La dernière bombe que lâche Won Hee est celle de trop et alors qu’il s’éloigne de sa soeur, significativement, elle ne peut que taper du poing sur le comptoir ; elle ne peut plus retenir ses larmes et c’est étrange comme elle se sent forte d’enfin les laisser creuser des sillons sur ses joues. Elle est profondément insulté, mais pourtant elle n’est pas en colère ou en souffrance ; elle comprend simplement pour la première fois les sentiments de son frère, car après tout elle sait intimement qu’elle aurait fait la même chose si les rôles étaient inversés. Ha Hee n’a jamais voulu du mal à son aîné, même enfants ils ne se sont jamais disputés au point d’en venir à frapper si bas que de comparer l’autre à leurs parents, ceux qui les ont le plus trahi ; c’est donc grâce à cela qu’elle peut maintenant jauger la colère de Won Hee, que Ha Hee comprend enfin à quel point il a pu être blessé par ses actions. Elle renifle bruyamment en s’essuyant les yeux du revers de la main, sans prestance et pouffe un peu pour elle-même ; c’est bête d’en être arrivé là tout de même. Elle ne veut rien dire de plus avant que Won Hee ne revienne s’asseoir, qu’il collecte ses émotions et puisse lui faire face de nouveau avec son masque d’indifférence qu’elle peut voir désormais. C’est vraiment comme si son troisième oeil c’était ouvert et elle perçoit pour la première fois une tout autre perspective que la sienne. Même si elle a toujours été plutôt vive d’esprit, elle n’a jamais voulu prendre en compte une autre parole que la sienne, dans son monde elle est la seule à détenir la vérité, mais elle réalise enfin que cela doit être la même chose pour son frère ; il est le seul à avoir les clés de ses portes et personne ne peut prétendre comprendre à sa place. Ha Hee prend une gorgée de thé, ses larmes coulent toujours, mais elle en est soulagée.  

- J’ai toujours été plus indépendante, ne me dis pas que tu n’avais pas remarqué ? marmonne-t-elle dans sa tasse, plus pour elle-même que pour continuer la conversation. La foudre de la réalisation l’a peut-être frappée, mais au final elle ne peut parler que pour elle-même. J’étais la première à vouloir partir, je n’ai pensé bêtement qu’à moi-même, à ce que je voulais... parce que je pensais que tu ferais pareil ? Je croyais que toi aussi tu voulais te construire indépendamment de moi. Ha Hee fait tourner son tabouret pour finalement être celle qui ose lui faire face, ses yeux s’arrêtant sur ceux de Won Hee pour soutenir son regard, calmement malgré les larmes. Je n’en ai fait qu’à ma tête, je n’ai pensé qu’à moi, tu as raison d’être en colère, mais tu sais peut-être aussi mieux que quiconque pourquoi je suis comme je suis.

