sur les diverses étagères avant que suwon ne lui montre une certaine lampe. il laissa donc tomber ce qu'il était en train de faire pour préférer s'intéresser à ce que l'étudiant lui proposait, sa tête d'ores et déjà penchée sur le côté. « elle est pas mal. on la prend ? ça serait bien d'en prendre plusieurs, même. ça donnera un côté plus chaleureux à l'appartement » car il était vrai que ce dernier manquait atrocement de luminosité lorsque le soleil se couchait. un petit défaut qui, pourtant, ne lui ôtait en rien son charme. « un simulateur d'aube ? je sais pas s'ils en ont ici, mais on peut regarder. ça me dérange pas » il ne savait pas trop en quoi ça consistait, mais si c'était ce que suwon voulait, alors yanjun veillera à ce qu'il puisse en avoir un. « dis.... tu penses quoi d'avoir un chien ? ou un chat ? ou n'importe en fait. j'ai vu un coin animalier par là-bas (...) » annonça-t-il tout en montrant la direction avec son index. « (...) et ça m'a donné envie d'en adopter un. bon pas pour maintenant mais... j'me dis.. peut-être qu'une fois qu'on sera enfin installés et qu'on en aura fini avec les études » le sourire était timide sur ses lèvres tant il avait peur de trop se projeter dans l'avenir. c'était d'ailleurs sur cette même attitude que yanjun détacha son attention de suwon pour contempler ce qui se trouvait derrière eux. « oh. il est cool ce canapé » tout en parlant, yanjun s'avança vers ledit meuble puis s'y assit, ses lèvres dévoilant la ligne de ses diamants avant qu'il ne tapote, à l'aide de sa main, la place encore libre à ses côtés. « il est super confortable en plus ! »


 

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Yanjun. Yanjun… Suwon aurait pu lui écrire des odes entières, si cela signifiait qu’ils allaient être heureux pour toujours. Chaque jour, il lisait ce prénom dans le moindre détail de sa vie. Il superposait des couches de sucre et de rêverie, à imaginer l’univers dans lequel ils existaient et qui n’appartenait qu’à eux, loin de la douleur et de la peine que son quotidien pouvait lui apporter. Parce que même si Suwon était un être solaire, toujours prêt à sourire ou à décocher quelque bon mot pour amuser son entourage, il n’était rien de plus qu’une étoile mourante. Une future supernova qui craignait de voir sa lueur s’estomper du jour au lendemain, et son éclat disparaître aux yeux de son entourage. Car n’était-ce pas l’oubli, la véritable mort ? Il craignait de devenir l’une de ces images fantômes que trop de monde oubliait en pensant s’en souvenir. Une image incertaine, rendue floue par le temps et les racontars. Un véritable cauchemar à ses yeux.

Mais Yanjun. Yanjun, lui, était éternel.

Il était éternel comme les neiges du sommet du monde à l’aube de cette époque. Il était éternel comme une idée qu’on ne pouvait tuer. Oh, Suwon était bien subjectif, mais s’en moquait éperdument, abandonné à ses idées et à ses rêves comme il l’était alors que Yanjun lui faisait oublier jusqu’au poids que le regard des autres avait sur ses épaules. Il lui permettait d’être là, dans cette boutique, à ne songer qu’à moitié à tout ce qui pouvait l’effrayer. Il oubliait les avis contraires, les préjugés du monde et de la société, n’observant la réalité qu’au travers d’un prisme d’amour et de bien-être qui lui aurait fait l’effet des lunettes vertes de habitants de la cité d’émeraude. « Je ne dirais pas non, tu devrais me connaître. » avait-il même répondu en un sourire amusé, alors que Yanjun lui suggérait ce conseil mal avisé. Il ne voulait pas se retrouver menotté à lui. N’était-ce pas évident ? Les choses auraient pris une tournure bien moins innocente. « Oh, bonne idée. T’as vu des guirlandes quelque part ? » Il réfléchit un instant à la question qui arriva plus tard, plissant les yeux alors qu’il regardait autour d’eux. « Hm… Peut-être un hamac ? Ça serait cool, non ? » Et d’ajouter ensuite. « Ou des poufs ! C’est confort et on peut en entasser plein. Puis c’est pas très difficile à déplacer. » Quel esprit pratique il avait.

