Les yeux fermés, Mingwei prit une grande inspiration. Il essayait de calmer le rythme effréné de son cœur. Il ne se battait plus depuis plus de deux ans et n’avait toujours pas trouvé d’activité équivalente pour se dépenser alors que ses entraînements ne lui suffisaient plus. Parfois, il se sentait comme une bombe à retardement, prête à exploser à tout moment, parfois il se faisait peur ainsi. Il avait réussi à trouver un salut dans la cuisine, préparant des plats variés pour les autres (car ce n’était jamais intéressant de cuisiner pour soi-même), et avait réussi à retrouver le même salut en compagnie des animaux bien que ce n’était jamais réellement pareil. Il savait que rien ne pourrait remplacer l’adrénaline qui parcourait tout son corps lorsqu’il était en plein combat mais devait faire avec. Pour le moment il s’était toujours contrôlé pour ne pas exploser. Pour le moment, il arrivait encore à se calmer d’une quelconque manière cependant, il avait aussi manqué plusieurs fois d’exploser. Le jour où ça arriverait réellement, ça ne serait pas beau à voir et il espérait que son meilleur ami, Qin Tian, ne le découvrirait jamais.
En attendant, il était allongé sur le dos, le visage en pleine séance de massage fait par de nombreuses langues qui appartenaient aux chiens de la ferme de sa fratrie. Il aimait s’y balader, s’y perdre et s’y reposer. Il y arrivait à remettre de l’esprit dans sa tête et à calmer ses pensées trop excitées. C’était justement un de ces jours, où il n’avait pas à travailler au restaurant, où il n’avait pas à finir un quelconque exposé pour ses études (et même en temps normal, il ne les faisait qu’à la dernière minute). Un de ces jours où il n’avait que ses pensées pour lui tenir compagnie seulement celles-ci pouvaient rapidement devenir toxiques. Alors il était venu à la ferme, espérant y être seul pour se laisser partir dans les abysses, ou simplement dans les bras de Morphée. C’était sans compter sur les nombreux chiens qui lui tenaient compagnie et avaient décidé de ne pas le laisser se reposer. L’un d’eux alla jusqu’à s’allonger sur le corps étendu du sino-coréen, comme s’il ne pesait aucunement son poids. « Jupiter, dégage de là. » Marmonna Mingwei toujours avec un accent chinois qui se faisait discret. Cependant c’était sans grand conviction qu’il essayait de faire partir le chien alors qu’il ne bougeait pas lui-même pour le déloger. « Vas-y, tue moi sous ton poids, gros tas. » Dit-il sur un ton amusé, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’était plus seul. « Aidez-moi, au secours ! » Se mit-il à crier en direction de la demoiselle qu’il avait aperçu. Il espérait inconsciemment qu’elle ne le prenne cependant pas au sérieux.

Depuis que t'as emménagé avec ta cousine, tu passes ta vie dans les cartons. Non pas que cela te dérange, à vrai dire t'es même hyper excitée de voir votre appartement prendre ainsi forme. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir l'enthousiasme dont tu faisais preuve, alors que vous arpentiez les différents rayons du magasin Ikea, il y a tout juste une semaine. Et quand t'y repenses, tu te demandes encore comment Eun Hye a fait pour se retenir de te trucider, tellement t'étais chiante, ce jour là, à courir à droite et à gauche ou à vouloir tester tout et n'importe quoi. Pour autant, même si la perspective de passer encore plusieurs heures à monter vos nouveaux meubles ou installer le reste de votre décoration te met plutôt en joie, tu as décidé de suivre les conseils de ta cousine en allant prendre un peu l'air aujourd'hui. Faut dire que jongler entre les cours, les cartons et le boulot, c'est pas non plus une vie. Il faut bien que tu puisses voir autre chose, de temps en temps. D'ailleurs, et alors que tu déambules un peu par-ci par là, tes pas finissent par te mener à la ferme des Cheong et un sourire prend alors possession de ton visage, tandis que tu pénètres dans celle-ci. C'est que ça fait un bail que tu n'y as pas mis les pieds, toi qui aimais pourtant