@joo won hee

La culpabilité m’envahit presque quand j’entends le poing de ma soeur s’écraser sur le marbre, je sais qu’en prononçant ces mots, je la blesse. Aucun de nous deux n'apprécierait entendre de telles choses venant de l’autre… Moi le premier, cela m’aurait sûrement touché un peu plus que je ne l’aurais voulu si Hahee avait osé me comparer à notre père ou à notre mère, si elle avait osé me dire que je ne me souciais pas de ses sentiments. Mais c’est aussi la première fois qu’elle va aussi loin et c’est la première fois que j’ai réellement l’impression qu’elle n’a que faire de ce que je peux penser ou ressentir. Certainement que ce n’est pas la cas, je l’espère de tout coeur mais c’est ce qu’elle me laisse penser en me trahissant ainsi. Dos à elle je ne la vois pas verser de larmes mais je n’ai aucun mal à imaginer ses yeux brillants et ses joues mouillés. Elle renifle bruyamment, comme si elle avait du mal à s’arrêter de pleurer, elle faisait souvent ça enfant. Quand a-t-elle tant grandi ? Maintenant, ces souvenirs d’enfance me paraisse bien loin. À l’entendre pleurer dans mon dos, je n’arrive pas à empêcher les larmes d’envahir à leur truc mes yeux mais je ne les laisse pas couler, fixant inlassablement mon verre. Les hanches posées contre l’évier, je lève la tête au sol attendant gentiment que la tristesse sèche.  Après la méchanceté de mes propos, je pensais que la conversation était close, que ma soeur et moi allions rester dans ce silence d’église jusqu’à ce que l’on craque et disparaisse dans sa chambre, moi sûrement. Pourtant, Hahee me surprend en reprenant la parole, je fronce les sourcils. Je ne suis pas sûre qu’elle ait toujours été plus indépendante, mais ce qui est sûre c’est qu’elle l’a toujours beaucoup plus clamé que toi. Ce manque de compréhension entre nous me pèse, comment a-t-elle pu croire un instant que j’avais envie d’avancer loin d’elle ? Celle qui a longtemps était ma meilleure amie en plus de ma soeur ? Ma seule amie, ma seule famille et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Finalement, mes pupilles embrumées croisent les siennes larmoyantes, le visage fermé, je soutiens son regard. “Je ne suis pas en colère. Je suis déçu.” c’est presque pire je pense, non c’est très certainement pire. “La seule personne en qui j’ai tellement confiance m’a menti pendant plusieurs années et elle agit maintenant comme si c’était normal de l’avoir fait.” comment je suis censée réagir au juste, dis moi, parce que je suis perdu. Exaspérée, je détache mon regard et je passe ma main dans mes cheveux. Un long souffle quitte mes lèvres, je nous savais moins complice qu’avant, elle un peu plus farouche, moi un peu plus désinvolte, mais le constat que je fais aujourd’hui parce que nous nous comprenons plus. “Honnêtement, je ne sais pas si je suis toujours la personne qui te connaît mieux que quiconque, Hahee. Peut-être qu’on ne se connaît plus tant que ça finalement. Sinon tu saurais que je n’ai jamais voulu un instant que tu me laisses seul avec les parents mais j’ai respecté tes choix.” je les ai respecté et j’ai gardé mes opinions pour moi encore une fois, parce que je me suis dit que c’était égoïste de l’empêcher de partir parce que j’avais un peur bleue de faire face aux parents seuls. J’étais seule et malheureux, mais je l’ai laissé voler de ses propres ailes.
@joo ha hee

Les mots de son frère lui brise le coeur, plus qu’elle ne pourra jamais l’avouer. Peut-être bien qu’ils se sont vraiment éloignés de la sorte et c’est certainement de sa faute, elle a continué son chemin en le laissant derrière, pensant bêtement qu’il allait suivre ses pas et la rattraper. Ha Hee se souvient que lorsqu’ils étaient plus jeunes, c’était elle qui le suivait partout comme un petit poussin, elle était incappable de rester loin de lui, Won Hee était son seul soutient alors que leurs parents les avaient trahi. Quand elle s’en est rendu compte, finalement elle détestait cette part d’elle-même qui n’était pas fichue de voler de ses propres ailes et elle est partie loin, trop loin, elle est obligé aujourd’hui de reconnaître qu’elle l’a abandonné. Elle doit se prendre la bouche dans une main pour ne pas laisser entendre ses sanglots, se tenant le ventre de l’autre alors qu’il lui fait soudain très mal, comme si tout s’écroulait à l’intérieur de son corps. S’ils en sont là à cause de ses secrets, elle ne veut pourtant pas laisser échapper une seule preuve de sa faiblesse, elle comprend pourtant que c’est à cause de cela que son frère prétend ne plus la connaître, mais comment pourrait-elle le laisser voir cette Ha Hee vulnérable, acculée dans ses derniers retranchements, ce n’est pas la personne qu’elle veut être et encore moins la personne qu’elle veut qu’il voit en elle ; elle ne supporterait pas sa pitié. Ha Hee ravale douloureusement toutes ses larmes et ses excuses qui partiront dans le vide, elle n’a plus rien à donner pour faire bonne figure, ils ont dépassé le point de non retour.

