Scar tissue [Caïn et Hye Mi]
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Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Mer 7 Oct - 20:46 Citer EditerSupprimer ❝ Au commencement était la Parole. ❞ Jean 1:1 La droguée et le déprimé. Il n’était pas essoufflé et pourtant son cœur battait aussi vite que la première fois qu’il avait passé les portes automatiques de cet hôpital. Il avait été incapable de manger de la journée, abrégeant ses rendez-vous, essayant de remplir au plus vite la paperasse, prenant le plus d’avance sur le programme de ce soir. Dix-sept heures. Il avait aboyé quelques ordres et était monté au volant de sa Maybach avec de drôles de flashbacks en tête. Depuis que l’infirmière l’avait appelé ce matin, respectant étonnamment sa promesse de l’appeler dès que Hye Mi serait en état de recevoir des proches, et depuis les secondes avaient défilés comme des milliers de petites infinités. Il aurait aimé abandonner toutes ses responsabilités sur le coup mais on lui avait donné des heures précises de visites et il n’était que trop fiable dans son travail pour agir sur un coup de tête. Lui manquait le temps où par impulsion il se mettait au volant de la vieille Volkswagen des parents de son meilleur ami et qu’ils partaient en weekend à Genève, faire la fête à Bruxelles ou encore pousser jusqu’à Vienne pour admirer la vieille ville. S’il pouvait remonter le temps à cette nuit-là, il aurait laissé ses amis boire à son compte et se serait contenter d’un verre d’eau, il aurait pris Hye Mi dans sa voiture et ils auraient discutés de ce dont elle semblait vouloir absolument lui parler et qui le brûlait encore de curiosité à ce jour, il aurait laissé son club aux mains de confiance de son meilleur barman et il aurait emmené la belle plonger ses pieds dans l’eau des plages de Busan. Ils seraient passés par son ancienne galerie, il l’aurait présenté à Camée, à Kazu. Et tous les quatre ils auraient pris un yacht et auraient partagés des bières en plein milieu de la mer. Exténués, ils se seraient endormis sur la plage et il l’aurait raccompagné, regardant on visage assoupie contre la vitre du siège passager.
Mais on ne refaisait pas le passé. Il soupira, se décida à passer les portes avant qu’elles ne se referment sur lui. Il demanda quelques infos à l’accueil et alors que le jeune homme auquel il s’était adressé recherchait la chambre de la patiente Janggok Hye Mi, il jeta un regard anxieux autour de lui. En espérant qu’il ne croise pas Ye Won ce soir. Malgré leur discussion, il ne savait pas comment elle réagirait à sa présence. Il remercia le jeune infirmier qui lui indiqua son chemin et quelques couloirs plus loin il se retrouva devant cette porte. Il se surprit à trembler alors qu’il tendait la main vers la poignée. Ce n’était pas son genre, il fronça les sourcils. Sa relation avec la blessée derrière cette porte, qu’était-elle réellement ? Caïn n’arrêtait pas d’y penser depuis leur dernière altercation. Il avait peur de sa propre réaction quand il la verrait avec toutes ses machines, ses bandages, sa peau abîmée… Il n’était déjà pas insensible au teint cadavérique de son géniteur, qu’en serait-il de celle qui prenait chaque jour un peu plus d’importance à ses yeux et un peu plus de place dans sa vie ?
Inspirer. Expirer. Il retrouva son calme olympien et passa la dernière barrière qui le retenait de la voir.
Elle était là, assoupie. La première fois, il n’avait que pu lui livrer des fleurs, elles avaient fanés, il les jeta et les remplaça par un nouveau bouquet qu’il plaça sur une petite table plutôt que près de Hye Mi où elles lui pomperaient son oxygène. Il s’assit à ses côtés et se permit d’enfin la regarder. Ça fait mal. Le bout de ses doigts effleurèrent les draps sur le côté du lit, il n’osait la toucher, ne serait-ce que frôler l’épiderme du dos de sa main. Il ne le méritait pas. Scrutant les bleus violacés sur son visage endormi, il osait à peine respirer pour ne pas la réveiller.
Doucement, très doucement, il se mit à fredonner qui lui venait de son enfance.
:copyright: 2981 12289 0
Mais on ne refaisait pas le passé. Il soupira, se décida à passer les portes avant qu’elles ne se referment sur lui. Il demanda quelques infos à l’accueil et alors que le jeune homme auquel il s’était adressé recherchait la chambre de la patiente Janggok Hye Mi, il jeta un regard anxieux autour de lui. En espérant qu’il ne croise pas Ye Won ce soir. Malgré leur discussion, il ne savait pas comment elle réagirait à sa présence. Il remercia le jeune infirmier qui lui indiqua son chemin et quelques couloirs plus loin il se retrouva devant cette porte. Il se surprit à trembler alors qu’il tendait la main vers la poignée. Ce n’était pas son genre, il fronça les sourcils. Sa relation avec la blessée derrière cette porte, qu’était-elle réellement ? Caïn n’arrêtait pas d’y penser depuis leur dernière altercation. Il avait peur de sa propre réaction quand il la verrait avec toutes ses machines, ses bandages, sa peau abîmée… Il n’était déjà pas insensible au teint cadavérique de son géniteur, qu’en serait-il de celle qui prenait chaque jour un peu plus d’importance à ses yeux et un peu plus de place dans sa vie ?
Inspirer. Expirer. Il retrouva son calme olympien et passa la dernière barrière qui le retenait de la voir.
Elle était là, assoupie. La première fois, il n’avait que pu lui livrer des fleurs, elles avaient fanés, il les jeta et les remplaça par un nouveau bouquet qu’il plaça sur une petite table plutôt que près de Hye Mi où elles lui pomperaient son oxygène. Il s’assit à ses côtés et se permit d’enfin la regarder. Ça fait mal. Le bout de ses doigts effleurèrent les draps sur le côté du lit, il n’osait la toucher, ne serait-ce que frôler l’épiderme du dos de sa main. Il ne le méritait pas. Scrutant les bleus violacés sur son visage endormi, il osait à peine respirer pour ne pas la réveiller.
Doucement, très doucement, il se mit à fredonner qui lui venait de son enfance.
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Lun 12 Oct - 21:28 Citer EditerSupprimer ❝ Tu n’es rien d’autre que ta vie ❞ Sartre La droguée et le déprimé. Le temps ne nous appartient pas : il s’impose à nous. Nous ne pouvons pas y échapper et il débouche inévitablement sur la mort, notre mort et celle de ceux que nous aimons qui nous font vivre l’expérience du deuil qui nous ouvre à d’autres dimensions du temps. Car le temps, aussi irrécusable qu’il soit, n’est pas un monolithe; il est riche de plusieurs dimensions. Il est avant tout et de toute façon réglé par le mouvement des corps célestes, les objets de l’univers. Son immensité nous écrase et nous avons même du mal à l’imaginer. Qu’y a-t-il au-delà de l’étoile située à des milliards de milliards d’années lumière lorsqu’on se rappelle que la lumière parcourt environ 500.000 kilomètres à la seconde. L’univers est immense mais nous n’arrivons pas à l’imaginer infini car la mort nous met dans une situation de limite que nous projetons à l’extérieur sur l’univers, tout comme, pendant des siècles, les hommes ont pensé que le soleil tournait autour de la terre. Ce n’est pas parce que nous sommes mortels, donc finis, limités que l’univers doit l’être.
Mais l’univers est tout sauf immobile, il bouge, il remue, il se déplace, il se transforme. Des étoiles, des galaxies même, commencent à apparaître ; on dirait qu’elles naissent si elles étaient vivantes. Elles durent des milliards d’années et disparaissent ensuite dans la masse noire qui forme 90 % de la matière de l’univers mais sans lumière, invisible et dont l’existence est inférée indirectement par des observations et des calculs. L’apparition de la vie est certainement un saut qualitatif dans l’existence de l’univers avec ses particularités dans le temps : la planète a commencé, elle évolue, elle finira par disparaître et la vie sur la terre avec elle. Mais la vie n’a d’existence et de sens que de s’incarner dans des individus végétaux, animaux, humains qui, à l’instar du temps de l’univers, naissent, grandissent, se flétrissent et disparaissent.
Ainsi le temps, si nous ne restons pas fixés sur l’instantanéité de notre présent, le moment présent, nous invite à lever les yeux vers l’univers, à songer à l’infini et, comme il nous parle de notre mort, nous invite à nous inscrire dans une durée certes limitée, certes contingente, mais imaginable, pensable et relativement aménageable à notre niveau.
Mais quelle heure est-il maintenant ?
Durant le coma, la conscience et le corps se dissocient partiellement. La conscience peut être comparée au conducteur d'une voiture, et le corps physique à la voiture elle-même. D'ailleurs, dans certaines traditions orientales, le corps est également appelé véhicule. Ainsi, durant les quelques semaines qu'a duré le coma dans lequel j'ai été plongée suite à cet accident de voiture, j'ai habité seulement la conscience, abandonnant ce corps polytraumatisé, fortement abimé par de nombreuses blessures. Autour de mon corps, l'équipe médicale s'est alors affairée pour maintenir stables les fonctions vitales, et si possible soigner mes blessures.
Affranchie des contraintes d'espace et de temps, la conscience peut se déployer largement, explorer des champs nouveaux, se dilater. A contrario, rentrer dans mon corps a été aussi compliqué que de faire rentrer un éléphant dans un trou de souris ! Pourquoi revenir, plutôt que de rompre définitivement ce lien avec le corps physique ? Il faut assurément une motivation forte pour mobiliser sa volonté et se lancer dans cette épreuve. J'étais amoureuse, ou du moins chamboulée à tout jamais par cet homme qui est entré dans ma vie, j'avais 25 ans, avec cette soif de vivre propre à la jeunesse, cette frustration également d'avoir été fauchée si prématurément. Bien que j'ai pu rêver mille et une fois de la façon par laquelle je quitterais cette Terre.