Mais les idées s’amoncelaient comme autant de boules de neige sur un champ de bataille. Tellement d’idées que Suwon avait quelques difficultés à faire un tri efficace, alors qu’il observait tous ces articles mis en vente. C’était assez ironique, pour une personne dont le futur métier serait de vendre et de susciter le besoin d’autrui. « Okay ! » Et très loin de se faire prier, Suwon avait posé les yeux sur le mobilier qui les entourait. « Je sais pas non plus, j’y pensais juste comme ça… » Visiblement, il n’était pas le seul, car alors qu’il récupérait quelques-unes de ces lampes, la question de Yanjun attira son attention. « Oh, pourquoi pas ? On peut toujours aller voir… » Il réfléchit encore un peu, souriant à ce qu’il disait. « Oh tu sais, au pire on a la ferme chez les Cheong. On peut toujours l’emmener avec nous quand on rentre ? » Puis, encore une fois, de reprendre avec intérêt alors qu’il se laissait tomber à côté de Yanjun sur le canapé qu’il était en train d’essayer. « Tu préfèrerais un chat ou un chien ? » Il s’appuya un peu plus sur le meuble avant de rire doucement. « C’est vrai qu’il est cool ce canapé… » Mais alors que son regard murmurait qu’il était peut-être bon de se montrer raisonnable, sa voix, elle, était déjà ailleurs. « On le prend ? »

 

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suwon était ce sentiment que yanjun ressentirait toujours de façon excessive. un amour sans limite, sans faille. un amour imperturbable, intensifiant les couleurs dans son cœur. oh, qu'il pouvait être niais par moment, à l'observer et ne guère pouvoir se retenir d'en dessiner les contours, comme une gravure qu'il se promettait de ne jamais oublier. peut-être par peur qu'un jour, le temps ne l'efface à lui. l'incertitude était sa plus grande peine, et celle qu'il partageait avec suwon n'était pas vraiment rassurante. mais au fond, l'étudiant aimait croire qu'entre eux, c'était éternel. un présent qui n'aurait pas de fin, comme la pluie supposée apaiser le sahara.

