Asahina Yuri, jeune femme d’origine japonaise, est venue en Corée du Sud car le pays l’attirait et qu’elle ne voulait plus vivre dans son pays d’origine.
Lee Jaehyun, jeune homme coréen, a grandi en Corée du Sud, voit loin, voit haut.
Ils sont tous les deux pauvres, se rencontrent au travail, apprennent à s’aimer malgré leurs différentes opinions sur l’avenir.
Elle veut être simple, il veut être riche.
Six mois de mariage et elle tombe enceinte.
Les premières disputes éclatent.
Elle veut une fille, il veut un garçon.
Elle veut aussi lui donner un nom japonais, il veut qu’ils s’en tiennent au nom coréen.
Le verdict tombe.
C’est deux faux jumeaux.
Bonne nouvelle.
Le père nommera le premier, la mère le second.
Les disputes cessent mais les différends sont toujours là.
Doha est le premier jumeau, né le huit août à vingt-trois heures cinquante-sept.
Hansol est le second jumeau, né le neuf août à minuit vingt-huit.
Les différends des parents se transcrivent sur les jumeaux.
Leurs noms n’ont rien à voir, leurs physiques et dates de naissances ne sont même pas les mêmes.
Leurs caractères aussi, ne seront pas les mêmes.

Hansol n’aime pas trop Papa. Papa fait peur. Il raconte toujours les mêmes choses. Sur le prestige social, sur l’argent. Hansol a six ans mais il comprend déjà la notion d’argent. Ce n’est pas parce que tu vas à la banque que tu as de l’argent. Tu dois travailler dur, pour ça. Papa veut travailler dur pour monter dans la classe sociale. Papa veut que ses deux fils travaillent dur pour ça.
Hansol ne comprend pas.
Pourquoi c’est si important d’être élevé dans la société ?
On dirait que Doha comprend et c’est avec deux yeux ronds que le plus jeune observe son aîné de quelques minutes, l’air ahuri.
Et il fera semblant de comprendre aussi, juste pour que Papa ne se mette pas en colère et doive lui réexpliquer pour la énième fois pourquoi c’est si important alors que Hansol a déjà compris les fondements de sa pensée.
Il ne comprend juste pas pourquoi Papa pense comme ça.

Hansol aime bien Maman. Maman est gentille. Elle raconte toujours les mêmes choses. Sur la simplicité de la vie, sur la valeur des notions abstraites. Hansol a sept ans mais il comprend déjà la notion d’amour. Ce n’est pas parce que tu aimes quelqu’un que cette personne le saura. Il faut lui montrer, pour ça. Maman veut vivre tranquillement comme ça, en donnant de l’amour à ses enfants et en restant à ce niveau de vie. Maman veut que Hansol et Doha donnent plus d’importance aux sentiments qu’à l’argent.
Hansol comprend.
C’est important, de vivre modestement et d’apprécier les choses qu’on a déjà.
On dirait que Doha ne comprend pas et c’est avec deux yeux ronds que le plus jeune observe son aîné de quelques minutes, l’air ahuri.
Et il ne fera pas semblant de ne pas comprendre, car Maman ne se met pas en colère quand Hansol n’a pas compris quelque chose qu’elle a dit.
Il comprend juste pourquoi Maman pense comme ça.

Papa et Maman veulent se séparer.
Hansol comprend malgré lui et doit faire avec.
Papa et Maman les veulent tous les deux.
Ils donnent de grands discours mais Hansol en a assez des grands discours de Papa, Doha en a assez des grands discours de Maman.
Hansol veut partir avec Maman.
Doha veut partir avec Papa.
Ils sont séparés.
Hansol pense qu’ils se reverront toujours.
Car ils sont une famille, après tout.
Une famille, ça ne se sépare pas si facilement.
C’est ce que Maman a toujours répété.

Maman est une menteuse.
Papa n’a pas répondu à un seul de ses messages. Il a répondu à un appel, pour lui dire de le laisser tranquille et de ne plus jamais l’appeler.
Doha n’a répondu ni à un seul SMS ni à un seul appel.
Hansol se sent abandonné.
Est-ce que c’est vraiment parce que lui et Maman sont de la classe sociale pauvre et qu’ils ne veulent pas devenir riches qu’ils agissent ainsi envers eux ?
Hansol se sent déçu.
Maman prend soin de Hansol.
Maman le couve.
Maman le réconforte.
Hansol étouffe.
Maman veut lui faire pousser les cheveux un peu plus longs parce que c’est joli les cheveux longs, parce qu’on peut faire de belles coiffures, avec les cheveux longs.
Maman veut lui faire essayer de beaux vêtements parce que c’est amusant d’essayer de beaux vêtements, parce qu’on est beau, avec les beaux vêtements.
Maman veut qu’il essaie de se maquiller parce que c’est intéressant de se maquiller, parce qu’il devrait glorifier ses magnifiques traits de visage, avec le maquillage.
Hansol se souvient que Maman voulait une fille.
Hansol entend Maman pleurer dans sa chambre le soir parce qu’elle a perdu son deuxième fils et son mari.
Hansol sent son cœur se serrer mais ne comprend pas ce que c’est.
Hansol décide de le supporter et d’être la poupée de Maman car Maman souffre, Maman se sert de Hansol pour gérer cette douleur et Maman n’a pas besoin que Hansol se rebelle.
Mais Hansol ne veut pas être la poupée de Maman.
Hansol veut voler.
Mais Maman lui a coupé les ailes.