-C’est trop tard maintenant. Son ton n’a étrangement rien d’amer, mais il est lourd de regrets, elle a compris que quoi qu’elle dise, son frère ne la pardonnera peut-être jamais et maintenant elle se doit simplement de l’accepter, il n’y a rien d’autre qu’elle puisse faire, aucun mots ne pourra sauver ce qu’elle a brisé ; finalement toutes ses préparations n’auront servi à rien, ses fleurs lui semblent soudain bien futiles. Je reconnais que tout est de ma faute, je t’ai trahi, même si je ne le voulais pas. Et alors quoi, on devient des inconnus ?

Ha Hee ne veut même pas imaginer cette possibilité, même si c’est elle qui a voulu s’éloigner alors qu’elle n’avait que 15 ans, même si c’est elle s’est bien gardé de lui parler de leur grand-mère, elle n’a jamais pensé que son frère puisse lui dire de telles choses, mais maintenant que c’est chose faite, ils doivent penser ensemble à l’après. Désormais, elle comprend sa douleur et pense pouvoir de nouveau marcher à ses côtés, mais Won Hee est-il prêt à faire la même chose, peut-il de nouveau apprendre à lui faire confiance ? C’est bon, elle est passé à autre chose et si elle n’oubliera jamais ce qu’il lui a dit, elle ne lui en veut même pas, car elle reconnaît que c’est peut-être la claque dont elle avait besoin pour enfin ouvrir les yeux.

- On oublie les parents tu veux ? Ils n’ont rien à voir avec tout ça, avec nous deux. Elle essuie ses larmes d’une main et se lève pour aller vers son frère, mais elle ne peut faire que quelque pas avant d’être arrêtée par la peur des prochains mots qui quittent ses lèvres. Tu n’as pas envie de voir grand-mère ?

@joo won hee

Ses sanglots étouffés me déchirent le cœur, je déteste entendre pleurer ma petite sœur surtout quand je suis celui qui les provoque. Mais que faire, brandir le drapeau blanc ? Enterrer la hache de guerre ? Lui dire que je lui pardonne tout. Faire comme si rien ne s’était passé, comme si tout allait bien. La laisser gagner une nouvelle fois, la laisser agir sans penser aux conséquences. Garder ma rancœur une nouvelle fois pour moi, la laisser se propager en moi comme je l’ai toujours fait. Vivre avec en silence, peut-être mourir avec en silence. Peut-être qu’au final, si j’en veux à Hahee ce n’est pas uniquement parce qu’elle m’a trahi cette fois-ci mais parce que ce n’est pas la première fois que j’ai l’impression d’être écarté de sa vie. Comme on écarte quelqu’un qui nous gêne. Quand suis-je devenu gênant pour elle ? Peut-être l’ais-je toujours été. Peut-être n’a-t-elle jamais osé être honnête avec moi. Ou bien, je n’interprète que trop tard tous les signaux qu’elle m’a envoyés jusque-là. À cette pensée, je recule par réflexe, enfonçant un peu plus mon dos dans le marbre du plan de travail. Mal à l’aise, je détourne les yeux comme pour éviter de la voir sangloter devant moi, mais cela ne m’empêche pas de l’entendre. Devrais-je capituler ? M’excuser ? Ces questions se répètent dans ma tête, mais cela me parait trop simple de tout lui pardonner maintenant. Trop simple quand elle représente tout ce à quoi j’accorde de l’importance dans ma vie. On dit souvent qu’on attend plus des gens auxquels on tient énormément, bien plus qu’au commun des mortels, peut-être que je ne suis pas si différent. Je me montre dur avec Hahee car je tiens à elle plus qu’à personne et qu’elle m’a blessé une nouvelle fois. Un nouveau soupire m’échappe à ses mots. « Je suppose que ça veut dire que tu n’as pas de raison valable, n’est-ce pas ? Tu as juste fait ce que tu as pensé le mieux pour toi. » je résume d’une voix qui se veut neutre, mais je me rends moi-même compte qu’elle sonne plus tremblante, plus blessée que je ne le souhaiterai. « Mais non, Hahee. Ce n’est pas ce que je te demande, ni ce que je veux. » je souffle en levant les yeux au ciel. J’aimerai simplement comprendre, ou bien des excuses sincères, que tu me montres que mon avis compte, que je compte, parce que j’en doute à cet instant. Tant de choses que j’aimerai dire, pourtant je ne développe pas de peur de ne pas entendre ce que je veux, que la vérité soit plus noire que le mensonge. Je l’obverse m’approcher comme on s’approcherait d’un animal apeuré, d’un animal sauvage dont on a peur de la réaction et je comprends pourquoi elle se montre si hésitante. Une nouvelle fois, un soupire glissent entre mes lèvres alors que je ferme les yeux. « Non, je n’ai pas envie de la voir. C’est une inconnue pour moi. ». C’est vrai que je n’ai que très peu de souvenir de cette femme, puis elle n’a jamais cherché à établir le contact avec nous ou avec moi en tout cas. « Tu crois pas que cette famille nous a fait suffisamment souffrir ? On n'a pas besoin de se rajouter ça. » je demande, pourtant je connais déjà la réponse d'Hahee. Oui, elle avait besoin de se rajouter ça mais c'est là qu'on est si différent tous les deux. Elle préfère se compliquer la vie quand j'aime la simplifier. « J'ai pas besoin de me rajouter ça. ».
@joo ha hee

