— I

Les roses étaient de plus en plus nombreuses autour du cercueil de sa mère. Des plantes que tant de monde étaient venu déposer, espérant rendre un dernier hommage à la défunte... Puis le son d'un réveil qui l'arrachait encore et encore à ce cauchemar qui revenait sans cesse. Comme chaque jour, Jaehwan se redressait, prenait son visage entre ses mains, avant de réprimer un cri de colère à l'idée de devoir se lever pour commencer sa journée... Mais malgré tout, il le faisait. C'était à lui d'aller s'assurer que sa mère était bien levée pour aller travailler, les rares jours où elle travaillait encore. C'était à lui de préparer les repas, quand il terminait sa journée..Depuis qu'il était à l'université, les choses étaient différentes. Cela se résumait aux week-end. Mais le week-end, c'était toujours de trop.

— II

Cela faisait des années que ça durait. Jaehwan peinait à se rappeler d'une époque de sa vie où les choses avaient été différentes. Il avait dû commencer à travailler aussi tôt que possible. Cumuler un, deux, trois petits boulots pour avoir assez d'argent pour compléter les finances de la famille. Qui l'aurait fait, autrement ? Certainement pas sa mère, qui continuait encore et toujours à vivre comme une enfant, dans l'insouciance la plus totale. Le pire, c'est qu'il devait lui donner de l'argent pour ses bêtises également : sinon, quoi ? La laisser faire une crise mortelle ? C'était hors de question. Il avait commencé à travailler dans un centre, mais il ne pouvait la forcer à y aller, si elle n'en avait pas la volonté. Ce n'était pas en forçant sa mère qu'il allait avoir gain de cause.

— III

Ce n'est qu'en intégrant la fraternité que Jaehwan avait pu trouver un peu de répit. Une parenthèse loin de sa mère. Une parenthèse dangereuse, car encore et toujours, elle l'appelait. Elle l'appelait pour qu'il lui rende tel ou tel service. Parfois, c'était de la pure victimisation. Le pire, dans cette histoire, c'est qu'il y croyait. Il croyait à chaque mot qu'elle prononçait, inquiet à mourir à l'idée qu'elle puisse faire n'importe quoi. Alors il y allait, toujours plus rongé par le stress qu'il espérait voir s'envoler. Les choses auraient pu se passer autrement, mais il n'y pouvait rien. Ou alors, peut-être qu'il pouvait, mais il était trop effrayé à l'idée de causer plus de mal que de bien autour de lui.

— IV

Parfois, Jaehwan se perdait dans les albums de famille, à la recherche de réponse qui ne s'y trouvaient pas. Même le mot "famille" c'était dire beaucoup. Quelle famille avait-il ? Il était à la fois le fils et le père. L'homme de la maison. Il avait fini par l'admettre, par ne plus s'en plaindre ouvertement. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher, parfois, d'avoir du mal à supporter cette situation. Il était seul contre une femme qui se permettait d'être violente envers lui, quand il ne l'écoutait pas. Elle n'était sa mère qu'au moment où elle le voulait bien. Le reste du temps, qu'importe si c'était lui qui travaillait, lui qui s'épuisait... Il l'avait déjà surprise à voler dans l'argent qu'il mettait de côté pour lui. Quelle importance ? De toute façon, elle n'avait jamais vraiment voulu de lui. Cela, Jaehwan en était persuadé. C'était peut-être faux, mais il en avait le sentiment. Il l'entendait parler. Il la regardait agir... Difficile de croire autre chose, quand elle agissait comme une étrangère avec lui. Il aurait juste aimé savoir comment ils en étaient arrivés là.

— V

Alors, quand sa journée se terminait, Jaehwan sortait un carnet pour écrire. Il écrivait sa peine, griffonnait un dessin ou l'autre, parfois, jusqu'à s'endormir. Ce n'était qu'une question de temps, se disait-il souvent. Une question de temps, et les choses finiraient par aller mieux, d'une façon ou d'une autre...

Studieux,
Parce que depuis toujours, Jaehwan rêve de se sortir de la situation dans laquelle il se trouve bien malgré lui. Il rêve d'un monde différent, d'une société différente, et surtout d'une vie où il pourrait se permettre de faire ce qu'il veut, ou au moins un peu plus, sans se demander s'il aura suffisamment d'argent pour les jours à venir.

Altruiste,
Même si, en s'écoutant, il se traiterait d'égoïste. Jaehwan se livre corps et âme pour les autres, jusqu'au point de rupture. Il essaie souvent de cacher son inquiétude, mais il sera toujours présent, prêt à essayer de sauver ceux qui peuvent l'être... Parfois ceux qui ne le peuvent pas également, pour son plus grand malheur.

Sensible,
S'il peut apparaître détaché, Jaehwan cache simplement bien ce qu'il éprouve. Il est fatigué par la vie qu'il a dû mener jusqu'à entrer à l'université, fatigué par des heures de travail bien trop longues, bien trop épuisantes. Alors il a appris à se défendre contre ses propres émotions, à les intérioriser, lui qui n'était auparavant jamais le dernier à pleurer. Désormais, il observe en silence, avec un certain détachement, même si les mots et les gestes le touchent en plein coeur. Le pire, c'est probablement qu'il culpabilise pour ça.

Patient,
Même s'il donne parfois l'impression de ne pas avoir le temps de faire les choses, ni même l'envie d'attendre, Jaehwan est en vérité très patient. Il pourra rester là des heures sans broncher, jusqu'au moment où vous aurez réussi à accomplir ce qu'il vous demandait, ce qu'il vous expliquait. Il est d'ailleurs assez pédagogue et préfère donner trop d'explication que laisser les gens dans le vague.

Susceptible,
Parce que malgré son apparente froideur, Jaehwan se vexe facilement. Il a beau essayer de ne jamais le laisser paraître, voire intérioriser les choses pour éviter de passer pour un faible aux yeux des autres, mais il ne peut s'en empêcher : les remarques l'offensent, l'indifférence l'énerve, et il ne parlera même pas de l'injustice, qu'il a en horreur.

Têtu,
Il est vrai qu'il est parfois plus sage de se montrer conciliant, que cela rend les choses plus simples pour tout le monde. Cependant, Jaehwan est une personne très sûre de ses opinions, et assez fière pour couronner le tout. Pour cette raison, il aura beaucoup de mal à admettre qu'il a eu tort, à moins qu'on lui en apporte la preuve par a + b. Là encore, pourtant, il sera peut-être difficile de lui faire entendre raison...