Au réveil, j'étais un bébé géant, avec un corps qui ne permettait ni de bouger, ni de parler, ni de manger... Seulement deux yeux mobiles, ouverts quelques instants. Portée par l'enthousiasme de mes amis, par l'amour de ces uniques personnes qui comblaient l'absence de ma famille, j'avais alors rassemblé toute mon énergie pour apprivoiser ce nouveau corps.
Avec d'intenses douleurs, apaisées par des dérivés de morphine ou d'opium, ces phases actives n'étaient pas du tout agréables et pourtant nécessaires. Le kiné de l'équipe, ancien pilote de chasse, m'avait dit en riant : "tu n'as plus de pilotage automatique du fait des lésions cérébrales alors tu vas tout réapprendre en mode manuel !"
Ainsi ce furent des centaines d'heures pour apprendre le fonctionnement élémentaire du corps. Un programme dense, intense : anatomie, physiologie, bio-mécanique, psychomotricité. J'ai ainsi bénéficié d'une alternance entre la théorie et la pratique. Avec pour objectif de diriger en pleine conscience par l'intention le parcours du signal électrique depuis la tête jusqu'à l'endroit souhaité du mouvement. Un chemin en couleur, que mes instructeurs traçaient au feutre lavable à même la peau. Au début, ils parcouraient l'itinéraire avec le doigts, ou une baguette fine, pour optimiser les perceptions avec plusieurs sens (vue, toucher) et ainsi favoriser la mémorisation. En outre la respiration est un prodigieux outil pour stabiliser le mental, pour gérer les émotions. Le souffle est une science en lui-même, appelé pranayama en sanskrit, un terme familier pour les pratiquants de yoga.
Les progrès furent très lents, très progressifs. Du moins, c'était ma vision des choses. Nul dans mon entourage s'interrogeait ouvertement sur l'avenir. Le défi c'était aujourd'hui. Demain sera un autre jour... Voilà la devise. Pourtant, il était évident que mes progrès avaient été rapides et jamais je ne pourrais assumer la raison qui m'a poussé à vouloir guérir aussi vite.
Ain't no sunshine when she's gone
Only darkness every day
Ce son. Cette voix. Elle me ramène à moi, petit à petit. Il faut savoir que les lésions cérébrales ont altéré de nombreuses fonctions, plusieurs aires ont été endommagées dont la mémoire. Quelques visages, dont celui de mon compagnon, me disaient quelque chose. Mais je ne pouvais lui donner de nom, ni même verbaliser le mien. Un reset disk comme a plaisanté un ami. La mémoire s'est trouvée vidée, effacée peut-être ou simplement inaccessible. Ce qui au final amenait au même questionnement : qui suis-je ? D'où un long travail d'apprentissage à partir de différents supports pour reconstruire une identité, étape nécessaire pour préparer ma future réinsertion sociale.
Mais je crois que les anti-douleurs ne m'aident pas...
- Vous avez une si jolie voix... murmurais-je doucement, avant d'ouvrir et de poser mes yeux sur l'homme qui se tient à mes côtés.
Il ne me dit rien. Ou peut-être que si ? Je ne sais plus et mon traitement m'embrume trop l'esprit pour que je puisse y réfléchir correctement. Je ne suis clairement pas en état de réfléchir à quoi que ce soit.
- Et vous êtes si beau... Dis-je, en tendant faiblement ma main, tremblante, dans sa direction.
J'arrive ainsi à la poser sur son menton et à caresser cette légère et naissante barbe qui le rend si séduisant à mes yeux. Mais je finis par très vite arrêter ce que je suis en train de faire car il me fait soudainement penser à quelqu'un que je ne pourrais jamais oublier.
- Pourquoi me faites-vous penser à lui ? Je soupire un long moment et regarde chaque recoin de la pièce. Nous sommes seuls. Est-ce que vos collègues vous ont parlé de moi ? Est-ce pour cette raison que vous me prenez en pitié et que vous venez me tenir compagnie pendant votre pause repas ?
Je le regarde de nouveau. Je ne le lui laisse pas le temps de me répondre, cependant. J'ai bien trop de choses à dire.
- Ce n'est pas parce que ma famille ne vient pas me voir qu'il faut s'inquiéter pour ma santé mentale. Je vais... Je me coupe en pensant à toute autre chose, d'un coup. Il n'est pas venu, non plus. Quel culot ! Il devrait, pourtant ! Vous ne croyez pas ?
Je le fixe comme pour lire sa réponse à travers ses yeux et enchaine.
- Vous savez bien de qui je parle, non ? De Lui. De Jeong Caïn. C'est sa faute si je me retrouve ici. Il aurait au moins pu venir me saluer. Je ne lui demande pas de m'apporter des fleurs. Je ne suis pas ainsi. Bien que cela m'aurait fait plaisir, dans le fond... Mais il aurait au moins pu venir prendre de mes nouvelles !
Je suis énervée et je pense que cela s'entend.
- Et vous savez pourquoi est-ce que je l'accuse ? Parce qu'il m'a repoussé ! Ma peine se fait soudainement entendre dans l'étouffement de ma voix. Moi... Il m'a repoussé... Alors que je ne vais jamais vers les hommes, d'habitude. Je me mords la lèvre nerveusement. Pour-Pourquoi ?
Mes lèvres se mettent à trembler et des larmes commencent à se montrer aux coins de mes yeux.
- Pourquoi m'a t-il repoussé si brutalement alors que jusqu'à maintenant, c'est lui qui me poursuivait ? Pourquoi est-ce que quand ça a été mon tour de le chercher, il ne voulait plus me voir ? Je ne suis pas assez bien pour monter dans sa précieuse voiture, c'est ça ? Pas assez prestigieuse ?
Des larmes coulent et je ferme les yeux un instant.
- Je voulais m'ouvrir à lui... Murmurais-je, désemparée. J'avais tant de choses à lui dire... Tant de choses à lui confier... Je souhaitais ouvrir mon cœur à un homme, pour la première fois. Je marque une pause. Je suis pathétique...
Je ris jaune. Contre moi-même. Je me maudis intérieurement. Je m'essuie, alors, rapidement les yeux et me reprends aussi vite.
- Mais c'est fini ! Je ne veux plus le voir ! Il est hors de question qu'il sache à quel point il m'a rendu faible. Vous m'entendez ? Je fixe celui que je prends pour un infirmier et le menace de mon index. Si vous le faites entrer, j'arracherais sa tête et la vôtre !
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Mais l’univers est tout sauf immobile, il bouge, il remue, il se déplace, il se transforme. Des étoiles, des galaxies même, commencent à apparaître ; on dirait qu’elles naissent si elles étaient vivantes. Elles durent des milliards d’années et disparaissent ensuite dans la masse noire qui forme 90 % de la matière de l’univers mais sans lumière, invisible et dont l’existence est inférée indirectement par des observations et des calculs. L’apparition de la vie est certainement un saut qualitatif dans l’existence de l’univers avec ses particularités dans le temps : la planète a commencé, elle évolue, elle finira par disparaître et la vie sur la terre avec elle. Mais la vie n’a d’existence et de sens que de s’incarner dans des individus végétaux, animaux, humains qui, à l’instar du temps de l’univers, naissent, grandissent, se flétrissent et disparaissent.
Ainsi le temps, si nous ne restons pas fixés sur l’instantanéité de notre présent, le moment présent, nous invite à lever les yeux vers l’univers, à songer à l’infini et, comme il nous parle de notre mort, nous invite à nous inscrire dans une durée certes limitée, certes contingente, mais imaginable, pensable et relativement aménageable à notre niveau.
Mais quelle heure est-il maintenant ?
Durant le coma, la conscience et le corps se dissocient partiellement. La conscience peut être comparée au conducteur d'une voiture, et le corps physique à la voiture elle-même. D'ailleurs, dans certaines traditions orientales, le corps est également appelé véhicule. Ainsi, durant les quelques semaines qu'a duré le coma dans lequel j'ai été plongée suite à cet accident de voiture, j'ai habité seulement la conscience, abandonnant ce corps polytraumatisé, fortement abimé par de nombreuses blessures. Autour de mon corps, l'équipe médicale s'est alors affairée pour maintenir stables les fonctions vitales, et si possible soigner mes blessures.
Affranchie des contraintes d'espace et de temps, la conscience peut se déployer largement, explorer des champs nouveaux, se dilater. A contrario, rentrer dans mon corps a été aussi compliqué que de faire rentrer un éléphant dans un trou de souris ! Pourquoi revenir, plutôt que de rompre définitivement ce lien avec le corps physique ? Il faut assurément une motivation forte pour mobiliser sa volonté et se lancer dans cette épreuve. J'étais amoureuse, ou du moins chamboulée à tout jamais par cet homme qui est entré dans ma vie, j'avais 25 ans, avec cette soif de vivre propre à la jeunesse, cette frustration également d'avoir été fauchée si prématurément. Bien que j'ai pu rêver mille et une fois de la façon par laquelle je quitterais cette Terre.
Au réveil, j'étais un bébé géant, avec un corps qui ne permettait ni de bouger, ni de parler, ni de manger... Seulement deux yeux mobiles, ouverts quelques instants. Portée par l'enthousiasme de mes amis, par l'amour de ces uniques personnes qui comblaient l'absence de ma famille, j'avais alors rassemblé toute mon énergie pour apprivoiser ce nouveau corps.
Avec d'intenses douleurs, apaisées par des dérivés de morphine ou d'opium, ces phases actives n'étaient pas du tout agréables et pourtant nécessaires. Le kiné de l'équipe, ancien pilote de chasse, m'avait dit en riant : "tu n'as plus de pilotage automatique du fait des lésions cérébrales alors tu vas tout réapprendre en mode manuel !"