Ha Hee oublie souvent à quel point son frère peut être borné au fond, ce n’est pas une face qu’il lui montre très souvent il faut dire, avec sa tendance à céder à chacun de ses caprices, mais maintenant qu’ils sont en conflits, c’est une part qu’elle redécouvre et avec laquelle elle va devoir composer. Dans les faits, elle le comprend, elle n’est pas non plus une personne qui fait beaucoup de concession et là va être toute la difficulté de le convaincre, alors qu’il s’est probablement persuadé, si l’on en croit ses dernières paroles, que sa soeur est une égoïste qui ne le prend pas en considération ; c’est faux pourtant, ce qu’il pense compte énormément pour elle, sinon elle n’aurait pas préparé toute cette mascarade, mais elle n’est pas parfaite, elle fait des erreurs. C’est aussi une dure réalisation pour Ha Hee qui a toujours eu une haute estime d’elle-même, très certainement nourrie par l’importance que lui donnait Won Hee… aujourd’hui ils en payent tous les deux le prix.

- Je suis vraiment désolée, c’est tout ce que je peux t’offrir. Elle ne pleure plus désormais, mais elle n’ose pas continuer son chemin vers lui, comme si le fossé qui s’était creusé entre eux était physiquement infranchissable. Cela ne veut pas dire qu’elle a perdu espoir de l’atteindre cependant, elle n’a pas encore dit son dernier mot, cela ne lui ressemble vraiment pas de s’avouer vaincue de toute façon, elle n’a jamais pris non comme réponse et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle commencera. Mais tu sais, je crois que tu devrais vraiment lui laisser une chance, je pense sincèrement que tu le regretteras si tu ne le fais pas.

C’est en la côtoyant qu’elle a compris que leur grand-mère a été la première victime de la guerre de leur parents, elle était au front bien avant eux à défendre ses intérêts, puis quand elle a tout perdu, elle est partie la tête haute ; c’est comme ça que Ha Hee le voit en tous cas et oui peut-être qu’au passage elle les a abandonné eux, mais comment aurait-elle pu se battre pour ses petits enfants face à l’homme qui lui a volé son entreprise et sa fille unique qui l’a rejetée ?  Ha Hee n’a même jamais pensé à lui demander pourquoi elle n’est pas restée pour eux, peut-être parce qu’elle sait que ce serait une question jetée dans le vide, à quoi bon le savoir maintenant, ce n’est pas comme si cela changerait quelque chose à la réalité. Elle prend une grande inspiration pour se donner du courage avant de se lancer dans sa grande tirade.