Maman veut savoir chacun de ses faits et gestes. Elle ne supporterait pas le fait de ne pas savoir où est son fils et ce qu’il fait. Elle veut être mise au courant de chaque chose qui se passe dans la vie de son enfant parce qu’elle est trop inquiète pour lui, car elle a peur de le voir disparaître, de le voir s’envoler.
Hansol obéit.
Mais Hansol est un menteur, aussi.
Hansol ne lui dit pas qu’au collège, on se moque de lui. Que ça fait déjà deux ans, que ça a commencé depuis qu’il s’est senti seul, abandonné.
Hansol est trop différent des autres enfants.
Il est plus jeune que les gens de sa classe.
Il ne joue pas comme tout le monde, il préfère lire un livre.
Les enfants n’aiment pas les livres.
Hansol aime les livres.
Hansol n’est pas humain.
Hansol est un robot.
Robot, robot.
Qu’on répète.
Hansol accepte l’idée.
C’est vrai.
C’est un robot.
Et il comprend pourquoi il ne peut pas voler.
Un robot ne peut pas voler.
C’est trop lourd, un tas de ferraille.

Maman aime quelqu’un. C’est un gentil monsieur. Il a déjà des enfants.
Mais Hansol ne les aime pas.
Il n’est pas Papa.
Ils ne sont pas Doha.
Il ne veut pas d’eux.
Maman le gronde.
Hansol se souvient que Maman a beaucoup souffert.
Hansol sait que Maman travaille très dur tous les jours pour subvenir à leurs besoins.
Ce monsieur a de l’argent.
Maman n’aurait pas à souffrir autant si elle se marie à lui.
Hansol regarde le nom de ses contacts.
Il voit Papa.
Il le renomme Ancien Papa.
Il voit Doha Hyung.
Il le renomme Ancien Hyung.
Il voit Monsieur.
Il le renomme Nouveau Papa.
Il éteint son téléphone.
Éteint ses sentiments.
Il se recroqueville sur son lit.
Recroqueville son cœur.
La tête dans les bras.
Le cœur dans sa cage.
Tic, tac.
La bombe va bientôt exploser.
L’oiseau va bientôt s’envoler.

Hansol n’élève jamais la voix. Il a une petite voix qu’on n’entend pas.
Mais cette fois-ci, on l’entend.
Hansol explose.
Je ne veux pas de ces cheveux longs.
Je ne veux pas de ce père.
Je ne veux pas de ces frères et sœurs.
Je ne veux pas te dire où je vais à chaque fois que je sors.
Je veux être libre.
Je veux être moi.
Maman le regarde.
Maman a l’air triste.
Hansol regrette.
Maman dit :
Je ne savais pas que tu n’aimais pas ça.
Hansol écarquille des yeux.
Tu ne m’as jamais dit que ça t’énervait de dire où tu étais, d’essayer le maquillage, de beaux vêtements et les cheveux longs. Quand tu as accepté ton beau-père, je pensais que tu étais finalement tombé d’accord.
Je n’ai jamais su que tu souffrais.
Pardonne-moi, Hansol.
Hansol est abasourdi.
C’est vrai qu’il ne l’a jamais dit.
C’est vrai qu’il ne lui a jamais fait comprendre.
Il avait oublié ce que sa mère lui disait quand il était enfant.
Ce n’est pas parce que tu aimes quelqu’un que cette personne le saura. Il faut lui montrer, pour ça.
C’est la même chose avec tous les autres sentiments.
Il faut montrer aux autres quand on est énervé pour qu’ils sachent qu’on est énervé.
Il faut aussi montrer aux autres quand on est triste pour qu’ils sachent qu’on est triste.
Hansol éclate en larmes.

Hansol se retrouve à l’université en mars comme il a sauté une classe. Il fait un sport de combat depuis, pour l’aider à évacuer son stress. Il a coupé ses cheveux courts. Il continue de se maquiller car il aime bien ça.
Maman ne le force plus. Maman n’a plus à lui demander où il est pour qu’il la mette au courant automatiquement car c'est une habitude, car Hansol pense toujours à Maman.
Il a accepté ce nouveau père, a accepté ses nouveaux frères et sœurs, même s'il ne sait plus comment briser la glace, comment arrêter de s'isoler d'eux, comment pouvoir rejoindre leurs discussions sans que l'ambiance ne devienne étrange.
Il a abandonné son ancien Papa et son ancien frère.
Mais le revoilà.
Que faire ?
comment faire quand on rencontre son frère qu’on n’a pas vu depuis sept ans à l’université
Aucun résultat.
Hansol doit le trouver lui-même.
Et il n’a pas de réponse.
Alors il y va comme ça.
Il affronte la vie comme ça.
Car la vie lui apportera les réponses nécessaires.
Demain lui apportera les bonnes réponses.
Il y croit.