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— young jae ☾ stay high
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— young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:21 Citer EditerSupprimer
young jae
maybe i'm tired of myself
IDENTITY CARD |
Il parait que... — Amoureux de douceur sous toutes ses formes. — Il a un chaton blanc nommé Kakashi, souvent raccourci en Shishi - oui, il est fan de Naruto. Oui, c'est un peu gênant. — Amoureux de séries à l'eau de rose, un samedi soir peut se passer sans soucis pour lui sous sa couverture, avec un bol de chocolat chaud et un épisode de Grey's Anatomy. — Pulls trop grands et jeans trop serrés, pantalons déchirés, couleurs pastelles, et baskets montantes comme s'il en pleuvait : sa collection de Converses est asssez impressionnante. — Entre les plaids, les guirlandes lumineuses et les décorations, son coin de chambre pourrait être digne de Pinterest, s'il daignait le ranger un peu. — Il aime manger tout ce qui est rose, et tout ce qui est sucré. Légèrement accro au sucre, il a toujours dans son sac un paquet de bonbons acidulés. — Jae n'a aucune confiance en lui : il a constamment besoin d'être rassuré, et il est probable qu'il vous laisse toujours prendre les décisions importantes, qu'il s'appuie toujours sur votre avis plutôt que le sien, et qu'il s'excuse sans raisons lorsqu'il estime avoir dit quelque chose de travers. C'est parfois très agaçant, d'ailleurs, et il en est parfaitement conscient. — Amoureux de lettres, il écrit souvent des histoires, des poèmes, des nouvelles qui ne font que dormir dans le disque dur de son ordinateur : il n'a encore osé les montrer à personne. — C'est également un très bon danseur. Au quotidien, il est par ailleurs gracieux, agile, léger sur ses pieds. — Jae joue du ukulele depuis son adolescence, c'est une activité qui le détend beaucoup. — Il ne fume pas de tabac. En revanche, un joint de temps à autre l'aide à se détendre lorsqu'il n'arrive pas à dormir - s'il sait que c'est mauvais, il préfère encore cela à son ancienne solution face à l'insomnie. — Jae est alcoolique, mais cependant sobre depuis dix mois. Il compte les jours, pas à pas. S'accroche comme il peut, même si la vie est dure, même si la tentation est parfois forte. — C'est par ailleurs quelque chose dont il évite de parler, assez honteux quant à cette période. Parfois, les regards se lèvent quand il est le seul à commander une limonade - "je ne bois pas", qu'il dit. Il ment, prétend ne pas aimer l'alcool - en vérité, il l'aimait simplement un peu trop. — A une façon souvent dérangeante de percevoir les relations intimes, suite à une relation de couple abusive avec son ex petit-ami. — Grand quémandeur d'affection et d'attention. C'est un ami et un amoureux particulièrement collant et demandeur. — Il adore les anime, en particulier Naruto, L'Attaque des Titans, et Sword Art Online. — Ses séries et dramas préférés sont Grey's Anatomy, Gossip Girl, Age of Youth, Love Alarm et Gilmore Girls : grand fan de niaiserie en tous genres, et de séries souvent perçues comme féminines. — Par ailleurs, il a généralement des goûts perçus comme féminins. — Grand amoureux des odeurs au nez sensible, il apprécie particulièrement sur lui les parfums féminins (en ce moment, Si de Armani), et les gels douches qui sentent la nourriture (actuellement, le sien est au caramel). — En plus de plusieurs piercings aux oreilles, il a également la langue percée. — Très mauvais pour s'occuper de lui-même, on lui répète qu'une bonne hygiène de vie et une routine régulière est important pour lui - malgré tout, il saute un repas sur deux, compense en grignotant n'importe quoi, et a souvent une horloge interne complètement déréglée les jours de vacances. Quand il peut, cela dit, il tente de corriger ça et de garder une routine régulière. — Issu d'une famille basique, il a un frère aîné, Jaemin, dont il est toujours assez jaloux. Très proche de sa mère, il est fils d'une infirmière