- Comme moi, elle a fait une erreur et elle pensait nous avoir perdu, mais j’ai décidé de faire un pas vers elle quand même. Comme moi, elle a peur que tu la rejettes comme tu essayes de le faire maintenant, mais est-ce que tu vas sérieusement la laisser dans l’ombre de ta vie ? Certes elle n’est pas parfaite -tu crois que je ne m’énerve jamais contre elle ?- mais elle est la seule qui n’essaye pas de se servir de nous dans une quête insensée de pouvoir et d’argent. Elle s’emporte un peu et monte d’un ton dans les aigües. Je ne sais pas toi, mais je n’ai pas envie de devenir aussi cruelle que les parents et peut-être que tu penses que je suis déjà comme eux peu importe, mais je ne laisserai pas ma propre grand-mère vieillir toute seule sans famille si j’y peux quelque chose.

@joo won hee

« À croire que les erreurs, c’est un truc de famille. » je siffle entre mes dents, coupant légèrement son discours. Mais ma voix est basse et n’empêche pas ma petite sœur de continuer de parler de notre grand-mère comme si j’avais la moindre intention d’écouter ce qu’elle a à me dire sur elle, sur cette inconnue. Risquer de voir notre grand-mère équivaut à risquer la stabilité que j’ai enfin réussi à trouver dans ma vie. Après des années à naviguer en eaux troubles, j’ai finalement réussi à trouver une place quelque part. Et pour la première fois de ma vie, j’ai trouvé du réconfort autre part que chez Junwan, tout ça grâce à mon entrée à l’université et chez les sangos. La peur que ma mère, ou mon père, nous empêche de vivre nos vies comme nous le souhaitons, pour une simple impulsion de ma sœur, me tord l’estomac. Je ne suis pas prêt à risquer le bonheur de la personne que j’aime le plus au monde et mon bonheur pour celui d’une inconnue qui a disparu de notre vue il y a plus de dix ans. « Pourquoi tu ne comprends pas que je ne fais pas ça pour les parents ? Je fais ça pour nous. Je fais ça pour moi. Pour ne pas me compliquer la vie en plus qu’elle ne l’est déjà. ». Je soupire avant de passer la main sur mon visage. Cette conversation ne mène à rien, chacun reste campé sur ses positions. S’il fallait choisir qu’une seule chose sur laquelle on se ressemble avec Hahee, c’est bien notre côté borné. Peu importe combien nos personnalités peuvent sembler drastiquement opposées, nous sommes tous les deux très têtus à notre manière mais cela reste rare que l’on se retrouve dans une situation aussi tendue que celle-ci. J’entends la voix de ma sœur changer, elle semble s’emporter un peu, signe qu’elle n’arrive pas à comprendre ma position. Mon esprit de famille est, depuis longtemps, éteint et oui, je me fiche pas mal de laisser ma grand-mère vieillir toute seule sans famille. C’est même le cadet de mes soucis à l’heure actuelle. Mais je sais que Hahee et moi n’arriverons pas à parler tant que nous serons tous les deux sur les nerfs. Une nouvelle fois, un soupir s’échappe de mes lèvres et je décide qu’il est tant qu’un de nous lâche le morceau. « Fais ce que tu veux, Hahee. » je souffle. De toute façon, ce n’est pas comme si je pouvais faire autrement. « Fais ce que tu veux. » je répète d’une voix un peu plus forte. Je suis fatigué de me battre avec elle, je n’ai ni l’énergie ni l’envie de le faire, j’ai plutôt envie d’aller me rouler sous ma couette au dortoir pour remettre mon existence en question. Je pousse mes deux mains sur le plan de travail avant de me forcer à regarder ma petite sœur dans les yeux. « Je ne t’en veux pas, pas vraiment. Mais ne compte pas sur moi pour aller voir cette femme. » je souris faiblement, parce que l’envie n’est pas là. Je me demande même comment j’arrive à lui dire que je ne lui en veux pas, comment même j’arrive à le penser. J’ai beau vouloir lui en tenir rigueur, elle reste ma petite sœur. Et si je ne compte pas lui pardonner d’aussi tôt, il n'est pas réellement impossible de lui vouloir longtemps. Tant que le sujet de notre grand-mère reste au placard.
@joo ha hee