et peut-être qu'ils étaient idiots, à se jeter ainsi vers l'inconnu sans en mesurer les conséquences. peut-être étaient-ils insouciants, à se laisser porter par l'envie d'être heureux ensemble. peut-être, oui... tant de peut-être qui, finalement, auraient pu les retenir d'être, aujourd'hui, et d'avancer sur cette route qu'ils traçaient à deux. car il n'y avait pas plus belle inconscience, que cette indifférence portée au monde. yanjun était fou, oui. mais fou d'un amour qui le consumait un peu plus chaque jour. fou de cette exception prenant forme à ses côtés. celui qui bouleversa ses fondations. il crut haïr ce prisme d'émotion, finalement, yanjun refuser de percevoir le monde autrement qu'au travers de ce que suwon lui révèle au quotidien. il n'avait plus peur du plongeon, à présent. « non pas encore, mais on finira bien par tomber dessus à un moment ou à un autre ! » ils avaient tout leur temps, après tout. et si ce n'était pas pour maintenant, alors un autre jour serait certainement plus favorable à cette trouvaille. « sinon on prend les deux ? » les poufs comme les hamacs le séduisaient bien, il n'allait pas le cacher. il aimait l'idée de soirées à deux, allongés dans un hamac dans les bras l'un de l'autre. il aimait imaginer ces instants, à admirer le coucher du soleil, ou les astres lumineux tapissant le céleste. de la même façon qu'il rêvait de ces moments paisibles, au cours d'une soirée réunissant leur entourage sur leur terrasse. tant de scénarios que yanjun n'avait qu'une hâte ; celle de les voir prendre vie. « je sais pas pour toi, mais pour moi autant le hamac que les poufs nous seront utiles à un moment ou à un autre » n'était-ce pas insensé, cette façon qu'ils avaient de s'influencer l'un comme l'autre ? le débat s'était rarement imposé entre eux, et yanjun aimait croire qu'ils avaient simplement la même vision de leur avenir. leur, oui. car c'était ensemble qu'ils l'écrivaient. un avenir encombré, certainement. un avenir chaotique. mais c'était le leur, avant tout. « tu sais quoi ? si on en trouve un, on le prend. pareil pour la lampe dont tu m'avais parlé la dernière fois. ça pourrait être sympa » un simulateur d'aube, une veilleuse projetant un système galactique... leur paradis prenait petit à petit des couleurs qui plaisaient plutôt bien à l'étudiant en médecine. c'était autant d'idées qui continuèrent de se projeter dans sa tête, alors qu'il écoutait suwon parler, assis à ses côtés sur ce canapé que yanjun se voyait déjà acheter. mais la question n'en était pas encore là. c'était un autre pas qu'ils s'apprêtaient à franchir. ou plutôt, un nouveau caprice face auquel ni l'un ni l'autre n'étaient prêt à protester. « hmm.. je sais pas... j'aime bien les deux.. tu préfères quoi, toi ? choisis et on adopte » à ce stade, où se trouvaient leurs limites ? en avaient-ils seulement ? « vendu ! » ni une ni deux, yanjun laissa une de ses mains tomber sur le canapé comme pour sceller cet accord, à l'image d'un juge et son marteau. « on est plutôt bien là, non ? plus qu'à trouver un coin pour notre animal et c'est bon.... je crois ? »


 

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“ suwon & yanjun : mon 274e message.” +

L'esprit de Suwon pullulait d'idées en tous genre pour leur appartement récemment acquis. Un caprice qu'il ne regrettait pas, et qu'il espérait ne jamais regretter. Il aimait Yanjun du plus profond de son coeur, et si les choses avaient dû tourner au vinaigre entre eux, il n'aurait certainement pas été prêt à l'accepter. Il avait trop souvent dû gérer des disparitions soudaines et des rejets. Pourtant, son coeur allait plus vite que sa tête, quand il s'agissait d'aimer. Son coeur prenait des décisions alors qu'il aurait dû se montrer raisonnable, sous le seul prétexte qu'il était incontrôlable. Parce que oui, très vite, Suwon était tombé sous le charme de son colocataire, encore plus vite à son contact, et il n'était de toute évidence pas prêt à s'en relever.

« Oui, sûrement. » Ce magasin était plein de nouveautés en tous genres, après tout. Il y avait toujours des choses à découvrir, des couleurs, des décorations auxquelles ils n'auraient pas nécessairement pensé... Suwon regrettait presque de ne pas être devenu décorateur d'intérieur, quand il voyait un endroit comme celui-là. C'était tellement plein d'idées, plein d'inspiration... Et lui, il parvenait à peine à choisir ce qu'il souhaitait mettre, au point de céder trop facilement à la question de Yanjun. « Oui, on peut aussi. » Après tout, ils ne manquaient pas d'argent, ils ne devaient pas compter, ce qui n'aidait en rien à gérer des affaires d'une façon raisonnable et adulte. Ils avaient à plusieurs reprises déjà prouvé qu'ils n'en étaient pas capables. « Je pense aussi. » Et il avait ricané dans sa barbe l'instant suivant. Bien trop d'idées lui traversaient l'esprit à ce genre de propos, mais il n'était clairement pas prêt à s'en plaindre.

