Plus d’un mois déjà, qu’il était en mission. Un quotidien rude, auquel il s’était habitué. Bien différent de ce qu’il avait toujours connu. Plus de rigueur, des ordres à suivre au pied de la lettre. Pour tous ceux qui l’avaient connu adolescent, il serait surprenant d’apprendre quelle vie Jaylen menait désormais. Il s’était rangé, repenti. Avait fait prendre à sa vie un nouveau tournant. Sans cette épée de Damoclès au dessus de la tête, en permanence. Certains diraient même qu’il était devenu un homme bon, bien qu’il l’avait toujours été, à sa manière. C’était tout ce qu’il gardait désormais en tête, bien plus encore lors de ces missions auxquelles il était désigné. Se permettant de souffler un peu, apprivoiser cette nouvelle voie qu’il s’était choisi, lors de ses permissions, ou entre deux départs. Passant une main dans ses cheveux, il quittait le camion dans lequel il se trouvait, regagnait sa caserne pour récupérer quelques affaires. Il retrouvait Séoul, pour quelques jours. Déjà impatient de retrouver celle qu’il considérait être sa femme, il avait ce léger rictus qui ne le quittait pas. Sans vouloir perdre de temps, il gardait sa tenue, et quittait les lieux aussi vite qu’il n’était arrivé, pour regagner son appartement. Il savait déjà, qu’élan serait là. Une fois de plus, il voulait lui faire cette surprise, quelques jours à passer ensemble, avant qu’il ne retourne en exercice, pour une durée souvent inconnue. Des permissions qui avaient toujours une saveur particulière. Des moments qu’il avait appris à chérir, surtout. Il était encore tôt, lorsqu’il se retrouvait en bas de son appartement. Les premiers rayons de soleil commençaient à apparaitre, et malgré tout, il avait réussi à dégoter un petit déjeuner qui, il n’en doutait guère, allait plaire à celle qu’il aimait. Sourire étiré sur ses lèvres, il entrait dans son appartement sans un bruit, déposant ses affaires dans l’entrée, les plats et les boissons dans la cuisine, avant de gagner la chambre ou elle se trouvait. Faisant en sorte de ne pas la réveiller, il s’était avancé vers elle, s’accroupissant à sa hauteur, l’observant quelques instants endormie. « Salut toi… » avait-il fini par souffler, tandis qu’il caressait ses cheveux amoureusement, n’attendant plus que sa réaction. Souvent la même, mais qu’il appréciait tant voir à chaque fois.

Dire que Jay lui manquait était un euphémisme. Elle détestait chaque fois qu’il était réquisitionné. Elle avait l’impression que le monde allait l’engloutir et qu’elle perdrait pied sans se sentir capable de se battre. Plus encore depuis le retour de Jed qu’elle prenait soin d’éviter. Une situation qu’elle n’aurait jamais cru possible. Une blague du destin. Un mauvais dessein du karma. Le genre à vous briser le cœur à nouveau et d’une histoire qu’elle pensait derrière elle la voilà à rouvrir les pages qui ont laissés des cicatrices indélébiles sur son cœur. Elle refusait de croire cette révélation possible. Préférant se concentrer sur ses études. Elle avait dû aménager ses cours en fonction de son handicap. Rien n’était facile mais Jay lui avait donné l’envie de se battre. De surmonter les épreuves du quotidien et pourquoi pas de guérir. Une folie qu’elle n’avait jamais osé croire possible mais avec Jay à ses côtés … c’était comme si la vie avait soudainement prit un nouveau tournant où l’impossible devient réel. Il s’était montré si patient avec elle, elle qui avait eu tellement de mal à s’ouvrir se fermant aux autres, se cachant derrière son handicap pour ne pas comprendre qu’elle était effrayée du monde. Jay lui avait montré un univers différent dans lequel elle pouvait s’épanouir. Dire qu’il l’avait sauvé sa vie était un euphémisme. Heureusement que la plupart du temps elle pouvait lui parler en FaceTime, enfin aussi souvent qu’ils leur étaient permis. elle avait toujours peur pour lui, s’imaginait le pire lorsqu’il partait en mission. allait-il au front ? on ne parlait pas des guerres, mais elles existaient réellement. Et Aelan savait que son petit ami combattait. Elle ne pouvait s’empêcher de le voir en ligne de front, arme à la main, à tuer des ennemis. Mais savait aussi qu’elle se faisait tout un monde de ce métier, qu’il allait sûrement très bien et que les guerres n’étaient sans doute plus aussi violente qu’elle pouvait le voir dans les films. tout du moins elle l’espérait … Mais il lui revenait toujours en un seul morceau, sans égratignure … Sans cicatrice qu’elle n’avait pu soigner lorsqu’il était blessé. elle supportait difficilement cette idée. Elle s’arrangeait toujours pour lui écrire des lettres, glissant le plus souvent une photo d’elle, parfois sage, et parfois coquine pour lui tenir compagnie dans les nuits où il se sentait seul. Leur appel vidéo n’avait pas vraiment d’intimité, au moins elle savait qu’au détour d’une de ses lettres, elle saurait lui offrir quelques délicieux moments. Aelan se moquait bien de savoir que le courrier était fouillé, tant qu’il recevait son cadeau … quand bien même elle se doutait que Jaylen n’était pas des plus enjoué à l’idée que d’autres hommes puissent voir les photos dénudées de sa petite amie. Elle s’était couchée tard ce soir là. elle avait révisé longuement pour son examen de la semaine prochaine, elle était prête, elle le savait, mais se plonger dans ses cours l’empêchait de s’inquiéter pour Jaylen ou de penser au retour de Jed. elle allait devenir folle, elle avait besoin de voir Jay, de le serrer contre elle, ne pouvait que porter ses hoodies, et se consoler de son absence en comptant les jours. comme un rituel qu’elle ne manquait jamais, elle cochait sur le calendrier posé sur sa table de chevet, les jours qui la séparait de la fin de la mission de Jay. Jour qu’elle avait entouré d’un coeur, comme toujours. endormie profondément elle n’entendit évidemment aucun bruit. ce n’est qu’à la sensation de cette main delicieuse sur son corps qu’elle réalisa que quelqu’un était là. et ce parfum si familier était plus fort qu’à son endormissement. il n’était pas seulement sur le pull de Jay qu’elle portait, ni même sur cet oreiller dont le parfum avait fané depuis longtemps. elle mis quelques secondes à réaliser, croisant le regard de Jay, avant de comprendre. elle se redressa légèrement d’un bond et s’écria “Mon amour !” avant de se jeter à son cou dans un rire heureux. elle était si soulagée et heureuse de le voir qu’elle ne mesura pas son engouement et le fit basculer en arrière. déjà ses lèvres le couvraient de baisers alors qu’elle souriait, les yeux brillants. il lui faisait chaque fois la surprise, et chaque fois elle se sentait comme la femme la plus heureuse du monde. elle se serra contre lui en ne cessant pas de murmurer son prénom, et des mots d’amours avant de venir l’embrasser tendrement. dire qu’il lui avait manqué était un euphémisme.