Actuellement recroquevillée dans un des fauteuils de la salle commune des Pyobeoms, il était 3h du matin. Rentrée quelques minutes auparavant, Yoo Mi avait une bouteille d’un alcool fort entre les doigts alors que des larmes coulaient sur ses joues. Si d’habitude elle avait l’alcool joyeux qui faisait ressortir son côté fofolle, elle était arrivée dans ce bar plutôt morose et l’alcool n’avait pas adoucit sa peine, elle l’avait comme décuplée. Perturbée par ce qu’elle pouvait ressentir par Young Min, elle avait pensé pouvoir l’oublier un instant, arrêter de se prendre la tête et essayer de se détendre mais c’était peine perdue. Si elle arrivait à oublier ses tracas quand elle était avec lui, ils réapparaissaient quand il n’était plus dans les parages. Elle se sentait aussi horriblement vide, partageant sa peine avec sa bouteille. Elle porta le goulot à ses lèvres, en buvant quelques gorgées qui lui brulèrent la gorge, sans penser une seule seconde que quelqu’un puisse entrer. Il était quand même 3h du matin…

Si Yoo Mi avait cru pouvoir noyer son chagrin dans l’alcool, elle n’avait pas anticipé que cela allait agrémenter encore plus sa détresse. La jeune femme était effrayée par tout ce qu’elle pouvait ressentir pour Young Min, ne connaissant rien à toutes ces histoires comme l’amour ou autre. Elle prenait peur, tout simplement. Même en étant soutenue ou conseillée, ça ne la rassurait pas pour autant. L’alcool l’avait finalement fait pleurer mais elle ne s’arrêta pas pour autant et elle avait commencé à boire un bouteille toute seule. Elle ne put s’empêcher de grimacer lorsque la lumière vint agresser sa rétine autant que l’alcool brûlait son œsophage. Elle renifla avant de découvrir Young Min qui s’approchait d’elle. « Si j’allais bien je serai pas en train de chialer tout en buvant ce truc là… Tu vois vraiment jamais rien. » Est-ce que c’était l’alcool ou la peine qui la faisait parler ? Certainement un peu des deux. « Pourquoi tu ne vois jamais rien, hein ? » S’emporta-t-elle avait de se renfrogner. « Puis tu m’as même pas souhaité mon anniversaire le 25. » Chouina-t-elle finalement alors qu’il n’était pas censé connaître la date de son anniversaire.

Pourquoi on a tous des moments dans la nuit où notre vessie se réveille et nous empêchent de dormir tranquillement ? Aucune idée ! Je dois juste avouer que cela me casse les pieds parce que je voulais un sommeil réparateur sans aucun réveil. Loupé. Passage donc aux toilettes. Je me balade ensuite dans la résidence tout maudissant ma vessie. Quand je serai cloué au lit avec une attelle, je ferai comment pour faire pipi ? Cette question me taraude. Je devrais en parler avec le personnel médical avant l’opération. Un tour dans la cuisine. Je ne pensais pas découvrir Yoo Mi dans un triste état en bas. Je me rapprochais après avoir allumé la lumière. On y voit rien sinon… Le spectacle est peu glorieux. Finalement les ténèbres étaient pas une mauvaise idée. « Quoi ? » Je ne comprends pas les mots qui franchissent ses lèvres. « De quoi tu parles ? » Je secoue la tête de gauche à droite. « Yoo Mi… tu es torchée. Tu devrais poser cette bouteille puis on va aller te mettre au lit. » Je pose ma propre bouteille d’eau et tends la main vers elle. « Me reproche pas mon silence pour ton anniversaire. Je ne savais pas quand il tombait. » Je secoue la tête une nouvelle fois. « Allez viens ! »

Complètement sous l’emprise de l’alcool, Yoo Mi avait l’impression que le monde tanguait maintenant que la lumière était allumée. D’ailleurs, elle trouvait la sensation très désagréable, ça brûlait sa rétine devenue sensible, surtout à cause de l’alcool ainsi que du fait d’avoir été trop longtemps dans le noir. Cependant, la jeune femme n’avait pas perdu son répondant, demandant si elle avait l’air d’aller bien en train de boire ainsi que de pleurer. Elle plissa les paupières en fronçant les sourcils comme pour essayer de mieux distinguer Young Min qui s’approchait d’elle. « Young Min, je suis torchée mais je veux pas aller dormir. » Elle fit la moue en avisant sa main avant de secouer la tête à son tour. « Tout le monde s’en fout de toute façon. » Elle renifla sans aucune élégance toujours en regardant sa main. « Pendant qu’on était au dortoir des Beol, quand je suis montée, j’ai glissé et je me suis retrouvée avec l’un d’eux par terre. J’ai essayé de me relever avant de réussir parce qu’il préférait fouiller en me tripoter une bombe de peinture qu’accepter que je lui donne et me laisser partir. » Sur cet aveux, elle s’autorisa une nouvelle gorgée de sa bouteille avant de rire, presque amer. « Pourquoi, je te raconte ça, d’ailleurs ? Tu t’en fiches de ce qui m’arrive de toute façon. » Et sur ces mots, sa voix se brisa avant qu’un sanglot ne se fasse entendre de sa part et qu’elle cache ses nouvelles larmes en mettant son visage contre ses jambes mais elle ne pouvait pas cacher ses soubresauts.