y passer tout ton temps libre. Tu te demandes d'ailleurs si, entre temps, de nouveaux petits locataires sont venus s'ajouter à la longue liste des animaux de la "ferme" et, bien évidemment, tu ne te fais pas prier pour aller y jeter un oeil. Cependant, tu es rapidement stoppée dans ton élan lorsque quelques bruits te parviennent aux oreilles, et tu te diriges alors vers l'origine de ces derniers pour finalement découvrir un jeune homme. Celui-ci est allongé par terre, un chien à moitié affalé sur lui, et cette vision te fait doucement arquer un sourcil, alors que tu te contentes de l'observer, dans un premier temps. Il lui faut d'ailleurs bien 5 minutes pour remarquer ta présence et un fin sourire un brin moqueur vient alors étirer légèrement tes lèvres. « T'aider ? J'suis pas trop certaine d'en avoir envie... » Te rapprochant ensuite du jeune homme et de son camarade à poils, tu t'accroupis à leurs côtés, amusée, avant de donner une petite caresse sur la tête du chien. « T'es bien, là, mon gros, hein ?! Toi, t'as pas trop envie de bouger, pas vrai ? » Laissant échapper un rire, tu reportes finalement ton attention sur le jeune homme, qui est toujours allongé sur le sol, et tu demandes : « Toi aussi tu es bénévole ici ? C'est la première fois que je te vois... » En même temps, ça fait plusieurs mois que tu n'es pas venue alors ceci expliquerait certainement cela...

Alors que Mingwei était venu profiter de son jour de repos à la ferme, il se retrouvait attaqué par une grosse bête de poils. Il s’était allongé pour profiter de ses amis poilus et baveux, le temps de quelques heures pour réfléchir, et en même temps ne penser à rien. Il ne pouvait pas avoir d’animaux chez sa mère car sa grand-mère, qui vivait avec eux, était allergique aux poils d’animaux. C’était un grand désastre pour le sino-coréen qui souhaitait adopter chaque animal qu’il croisait (il avait réussi à en avoir un pourtant, seulement il s’agissait d’une peluche). Sa mère lui avait proposé de prendre des poissons mais le cuisinier avait trouvé triste de les enfermer dans un petit bocal (ils n'avaient pas un grand appartement) alors qu’ils pouvaient avoir mieux. Du coup il venait profiter de son amour pour les animaux, à la ferme de sa fratrie. Cependant, ce n’était jamais sans risque alors qu’il s’était fait attaquer et qu’il était à présent écrasé sous le poids du golden retriever. Il avait râlé, plus pour la forme que le fond, car il ne dirait jamais non à ce genre de situations qu’il pouvait facilement appeler ‘le paradis’.

Cependant, il entendit un bruit. Des pas au loin et appela au secours, continuant dans sa blague que lui seul comprenait. Une jeune femme arriva à sa hauteur et, munie d'un grand sourire sur le visage, ne semblait pas vouloir bouger l’animal. Mingwei fit la moue, faussement triste. Il soupira bruyamment pour tenter de reporter l’attention sur son pauvre être. « Bien sûr qu’il veut rester là, je suis trop irrésistible, seulement il pèse son poids le coco. » Et comme si le karma le frappait instantanément, Roquefort le renard se mit à ricaner au loin. Le problème était que tout ce raffut attira l’attention des autres chiens et alors que Gucci venait lécher le visage de l’étudiant, Yuuki vint rajouter du poids à son tour. « Mais c’est pas vrai ! » Malgré ce qu’il disait, ses bras continuaient de distribuer une bonne dose de caresses. « Non je ne suis pas bénévole, je suis une victime ! » Continua-t-il sur un ton humoristique alors que, cette fois, il prit sur lui pour dégager les deux chiens. Il se redressa, restant cependant assis. « Et toi ? Si t’es bénévole ici c’est pas cool de ne pas m’avoir aidé. » Il ne le pensait pas réellement, comme il le répétait bien, tout n’était qu’une blague depuis le début. Et puis, si jamais il avait été réellement coincé sous un gros animal, étouffant, ça serait une belle mort. « Vengeance ! » Mingwei siffla deux coup et les deux chiens sautèrent sur la demoiselle pendant que lui garda Gucci entre ses bras.