praticienne et d'un professeur de mathématiques au lycée. | Dis nous qui tu es ! Tendre coeur rosé, son visage se peint d’une douceur aux couleurs pastelles : résolument amoureux de tout ce qui est doux, de tout ce qui caresse l’esprit, Jae porte en étendard la tendresse d’une plume et une candeur que les années ont abîmées. Il a l’âme fêlée, jusqu’à son regard à l’éclat terni - l’innocence s’est perdue quelque parts entre les bras d’un autre qu’il a trop aimé, jusqu’à s’en oublier. Il se regarde et déteste ce qu’il voit, incapable de posséder la moindre trace de confiance en soi. Jae, il plie trop facilement sous vos jougs, sous vos doigts même fragiles, sous la poigne la plus légère : influençable au possible, parce selon lui que son jugement est toujours le moins crédible. Malgré tout, le soleil au bout des lèvres, le sourire facile, et le visage attachant, représente la douceur autant qu'il l'aime. Petit air adorable, manières attendrissantes, l'esprit blanc comme neige, trop clair pour des années trop sombres. Jae, quelque part sur le fil entre le trop tendre et le trop dur, sans savoir de quel côté tomber : la lumière l'attire, l'ombre a du mal à le laisser partir. |
rose la faiblesse. j’vais faire genre que c’est la faute de me’ow mais on sait tous que ça serait arrivé anyway….
ps; supprimez le code inutile. |
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Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:22 Citer EditerSupprimer
((▷ play))
Mon histoire a commencé sans vagues, au bord de la mer. Les jours défilaient sans jamais différer les uns des autres, dans le paisible paysage d'un petit lotissement de Busan. J'était un môme heureux. Timide, mais heureux.
Mon premier souvenir remonte à mes trois ans : c'était un jour comme un autre, et nous étions, mon frère et moi, installés dans le sable d'une plage bondée. Ma mère nous surveillait du coin de l’œil, et de l'autre, elle lisait un magasine de mode vieux de quelques mois. Mon père...je ne sais plus trop ce qu'il faisait. Fou, comme ma mémoire a tendance à voir d'abord maman, puis lui après. Je me souviens que nous jouions à construire des châteaux de sable. De mes mains maladroites, encore trop petites pour être agiles, je m'acharnais à enchaîner pâté sur pâté, lesquels finissaient tous par s'écrouler. Jaloux, je regardais mon frère et ses huit ans élaborer des châteaux qui me semblaient alors bien plus beaux que les miens. Je me souviens avoir pleuré de frustration. Ma mère, soucieuse, m'a pris dans ses bras, rassuré. Prié de ne pas envier mon frère - après tout, n'était-il pas seulement plus âgé, plus expérimenté ? Jaemin était de cinq ans mon aîné, et il m'a toujours dépassé. Les années ont passé, et cette même jalousie a persisté. J'étais moins beau, moins doué, pas aussi parfait. J'avais moins d'amis, effacé comme je l'étais - comme je le suis toujours, au fond. Au fur et à mesure que nous avons vieilli, changé, je suis resté le "petit frère", celui qu'on regarde moins. Malgré tout, j'étais heureux. J'évoluais dans ce petit univers pas si peuplé, dans le confort d'un foyer aimant, de toute la douceur dont j'ai toujours aimé m'entourer. Un enfant, puis un adolescent joyeux, même si j'étais réservé. Parfois, seulement, je rêvais d'un éclat que je n'aurai pas à partager.
Je l'ai rencontré un jour de pluie. C'est l'une de ces rencontres un peu trop clichées, le genre qui parsèment les romans à l'eau de rose que j'adore. Nous étions au mois de mai, et j'avais vingt ans depuis peu. Quelques semaines auparavant, j'avais abandonné l'université. C'était un choix difficile, pour quelqu'un qui avait eu tant de mal à obtenir sa place dans cet établissement de prestige, mais qui m'avait alors semblé nécessaire : perdu, épuisé, je m'évertuais dans un cursus de commerce qui me déplaisait, et si j'avais déjà peiné à obtenir ma première année, deux semaines de cours sur la deuxième m'avaient fait comprendre que je ne pourrais en supporter plus.