Ainsi ce furent des centaines d'heures pour apprendre le fonctionnement élémentaire du corps. Un programme dense, intense : anatomie, physiologie, bio-mécanique, psychomotricité. J'ai ainsi bénéficié d'une alternance entre la théorie et la pratique. Avec pour objectif de diriger en pleine conscience par l'intention le parcours du signal électrique depuis la tête jusqu'à l'endroit souhaité du mouvement. Un chemin en couleur, que mes instructeurs traçaient au feutre lavable à même la peau. Au début, ils parcouraient l'itinéraire avec le doigts, ou une baguette fine, pour optimiser les perceptions avec plusieurs sens (vue, toucher) et ainsi favoriser la mémorisation. En outre la respiration est un prodigieux outil pour stabiliser le mental, pour gérer les émotions. Le souffle est une science en lui-même, appelé pranayama en sanskrit, un terme familier pour les pratiquants de yoga.
Les progrès furent très lents, très progressifs. Du moins, c'était ma vision des choses. Nul dans mon entourage s'interrogeait ouvertement sur l'avenir. Le défi c'était aujourd'hui. Demain sera un autre jour... Voilà la devise. Pourtant, il était évident que mes progrès avaient été rapides et jamais je ne pourrais assumer la raison qui m'a poussé à vouloir guérir aussi vite.
Ain't no sunshine when she's gone
Only darkness every day
Ce son. Cette voix. Elle me ramène à moi, petit à petit. Il faut savoir que les lésions cérébrales ont altéré de nombreuses fonctions, plusieurs aires ont été endommagées dont la mémoire. Quelques visages, dont celui de mon compagnon, me disaient quelque chose. Mais je ne pouvais lui donner de nom, ni même verbaliser le mien. Un reset disk comme a plaisanté un ami. La mémoire s'est trouvée vidée, effacée peut-être ou simplement inaccessible. Ce qui au final amenait au même questionnement : qui suis-je ? D'où un long travail d'apprentissage à partir de différents supports pour reconstruire une identité, étape nécessaire pour préparer ma future réinsertion sociale.
Mais je crois que les anti-douleurs ne m'aident pas...
- Vous avez une si jolie voix... murmurais-je doucement, avant d'ouvrir et de poser mes yeux sur l'homme qui se tient à mes côtés.
Il ne me dit rien. Ou peut-être que si ? Je ne sais plus et mon traitement m'embrume trop l'esprit pour que je puisse y réfléchir correctement. Je ne suis clairement pas en état de réfléchir à quoi que ce soit.
- Et vous êtes si beau... Dis-je, en tendant faiblement ma main, tremblante, dans sa direction.
J'arrive ainsi à la poser sur son menton et à caresser cette légère et naissante barbe qui le rend si séduisant à mes yeux. Mais je finis par très vite arrêter ce que je suis en train de faire car il me fait soudainement penser à quelqu'un que je ne pourrais jamais oublier.
- Pourquoi me faites-vous penser à lui ? Je soupire un long moment et regarde chaque recoin de la pièce. Nous sommes seuls. Est-ce que vos collègues vous ont parlé de moi ? Est-ce pour cette raison que vous me prenez en pitié et que vous venez me tenir compagnie pendant votre pause repas ?
Je le regarde de nouveau. Je ne le lui laisse pas le temps de me répondre, cependant. J'ai bien trop de choses à dire.
- Ce n'est pas parce que ma famille ne vient pas me voir qu'il faut s'inquiéter pour ma santé mentale. Je vais... Je me coupe en pensant à toute autre chose, d'un coup. Il n'est pas venu, non plus. Quel culot ! Il devrait, pourtant ! Vous ne croyez pas ?
Je le fixe comme pour lire sa réponse à travers ses yeux et enchaine.
- Vous savez bien de qui je parle, non ? De Lui. De Jeong Caïn. C'est sa faute si je me retrouve ici. Il aurait au moins pu venir me saluer. Je ne lui demande pas de m'apporter des fleurs. Je ne suis pas ainsi. Bien que cela m'aurait fait plaisir, dans le fond... Mais il aurait au moins pu venir prendre de mes nouvelles !
Je suis énervée et je pense que cela s'entend.
- Et vous savez pourquoi est-ce que je l'accuse ? Parce qu'il m'a repoussé ! Ma peine se fait soudainement entendre dans l'étouffement de ma voix. Moi... Il m'a repoussé... Alors que je ne vais jamais vers les hommes, d'habitude. Je me mords la lèvre nerveusement. Pour-Pourquoi ?
Mes lèvres se mettent à trembler et des larmes commencent à se montrer aux coins de mes yeux.
- Pourquoi m'a t-il repoussé si brutalement alors que jusqu'à maintenant, c'est lui qui me poursuivait ? Pourquoi est-ce que quand ça a été mon tour de le chercher, il ne voulait plus me voir ? Je ne suis pas assez bien pour monter dans sa précieuse voiture, c'est ça ? Pas assez prestigieuse ?
Des larmes coulent et je ferme les yeux un instant.
- Je voulais m'ouvrir à lui... Murmurais-je, désemparée. J'avais tant de choses à lui dire... Tant de choses à lui confier... Je souhaitais ouvrir mon cœur à un homme, pour la première fois. Je marque une pause. Je suis pathétique...
Je ris jaune. Contre moi-même. Je me maudis intérieurement. Je m'essuie, alors, rapidement les yeux et me reprends aussi vite.
- Mais c'est fini ! Je ne veux plus le voir ! Il est hors de question qu'il sache à quel point il m'a rendu faible. Vous m'entendez ? Je fixe celui que je prends pour un infirmier et le menace de mon index. Si vous le faites entrer, j'arracherais sa tête et la vôtre !
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Dim 6 Déc - 13:17 Citer EditerSupprimer ❝ Au commencement était la Parole. ❞ Jean 1:1 La droguée et le déprimé. La violence s’exprime sous différentes formes. Cette vérité n’est pas si abstraite pour la majorité. Si certains ont du mal à rapprocher l’agressivité physique et celle verbale ou comportementale, chaque être humain ressent la violence. Le cœur qui s’emballe, les sueurs froides, les pupilles qui se rétrécissent. On l’imagine trop souvent comme étant le propre de l’humain mais elle se trouve partout, comme un des éléments essentiels à l’existence même. Dans la nature, dans l’univers, dans une notion abstraite que le temps qui passe, on l’a retrouve. La vie, la vie est violence par les évènements qu’elle nous impose. Si un être humain peut choisir la violence comme réaction, il ne peut choisir de la subir et dans certaines situations, ni même de la fuir. L’idée même d’un destin amène une violence inouïe dans notre existence.
On n’a pas toujours le choix.
On ne choisit pas où et de qui on nait, ni comment. On ne choisit pas tous les évènements qui s’imposent à nous même si par effet papillon, nous espérons miraculeusement et naïvement les influencer.
Et si elle était montée dans la voiture ?
Et si, et si. Mais on ne construit pas un futur à coup d’incertitudes comme des hypothèses ne réécrivent pas le passé.
Caïn avait connu la violence dans sa vie. La violence d’être rejeté par sa famille, les bagarres de bar aux côtés de son meilleur ami, l’envol de sa fiancée, le passage à tabac de ce type dans le parking sous-terrain, les accusations, les rumeurs, les menaces de mort, l’humiliation, l’abandon de son frère. Pour ne citer que ceux-là. Un nuancier de violence qui pourtant n’aurait pu le préparer à celle qui se déroulait sous ses yeux.
La risibilité de la situation ne venait que lui ajouter un goût amer. Il ne put retenir un rire ironique – ou bien nerveux, il ne savait pas très bien ce qu’il était censé ressentir dans ces moments là.
Sa voix le fait sursauter. Mince, l’a-t-il réveillé ? Il resta paralysé, retenant son souffle, tandis qu’elle passa délicatement sa main sur sa joue. Ses doigts coururent jusqu’à son menton et il frissonna de la douceur d’un tel geste. Jamais n’en avait-elle eu de pareil envers lui.
« Hye Mi… » murmura-t-il, tendant sa main à la recherche de son geste mais il suspendit son mouvement dans l’air.
De quoi parlait-elle ? Il fronça les sourcils, incertain de ce qu’elle insinuait. Les paroles de l’infirmière sur la mémoire de la jeune femme lui revinrent en mémoire. L’anticipation à l’idée de la voir avait tellement occupé l’entièreté de ses fonctions cérébrales qu’il n’y avait pas prêté attention sur le coup et le choque ne lui permettait pas encore de totalement comprendre la situation. Les paroles de Janggok Hye Mi ne lui laissèrent aucun répits.
Elle ne me reconnait pas ? Elle me prend pour un infirmier ? Son nom claqua avec violence dans sa bouche, il frissonna de peur cette fois-ci. Mais je suis là ! Il regarda les fleurs sur sa table de chevet. Elle n’avait pas deviné qu’elles venaient de lui ? Elle me prend aussi pour le responsable. Dans un sens, ça le rassurait, si elle pensait également que son accident était entièrement de sa faute, il n’avait plus aucune raison de se retenir de s’auto-flageller. Mais la violence de ses paroles ne s’affaiblit pas. Et elle débita, elle débita toute la haine qu’elle avait accumulé envers lui. Et les larmes coulèrent sur ses joues et elle l’insulta, le menaça. C’était d’une violence inouïe.
Ces choses qu’elle avait souhaité lui avouer, qu’elle ne lui dirait jamais mais qui en cet instant lui échappait. Il n’aurait pas dû les entendre et il se sentait mal de briser ainsi son intimité. Elle n’avait clairement pas les idées claires et le cerveau à l’endroit, elle qui donnait toujours l’impression de tout maîtriser même dans ses colères et ses crises. En freestyle complet, les pieds bien loin du sol et de la réalité. Ce n’était pas tellement les accusations qu’elle lui lançait à la figure sans se rendre compte à qui elle les envoyait qu’il trouvait violent mais l’état dans lequel il l’avait mis, physiquement, mentalement mais émotionnellement aussi. Il ignorait qu’une telle tornade tournait sans cesse dans sa tête et son cœur et qu’elle portait son nom. Il imaginait être le seul à se torturer sur leur relation si particulière.