Devant la scène qui se déroule sous tes yeux, tu ne peux retenir un sourire un brin moqueur. Faut dire que la situation est assez comique à regarder et pour avoir le même toutou à la maison, tu sais que les golden retriever peuvent parfois se montrer très... collants. C'est qu'ils ont beaucoup d'amour à revendre, ces gros sacs à puces... Énormément d'amour. Alors autant dire que le jeune homme n'est vraiment pas sorti de l'auberge, le toutou semblant être parfaitement à son aise, là, allongé sur lui. Pour autant, tu n'as pas l'impression que l'inconnu soit véritablement mécontent de la situation. A vrai dire, il te parait même tout sauf crédible quand il finit par jouer la carte du gars dépassé par les événements et tu ne peux alors t'empêcher de lâcher un rire lorsque quelques autres chiens décident de s'inviter également à la fête. « T'es sacrément populaire dans le coin, dis donc ! » Toujours accroupie auprès du jeune homme, ta main passe de bouille en bouille, caressant chaque boule de poils, et, de nouveau, ton visage se charge d'une expression pour le moins amusée à la réponse que tu te vois offrir par ce dernier quand tu lui demandes la raison de sa présence ici. « Désolé mais mon rôle en tant que bénévole c'est de m'assurer que ces gentils toutous sont heureux et, justement, ils avaient l'air beaucoup trop heureux de la situation pour que je tente quoique ce soit contre eux ! » Haussant légèrement les épaules, comme si ce que tu venais de dire était tout ce qu'il y a de plus évident, tu es toutefois prise au dépourvu quand le jeune homme ordonne aux chiens de te sauter dessus. Et, bien évidemment, ces derniers ne se font absolument pas prier, te faisant toi aussi basculer. C'est alors à ton tour de finir sur le sol, deux gros chiens t'écrasant de tout leur poids, mais contrairement au jeune homme quelques secondes plus tôt, tu ne prends même pas la peine de faire semblant de vouloir les dégager. A quoi bon ? « Vous avez gagné. Je m'avoue vaincue... » Poussant un soupir, tu esquisses néanmoins un léger sourire et te redresses légèrement, sans pour autant dégager le golden retriever qui est allongé sur tes cuisses. Tu auras sûrement des fourmis dans les jambes, dans quelques minutes, mais c'est pas grave. Cependant, et tout en caressant le chien, tu t'autorises une petite remarque à l'intention du canidé qui, de son côté, continue de secouer la queue, tout content. « Mon dieu, ils t'ont nourri avec quoi pendant mon absence ? J'ai l'impression que tu as pris 30 kilos depuis la dernière fois que l'on s'est vu ! » Tu comprends à présent où le jeune homme voulait en venir quand il disait que Jupiter pesait son poids... « Va falloir faire un petit régime ! » finis-tu alors par conclure, avant de finalement te relever lorsque le chien décide enfin de te libérer. Époussetant ensuite ton pantalon, celui-ci étant à présent recouvert de poussière et de poils, tu te tournes vers le jeune homme. « Je pense que nous sommes quittes, à présent ?! » T'oses l'espérer même si cette vengeance fut loin d'être désagréable. « Au fait, moi c'est Ha Ni ! Et, du coup, comme tu le sais déjà, je suis bénévole ici ! »