« On va finir par acheter tout le magasin, si on continue comme ça... » Mais d'un autre côté, était-il contre ? « On va avoir du mal à se décider entre l'aube et les étoiles... » Mais il n'était de toute évidence pas prêt à se décider avec tout ça, de son côté. Ils auraient pu acheter toute la technologie du monde qu'il y aurait toujours eu un nouvel objet à paraître. Ils étaient eux aussi victimes de la publicité, dans le fond.

Assis à côté de Yanjun, jaugeant du moelleux de ce canapé, Suwon laissait ses pensées voyager. « Hm... J'aime bien les chats. » C'était moins dépendant qu'un chien, mais d'un autre côté, n'était-ce pas un peu trop sauvage ? « Ouais, fin faut d'abord qu'on se décide sur l'animal... » Parce qu'un chien ou un chat, ça ne prenait pas la même place et ça ne demandait pas le même entretien. Un sourire lui vint aux lèvres alors qu'il y songeait. Avoir un animal... C'était quelque chose d'un peu intimidant, et pourtant Suwon avait l'impression de n'attendre que ça. « On pourra le laisser à la ferme des Cheong, quand on sera sur Séoul... » L'avantage de leur fraternité, dans un sens. « Tu crois qu'on achète tout aujourd'hui ? » avait-il demandé en reprenant son chemin, enfonçant les mains dans les poches arrières de son pantalon pour réprimer une fois de plus l'envie d'attraper celle de Yanjun.

 

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Yanjun n'aurait jamais pensé finir par autant s'attacher à une idée que celle d'un appartement. Or, il s'agissait de bien plus que ça. C'était bien plus qu'une simple habitation, ou un achat fait sur un coup de tête. C'était toute l'idée gravitant autour et qui la construisait : celle de pouvoir vivre avec Suwon, au-delà de cette roulette russe scolaire. C'était aussi une étape dans leur vie, et pas des moindres. Celle qui allait, indirectement, sceller leur destin ensemble. Et si Yanjun aurait pu avoir toutes les raisons du monde de trouver cette précipitation effrayante, aucune ombre ne semblait pourtant venir entacher son humeur. Il était heureux, et bien plus amoureux qu'il ne l'aurait pensé. Et c'était avec une certaine euphorie qu'il se perdait au milieu de ces rayons, le regard divagant sur chaque objet jusqu'à imaginer une histoire leur étant associée. Petit à petit, c'était leur vie qui se dessinait sous ses paupières. Un quotidien routinier, mais qui pourtant égalait la chaleur estivale, celle qui nourrissait son être depuis que Suwon était entré dans sa vie. Et il espérait que ce dernier ne la quitterait jamais, car Yanjun n'était plus certain de savoir comment respirer sans lui. Il était son oxygène, cet atome dont son corps avait tant besoin pour vivre quitte à frôler la dépendance, car n'était-ce pas ce dont il était question, finalement ? Une dépendance dans laquelle le hongkongais plongea sans y avoir offert un second regard.

De la même façon qu'il n'arrivait plus à imaginer sa vie autrement. Toute sa vie semblait se mettre petit à petit en place, à mesure que chaque pièce manquante venait à se rajouter dans ce puzzle encore incomplet. Ils avaient encore tant de chemin à faire ensemble, et ce, qu'importe combien l'aube de leur relation était si belle. « En quoi c'est dérangeant ? » Il ne put s'empêcher de rire face à cette idée que Suwon éveilla. Acheter tout le magasin... En bien d'autres situations, Yanjun aurait certainement préféré tourner les talons à ce magasin, plutôt que de penser à pareils achats incongrus. Mais pour Suwon, il était prêt à bien des sacrifices. Pour le bonheur de son petit-ami, il était prêt à lui décrocher le monde, et si cela sous-entendait refaire leur appartement à l'image de ce magasin, alors qu'il en soit ainsi.  « En tout cas, moi ça me va ». Puis, il sourit tendrement à son petit-ami, la pulpe de ses doigts brûlant sous l'envie de caresser l'épiderme de ses pommettes. « J'ai déjà mon étoile avec moi... Mais l'idée d'avoir un univers à nous, dans cet appartement, me séduit peut-être plus que l'aube » Finalement, peut-être qu'ils n'étaient pas si loin d'avoir le monde entre leurs mains.