Moralement, il allait regretter l’instant qui allait suivre. Il s’en voulait déjà qu’elle ne puisse garder ces choses de lui, ces choses qu’elle ne souhaitait pas qu’elles l’atteignent. Cependant, il commençait à la connaître. Il se pourrait que ce soit sa seule chance de la comprendre un tant soit peu. C’était irrespectueux envers elle mais qu’elle que soit sa réponse, il s’efforcerait d’appuyer sur le bouton reset de sa mémoire. Mais ne serait-ce qu’une fois, une seule fois, il aurait aimé l’entendre. Ça le tuait depuis ce jour tragique. Ses lèvres tremblaient d’émotion alors qu’il la questionna :
« Et qu’est-ce que vous auriez aimé lui dire à ce Jeong Caïn ? »
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On n’a pas toujours le choix.
On ne choisit pas où et de qui on nait, ni comment. On ne choisit pas tous les évènements qui s’imposent à nous même si par effet papillon, nous espérons miraculeusement et naïvement les influencer.
Et si elle était montée dans la voiture ?
Et si, et si. Mais on ne construit pas un futur à coup d’incertitudes comme des hypothèses ne réécrivent pas le passé.
Caïn avait connu la violence dans sa vie. La violence d’être rejeté par sa famille, les bagarres de bar aux côtés de son meilleur ami, l’envol de sa fiancée, le passage à tabac de ce type dans le parking sous-terrain, les accusations, les rumeurs, les menaces de mort, l’humiliation, l’abandon de son frère. Pour ne citer que ceux-là. Un nuancier de violence qui pourtant n’aurait pu le préparer à celle qui se déroulait sous ses yeux.
La risibilité de la situation ne venait que lui ajouter un goût amer. Il ne put retenir un rire ironique – ou bien nerveux, il ne savait pas très bien ce qu’il était censé ressentir dans ces moments là.
Sa voix le fait sursauter. Mince, l’a-t-il réveillé ? Il resta paralysé, retenant son souffle, tandis qu’elle passa délicatement sa main sur sa joue. Ses doigts coururent jusqu’à son menton et il frissonna de la douceur d’un tel geste. Jamais n’en avait-elle eu de pareil envers lui.
« Hye Mi… » murmura-t-il, tendant sa main à la recherche de son geste mais il suspendit son mouvement dans l’air.
De quoi parlait-elle ? Il fronça les sourcils, incertain de ce qu’elle insinuait. Les paroles de l’infirmière sur la mémoire de la jeune femme lui revinrent en mémoire. L’anticipation à l’idée de la voir avait tellement occupé l’entièreté de ses fonctions cérébrales qu’il n’y avait pas prêté attention sur le coup et le choque ne lui permettait pas encore de totalement comprendre la situation. Les paroles de Janggok Hye Mi ne lui laissèrent aucun répits.
Elle ne me reconnait pas ? Elle me prend pour un infirmier ? Son nom claqua avec violence dans sa bouche, il frissonna de peur cette fois-ci. Mais je suis là ! Il regarda les fleurs sur sa table de chevet. Elle n’avait pas deviné qu’elles venaient de lui ? Elle me prend aussi pour le responsable. Dans un sens, ça le rassurait, si elle pensait également que son accident était entièrement de sa faute, il n’avait plus aucune raison de se retenir de s’auto-flageller. Mais la violence de ses paroles ne s’affaiblit pas. Et elle débita, elle débita toute la haine qu’elle avait accumulé envers lui. Et les larmes coulèrent sur ses joues et elle l’insulta, le menaça. C’était d’une violence inouïe.
Ces choses qu’elle avait souhaité lui avouer, qu’elle ne lui dirait jamais mais qui en cet instant lui échappait. Il n’aurait pas dû les entendre et il se sentait mal de briser ainsi son intimité. Elle n’avait clairement pas les idées claires et le cerveau à l’endroit, elle qui donnait toujours l’impression de tout maîtriser même dans ses colères et ses crises. En freestyle complet, les pieds bien loin du sol et de la réalité. Ce n’était pas tellement les accusations qu’elle lui lançait à la figure sans se rendre compte à qui elle les envoyait qu’il trouvait violent mais l’état dans lequel il l’avait mis, physiquement, mentalement mais émotionnellement aussi. Il ignorait qu’une telle tornade tournait sans cesse dans sa tête et son cœur et qu’elle portait son nom. Il imaginait être le seul à se torturer sur leur relation si particulière.
Moralement, il allait regretter l’instant qui allait suivre. Il s’en voulait déjà qu’elle ne puisse garder ces choses de lui, ces choses qu’elle ne souhaitait pas qu’elles l’atteignent. Cependant, il commençait à la connaître. Il se pourrait que ce soit sa seule chance de la comprendre un tant soit peu. C’était irrespectueux envers elle mais qu’elle que soit sa réponse, il s’efforcerait d’appuyer sur le bouton reset de sa mémoire. Mais ne serait-ce qu’une fois, une seule fois, il aurait aimé l’entendre. Ça le tuait depuis ce jour tragique. Ses lèvres tremblaient d’émotion alors qu’il la questionna :
« Et qu’est-ce que vous auriez aimé lui dire à ce Jeong Caïn ? »
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Lun 11 Jan - 20:13 Citer EditerSupprimer ❝ Tu n’es rien d’autre que ta vie ❞ Sartre La droguée et le déprimé. Je pose une main tremblante sur mon front. J'ai chaud tout à coup. Je crois que j'ai trop parlé. Trop réfléchi. Trop d'un coup. Je souffle doucement. Décidément, cet homme retourne mon esprit et mon cœur comme jamais aucun autre homme n'a réussi à le faire. Et me voilà en train d'attaquer ce pauvre infirmier qui n'y est strictement pour rien. Je me pince doucement la lèvre inférieure, me sentant un peu coupable de ce comportement et m'apprête à lui présenter des excuses lorsque je l'entendis me poser une question. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'écoute. Je pensais qu'il ferait semblant, comme tous les autres. Mais voilà qu'il me pose une question sur ce que je viens de débiter. Est-ce que mon histoire l'intéresse vraiment ? Est-ce que mes sentiments méritent réellement d'être entendus ? Je lui en suis reconnaissante. Malgré tout, sa question est assez ironique quand j'y pense et je laisse d'ailleurs échapper un léger rictus. Je tourne lentement ma tête pour plonger mon regard dans celui de mon interlocuteur.
- Ce jour-là... J'aurais aimé lui dire que je lui faisais confiance. J'aurais...
Je marque une longue pause, les yeux un peu perdus dans le vide, à la recherche des bons mots pouvant décrire ce que je ressens toujours au fond pour ce fameux Jeong Caïn. Et lorsque je sais enfin comment me confier, je me lance.
- J'aurais aimé lui demander de prendre soin de moi... Je... Je laisse échapper un petit rire gêné, de nouvelles larmes aux coins de mes yeux. J'aurais voulu qu'il...
Je m'arrête de nouveau, perdue par ce que je crois comprendre au fin fond de mon cœur. Une larme coule sur ma joue droite. Puis une larme sur ma joue gauche.
- Je crois que je me mentais à moi-même, depuis le début, en fait...
Quel est le rapport avec ce qu'il m'a demandé ? Il n'y en a pas. J'en ai conscience. Mes lèvres tremblent car je comprends enfin ce que j'aurais voulu lui dire. Le regard perdu dans le vide et dans mes plus profondes pensées, je reprends mes aveux.
- Nous avons lui et moi construit depuis quelques semaines quelque chose de magnifique... Quelque chose de beau. Quelque chose qui me réchauffait le cœur lorsque je me réveillais après mes cauchemars. Depuis plusieurs mois, non. Plusieurs années. Je ne croyais plus qu'un homme soit capable d'avoir un cœur vrai et sincère... Je gratte mon pouce droit avec l'ongle de mon index. Et je l'ai rencontré au hasard d'une discussion sur son lieu de travail...ce n'est pas le genre de discussion que je voulais avoir mais voilà ça s'est produit.
Quelques secondes de réflexion supplémentaires. Je me rappelle chaque moment passé avec lui. Mon cœur tambourine dans ma poitrine mais je continue de m'expliquer.
- Nous avons commencé à nous retrouver. Par inadvertance, au début. Du moins, c'est ce que je crois. Puis... de façon plus sincère. Je crois qu'il me cherchait et qu'il faisait semblant de passer par hasard non loin de moi. J'ai voulu enquêter sur lui mais au fond... Je crois que c'était un moyen de continuer à le voir. Non ? Et au fil de ces rencontres, au fil de ces retrouvailles, j'ai appris sa sensibilité... Je souris doucement. Nous en avons vécu des moments. Et j'ai aimé partager chacun d'eux avec lui. Oui. Vraiment. Et lorsque je l'ai recueilli chez moi... Oui, j'ai aimé partager ce moment si fort avec lui. J'ai aimé partager ce lien qui se tissait entre nous...
Je n'avais jamais osé l'accepter. Je le sais depuis un moment, mais j'ai toujours fait en sorte de camoufler ces sentiments au plus profond de mon être. Je crois que me confier à une tiers personne va m'aider à aller de l'avant. Oh oui, j'en ai profondément besoin car ce que je ressens pour cet homme m'étouffe de plus en plus.
- C'est le seul homme qui ait pris soin de moi comme le fait un homme avec une femme. Je veux dire... J'ai un passé quelque peu compliqué avec les hommes, vous savez. Et j'ai quelques amis hommes, bien sûr, mais ils ne se sont jamais comportés comme de vrais hommes à mon égard. Lui, oui. J'ai aimé qu'il me paye un café ou qu'il commande le petit déjeuner... Je ris doucement. C'est si stupide. Je soupire doucement. Pas une seule journée sans que je pense à lui, pas un seul moment sans que mon cœur se serre pour lui... Vous savez, au début, je prétendais le détester. Enfin, non. Je crois que je le détestais vraiment. Mais ensuite...