Il y avait comme un petit goût de paradis alors que Mingwei était écrasé sous les chiens. Il râlait pour la forme cependant, jamais il ne refuserait ces instants où il pouvait simplement les câliner. Il pouvait mourir heureux ainsi, ou peut-être demanderait-il au moins la présence de son meilleur ami Qintian et celle de sa mère pour que la perfection se complète. Il fit soudainement la moue, reprenant ses airs enfantins comme à ses habitudes, lorsqu’il voulait afficher un air mignon. Loin de l’adulte qu’il était. « Moi aussi je peux être un gentil toutou, vous devriez vous occuper de moi. » Le sourire en coin qui s’afficha sur ses lèvres en disait long sur le double sens pas si caché de sa phrase. Mingwei était un enfant, mais il était avant tout un homme dont l’activité principale était de taquiner les autres. Il accentua même ses paroles d’un clin d’œil alors que ses pensées partirent vers ses rencontres qui pouvaient témoigner de ce côté ‘gentil toutou’, Qintian, Kwangho ou encore Khay. « Et je suis plus populaire que vous ne le croyez ! » Il rigola, reprenant alors ses airs enfantins. Finalement, il était temps de se venger, et le sino-coréen n’hésita pas à renvoyer les chiens sur l’inconnue. Il se redressa, retirant la poussière inexistante sur ses vêtements avant de complètement se lever. Le rire ne le quittait pas, appréciant ces moments de joie pure. Toujours. « Je suis peut-être le responsable de son poids. » En effet, il venait de temps en temps à la ferme pour jouer avec les animaux, et il apportait toujours avec lui des friandises pour les bêtes. Il lui arrivait parfois de venir en pleine nuit, lorsqu’il n’arrivait pas à dormir (très rares étaient ces fois-là car Mingwei ne vivait que pour dormir) pour leur donner à manger. Il lui était même arrivé d’étudier des recettes pour ces animaux, cuisinier curieux qu’il était. Il faisait tout de même attention, loin de lui l’idée de risquer la santé des canins parce qu’il les gâtait trop. Muni d’un grand sourire, il ne pouvait qu’accepter d’être quitte, donnant alors une réponse dans un ricanement. Cette demoiselle méritait un peu de répit après tout. Cependant, ça ne l’empêcherait de lâcher de nouveau (gentiment) les chiens sur elle lorsque l’envie se présenterait. « Enchanté Hani. Je suis Mingwei, je ne suis pas bénévole, mais je viens souvent. » Il n’avait pourtant jamais croisé la demoiselle mais cela pouvait s’expliquer par les horaires auxquelles il se présentait à la ferme. « Ma mère ne peut pas accepter d’animaux à la maison, alors je profite de ce qu’offre ma fratrie. » On aurait dit un imbécile heureux avec une telle expression sur son visage. Sa grand-mère et sa mère étaient toutes les deux allergiques aux poils de chats et de chiens et, au plus grand malheur de l’étudiant, ils ne pouvaient donc accepter de bêtes entre leurs murs. « Imagine ne pas vouloir de ces adorables créatures... » Sa moue revenue, il s’accroupit devant un des chiens pour venir lui faire plein de bisous sur son crane et son museau. De nouveau, il se redressa puis, prit un air brusquement sérieux. « As-tu déjà réussi à leur faire faire des acrobaties ? » Pendant ses venues ici, il était déjà arrivé à Mingwei d’essayer d’entraîner les chiens à obéir à ses commandes, que ce soit pour de la danse, des sauts ou d’autres acrobaties variées. Il n’était jamais parvenu à un résultat fabuleux car tout reposait toujours sur le bon vouloir des animaux et des friandises qu’il leur offrait, cependant il y avait une chose qu’il avait réussi à leur apprendre.