Cette après-midi là, l'averse battait son plein, jouant un concert de sa propre invention contre la fenêtre au verre usé d'un Starbucks du centre-ville. La pièce humait bon le café, et l'odeur du roulé à la cannelle que l'on réchauffait pour moi. J'aime ce genre de senteurs, et la chaleur qui s'en dégage. Il devait les aimer, lui aussi, au moins autant que moi - l'air distrait, c'est lui qui s'est avancé à l'annonce de mon grand cappuccino, deux pompes de caramel. Et moi, timide à la moue embarrassé, j'ai eu besoin de tout mon courage pour oser protester. J'ai dit, désolé, je crois que c'est à moi, et j'ai pointé du doigt le prénom inscrit sur le gobelet. Il a dit, "tu es sûr ? Ah ! Oui. Désolé". Il m'a regardé. Il m'a souri. J'ai aimé son sourire, autant que son visage parfait. Au final, ce café, nous l'avons bu ensemble pour ne plus nous quitter.
((▷ play))
Ma mère m'a un jour demandé ce qui m'a poussé à rester. Peut-être est-ce qu'elle n'a vu que le mal qu'il a fait. Elle ne savait pas ce que j'avais connu, moi, dans nos jours de soleil, avant que ne naisse la noirceur d'un orage qui ne s'éteint jamais. Il fut doux, au début. Il était même parfait. Le petit-ami idéal, et un soutien sans pareil pour moi qui ne savais plus où j'allais, ni ce que je voulais, dans cette grande ville qui n'était pas la mienne. J'étais serveur dans un bar du quartier étudiant de Séoul, un métier sans grand intérêt, parfois un peu trop exigeant pour un garçon timide comme je l'ai toujours été. Lui, étudiant en pharmacie à la SNU, aimait s'amuser, sortir, faire la fête. Il était l'extraverti que je n'ai jamais été - dans un sens, nous nous complétions bien. Il me poussait, m'aidait à sortir de ma bulle. Je ne suis jamais aussi sociable qu'avec un peu d'alcool dans le sang, et il n'oubliait jamais de remplir mon verre. Vite - trop vite ? -, j'ai déménagé de mon petit studio à son appartement, plus grand, plus confortable. La vie était belle. Nous allions bien. J'allais bien. Je me demande parfois, quand est-ce que les choses ont changé ? quand est-ce que l'orage a rompu le bleu du ciel ? Quand est-ce que sa voix a durci. ? Quand est-ce que son regard a commencé à vouloir me refaire tout entier ? Et le chantage, et les crises, et les insultes. Je ne sais pas. [strike]Et si on veut me dire le contraire, je ne peux m'empêcher de penser que c'est de ma faute - que quelque part, j'ai péché, pour que son amour devienne aussi mauvais.
((▷ play))
J’ai parfois l’impression de ne plus voir cette période de ma vie à travers mes propres yeux, mais hors de mon corps : je m’observe d’en haut, je me regarde à chaque fois que je vacille. J’ai souvent du mal à voir vraiment ce qu’il m’a fait, à vrai dire. Accepter qu’il était mauvais, que je n’avais rien demandé. Mettre les mots sur les choses. Abusif. On pense souvent que ce genre de relation se traduisent par les coups, pourtant, il n’a jamais levé la main sur moi : sa voix me frappait, ses mots. Mais lui, jamais. Moi qui était perdu, il est devenu mon repère - mais que faire d’un phare qui vous envoie droit dans le mur ?
C'était discret, d'abord, tellement que j’ai toujours du mal à le voir, à identifier ce qui était mauvais de la normalité. C'était les façons légères qu'il avait de recadrer ma vie, de trop me lier à la sienne. Mes amis qu'il n'aimait pas, ceux que j’ai arrêté de voir pour lui plaire. Les siens que je n'aimais pas, avec leurs rires gras, leurs commentaires sur moi, auxquels j’ai pourtant dû me faire. Mes travers qu'il encourageait. Ses critiques, venues petit à petit, moi qui n’étais visiblement jamais assez. La façon dont je me suis lentement trouvé enfermé, entre les murs de son appartement. Et dont il est devenu mon monde tout entier.