Encore une fois, je ne vais pas au bout de mes pensées. J'ai bien trop peur de le dire. J'ai bien trop peur d'affronter cette Hye Mi que j'ai tant repoussé depuis toutes ces années.
- Et cette journée-là, j'ai fait cette erreur. La plus grosse erreur de ma vie. Ou du moins, la seconde. J'ai décidé de lui en parler. De tout ça. J'ai décidé d'affronter ma peur pour laisser un homme m'approcher et... Je l'ai payé de la plus douloureuse des façons. Je me mords la lèvre au point de me la percer et de me la faire légèrement saigner. Et là, je pleure sur cette femme qui n'a pas toujours le courage de ses actes et qui perd cet homme qu'elle croit ai...
Je ne finis pas ma phrase. Une nouvelle larme coule sur ma joue gauche. Puis une nouvelle sur ma joue droite. Je tremble un peu. J'ai froid, tout à coup.
- J'avais tellement envie de partager avec lui des moments exceptionnels, des moments simples où sa présence suffit à les rendre exceptionnels. J'aurais voulu lui dire que je voulais voir le monde à travers ses yeux. J'aurais voulu voir la ligne bleue de l'horizon enlacée dans ses bras. Mais par ce manque de courage, j'ai tout gâché. Car j'ai du mal m'y prendre. Je n'en sais rien. Je l'ai vu me secourir dans ce cauchemar qui me hante depuis des mois et j'ai cru bon de lui ouvrir mon cœur comme si les relations humaines pouvaient être aussi faciles que cela. Quelle ironie du sort. Désormais, il n'y aura plus rien. Rien que le silence de ma déception et de ma tristesse vis à vis de lui. Alors... Que faire maintenant ? Je soupire. Oubliez cette question, il n'y a rien à faire.
Je retrouve son regard et le fixe en souriant légèrement.
- Je suis désolée de m'être emportée contre vous. Vous me semblez si gentil... Merci de m'avoir écouté.
:copyright: 2981 12289 0
- Ce jour-là... J'aurais aimé lui dire que je lui faisais confiance. J'aurais...
Je marque une longue pause, les yeux un peu perdus dans le vide, à la recherche des bons mots pouvant décrire ce que je ressens toujours au fond pour ce fameux Jeong Caïn. Et lorsque je sais enfin comment me confier, je me lance.
- J'aurais aimé lui demander de prendre soin de moi... Je... Je laisse échapper un petit rire gêné, de nouvelles larmes aux coins de mes yeux. J'aurais voulu qu'il...
Je m'arrête de nouveau, perdue par ce que je crois comprendre au fin fond de mon cœur. Une larme coule sur ma joue droite. Puis une larme sur ma joue gauche.
- Je crois que je me mentais à moi-même, depuis le début, en fait...
Quel est le rapport avec ce qu'il m'a demandé ? Il n'y en a pas. J'en ai conscience. Mes lèvres tremblent car je comprends enfin ce que j'aurais voulu lui dire. Le regard perdu dans le vide et dans mes plus profondes pensées, je reprends mes aveux.
- Nous avons lui et moi construit depuis quelques semaines quelque chose de magnifique... Quelque chose de beau. Quelque chose qui me réchauffait le cœur lorsque je me réveillais après mes cauchemars. Depuis plusieurs mois, non. Plusieurs années. Je ne croyais plus qu'un homme soit capable d'avoir un cœur vrai et sincère... Je gratte mon pouce droit avec l'ongle de mon index. Et je l'ai rencontré au hasard d'une discussion sur son lieu de travail...ce n'est pas le genre de discussion que je voulais avoir mais voilà ça s'est produit.
Quelques secondes de réflexion supplémentaires. Je me rappelle chaque moment passé avec lui. Mon cœur tambourine dans ma poitrine mais je continue de m'expliquer.
- Nous avons commencé à nous retrouver. Par inadvertance, au début. Du moins, c'est ce que je crois. Puis... de façon plus sincère. Je crois qu'il me cherchait et qu'il faisait semblant de passer par hasard non loin de moi. J'ai voulu enquêter sur lui mais au fond... Je crois que c'était un moyen de continuer à le voir. Non ? Et au fil de ces rencontres, au fil de ces retrouvailles, j'ai appris sa sensibilité... Je souris doucement. Nous en avons vécu des moments. Et j'ai aimé partager chacun d'eux avec lui. Oui. Vraiment. Et lorsque je l'ai recueilli chez moi... Oui, j'ai aimé partager ce moment si fort avec lui. J'ai aimé partager ce lien qui se tissait entre nous...
Je n'avais jamais osé l'accepter. Je le sais depuis un moment, mais j'ai toujours fait en sorte de camoufler ces sentiments au plus profond de mon être. Je crois que me confier à une tiers personne va m'aider à aller de l'avant. Oh oui, j'en ai profondément besoin car ce que je ressens pour cet homme m'étouffe de plus en plus.
- C'est le seul homme qui ait pris soin de moi comme le fait un homme avec une femme. Je veux dire... J'ai un passé quelque peu compliqué avec les hommes, vous savez. Et j'ai quelques amis hommes, bien sûr, mais ils ne se sont jamais comportés comme de vrais hommes à mon égard. Lui, oui. J'ai aimé qu'il me paye un café ou qu'il commande le petit déjeuner... Je ris doucement. C'est si stupide. Je soupire doucement. Pas une seule journée sans que je pense à lui, pas un seul moment sans que mon cœur se serre pour lui... Vous savez, au début, je prétendais le détester. Enfin, non. Je crois que je le détestais vraiment. Mais ensuite...
Encore une fois, je ne vais pas au bout de mes pensées. J'ai bien trop peur de le dire. J'ai bien trop peur d'affronter cette Hye Mi que j'ai tant repoussé depuis toutes ces années.
- Et cette journée-là, j'ai fait cette erreur. La plus grosse erreur de ma vie. Ou du moins, la seconde. J'ai décidé de lui en parler. De tout ça. J'ai décidé d'affronter ma peur pour laisser un homme m'approcher et... Je l'ai payé de la plus douloureuse des façons. Je me mords la lèvre au point de me la percer et de me la faire légèrement saigner. Et là, je pleure sur cette femme qui n'a pas toujours le courage de ses actes et qui perd cet homme qu'elle croit ai...
Je ne finis pas ma phrase. Une nouvelle larme coule sur ma joue gauche. Puis une nouvelle sur ma joue droite. Je tremble un peu. J'ai froid, tout à coup.
- J'avais tellement envie de partager avec lui des moments exceptionnels, des moments simples où sa présence suffit à les rendre exceptionnels. J'aurais voulu lui dire que je voulais voir le monde à travers ses yeux. J'aurais voulu voir la ligne bleue de l'horizon enlacée dans ses bras. Mais par ce manque de courage, j'ai tout gâché. Car j'ai du mal m'y prendre. Je n'en sais rien. Je l'ai vu me secourir dans ce cauchemar qui me hante depuis des mois et j'ai cru bon de lui ouvrir mon cœur comme si les relations humaines pouvaient être aussi faciles que cela. Quelle ironie du sort. Désormais, il n'y aura plus rien. Rien que le silence de ma déception et de ma tristesse vis à vis de lui. Alors... Que faire maintenant ? Je soupire. Oubliez cette question, il n'y a rien à faire.
Je retrouve son regard et le fixe en souriant légèrement.
- Je suis désolée de m'être emportée contre vous. Vous me semblez si gentil... Merci de m'avoir écouté.
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Lun 5 Avr - 20:15 Citer EditerSupprimer ❝ Au commencement était la Parole. ❞ Jean 1:1 La droguée et le déprimé. Ses mots étaient décousus, ses phrases se formaient aussi embrumés que ses pensées probablement. Caïn ne saisissait pas très bien le sens général de ce qu’elle essayait d’exprimer alors il s’accrocha à ces bribes d’idées qu’elle peinait à exprimer et il recousu lui-même ce puzzle qu’était son cœur. Il avait sûrement loupé quelques pièces, comme cette histoire de cauchemar qui lui fit lever un sourcil un instant, lui rappelant la vision désagréable d’une tâche de sang ininterrompu qui s’écoulait le long de son tableau de bord. Déjà partait-elle vers d’autres paroles, vers d’autres importances et il en oublia cette sensation désagréable.
Il se perdit dans les expressions de son visage pour essayer de mieux la comprendre. Ils étaient hors du temps à cet instant. Coincé dans un espace créé spécialement pour ces moments quand ils se retrouvaient tous les deux et qu’ils savaient au fond d’eux qu’ensemble ils avaient la capacité d’ouvrir cette porte vers cet univers parallèle. Ils étaient la clé de l’un et l’autre. Seulement pour ces deux têtes de mule, admettre qu’ils avaient ce lien unique heurterait bien trop leur égo et ébranlerait leurs insécurités. Ils se trouvaient respectivement hors des zones de confort de l’autre. Ainsi, avancer vers un commun semblait incroyablement ardue, presque impossible de là d’où ils se trouvaient.
Caïn sortit un mouchoir de sa poche et l’approcha du visage de Hye Mi et tandis qu’elle débitait dans un flot continu et confus. Il essuya délicatement les larmes qui coulaient de son visage d’une main. Il récupérait chacune d’entre elle du pli du tissu puis tapotait délicatement pour les effacer de ses joues. Il ne pouvait désormais plus ignorer qu’elles étaient pour lui. Son autre main attrapait le bord du lit d’hôpital si fort que les jointures de ses phalanges en blanchissaient. Son visage, lui, restait impassible mais ses yeux exprimaient la grande douceur qu’il portait à la jeune femme. Comme si lui adresser un regard trop froid pourrait briser cette enveloppe fendue et fragilisée. Il n’y avait pas que le corps qui avait explosé sous l’effet de la collision, son cœur entier y était passé.
Il l’écouta sans broncher et seulement quand elle eut fini sa longue tirade et qu’elle s’excusa auprès de l’infirmer auquel elle pensait parler, il se permit de lui tirer un sourire et de parler à son tour.
