“ eunhye&jinho : memories .” & le nyam nyam a fait parti de mes toutes premières expériences professionnelles. quand je ne connaissais encore personne ici, ça a été mon tout premier repère dans cette ville. et c’est ce qui m’a décidé à prendre un petit studio miteux à insadong. de fil en aiguille, j’ai découvert que je pouvais faire quelque chose de bien de ma vie, et notamment être bénévole auprès de la vieille. si aujourd’hui, je ne travaille plus au restaurant, je n’ai pas changé mes habitudes. j’aime bien y passer. je n’ai pas énormément d’endroits dans cette ville que j’affectionne particulièrement comme celui-là. en général, j’y passe et je continue ma vie. j’ai voyagé dans tellement de pays différents que ça me fait ni chaud ni froid de travailler dans une nouvelle structure. mais le nyam nyam m’a marqué, et plus particulièrement, sa patronne, eun hye. je me revois encore pendant mes premiers jours, à râler parce que le cuisinier me donnait trop d’assiettes en même temps, à bougonner parce que je devais resservir les clients en eau plusieurs fois, à marmonner suite aux erreurs de caisse. je m’étais pris de sacrés sermons, et maintenant que j’y réfléchis, ça se comprend. eun hye aime son métier, elle aime aussi son restaurant et les valeurs qu’il porte. même si j’ai répété de nombreuses fois que c’était simplement un lieu de travail et que je n’y retournerai pas, je me suis retrouvé à squatter des après-midis où il n’y avait pas grand monde. au fur et à mesure, j’ai bien dû me rendre à l’évidence que je n’y allais pas simplement pour observer la décoration. même si ça me tue de l’admettre et que je ne suis pas très doué pour les relations sociales, eun hye est devenue une noona pour moi, quelqu’un qui compte de plus en plus. on passe pas mal de temps ensemble, et je prends limite le nyam nyam pour mon qg, que ça plaise au cuisinier ou non.

justement, en ce début d’après-midi, j’ai reçu un appel d’eun hye, me racontant qu’elle avait acheté des nouveaux meubles pour le nyam nyam et qu’elle avait bien besoin d’un bon coup de main pour déménager tout ça. après l’avoir un peu taquiné et lui avoir fait croire que je ne viendrais pas, me voilà une énième fois devant le restaurant bio, observant les portes et les grandes baies vitrées de l’établissement. j’ai retroussé mes manches, confiant de la force que j’allais pouvoir lui apporter, avant d’actionner la poignée et de me retrouver à l’intérieur. j’ai observé autour, il n’y avait aucun client. comme il n’y avait personne dans la salle principale, je me suis raclé la gorge pour m’annoncer. « il y a quelqu’un ? s’il n’y a personne je m’en vais.. » j’ai affiché une mine boudeuse, faisant semblant de retourner sur mes pas. « bon, on dirait bien que je vais devoir m’en aller, quel dommage. » personne. pourtant, il me semble bien avoir entendu un bruit. et cette tonne de cartons sur la droite et d’emballage me donnent un mauvais pressentiment. je me demande ce qu’il se trame. je suis curieux de savoir. « je m’en vais, du coup. » ai-je dit d’une voix pressante mais pas vraiment motivé à quitter l’établissement. en réalité, je ne veux pas partir, je fais juste genre.


 

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“ eunhye&jinho : memories .” &
tendre la main, aider mon prochain, c'est une activité dont je ne retiens aucun bénéfice si ce n'est les biceps de mon ami jin ho, aujourd'hui. avec une telle générosité, je me demande pourquoi ma foi n'est pas inspirée par une de ces nombreuses religions connues dans notre monde. au fond, je n'ai pas besoin de croire en un être supérieur pour me comporter correctement. mes mœurs ne sont pas ceux de mon voisin mais ils respirent la liberté et la bonne entente. rien de plus. je tiens juste croire en l'humain, aux hommes. je n'ai plus qu'à me laisser guider par mon instinct souvent bafouée par les lois qui régissent cette société. si je n'ai jamais été une antisystème, je fais en sorte de ne pas être ces gens qui le portent et qui se verront écrasés par son poids. jin ho ? il avait réussi à se faire détester par certains de ses camarades et mes responsabilités m'ont crié de le virer. or, il m'arrive parfois de me voir en lui. cette phrase est d'un cliché sans limite. je n'ai jamais été une femme en colère, du moins, je ne l'étais pas à sa façon. et puis, même s'il n'était pas parfait, le jeune homme était loin d'être stupide. il connaissait les limites, celles que j'avais moi-même fixées pour éviter toute mauvaise surprise. c'est ainsi qu'il m'est redevable. bien sûr, une amitié est basée sur nos échanges, sur notre entraide respective. ainsi, quand il est question de remanier la décoration du restaurant, je ne tarde pas à appeler mon ex-employé. comme d'habitude, il cherche à raconter des salades et pendant un instant, je ne peux pas m'empêcher de tomber dans le panneau alors que je devrais connaître le personnage. c'est que je le voyais presque tous les jours ces derniers mois. soupirant d'un air excédé, j'ai été la première à raccrocher comme si j'allais le sanctionner, le punir de ne pas être venue aider une pauvre demoiselle démunie. s'il ne vient pas aujourd'hui, ça sera demain et il passera tout simplement un mauvais quart d'heure. lui aussi semble avoir oublié ma personnalité. une piqûre de rappel ne fait jamais de mal, même s'il n'est plus sous contrat. personne ne peut échapper à la businesswoman que je suis.