Ma mère me dit souvent qu’elle ne me reconnaissait plus, comme si on avait voulu défaire pour me reconstruire autrement. Et puis il y avait le reste, le chantage. Moi qui ne pouvait jamais dire non. Même pas à ça. Surtout pas à ça. Il ne m’a jamais forcé, mais je me souviens encore de la première fois que c’est arrivé. Il a posé ses mains sur moi, et moi, qui n’étais pas d’humeur, je me suis simplement excusé : j’étais un peu trop fatigué. Alors, il a pris ces yeux de chiens battus, ceux-là mêmes auxquels je n’avais jamais été capable de résister. L'air fâché, l'air vexé.
"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu m'aimes plus ? Je te fais plus envie ? T'es pas juste, Jae. Je dois juste rester tout seul dans mon coin ? Tu sais Jae, faudra pas t'étonner, si un jour, j'vais voir ailleurs..."
Alors j’ai eu peur. Alors j’ai dit oui. C'est arrivé cette fois-ci, et puis une autre, puis encore, jusqu'à ce que je n'essaies même plus de t'y opposer, les soirs où l'envie n'y était pas. Le sexe était une drôle de chose. Souvent, c'était une façon de me faire pardonner. Tu m'dois bien ça, je l’ai entendu trop de fois. Quand il était jaloux, pour un regard de trop, un simple mot.
Mais j’oubliais tout après un verre, puis deux, puis trois. Les yeux de l'ivresse ne gardent que les bons moments. Ivre, j’ai commencé à l'être de plus en plus souvent - ça lui plaisait. Ça me plaisais, à moi aussi. J’aimais cette insouciance, j’aimais ce flou qui me prenait tout entier. Et cette capacité à surmonter ma timidité, pour lui plaire, pour me plaire un peu plus - je ne m’aimais pas beaucoup. Pas du tout. Ça le faisait rire, quand je dansais sur les tables. Et j’aimais son rire. Je l’aimais lui. Peut-être un peu trop - je me disais alors que le perdre aurait été la fin de mon univers tout entier.
((▷ play))
Ma mère s'inquiétait un peu trop. Les appels se faisaient de plus en plus fréquent, résonnaient à mes oreilles sans que je ne m’y attende, lors des lendemains de soirée trop compliqués, des soirées calmes, des jours orageux. Il n’aimait pas me voir lui parler autant, mais si je ne savais pas dire non à lui, à elle, c’était encore pire. C’est elle qui m’a poussé, encouragé - je crois qu’à sa façon, elle essayait de me faire sortir de cet appartement que je ne quittais plus qu’en la compagnie de cet homme qu’elle détestait. À bout d’encouragements et d’ultimatums, le mois d’avril deux mille dix neuf m’a vu, à nouveau, sur les bancs de l’école, loin cependant du cursus de commerce que j’ai toujours détesté.
Je me souviens mal de la fin. Je n’ai pas envie de m’en souvenir, en réalité. Elle était faite de crises et de cris. Il était jaloux, trop jaloux. Quinze minutes de retard se payaient d’une heure de colère, de reproches, d’accusations. Et moi, pauvre idiot, je m’excusais à chaque fois. Je ne sais plus combien de fois nous avons prétendu en finir, en l'espace de quelques semaines - une fin en dents de scies, particulièrement éprouvante pour moi qui ne savais plus à quoi m'accrocher. Jusqu'au jour où il m'a laissé, de ses mots trop durs et tranchants, pour moi qui ne vivait que par lui. Ce jour-là, il a pris ses affaires et il est parti, me laissant pour de bon seul dans cet appartement qui n'était d'ailleurs pas le mien. Ce qu'il a laissé derrière lui était déjà laid, abîmé - les choses n'ont fait qu'empirer.
De son départ au jour où j'ai sorti la tête de l'eau, je ne garde que très peu de souvenirs. Lorsque j'essaie de m'en rappeler, je ne vois agir qu'un autre qui n'est pas moi, hanté par quelque chose d'un peu trop grand pour lui - je n'ai jamais été fait pour ce genre d'existences, pour cette dérive ou pour tout ce que je m'infligeais. Ma mémoire est floue, abîmée peut-être par cette ivresse qui devenait de plus en plus présente, s'effaçait trop peu.