Ce n'était clairement pas prévu que tu te retrouves ici. Encore moins que tu t'y attardes plus longtemps que quelques minutes. Après tout, t'as encore un emménagement à terminer et les cartons ne vont certainement pas se vider tout seuls. Pour autant, tu ne regrettes pas d'avoir suivi le conseil de ta cousine en allant t'aérer un peu. C'est que tu n'aurais pas pu assister à telle scène, dans le cas contraire. D'ailleurs, si la situation était déjà plutôt comique en soit, ton rire redouble légèrement d'intensité face à la moue qu'affiche le jeune homme et les allusions qu'il se permet de faire. « Rassure moi, tu ne dis pas ce genre de choses à toutes les personnes que tu rencontres ?! » Non pas que ça te dérange.  A vrai dire, ça a même le don de t'amuser, à en croire l'énième sourire qui vient doucement étirer tes lèvres. Mais les coréens ayant ce côté un peu trop « coincés du cul » (disons les choses comme elles sont), t'es pas certaine que beaucoup auraient accepté autant de familiarités dès la première rencontre. D'ailleurs, en parlant de familiarités, t'es plutôt étonnée de constater l'aisance avec laquelle le jeune homme se fait obéir de tous ces gros toutous. Ou peut-être étaient-ils bien trop contents de pouvoir te sauter dessus à toi aussi ? Allez savoir... Le fait est que tu te retrouves très vite le popotin sur le sol, toi aussi, et tu plisses alors légèrement les yeux, arborant un air faussement sévère, quand il t'avoue être – peut-être - à l'origine de la prise de poids dont est victime Jupiter. « Si ton but c'était de le transformer en boule, alors toutes mes félicitations ! T'as plutôt bien réussi ton coup ! » Poussant doucement la dite « boule » sur le côté, tu finis par te lever, ton sourire ne te quittant pas alors que vous en venez finalement aux présentations. « Enchanté de même, Mingwei ! Je comprends mieux pourquoi ces grosses bébêtes t'aiment autant ! » Surtout si, quand il vient, il ne le fait pas les mains vides. Tu ne peux d'ailleurs que le comprendre quand il t'avoue venir ici pour pouvoir profiter de tout ce beau monde. Et, à vrai dire, maintenant que tu es là entourée de toutes ces jolies boules de poils, tu te rends compte à quel point cela t'avait manqué. Surtout que tes animaux étant chez tes parents, tu n'as pas non plus l'occasion de les voir autant que tu le voudrais alors passer du temps à la ferme est un excellent moyen de combler ce petit vide qui se forme quand tu ne peux malheureusement pas être avec tes bébés. D'ailleurs, aux paroles du jeune homme, tu ne peux qu’acquiescer de la tête. Ce n'est certainement pas toi, l'amoureuse des animaux, qui dirait le contraire. « Je ne te le fais pas dire. Il faudrait être fou pour ne pas les aimer... » Complètement fou... « D'ailleurs, entre nous, j'ai déjà plusieurs fois songé à en ramener deux ou trois chez moi... » finis-tu par lâcher, avant de finalement ajouter, quelque peu amusée : « Mais ne le répète surtout pas aux autres Cheong, hein ?! » C'est que tu ne voudrais pas être interdite de ferme à vie. Qui plus est, même si la tentation est très grande, tu n'es pas certaine que ce serait une bonne idée de ramener deux ou trois toutous dans l'appartement que tu partages avec ta cousine. Déjà parce que celui-ci n'est pas des plus grands et, qui plus est, étant donné que vous n'êtes pratiquement jamais là, ces petits anges auraient très vite fait de s'ennuyer et d'être malheureux. Ici, au moins, ils ne sont pas seuls et ils ont beaucoup d'espace. Sans parler de cette nourriture à gogo dont ils peuvent profiter lorsque de gentilles âmes comme Mingwei viennent les voir les mains remplies de friandises. Jetant d'ailleurs un rapide coup d'oeil vers les chiens, tu vois Jupiter, le nez dans sa petite gamelle, et tu ne peux t'empêcher de lâcher un rire, avant de finalement reporter ton attention sur le jeune homme. « Des acrobaties ? J'arrive à peine à leur faire donner la patte, à ces têtes de mule, alors leur faire faire des acrobaties... » Laissant ta phrase en suspend, tu arques légèrement un sourcil, sceptique. « Pourquoi ? Tu y arrives toi ? » Et, instantanément, ton visage se charge d'une expression pour le moins enthousiaste, alors que tu reprends, sans même laisser au Cheong le temps de répondre : « Montre moi ! »

Il ne perdait jamais le Nord et ne manquait aucune occasion de faire des allusions dans ses paroles. Si Mingwei était un habitué de son propre discours à double sens et souvent très explicite, ce n’était pas le cas de tout le monde. Son meilleur ami n’y faisait même plus attention, bien trop accoutumé à cette attitude, parfois indécente. Il ne s’arrêtait jamais, mais il s’agissait de Choi Mingwei et il lui était bien difficile de ne pas rester lui-même. Il se savait trop ouvert, sans gène mais c’était ce qui faisait son charme alors qu’il se disait très rapidement ami. Même avec une personne qu’il venait de rencontrer. « Tu serais étonnée du nombre de personnes qui ne sont pas forcément choquées par mes phrases. » Un sourire en coin pour illustrer la situation et le sino-coréen se rappelait déjà de tous ces hommes et femmes entreprenants avec lui. L’étudiant n’était pas méchant, loin de là, il tentait et voyait si ça passait ou pas. Jamais il n’allait forcer quiconque et se freiner tout seul lorsqu’il voyait sa-son partenaire un peu trop ivre.

