Parfois, quelques mots, quelques paroles étaient nécessaires pour retrouver le peu de vie qui continuait d'animer son coeur. Peut-être aurait-elle voulu les entendre de quelqu'un d'autre, bien avant cette nuit fatidique. Peut-être en aurait-elle eu besoin plus souvent, pendant son enfance. Mais la vérité était là. Personne en ce bas monde n'avait eu l'audace de lui dire, lui répéter même, qu'on l'aimait. Pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle se construisait pour elle, pour les autres. Et finalement, il n'y avait que son cousin pour lui offrir ce qu'elle avait si longtemps réclamé. Il y avait une sorte de soulagement qu'elle pouvait ressentir, quelque part au fond d'elle. Mais c'était bien loin de ce dont elle avait réellement besoin. Ce qu'elle pensait, croyait si fort. Simplement oublier. Oublier l'amour et ses ravages. Oublier la douleur, le manque et la peur. Oublier l'abandon de ceux qui auraient du être présents pour elle. Oublier l'amertume qui la gagnait lentement mais sûrement. Comment aurait-elle pu faire autrement ? Elle se posait encore la question, dans ce lit d'hôpital. Une part d'elle heureuse d'avoir une personne sur qui se reposer, l'autre complètement anéantie par ces années à souffrir en silence. "Thank you Dam..." osait-elle à peine murmurer à l'oreille de celui qui veillait sur elle à cet instant. Devrait-elle s'en contenter ? Certainement. Pour ce soir, elle se disait que ça lui suffirait, bien qu'elle ai encore du mal à y croire. A cet instant, il y avait au moins une personne qui était à son chevet. Une personne qui tenait terriblement à elle, et dont les sanglots lui arrachaient un cri du coeur. Elle n'était pas seule, ne l'avait jamais véritablement été. Il fallait simplement que cette simple pensée s'inscrive une bonne fois pour toute dans son esprit, pour ne jamais l'oublier.

« Fam is fam. » murmure-t-il. La famille il n’y avait que ça de vrai … il s’allonge un peu plus dans le lit quand bien même il tâchait de prendre le moins de place possible. Ce grand ours qui se faisait petit face à sa cousine. Il la serrait contre lui en caressant ses cheveux doucement pour l’apaiser. « Sleep tight lil pumpkin, I ain’t going anywhere … » lui assure-t-il car il voyait qu’elle était plus qu’épuisée. Il les blottit un peu mieux et s’assure que la couverture la couvre suffisamment. Tout paraissait trop fin et il craignait qu’elle n’ait froid alors ses bras ferait office de chaleur. Il posa sa joue sur le haut de sa tête et de sa main qui paraissait immense vint essuyer ses larmes. « you’re gonna be ok. » il la berce pour l’aider à se laisser aller au sommeil et se promet de veiller sur sa cousine à partir de maintenant. Il ne pouvait supporter l’idée qu’elle puisse tenter à nouveau de mettre fin à ses jours … je suis là maintenant, je vais t’aider. Voilà ce que son étreinte trahissait.

"Fam is fam." elle aurait tant voulu y croire. Mais avec des parents comme les siens, un frère aux abonnés absents, pouvait-elle vraiment s'en convaincre ? Il n'y avait que son cousin, pour lui rappeler qu'il y avait autour d'elle des gens qui l'aimaient. Des personnes qui partageaient le même sang, et qui n'était pas là pour profiter d'elle. Un soupire qu'elle laissait échapper d'entre ses lèvres, avant de se blottir contre son cousin. Elle semblait si fragile à cet instant, l'était certainement bien plus qu'il n'y paraissait. Elle allait devoir se montrer forte, une fois de plus, n'était pas tout à fait sûre de pouvoir l'être. Mais elle n'avait pas d'autre choix. En attendant, elle se laissait bercer. Tentait difficilement d'ôter toutes ces pensées de son esprit. Demain serait un autre jour. Peut-être aurait-elle un peu plus de courage pour affronter les heures, peut-être pas, mais elle avait encore le temps d'y penser. Au lieu de ça, elle profitait, autant que possible, de cette présence à côté d'elle. Bien que le sommeil soit toujours compliqué à trouver, elle finirait par le trouver, au bout de longues minutes, à ressasser encore et encore, les dernières épreuves traversées.