« Ce n’est rien. Vous méritez qu’on vous écoute et qu’on vous console Hye Mi. Je peux me permettre de prendre autant si ça peut vous soulager. Mais vous savez, vous méritez qu’on prenne soin de vous, vous méritez qu’on vous apporte le petit-déjeuner le matin et toutes les autres petites attentions qu’il a pu vous offrir. Mais restez votre priorité numéro un. Ne vous abandonnez pas à un homme pour un peu de tendresse même si c’est ce qui vous manque cruellement. Vous avez l’air de revenir de trop loin pour laisser quiconque vous briser le cœur. »
En apprendrait-il plus sur ces évènements qui l’avait suffisamment traumatisés pour qu’elle considère son accident comme deuxième plus grosse erreur de sa vie ? Si sa curiosité et son envie de mieux la comprendre, l’avait longtemps tenté à écouter son histoire. Plus il entendait parler et plus il en avait peur. Il ne pouvait même pas imaginer ce que ça devait être pour elle.
« Je ne dis pas que c’était son attention de vous blesser, je ne dis pas que vous ne prenez pas soin de vous et que vous ne dressez pas d’immenses barrières devant vous parce que vous savez ce que ça fait d’être blessé. Mais avez-vous pensé qu’il pourrait en faire de même ? Alors si vous construisez tous deux des palissades pour vous protéger mais que vous continuez d’avancer l’un vers l’autre, vous ne pouvez que vous blesser mutuellement. C’est fatidique. Vous auriez aimé lui dire que vous lui faisiez confiance, mais auriez-vous pu lui demander si lui vous faisait confiance ? Il a beau ce montrer attentionné, il passe lui-même par des questionnements et cicatrisent encore des plaies ouvertes. »
Il était étonné d’être aussi honnête envers lui-même. Il ne contrôlait pas très bien ce qu’il disait, comme si l’état second dans lequel se trouvait Hye Mi déteignait sur lui.
« Je ne dis pas que vous devez le soigner ou même que vous avez à être patiente. Bien sûr, il faudrait sûrement l’être si vous voulez que ça marche entre vous mais est-ce vraiment ce qu’il vous faut ? Le fait qu’il vous permette d’avoir à nouveau confiance envers le genre masculin n’est-il pas suffisant pour vous ? L’inverse est valable, il n’a pas à soigner vos blessures non plus. Vous devez vous prioriser Hye Mi, vous devez prendre le temps et faire des efforts pour panser vos blessures. Faites le avec beaucoup d’attention car elles risquent de s’infecter. S’il a pu représenter un bon onguent qui fonctionnait pendant un temps, s’il commence à vous faire du mal, vous devriez prendre vos distances. Achetez-vous vos propres déjeuners, prenez le temps de vous assurer de votre propre sécurité. C’est plus important que vous le fassiez que lui ne le fasse, il n’est qu’un bonus dans votre vie, rien de plus. Me comprenez-vous ? »
Dire ces mots était terriblement douloureux. S’il représentait une trop grande peine pour elle, il préférait encore disparaître de sa vie. Même s’il en souffrirait. C’était donc ça avoir des sentiments pour quelqu’un ? Préférer son bien-être à ses propres bénéfices. Bordel, qu’est-ce qu’il aurait aimé qu’elle le ramassa à chaque fois qu’il tombait ivre sur la voie public, qu’elle le ramena chez elle et lui offrit la douceur et l’attention qu’on ne lui avait jamais donné ou alors par intérêt. Il aurait voulu l’avoir pour partenaire à ses côtés quand il aurait dû enterrer son père, quand il aurait confronté son frère et sa mère. Il aurait aimé sentir ses doigts caresser ses cheveux tandis qu’il essayait de calmer sa tempête intérieure. Il le sentait, elle pourrait représenter sa force et sa motivation. L’essence de ce moteur éteint qui l’empêchait d’avancer dans la vie. Mais si à être à ses côtés, elle n’arrivait pas à guérir ? Malgré toute l’aide qu’il souhait et lui apporterait our sûr, si ce n’était pas suffisant ? Si elle avait besoin de faire ce chemin seule ? Si sa présence était corrosive à son rétablissement ?
Alors il se retrouvait avec deux options, l’attendre, et lorsque sa patience serait épuisée, passer à autre chose. Ou alors lui souhaiter le meilleur et revenir à son ancien style de vie sans savoir s’il ressentirait à nouveau pour quiconque les sentiments qu’il éprouvait pour elle. Avant de la rencontrer, il pensait tout simplement qu’il était incapable d’aimer.
« Et dans ce cas vous avez deux options. Soit choisir seule la bonne option, faire votre chemin dans votre coin et les conséquences s’offriront seule à vous. Soit en parler avec lui et vous affronterez vos décisions ensemble même si cela implique de le couper de votre vie. Mais cela vous demandera beaucoup de courage et d’honnêteté. Il risque bien sûr de vouloir s’accrocher à vous. Soyez forte Hye Mi. «
:copyright: 2981 12289 0
Il se perdit dans les expressions de son visage pour essayer de mieux la comprendre. Ils étaient hors du temps à cet instant. Coincé dans un espace créé spécialement pour ces moments quand ils se retrouvaient tous les deux et qu’ils savaient au fond d’eux qu’ensemble ils avaient la capacité d’ouvrir cette porte vers cet univers parallèle. Ils étaient la clé de l’un et l’autre. Seulement pour ces deux têtes de mule, admettre qu’ils avaient ce lien unique heurterait bien trop leur égo et ébranlerait leurs insécurités. Ils se trouvaient respectivement hors des zones de confort de l’autre. Ainsi, avancer vers un commun semblait incroyablement ardue, presque impossible de là d’où ils se trouvaient.
Caïn sortit un mouchoir de sa poche et l’approcha du visage de Hye Mi et tandis qu’elle débitait dans un flot continu et confus. Il essuya délicatement les larmes qui coulaient de son visage d’une main. Il récupérait chacune d’entre elle du pli du tissu puis tapotait délicatement pour les effacer de ses joues. Il ne pouvait désormais plus ignorer qu’elles étaient pour lui. Son autre main attrapait le bord du lit d’hôpital si fort que les jointures de ses phalanges en blanchissaient. Son visage, lui, restait impassible mais ses yeux exprimaient la grande douceur qu’il portait à la jeune femme. Comme si lui adresser un regard trop froid pourrait briser cette enveloppe fendue et fragilisée. Il n’y avait pas que le corps qui avait explosé sous l’effet de la collision, son cœur entier y était passé.
Il l’écouta sans broncher et seulement quand elle eut fini sa longue tirade et qu’elle s’excusa auprès de l’infirmer auquel elle pensait parler, il se permit de lui tirer un sourire et de parler à son tour.
« Ce n’est rien. Vous méritez qu’on vous écoute et qu’on vous console Hye Mi. Je peux me permettre de prendre autant si ça peut vous soulager. Mais vous savez, vous méritez qu’on prenne soin de vous, vous méritez qu’on vous apporte le petit-déjeuner le matin et toutes les autres petites attentions qu’il a pu vous offrir. Mais restez votre priorité numéro un. Ne vous abandonnez pas à un homme pour un peu de tendresse même si c’est ce qui vous manque cruellement. Vous avez l’air de revenir de trop loin pour laisser quiconque vous briser le cœur. »
En apprendrait-il plus sur ces évènements qui l’avait suffisamment traumatisés pour qu’elle considère son accident comme deuxième plus grosse erreur de sa vie ? Si sa curiosité et son envie de mieux la comprendre, l’avait longtemps tenté à écouter son histoire. Plus il entendait parler et plus il en avait peur. Il ne pouvait même pas imaginer ce que ça devait être pour elle.
« Je ne dis pas que c’était son attention de vous blesser, je ne dis pas que vous ne prenez pas soin de vous et que vous ne dressez pas d’immenses barrières devant vous parce que vous savez ce que ça fait d’être blessé. Mais avez-vous pensé qu’il pourrait en faire de même ? Alors si vous construisez tous deux des palissades pour vous protéger mais que vous continuez d’avancer l’un vers l’autre, vous ne pouvez que vous blesser mutuellement. C’est fatidique. Vous auriez aimé lui dire que vous lui faisiez confiance, mais auriez-vous pu lui demander si lui vous faisait confiance ? Il a beau ce montrer attentionné, il passe lui-même par des questionnements et cicatrisent encore des plaies ouvertes. »
Il était étonné d’être aussi honnête envers lui-même. Il ne contrôlait pas très bien ce qu’il disait, comme si l’état second dans lequel se trouvait Hye Mi déteignait sur lui.
« Je ne dis pas que vous devez le soigner ou même que vous avez à être patiente. Bien sûr, il faudrait sûrement l’être si vous voulez que ça marche entre vous mais est-ce vraiment ce qu’il vous faut ? Le fait qu’il vous permette d’avoir à nouveau confiance envers le genre masculin n’est-il pas suffisant pour vous ? L’inverse est valable, il n’a pas à soigner vos blessures non plus. Vous devez vous prioriser Hye Mi, vous devez prendre le temps et faire des efforts pour panser vos blessures. Faites le avec beaucoup d’attention car elles risquent de s’infecter. S’il a pu représenter un bon onguent qui fonctionnait pendant un temps, s’il commence à vous faire du mal, vous devriez prendre vos distances. Achetez-vous vos propres déjeuners, prenez le temps de vous assurer de votre propre sécurité. C’est plus important que vous le fassiez que lui ne le fasse, il n’est qu’un bonus dans votre vie, rien de plus. Me comprenez-vous ? »
Dire ces mots était terriblement douloureux. S’il représentait une trop grande peine pour elle, il préférait encore disparaître de sa vie. Même s’il en souffrirait. C’était donc ça avoir des sentiments pour quelqu’un ? Préférer son bien-être à ses propres bénéfices. Bordel, qu’est-ce qu’il aurait aimé qu’elle le ramassa à chaque fois qu’il tombait ivre sur la voie public, qu’elle le ramena chez elle et lui offrit la douceur et l’attention qu’on ne lui avait jamais donné ou alors par intérêt. Il aurait voulu l’avoir pour partenaire à ses côtés quand il aurait dû enterrer son père, quand il aurait confronté son frère et sa mère. Il aurait aimé sentir ses doigts caresser ses cheveux tandis qu’il essayait de calmer sa tempête intérieure. Il le sentait, elle pourrait représenter sa force et sa motivation. L’essence de ce moteur éteint qui l’empêchait d’avancer dans la vie. Mais si à être à ses côtés, elle n’arrivait pas à guérir ? Malgré toute l’aide qu’il souhait et lui apporterait our sûr, si ce n’était pas suffisant ? Si elle avait besoin de faire ce chemin seule ? Si sa présence était corrosive à son rétablissement ?