ne tardant pas à ranger les dernières factures dans le bon dossier, je tiens à être organisée et à ne rien laisser traîner pour pouvoir jouer des muscles plus facilement. mon gabarit me permet de pouvoir soulever des meubles mais mon endurance ne suit pas forcément. je ne compte donc pas lever le moindre petit doigt avant son arrivée. de qui se moque t-on ?

toujours dans mon bureau, je n'entends pas forcément jin ho arriver dans le restaurant. pas du premier coup, en tout cas. je le devine à sa voix pressante et à sa façon de signaler son départ imminent. je réponds du tac au tac alors qu'il ne voit pas brandir mon poing. " ose. OSE UNE SEULE SECONDE et je te rattrape par la peau du CUL ! " heureusement qu'aucun des clients ne m'entend parler ainsi. rejoignant la salle principale du restaurant, je lui offre un sourire taquin. " et puis tu veux aller où comme ça ? tu ne vas pas me faire croire que tu as autre chose à faire qu'à passer du temps avec moi ? " je lui lance un clin d'oeil dont je suis la seule à avoir le secret. je pointe du doigt ensuite un de ses bras. " faut bien que ton semblant de truc te serve un jour. " puis, je me mets derrière un des cartons. " d'abord, je voudrais virer ces cartons pour pouvoir faire de la place pour mon nouvel investissement. un livreur devrait débarquer d'ici trente minutes. ça devrait le faire, non ? si on travaille bien, on pourra même boire un café entre temps ! " pour le pousser à travailler, je dois bien l'appâter avec quelque chose, à défaut d'une rémunération.


 

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“ eunhye&jinho : memories .” & j’observe l’intérieur du restaurant de manière dubitative. je me demande à quoi servent tout ces cartons. est-ce qu’elle souhaite que je les jette dehors ? ils ont l’air plutôt lourds, mais ça ne m’inquiète pas trop. là, pour l’instant, je remarque que je suis apparemment seul dans l’établissement. en réalité, je me doute que je ne suis pas seul et qu’eun hye est quelque part dans les pièces voisines, mais je fais exprès d’exprimer ma fausse envie de partir en haussant le ton comme un mauvais comédien. bien sûr que je ne veux pas partir, ce serait loin d’être mon genre de la laisser se débrouiller seule, même si j’aime bien la faire mariner un peu. je toise les fameux cartons qui me rendent plus que curieux pendant que la voix de mon ex-patronne se fait entendre venant de l’arrière-restaurant. je détourne mon regard sur sa silhouette qui me rejoint dans la pièce principale. j’esquisse un petit sourire en coin en montrant la rue du bout du doigt. « j’ai une vie bien remplie figures-toi. je suis très demandé. on me veut à tous les coins de rues. » totalement faux mais c’est toujours plaisant de faire genre avec eun hye. elle me lance un clin d’œil et pointe mon bras presque immédiatement. je grimace et pouffe d’un rire jaune. « c’est quand même le mec qui a un semblant de truc que t’as appelé à l’aide. » je désigne ses bras d’un signe de tête bourru. « fais de la muscu et on en reparle. bras de fer quand tu veux. » c’est rare que je l’appelle noona. j’ai pas l’habitude aux formes de politesse d’ici. c’est peut-être parce que je suis étranger, mais j’ai du mal à m’y faire à tout ça. en plus, c’est pas mon délire de respecter les protocoles. je la vois se diriger vers les cartons pendant que, mine de rien, je jette des coups d’œil à mes bras découverts par mes manches retroussées. un semblant de truc ? moi au moins, c’est loin d’être de la gonflette. déjà en train de ronchonner pour moi-même, j’écoute eun hye en affichant un air renfrogné, comme à mon habitude. un café ? évidemment, vu qu’elle ne me paie pas, elle trouve quelque chose pour me motiver un tant soit peu. j’analyse les cartons entassés et me rapproche à mon tour. « tu jettes tout le restaurant ou quoi ? j’ai jamais vu un bordel comme ça. » ai-je lâché sur un ton cynique, bien content de pouvoir l’embêter à mon aise. je reprends une expression sérieuse et commence à soulever un carton pour le déplacer sur un autre et les prendre en même temps. « trente minutes ça va le faire sans problème. j’attends toujours que tu retrousses tes manches aussi, hors de question que je le fasse seul pour un petit café de rien du tout. » je suis d’un naturel généreux, donc je ne le dis pas, mais même si elle ne m’avait rien offert en retour, je serais venu. j’en ai pas grand-chose à faire du café, au moins, ça me permet de passer du temps avec elle et même si je fais semblant de râler, on est loin de m’avoir forcé à venir.