Alcoolique. C’est un mot dur, un mot qui fait peur. Un mot qu’il est souvent trop difficile d’appliquer à soi-même, puisqu’il s’agit de reconnaître à quel point nous sommes tombés bas. C’était pourtant ce que j’étais : aujourd’hui, je suis bien forcé de le reconnaître. Je buvais pour faire taire ma douleur et pour chasser mes cauchemars. Je buvais pour m’aider à dormir : l’insomnie me guettait tous les soirs. Je buvais non plus par envie mais par besoin. C’est une spirale dont il est trop difficile de sortir - si je n’avais pas été trop loin, ce soir là, si ma vie ne s’était pas retrouvée sur le fil, si je ne m’étais pas réveillé sur ce lit d’hôpital, après que mon frère m’ait trouvé...Dieu sait ce que je ferais aujourd’hui encore.
Il est difficile de se relever, d’apprendre à vivre à nouveau. Je n’ai pas eu le choix, pourtant. Ma vie a, doucement, pris le rythme des réunions, des rendez-vous avec ma thérapeute, et d’une existence plus banale : celle que j’avais toujours connu, avant de rencontrer Jaebum et de tomber entre ses mains.
Aujourd’hui encore, mes semaines se construisent autour de la constance de ces rendez-vous. J’apprends à marcher à nouveau un pied devant l’autre, et je mentirais si je tentais de prétendre que ce n’est pas horriblement difficile, par moments. J’ai peur, souvent, lorsque je me sens vaciller. Mais plus que tout, j’ai l’impression de m’être retrouvé, en ce garçon que j’ai toujours été. Celui qui est calme, celui qui préfère passer son week-end devant une série qu’accoudé à un bar. Celui qui préfère la douceur à la débauche. Celui qui ne se laissera plus faire, ou du moins, plus à ce point.
cassette
they say that time flies, but you keep breaking its wings
[[TW : cette histoire fait directement référence à l'alcoolisme et à une relation abusive, où le consentement est parfois incertain.]]
CHAPTER I ☾ LIGHTS UP
CHAPTER I ☾ LIGHTS UP
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Mon histoire a commencé sans vagues, au bord de la mer. Les jours défilaient sans jamais différer les uns des autres, dans le paisible paysage d'un petit lotissement de Busan. J'était un môme heureux. Timide, mais heureux.
Mon premier souvenir remonte à mes trois ans : c'était un jour comme un autre, et nous étions, mon frère et moi, installés dans le sable d'une plage bondée. Ma mère nous surveillait du coin de l’œil, et de l'autre, elle lisait un magasine de mode vieux de quelques mois. Mon père...je ne sais plus trop ce qu'il faisait. Fou, comme ma mémoire a tendance à voir d'abord maman, puis lui après. Je me souviens que nous jouions à construire des châteaux de sable. De mes mains maladroites, encore trop petites pour être agiles, je m'acharnais à enchaîner pâté sur pâté, lesquels finissaient tous par s'écrouler. Jaloux, je regardais mon frère et ses huit ans élaborer des châteaux qui me semblaient alors bien plus beaux que les miens. Je me souviens avoir pleuré de frustration. Ma mère, soucieuse, m'a pris dans ses bras, rassuré. Prié de ne pas envier mon frère - après tout, n'était-il pas seulement plus âgé, plus expérimenté ? Jaemin était de cinq ans mon aîné, et il m'a toujours dépassé. Les années ont passé, et cette même jalousie a persisté. J'étais moins beau, moins doué, pas aussi parfait. J'avais moins d'amis, effacé comme je l'étais - comme je le suis toujours, au fond. Au fur et à mesure que nous avons vieilli, changé, je suis resté le "petit frère", celui qu'on regarde moins. Malgré tout, j'étais heureux. J'évoluais dans ce petit univers pas si peuplé, dans le confort d'un foyer aimant, de toute la douceur dont j'ai toujours aimé m'entourer. Un enfant, puis un adolescent joyeux, même si j'étais réservé. Parfois, seulement, je rêvais d'un éclat que je n'aurai pas à partager.