Alors il se retrouvait avec deux options, l’attendre, et lorsque sa patience serait épuisée, passer à autre chose. Ou alors lui souhaiter le meilleur et revenir à son ancien style de vie sans savoir s’il ressentirait à nouveau pour quiconque les sentiments qu’il éprouvait pour elle. Avant de la rencontrer, il pensait tout simplement qu’il était incapable d’aimer.
« Et dans ce cas vous avez deux options. Soit choisir seule la bonne option, faire votre chemin dans votre coin et les conséquences s’offriront seule à vous. Soit en parler avec lui et vous affronterez vos décisions ensemble même si cela implique de le couper de votre vie. Mais cela vous demandera beaucoup de courage et d’honnêteté. Il risque bien sûr de vouloir s’accrocher à vous. Soyez forte Hye Mi. «
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Mer 21 Avr - 14:07 Citer EditerSupprimer ❝ Tu n’es rien d’autre que ta vie ❞ Sartre La droguée et le déprimé. Un être est porté à se projeter dans son passé par manque de discipline émotionnelle, aimant repasser les événements heureux ou malheureux qu’il a vécus parce qu’il n’est pas pleinement satisfait dans le présent par manque de créativité. Moins un être s’aime et s’apprécie, plus il se projette dans le passé ou le futur, pour échapper à un présent qui lui pèse, ou plus il se cherche un paradis artificiel pour fuir la réalité, pour sombrer dans l’oubli. Mais c’est une perte de temps et un risque que de se projeter dans le passé. C’est une perte de temps parce que le passé ne peut renaître et que le temps qu’on y pense, on perd l’essentiel de l’instant présent dans des circonstances dépassées qu’on retient de façon malencontreuse dans son psychisme. C’est ainsi qu’on développe une personnalité stagnante ou aigrie, devenant un désemparé émotionnel. À trop penser à son passé, on se crée des joies factices et désuètes, on se déphase et on se fait inutilement du mal à soi même.
- Vous avez l’air de revenir de trop loin pour laisser quiconque vous briser le cœur.
Cela me fit doucement sourire et je le regarde. Je suis comme apaisée maintenant que j'ai pu balancer tout ce que je gardais au fond de moi.
- Mon cœur est déjà brisé, monsieur l'infirmier. Et seul un homme comme lui peut être en mesure de me le réparer. Seul... Je marque une pause. Seul un homme comme lui peut me sauver.
Certains développent même une véritable paranoïa parce qu’ils en viennent à craindre que le passé ne se reproduise. Qui ne connaît pas de ces gens âgés qui, pour avoir vécu des faits troublants ou pour avoir trop écouté les nouvelles des médias, deviennent très suspicieux, ressassant des nouvelles de vol, de viol, d’escroquerie et de meurtre et se barricadent chez eux. Ils amènent leurs croyances à se renforcer que la plupart des gens ne sont pas dignes de confiance et viennent chez eux pour les espionner et prépare des plans menaçants. À trop creuser son passé, on en vient à se souvenir plus du mal que du bien et on perd son sens de l’invention. Puisque la pensée créée, on doit choisir soigneusement les événements dont on veut se souvenir et ceux que l’on veut écarter. Repasser les erreurs du passé n’y changera rien. Et quand on parle du passé, on inclut le passé récent. Continuer à penser à son passé, même récent, peut interférer dans le présent. Et si on laisse le passé interférer dans le présent, il interférera dans le futur. Il faut décider de ce qu’on veut garder vivant dans sa mémoire. En oubliant les faits pénibles du passé. On se prépare à mieux affronter les autres épreuves qui peuvent toujours surgir si on manque de conscience. En les entretenant, on se forme une mentalité défaitiste, fataliste et on se désespère.
- ... auriez-vous pu lui demander si lui vous faisait confiance ? ... Je ne dis pas que vous devez le soigner... Me comprenez-vous ?
Je l'ai écouté très attentivement. Du moins, je le crois. Puisque je reçois pas mal de médicaments et de calmants, j'ignore si c'est le bon moment pour être aussi profond et philosophique avec moi. Bien qu'en temps normal, cela m'aurait aidé à avancer.
- J'aurais pu prendre soin de lui et le soigner... s'il me l'avait demandé. J'en avais l'envie. dis-je, faiblement.
Il n’est pas facile de laisser aller le passé, surtout le passé sombre, mais, une fois qu’on a changé cette habitude délétère de trop regarder en arrière, on dirige mieux sa vie, on avance dans une plus grande sérénité, on se crée un meilleur avenir. De toute manière, il est vain et ridicule de se désoler de son passé, d’y penser comme si on pouvait le reprendre, de s’en plaindre en croyant qu’on aurait pu faire mieux. Ce qui est fait et fait et il faut vivre avec. Quoi qu’on eût tenté de faire, les choses n’auraient pas tourné mieux pour soi, car il y avait quelque chose à apprendre qu’on ne connaissait pas, qu’on a dû apprendre, qui a fait ce qu’on est devenu. On a exercé de nouveaux potentiels ou on a pu reconnaitre certaines de ses faiblesses. Le passé ne peut aider que si on se rappelle ses moments de succès pour éveiller sa mémoire créative et évolutive. On doit bien se garder de se culpabiliser de ne pas être devenu autre chose que ce qu’on est, car c’est se déprécier et se ralentir dans l’étape suivante qu’il faudra franchir. Alors, on se désole de ce qu’on n’est pas encore devenu mais qu’on peut devenir. Le bagage des expériences qu’on a menées jusqu’à ce jour constitue l’enseignement pour lequel on avait choisi de naître. Qu’on le qualifie de bon ou de mauvais, il compose son être, dévoilant son but. Si on repense à son passé pour s’en rappeler les échecs, on projette ses limitations antérieures dans ses relations présentes. Alors, si on désire revenir sur son passé, que ce soit pour penser aux moments où on était créatif, plein d’amour, débordant de puissance, vibrant de force.
- Et dans ce cas vous avez deux options...
J'écoute les options qu'il me présente mais je ne suis pas d'accord. Je n'ai pas le choix. Je l'avais peut-être avant cet accident mais je ne l'ai plus, désormais. Il a choisi pour moi.
- Comment pourrais-je avoir le choix alors qu'il a refusé de me parler lorsque j'étais prête à avoir cette discussion avec lui ? Se faire repousser est douloureux. Je l'ai vécu avant d'échapper à la mort de justesse. Loin de moi l'envie de retenter le diable. Il a choisi à ma place en me repoussant ce jour-là et en ne venant même pas prendre de mes nouvelles.
Je soupire et pose le dos de ma main droite sur mon front. Je ferme les yeux, je me sens fiévreuse tout à coup...
:copyright: 2981 12289 0
- Vous avez l’air de revenir de trop loin pour laisser quiconque vous briser le cœur.
Cela me fit doucement sourire et je le regarde. Je suis comme apaisée maintenant que j'ai pu balancer tout ce que je gardais au fond de moi.
- Mon cœur est déjà brisé, monsieur l'infirmier. Et seul un homme comme lui peut être en mesure de me le réparer. Seul... Je marque une pause. Seul un homme comme lui peut me sauver.
Certains développent même une véritable paranoïa parce qu’ils en viennent à craindre que le passé ne se reproduise. Qui ne connaît pas de ces gens âgés qui, pour avoir vécu des faits troublants ou pour avoir trop écouté les nouvelles des médias, deviennent très suspicieux, ressassant des nouvelles de vol, de viol, d’escroquerie et de meurtre et se barricadent chez eux. Ils amènent leurs croyances à se renforcer que la plupart des gens ne sont pas dignes de confiance et viennent chez eux pour les espionner et prépare des plans menaçants. À trop creuser son passé, on en vient à se souvenir plus du mal que du bien et on perd son sens de l’invention. Puisque la pensée créée, on doit choisir soigneusement les événements dont on veut se souvenir et ceux que l’on veut écarter. Repasser les erreurs du passé n’y changera rien. Et quand on parle du passé, on inclut le passé récent. Continuer à penser à son passé, même récent, peut interférer dans le présent. Et si on laisse le passé interférer dans le présent, il interférera dans le futur. Il faut décider de ce qu’on veut garder vivant dans sa mémoire. En oubliant les faits pénibles du passé. On se prépare à mieux affronter les autres épreuves qui peuvent toujours surgir si on manque de conscience. En les entretenant, on se forme une mentalité défaitiste, fataliste et on se désespère.
- ... auriez-vous pu lui demander si lui vous faisait confiance ? ... Je ne dis pas que vous devez le soigner... Me comprenez-vous ?
Je l'ai écouté très attentivement. Du moins, je le crois. Puisque je reçois pas mal de médicaments et de calmants, j'ignore si c'est le bon moment pour être aussi profond et philosophique avec moi. Bien qu'en temps normal, cela m'aurait aidé à avancer.
- J'aurais pu prendre soin de lui et le soigner... s'il me l'avait demandé. J'en avais l'envie. dis-je, faiblement.