 

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ma menace se fait entendre dans tout le restaurant. le jeune homme n'aura pas le courage de fuir alors que j'ai besoin de ses services. il devrait être flatté d'avoir été réclamé. ses muscles seront fort utiles pour déplacer les meubles, et puis, il est surtout la cible de ma petite surprise. n'osant pas imaginer sa réaction, je préfère le rejoindre dans la salle principale de mes locaux professionnels. entre temps, j'ai pris soin de rabaisser mon poing car je ne ferais clairement pas le poids contre lui si nous devons imiter des lutteurs. un sourire amusé se dessine sur mes lèvres : " à tous les coins de rue ? bah dis donc, je l'aurais jamais crû. " j'aurais dû le brosser dans le sens du poil mais une voix dans ma tête me laisse penser que le jeune homme ne me laissera pas. nous avons plutôt une bonne relation lui et moi. ce n'est pas quelques taquineries qui risquent de le vexer bien qu'il ait mauvais caractère. j'arque ensuite un sourcil. " faire un bras de fer avec moi ? il te faut simplement ça pour te flatter ton égo ? tu serais surpris de voir ma force, crois-moi. " je suis coriace et surtout, j'ai passé une bonne partie de ma vie à aider mes parents. travailler la terre est comme une seconde nature chez moi. je n'ai pas peur de porter du poids. certes, ce n'est pas forcément les mêmes efforts qui sont demandés dans cette épreuve mais j'imagine que ça peut jouer sur la balance ? enfin, nous avons d'autres chats à fouetter. je me dirige vers les cartons, espérant que jin ho me suive. je devrais lui faire plaisir. têtu comme une mule, une petite carotte fera avancer mon petit âne adoré, n'est-ce pas ? mon dieu, je pense qu'il me tuerait s'il entendait mes comparaisons. heureusement, le jeune homme ne possède pas un tel pouvoir. dans ce cas, je n'aurais plus qu'à faire mes adieux à mes proches. " non, ce n'est pas dans mes objectifs bien que le restaurant en bas de la rue serait bien ravi, lui... " je retiens un soupir. je sais bien que jin ho voulait m'embêter mais il m'a aussi tendu une perche. " la dernière fois, il s'est pris le bec avec woo young en disant qu'il lui avait volé une recette. bla bla. " c'est puéril mais je veux faire attention à la réputation de mon restaurant. " si tu veux mon avis, il doit consommer des drogues dures. comment on peut être aussi con ? " ce n'est pas pour autant que je dois m'empêcher de me défouler. " un petit café, ça te plaît pas ? bon bon, d'accord, je vais t'aider mais regarde, tu portes déjà deux cartons ! t'es trop fort ! j'ai vraiment peur de te gêner moi... " je retrousse mes manches en le regardant d'un air moqueur. puis, je soulève à mon tour deux cartons avec un contenu plus léger dedans, mais il n'est pas obligé d'être au courant. " on va les déposer à l'arrière salle. sait-on jamais si je voudrais les réutiliser un jour... ou les mettre en vente ? " je fronce légèrement les sourcils, réfléchissant. " c'est du mobilier ou des éléments décoration, tu pourras piocher dedans... mais pas trop non plus si tu veux. " c'est qu'il a réussi à me faire culpabiliser avec ma maigre proposition.
 

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