CHAPTER II ☾ ANGEL
Je l'ai rencontré un jour de pluie. C'est l'une de ces rencontres un peu trop clichées, le genre qui parsèment les romans à l'eau de rose que j'adore. Nous étions au mois de mai, et j'avais vingt ans depuis peu. Quelques semaines auparavant, j'avais abandonné l'université. C'était un choix difficile, pour quelqu'un qui avait eu tant de mal à obtenir sa place dans cet établissement de prestige, mais qui m'avait alors semblé nécessaire : perdu, épuisé, je m'évertuais dans un cursus de commerce qui me déplaisait, et si j'avais déjà peiné à obtenir ma première année, deux semaines de cours sur la deuxième m'avaient fait comprendre que je ne pourrais en supporter plus.
Cette après-midi là, l'averse battait son plein, jouant un concert de sa propre invention contre la fenêtre au verre usé d'un Starbucks du centre-ville. La pièce humait bon le café, et l'odeur du roulé à la cannelle que l'on réchauffait pour moi. J'aime ce genre de senteurs, et la chaleur qui s'en dégage. Il devait les aimer, lui aussi, au moins autant que moi - l'air distrait, c'est lui qui s'est avancé à l'annonce de mon grand cappuccino, deux pompes de caramel. Et moi, timide à la moue embarrassé, j'ai eu besoin de tout mon courage pour oser protester. J'ai dit, désolé, je crois que c'est à moi, et j'ai pointé du doigt le prénom inscrit sur le gobelet. Il a dit, "tu es sûr ? Ah ! Oui. Désolé". Il m'a regardé. Il m'a souri. J'ai aimé son sourire, autant que son visage parfait. Au final, ce café, nous l'avons bu ensemble pour ne plus nous quitter.
CHAPTER III ☾ IT HAPPENED QUIET
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Ma mère m'a un jour demandé ce qui m'a poussé à rester. Peut-être est-ce qu'elle n'a vu que le mal qu'il a fait. Elle ne savait pas ce que j'avais connu, moi, dans nos jours de soleil, avant que ne naisse la noirceur d'un orage qui ne s'éteint jamais. Il fut doux, au début. Il était même parfait. Le petit-ami idéal, et un soutien sans pareil pour moi qui ne savais plus où j'allais, ni ce que je voulais, dans cette grande ville qui n'était pas la mienne. J'étais serveur dans un bar du quartier étudiant de Séoul, un métier sans grand intérêt, parfois un peu trop exigeant pour un garçon timide comme je l'ai toujours été. Lui, étudiant en pharmacie à la SNU, aimait s'amuser, sortir, faire la fête. Il était l'extraverti que je n'ai jamais été - dans un sens, nous nous complétions bien. Il me poussait, m'aidait à sortir de ma bulle. Je ne suis jamais aussi sociable qu'avec un peu d'alcool dans le sang, et il n'oubliait jamais de remplir mon verre. Vite - trop vite ? -, j'ai déménagé de mon petit studio à son appartement, plus grand, plus confortable. La vie était belle. Nous allions bien. J'allais bien. Je me demande parfois, quand est-ce que les choses ont changé ? quand est-ce que l'orage a rompu le bleu du ciel ? Quand est-ce que sa voix a durci. ? Quand est-ce que son regard a commencé à vouloir me refaire tout entier ? Et le chantage, et les crises, et les insultes. Je ne sais pas. [strike]Et si on veut me dire le contraire, je ne peux m'empêcher de penser que c'est de ma faute - que quelque part, j'ai péché, pour que son amour devienne aussi mauvais.
CHAPTER IV ☾ MESS LIKE THIS
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J’ai parfois l’impression de ne plus voir cette période de ma vie à travers mes propres yeux, mais hors de mon corps : je m’observe d’en haut, je me regarde à chaque fois que je vacille. J’ai souvent du mal à voir vraiment ce qu’il m’a fait, à vrai dire. Accepter qu’il était mauvais, que je n’avais rien demandé. Mettre les mots sur les choses. Abusif. On pense souvent que ce genre de relation se traduisent par les coups, pourtant, il n’a jamais levé la main sur moi : sa voix me frappait, ses mots. Mais lui, jamais. Moi qui était perdu, il est devenu mon repère - mais que faire d’un phare qui vous envoie droit dans le mur ?