« Alors ça sera un chat » Si suwon le voulait, alors il l'aurait. « Pas besoin de réfléchir plus, on prendra un chat » À présent, c'était écrit dans ses étoiles. « Hmm... je pense qu'on est bon. Dans tous les cas c'est probable qu'on finisse par revenir parce qu'on aura oublié des trucs... Ou qu'on en aura cassé d'autres » Yanjun se souvenait encore du désastre qu'avait causé Suwon. Le vaisselier en avait aussi gardé quelques séquelles. « Tu voulais voir autre chose, sinon ? »


 

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“ suwon & yanjun : mon 274e message.” +

On pouvait se demander sans peine comment ils auraient fait, s'ils n'avaient pas été aussi fortunés qu'ils ne l'étaient. Acheter un appartement sur un coup de tête, après quelques mois, sans savoir si leur relation allait tenir... Oh que oui, c'était déraisonnable, mais les personnes riches étaient rarement connues pour leur sens de la mesure, alors ça ne dérangeait strictement pas Suwon. D'ailleurs, alors qu'il posait les yeux sur chaque objet qui se trouvait dans les rayons, l'étudiant en marketing était victime de sa propre formation, souhaitant acheter tout ce qui se présentait à lui, sans avoir la moindre idée de ce à quoi cela allait pouvoir leur servir. Après tout, il avait lui aussi rêvé pendant des années d'une famille unie, sereine... Une famille qui lui était restée hors de portée pendant tout ce temps. Avec Yanjun, il avait trouvé cette paix bien volage. Un paix qu'il souhaitait voir continuer encore et encore, jusqu'à la fin. Ah, si seulement il avait su.

« Je sais pas, j'essaie juste de me faire passer pour un type raisonnable... » Oui, se faire passer pour l'un d'entre eux, car il n'était en aucun cas sage ou raisonnable, quand il était question de son petit ami. Il l'aimait tant. Il aurait fait n'importe quoi pour lui, au point d'avoir parfois l'air ridicule tant il se laissait gagner par la niaiserie. Mais avait-il le moindre regret ? Non. Non et re-non. C'était juste impossible pour lui, de regretter quoi que ce soit, en ce qui les concernait. « Aah... T'es tellement niais. » Mais son rire trahissait sans peine à quel point il était heureux de l'entendre prononcer de tels mots. Ils étaient dans un magasin, en public, mais aussi longtemps que personne ne les entendait, il était heureux. Si heureux. Savoir qu'il était l'étoile d'un système, comme Yanjun était l'astre étincelant du sien... Son soleil, pour ne pas utiliser de mots trop faibles. Il acceptait sans problème de graviter autour de lui.

« D'accord, un chat alors... » Un sourire songeur lui était venu aux lèvres. Il imaginait déjà cette petite boule de poils dans leur environnement, jouer avec eux, vivre avec eux, passer du temps avec eux. Cela le mettait d'une humeur radieuse. « Oui, probablement... » Un petit rire lui était venu aux lèvres alors qu'il avançait encore un peu au milieu des rayons. « Peut-être... Enfin non, ça on achètera à Séoul... » Il réfléchit un peu avant de finalement reprendre malgré tout. « Peut-être un drap plus grand, pour le lit au dortoir ? Faudra qu'on trouve une solution pour ça... » Il refusait de dormir séparément... Bien qu'ils n'avaient pas trop le choix, il le savait. « Tu crois qu'on pourra réaménager le dortoir ? »

 