Les rôles inversés, l’étudiant était libre des animaux et se redressait aussitôt avant qu’une boule de poils ne lui retombe dessus. La vengeance l’amusait beaucoup et d’autant plus car il donnait l’impression que les animaux lui obéissaient. Il passait souvent à la ferme après tout, pour simplement profiter de leur tendresse et un peu d’amour que l’être humain n’était plus capable de donner. « Que veux-tu, je suis une jolie personne qui ne pourrait m’aimer ? » Il était pourtant bien insupportable pour certaines personnes, surtout avec son caractère je-m’en-foutisme et complètement irresponsable. Il faisait la moue, faussement triste car jamais il ne pourrait ramener une bête chez lui à cause des allergies de sa mère et grand-mère. Peut-être qu’un jour il pourrait proposer de prendre un appartement avec Qintian et ils pourraient alors adopter tous les animaux qu’ils souhaiteraient. « Hein ?! » Il se laissa tomber en arrière devant la révélation de la demoiselle. Un chien en profita pour venir lui lécher le visage, cassant tout sa scène de la personne outrée. « Mais est-ce que tu sais que ces animaux sont à quelqu’un ? » Il mentirait s’il disait que l’idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. C’était déjà bien difficile de quitter la ferme après y passer des heures. « Après je te comprends, je ne dirai rien. Promis. » Avec le sino-coréen son secret était très bien gardé. Surtout que même s’il était extraverti et parlait à beaucoup de Cheong il n’était pas sûr de pouvoir se dire proche d’eux. Au final, ce n’étaient que de petites conversations sur le beau temps et ce qu’ils pourraient faire à manger.

Changeant complètement l’atmosphère de la ferme, Mingwei prit un air brutalement plus sérieux. Pourtant ses mots étaient loin de l’être alors qu’il parlait d’acrobaties avec les animaux. Pas qu’il souhaitait se moquer de la demoiselle mais il ne put retenir un sourire d’étirer ses lèvres lorsqu’elle disait ne pas réussir à leur faire donner la patte. « Aaah, finalement peut-être que c’est vrai qu’ils m’aiment beaucoup trop. » Il cherchait clairement à la taquiner mais c’était sans compter sur la demoiselle qui demandait une démonstration. L’étudiant était gentil, mais parfois idiot et il aurait dû se douter que s’il se ventait de telles prouesses, une preuve serait forcément demandée en retour. « D’accord, attention tu vas en prendre plein les yeux. » Il passa sa main dans les cheveux pour remettre en place les quelques centimètres de mèches qu’il avait. Il fouilla d’abord ses poches à la recherche de friandises pour les animaux puis appela après Jupiter. Le chien arriva aussitôt, assis face à l’étudiant, qui semblait presque étonné que l’animal ne lui ai pas sauté dessus. « Allez, Jupiter c’est le moment de montrer de quoi on est capable. On veut impressionner la belle demoiselle. » Il leva sa main vide et pointa une direction en criant un Saute!. Mais rien ne se produit alors que le chien restait assis à observer d’un air perdu le spectacle. « Eh, Jupiter, qu’est-ce qu’on avait dit la dernière fois ? » Il réitéra son geste mais la créature ne bougeait toujours pas. La gène était cependant une chose que le sino-coréen ne connaissait pas alors qu’il releva le visage vers la jeune femme avec une moue boudeuse. « Bah voilà qu’il m’écoute plus mais je te jure je savais le faire ! »