C'était discret, d'abord, tellement que j’ai toujours du mal à le voir, à identifier ce qui était mauvais de la normalité. C'était les façons légères qu'il avait de recadrer ma vie, de trop me lier à la sienne. Mes amis qu'il n'aimait pas, ceux que j’ai arrêté de voir pour lui plaire. Les siens que je n'aimais pas, avec leurs rires gras, leurs commentaires sur moi, auxquels j’ai pourtant dû me faire. Mes travers qu'il encourageait. Ses critiques, venues petit à petit, moi qui n’étais visiblement jamais assez. La façon dont je me suis lentement trouvé enfermé, entre les murs de son appartement. Et dont il est devenu mon monde tout entier.
Ma mère me dit souvent qu’elle ne me reconnaissait plus, comme si on avait voulu défaire pour me reconstruire autrement. Et puis il y avait le reste, le chantage. Moi qui ne pouvait jamais dire non. Même pas à ça. Surtout pas à ça. Il ne m’a jamais forcé, mais je me souviens encore de la première fois que c’est arrivé. Il a posé ses mains sur moi, et moi, qui n’étais pas d’humeur, je me suis simplement excusé : j’étais un peu trop fatigué. Alors, il a pris ces yeux de chiens battus, ceux-là mêmes auxquels je n’avais jamais été capable de résister. L'air fâché, l'air vexé.
"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu m'aimes plus ? Je te fais plus envie ? T'es pas juste, Jae. Je dois juste rester tout seul dans mon coin ? Tu sais Jae, faudra pas t'étonner, si un jour, j'vais voir ailleurs..."
Alors j’ai eu peur. Alors j’ai dit oui. C'est arrivé cette fois-ci, et puis une autre, puis encore, jusqu'à ce que je n'essaies même plus de t'y opposer, les soirs où l'envie n'y était pas. Le sexe était une drôle de chose. Souvent, c'était une façon de me faire pardonner. Tu m'dois bien ça, je l’ai entendu trop de fois. Quand il était jaloux, pour un regard de trop, un simple mot.
Mais j’oubliais tout après un verre, puis deux, puis trois. Les yeux de l'ivresse ne gardent que les bons moments. Ivre, j’ai commencé à l'être de plus en plus souvent - ça lui plaisait. Ça me plaisais, à moi aussi. J’aimais cette insouciance, j’aimais ce flou qui me prenait tout entier. Et cette capacité à surmonter ma timidité, pour lui plaire, pour me plaire un peu plus - je ne m’aimais pas beaucoup. Pas du tout. Ça le faisait rire, quand je dansais sur les tables. Et j’aimais son rire. Je l’aimais lui. Peut-être un peu trop - je me disais alors que le perdre aurait été la fin de mon univers tout entier.
CHAPTER V ☾ FÊTE DE TROP
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Ma mère s'inquiétait un peu trop. Les appels se faisaient de plus en plus fréquent, résonnaient à mes oreilles sans que je ne m’y attende, lors des lendemains de soirée trop compliqués, des soirées calmes, des jours orageux. Il n’aimait pas me voir lui parler autant, mais si je ne savais pas dire non à lui, à elle, c’était encore pire. C’est elle qui m’a poussé, encouragé - je crois qu’à sa façon, elle essayait de me faire sortir de cet appartement que je ne quittais plus qu’en la compagnie de cet homme qu’elle détestait. À bout d’encouragements et d’ultimatums, le mois d’avril deux mille dix neuf m’a vu, à nouveau, sur les bancs de l’école, loin cependant du cursus de commerce que j’ai toujours détesté.