Il n’est pas facile de laisser aller le passé, surtout le passé sombre, mais, une fois qu’on a changé cette habitude délétère de trop regarder en arrière, on dirige mieux sa vie, on avance dans une plus grande sérénité, on se crée un meilleur avenir. De toute manière, il est vain et ridicule de se désoler de son passé, d’y penser comme si on pouvait le reprendre, de s’en plaindre en croyant qu’on aurait pu faire mieux. Ce qui est fait et fait et il faut vivre avec. Quoi qu’on eût tenté de faire, les choses n’auraient pas tourné mieux pour soi, car il y avait quelque chose à apprendre qu’on ne connaissait pas, qu’on a dû apprendre, qui a fait ce qu’on est devenu. On a exercé de nouveaux potentiels ou on a pu reconnaitre certaines de ses faiblesses. Le passé ne peut aider que si on se rappelle ses moments de succès pour éveiller sa mémoire créative et évolutive. On doit bien se garder de se culpabiliser de ne pas être devenu autre chose que ce qu’on est, car c’est se déprécier et se ralentir dans l’étape suivante qu’il faudra franchir. Alors, on se désole de ce qu’on n’est pas encore devenu mais qu’on peut devenir. Le bagage des expériences qu’on a menées jusqu’à ce jour constitue l’enseignement pour lequel on avait choisi de naître. Qu’on le qualifie de bon ou de mauvais, il compose son être, dévoilant son but. Si on repense à son passé pour s’en rappeler les échecs, on projette ses limitations antérieures dans ses relations présentes. Alors, si on désire revenir sur son passé, que ce soit pour penser aux moments où on était créatif, plein d’amour, débordant de puissance, vibrant de force.
- Et dans ce cas vous avez deux options...
J'écoute les options qu'il me présente mais je ne suis pas d'accord. Je n'ai pas le choix. Je l'avais peut-être avant cet accident mais je ne l'ai plus, désormais. Il a choisi pour moi.
- Comment pourrais-je avoir le choix alors qu'il a refusé de me parler lorsque j'étais prête à avoir cette discussion avec lui ? Se faire repousser est douloureux. Je l'ai vécu avant d'échapper à la mort de justesse. Loin de moi l'envie de retenter le diable. Il a choisi à ma place en me repoussant ce jour-là et en ne venant même pas prendre de mes nouvelles.
Je soupire et pose le dos de ma main droite sur mon front. Je ferme les yeux, je me sens fiévreuse tout à coup...
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Dim 13 Juin - 22:48 Citer EditerSupprimer ❝ Au commencement était la Parole. ❞ Jean 1:1 La droguée et le déprimé. Des pensées se bousculaient dans la tête de Caïn et chacune d'entre elle tournait autour de Hye Mi. Et elle ? A quoi pensait-elle ? Est-ce que les émotions et les raisonnements qu'elle développait en ce moment même peuvent refléter ce qu'elle pense vraiment ? L'accident, le choc, la morphine. Elle semblait avoir de plus en plus de mal à lui répondre et il comprenait que même dans cet acte vicieux qu'il commettait envers elle, il ne pouvait pas aller trop loin. Il soupira.
"La seule personne qui peut vous sauver Hye Mi, c'est vous-même." lui avoua-t-il tout bas.
"..."
"Je suppose que ça vaut pour lui aussi."
Une infirmière entra. Tic tac, tic tac, son temps au parloir était écoulé. Il se leva, rouge et honteux. La soignante pouvait confondre son état avec de la gêne. En réalité, il était accablé. Entre ce moment volé et la discussion houleuse qu'il avait eu avec la fameuse meilleure amie, il se demandait si rester aux côtés de la jeune femme était vraiment une bonne idée. Il n'aimait pas les malentendus qu'elle continuait de lui balancer à la gueule. Petit à petit, il se rendait compte qu'elle ne le comprenait pas. Il n'avait peut-être pas besoin qu'elle le fasse cela dit, il ne l'avait jamais espéré. Alors pourquoi ce pincement dans ses entrailles ? Pourquoi, depuis la première fois, chercher par tous les moyens à ce qu'elle ne se trompe pas sur son compte ? En quoi ça avait de l'importance à ces yeux et en quoi cette dernière révélation allait impacter leur relation ? "Relation". Un bien grand mot. N'étaient-ils pas que de simples connaissances aux yeux de tous ? Et malgré tout ça, il se sentait profondément attaché à la jeune femme. C'est ce sentiment qui l'effrayait. Ce sentiment qu'en laissant fondre la glace autour de son coeur pour qu'elle puisse le toucher, il l'avait empoisonné de sa malédiction. Et même si le bon sens en voulait autrement , il était persuadé d'avoir causé cet accident. Cette fois-ci, elle avait survécu. Et encore, à quel prix ?
Elle n'aurait peut-être pas autant de chance la prochaine fois.
Il tourna les talons, et à cet instant il s'était peut-être décidé à ne plus jamais la revoir. Pourtant, arrivé à la porte, il se retourna et lui demanda :
"Mademoiselle Hye Mi, quelles sont vos fleurs préférées ?"
:copyright: 2981 12289 0
"La seule personne qui peut vous sauver Hye Mi, c'est vous-même." lui avoua-t-il tout bas.
"..."
"Je suppose que ça vaut pour lui aussi."
Une infirmière entra. Tic tac, tic tac, son temps au parloir était écoulé. Il se leva, rouge et honteux. La soignante pouvait confondre son état avec de la gêne. En réalité, il était accablé. Entre ce moment volé et la discussion houleuse qu'il avait eu avec la fameuse meilleure amie, il se demandait si rester aux côtés de la jeune femme était vraiment une bonne idée. Il n'aimait pas les malentendus qu'elle continuait de lui balancer à la gueule. Petit à petit, il se rendait compte qu'elle ne le comprenait pas. Il n'avait peut-être pas besoin qu'elle le fasse cela dit, il ne l'avait jamais espéré. Alors pourquoi ce pincement dans ses entrailles ? Pourquoi, depuis la première fois, chercher par tous les moyens à ce qu'elle ne se trompe pas sur son compte ? En quoi ça avait de l'importance à ces yeux et en quoi cette dernière révélation allait impacter leur relation ? "Relation". Un bien grand mot. N'étaient-ils pas que de simples connaissances aux yeux de tous ? Et malgré tout ça, il se sentait profondément attaché à la jeune femme. C'est ce sentiment qui l'effrayait. Ce sentiment qu'en laissant fondre la glace autour de son coeur pour qu'elle puisse le toucher, il l'avait empoisonné de sa malédiction. Et même si le bon sens en voulait autrement , il était persuadé d'avoir causé cet accident. Cette fois-ci, elle avait survécu. Et encore, à quel prix ?
Elle n'aurait peut-être pas autant de chance la prochaine fois.
Il tourna les talons, et à cet instant il s'était peut-être décidé à ne plus jamais la revoir. Pourtant, arrivé à la porte, il se retourna et lui demanda :
"Mademoiselle Hye Mi, quelles sont vos fleurs préférées ?"
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Re: Scar tissue [Caïn et Hye Mi] | Ven 2 Juil - 14:03 Citer EditerSupprimer ❝ Tu n’es rien d’autre que ta vie ❞ Sartre La droguée et le déprimé. Les rencontres sont similaires au vent, elles nous effleurent délicatement la joue et laissent leur empreinte au sein de notre cœur. Il n'y a aucune logique à en retirer, il n'y a que des instants purs dont on doit s'imprégner pour l'éternité. Dans l'océan des rencontres, chaque goutte est importante.
Je ferme les yeux, fatiguée.
On rencontre beaucoup de visages dans le monde, mais certains d'entre eux pénètrent dans notre esprit presque à notre insu. Ce n'est pas à cause de leur beauté qu'ils s'imposent à nous, mais plutôt à cause d'une autre qualité. Dans la plupart des visages la nature humaine ne transparaît pas, mais il s'en trouve cependant où cette qualité mystérieuse, intérieure, se manifeste spontanément. Alors ce visage-là se fait remarquer entre mille autres et s'imprime tout à coup dans l'esprit.
J'ai soudainement une boule au ventre qui me donne envie de pleurer.
Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l'autre.
J'ouvre alors les yeux pour croiser les siens en tournant la tête.
- La Pivoine... J'adore cette fleur. La Pivoine...
Je continue de le regarder et une larme vient couler sur ma joue. L'infirmière s'inquiète alors pour moi et me demande si tout va bien mais je continue de fixer cet infirmier qui continue de me rappeler quelqu'un.
- Si vous le croisez et que mon sort l'intéresse ne serait-ce qu'un peu... Dites lui que je suis en vie et qu'il n'a pas à s'en vouloir... Encore faudrait-il qu'il se sente coupable... Vous...
Je commence à avoir du mal à parler et l'infirmière me demande de me reposer avant de convier mon invité à sortir de la chambre.
:copyright: 2981 12289 0
Je ferme les yeux, fatiguée.
On rencontre beaucoup de visages dans le monde, mais certains d'entre eux pénètrent dans notre esprit presque à notre insu. Ce n'est pas à cause de leur beauté qu'ils s'imposent à nous, mais plutôt à cause d'une autre qualité. Dans la plupart des visages la nature humaine ne transparaît pas, mais il s'en trouve cependant où cette qualité mystérieuse, intérieure, se manifeste spontanément. Alors ce visage-là se fait remarquer entre mille autres et s'imprime tout à coup dans l'esprit.
J'ai soudainement une boule au ventre qui me donne envie de pleurer.
Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l'autre.
J'ouvre alors les yeux pour croiser les siens en tournant la tête.
- La Pivoine... J'adore cette fleur. La Pivoine...
Je continue de le regarder et une larme vient couler sur ma joue. L'infirmière s'inquiète alors pour moi et me demande si tout va bien mais je continue de fixer cet infirmier qui continue de me rappeler quelqu'un.
- Si vous le croisez et que mon sort l'intéresse ne serait-ce qu'un peu... Dites lui que je suis en vie et qu'il n'a pas à s'en vouloir... Encore faudrait-il qu'il se sente coupable... Vous...
Je commence à avoir du mal à parler et l'infirmière me demande de me reposer avant de convier mon invité à sortir de la chambre.
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