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“ suwon & yanjun : mon 274e message.” +

s’il y avait une chose que yanjun pouvait affirmer sans peine, c’était bien le fait que les responsabilités avaient quitté l’arche depuis longtemps maintenant. C’était à peine si elles en firent parties. Yanjun n’en était pas certain. Au fond, rien n’avait de sens dans leur relation. C’était via des pulsions passagères, des caprices spontanées et autres frivolités que les pages se tournaient à mesure qu’elles se remplissaient. Des pages que le garçon aimait retranscrire de son côté, les sentiments s’encrant sous la pointe de sa plume, dès lors où suwon traversait son esprit. Heureux, amoureux, le sourire s’imprégnait bien trop naturellement sur son visage. Parfois il le délaissait lorsque les âmes se séparaient, mais ça ne durait jamais longtemps.

Il suffisait d’un instant à part gravé dans leur mémoire. D’un cocon au sein duquel les amoureux se réfugiaient lorsque leur quotidien se voulait chaotique ou pesant. Et ce cocon, ils le construisaient petit à petit.
Oui, c’était insensé, surréel même, de voir qu’un mois plus tard, ils en venaient déjà à penser à un futur pourtant encore instable.

Mais yanjun aimait y croire.
C’était le seul rocher sur lequel il pouvait s’appuyer. La seule chose d’à peu près stable dans sa vie, pour l’instant.
Il voulait y croire.
Alors oui, s’il le fallait, ils débattraient sur la couleur de leur lampe ou la taille du tapis d’entrée.
Oui, s’il le fallait, ils gaspilleraient du temps et de l’énergie à tenter d’harmoniser les tableaux avec la couleur des murs.

S’il le fallait, ils feraient tout ceci. Parce que ça avait du sens pour Yanjun. Une signification gisant entre les lignes, que le garçon pouvait aisément déceler. Suwon était sa merveille à lui, un monde sur lequel il voulait vivre, à jamais si cela lui était possible. Il était le soleil autour duquel il tournait, quitte à devenir lune, une timide gardienne de l’astre. « peut-être bien.. mais c’est vrai » il rit légèrement, avant d’offrir un clin d’œil à suwon. S’il trouvait cette confession niaise, il valait mieux qu’il se tienne écarter de ses poèmes. L’émotion y coulait à flot, certaines se voulant d’ailleurs profondément mièvres. « j’ai hâte, suwon. J’ai hâte d’avoir notre petite boule de poils avec nous » Voilà qu’il s’éprenait encore d’un avenir qui n’attendait encore qu’à être écrit. Pourtant, ce n’était là que la symbolique de son amour. Au fond, la plus grande crainte de yanjun était celle de perdre suwon. Ce vide auquel il fut jusqu’à présent habitué, commençait doucement à l’effrayer. Que deviendrait-il, s’il devait y sombrer une seconde fois ? que deviendrait-il, si suwon devait disparaître de sa vie ? si, tout à coup, chaque souvenir de lui, chaque rire et tonalité constituant sa voix, ou encore la façon dont son parfum charmait tout son être… comment allait-il pouvoir avancer si on vidait son quotidien de tous ces détails ? il n’était guère certain de pouvoir survivre. « en effet.. je suis presque tenté de te proposer d’acheter rapidement de nouveaux draps comme ça, une fois de retour sur seoul, il ne nous restera plus qu’à rapprocher nos lits » il pencha momentanément la tête sur le côté, l’air pensif, avant de poser son regard sur suwon, lorsque ce dernier reprit la parole. « je sais pas, mais tant que ça ne se sait pas… j’imagine que c’est ok ? »  de toute façon, il était peu probable pour que des personnes viennent s’incruster dans leur chambre. Du moins, l’étudiant l’espérait.

« allons payer. On a un appart’ qui nous attend » un appartement que le jeune homme avait hâte d’habiller à leur image. Ni une ni deux, yanjun effleura le bas du dos de suwon, l’invitant ainsi à le suivre jusqu’à l’une des caisses disponibles, prêt à payer, avant de se diriger, enfin, vers la sortie.



 

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