Je me souviens mal de la fin. Je n’ai pas envie de m’en souvenir, en réalité. Elle était faite de crises et de cris. Il était jaloux, trop jaloux. Quinze minutes de retard se payaient d’une heure de colère, de reproches, d’accusations. Et moi, pauvre idiot, je m’excusais à chaque fois. Je ne sais plus combien de fois nous avons prétendu en finir, en l'espace de quelques semaines - une fin en dents de scies, particulièrement éprouvante pour moi qui ne savais plus à quoi m'accrocher. Jusqu'au jour où il m'a laissé, de ses mots trop durs et tranchants, pour moi qui ne vivait que par lui. Ce jour-là, il a pris ses affaires et il est parti, me laissant pour de bon seul dans cet appartement qui n'était d'ailleurs pas le mien. Ce qu'il a laissé derrière lui était déjà laid, abîmé - les choses n'ont fait qu'empirer.
CHAPTER VI ☾ STAY HIGH
De son départ au jour où j'ai sorti la tête de l'eau, je ne garde que très peu de souvenirs. Lorsque j'essaie de m'en rappeler, je ne vois agir qu'un autre qui n'est pas moi, hanté par quelque chose d'un peu trop grand pour lui - je n'ai jamais été fait pour ce genre d'existences, pour cette dérive ou pour tout ce que je m'infligeais. Ma mémoire est floue, abîmée peut-être par cette ivresse qui devenait de plus en plus présente, s'effaçait trop peu.
Alcoolique. C’est un mot dur, un mot qui fait peur. Un mot qu’il est souvent trop difficile d’appliquer à soi-même, puisqu’il s’agit de reconnaître à quel point nous sommes tombés bas. C’était pourtant ce que j’étais : aujourd’hui, je suis bien forcé de le reconnaître. Je buvais pour faire taire ma douleur et pour chasser mes cauchemars. Je buvais pour m’aider à dormir : l’insomnie me guettait tous les soirs. Je buvais non plus par envie mais par besoin. C’est une spirale dont il est trop difficile de sortir - si je n’avais pas été trop loin, ce soir là, si ma vie ne s’était pas retrouvée sur le fil, si je ne m’étais pas réveillé sur ce lit d’hôpital, après que mon frère m’ait trouvé...Dieu sait ce que je ferais aujourd’hui encore.
Il est difficile de se relever, d’apprendre à vivre à nouveau. Je n’ai pas eu le choix, pourtant. Ma vie a, doucement, pris le rythme des réunions, des rendez-vous avec ma thérapeute, et d’une existence plus banale : celle que j’avais toujours connu, avant de rencontrer Jaebum et de tomber entre ses mains.
Aujourd’hui encore, mes semaines se construisent autour de la constance de ces rendez-vous. J’apprends à marcher à nouveau un pied devant l’autre, et je mentirais si je tentais de prétendre que ce n’est pas horriblement difficile, par moments. J’ai peur, souvent, lorsque je me sens vaciller. Mais plus que tout, j’ai l’impression de m’être retrouvé, en ce garçon que j’ai toujours été. Celui qui est calme, celui qui préfère passer son week-end devant une série qu’accoudé à un bar. Celui qui préfère la douceur à la débauche. Celui qui ne se laissera plus faire, ou du moins, plus à ce point.
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Invité
Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:22 Citer EditerSupprimer
c'est ta faute si t'es lente
Invité
Invité
Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:26 Citer EditerSupprimer
C'est pas bien d'accuser les autres de sa faiblesse
Invité
Invité
Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:32 Citer EditerSupprimer
rose tu cesses nous rendre faible.
merci.
merci.
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Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:47 Citer EditerSupprimer
ça promet par ici rebienvenue courage pour la fiche
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Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 0:59 Citer EditerSupprimer
il est temps de cesser de faire des persos intéressant.
re-bienvenue bb, hâte de voir c'que tu vas en faire hihi
re-bienvenue bb, hâte de voir c'que tu vas en faire hihi
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Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 11:37 Citer EditerSupprimer
Shua est un super choix
la fan de SVT en moi parle
rebienvenue ici
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rebienvenue ici
Lee Jiah
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Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 17:46 Citer EditerSupprimer
Rebienvenue
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Re: — young jae ☾ stay high | Mar 21 Juil 2020 - 18:14 Citer EditerSupprimer
Rebienvenu par ici avec Shua **
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