Je suis désolée Junho. J’avais promis de t’aimer jusqu’à la fin des temps et me voilà déjà à t’abandonner. Encore. De la pire des façons. De la plus fatale des façons. Je t’aime Junho, tu le sais, pas vrai ? Mais la vie réserve parfois des surprises qu’on ne peut anticiper, ni accepter. La mort n’est pas une fin en soit, peut-être le début d’un nouveau chapitre, celui que Junho ne pourrait être capable d’écrire sans elle. Comment pourrait-il trouver la force de se relever sans celle qui le soutient ? Cette vie que tu découvres, ce monde que tu aimes tant, vaut-il la peine d’être ton théâtre si ton ange n’est plus dans les coulisses Junho ? La vie que tu aimes tant avoir ces derniers jours, vaut-elle la peine d’être vécu sans elle ? Une vie sans Mok. Il y avait déjà goûté, n’avait-il dont pas réaliser combien le retour de la jeune femme dans son quotidien l’avait changé ? Tu ne fais plus semblant, pas avec elle, plus vraiment avec les autres. Encore un peu, sûrement, mais bien moins qu’avant. Et cette sœur qu’il oublie. Qu’il délaisse. Dont il se libère. Réalises-tu combien tout ça n’est possible que grâce à elle. Mok, cette princesse qui a fait éclater ton monde pour en construire un nouveau à tes côtés. As-tu pris le temps de lui dire adieu ? Ne m’oublie pas, jamais. Voilà la seule pensée qui obsède Mok. Ne jamais disparaitre. Pas dans l’esprit de l’homme qu’elle aime. Son souffle la quitte, et sa poitrine ne se soulève plus. Son corps s’affaisse plus encore pour ne laisser qu’un corps sans vie au détour de ce couloir, sous le décombre. Mok, reine de ta vie, n’est plus. la mort, si douce compagne avec qui l’on flirt nous parait pourtant si atroce quand elle nous enlève la seule personne que l’on aime sincèrement. Quelle sera ta vie désormais ? Sans elle, sans Mok. Sa poitrine ne se soulève plus et son souffle la quitte. Mok n’est plus. Mok est morte.

C’est son souffle qui résonne brusquement dans ses tympans abîmés… il percute son âme, le fait frissonner… et ce vide tout à coup. Cruel et si terrible… Elle n’est plus là. Il le sait, sa peau s’hérisse, plein d’effroi il la cherche des yeux. Tu l’as perdu… et son souffle s’arrête. Ses yeux débordants de larmes, sa vue se voile… une illusion. Son sourire à elle, sa silhouette qui se tient debout face à lui. Tout ira bien… mais il sait que c’est un mensonge. Tu vas partir ? Qu’une seconde où il se perd dans cette machination de son cerveau. Elle s’efface, laisse place à ce décombre où il aperçoit… cette main… et il court, se précipite vers elle. Son nom, il ne sait plus s’il l’a prononcé. Ses genoux raclent le sol, alors qu’il attrape ses doigts... Glacé… comme il le savait. Tu ne peux pas me laisser. « Mok ?!!! » il a hurlé si fort. Dans un geste machinal, il attrape le décombre, ses mains lui brûlent tout à coup. Ses paumes touchant le produit, s’effritent… sa peau se colle. Il grimace de douleur, mais rien ne lui fait lâcher. Il insiste encore, trouve une force pour le rejeter en arrière. Triste est le spectacle qu’il découvre… son cœur ne bat plus… il le sait. Sa peau blafarde, ses lèvres bleutées… Tu l’as laissé tomber. Ses yeux pleurent, mais pas de cette souffrance physique. Celle d’un cœur qui se brise… « Mok !! Non. » il crie encore, se jette sur sa silhouette fragile. Inerte, il n’a qu’une seconde pour réfléchir… alors il plaque ses paumes brûlées contre elle et il appuie si fort. Sur sa poitrine, plusieurs coups brusques « Me fais pas ça !! Je suis là. » Je suis là maintenant. « Me laisse pas !!! » et il se penche, écarte ses lèvres pour lui redonner ce souffle. Il insiste, peut-être plus brusque mais jamais il ne lâchera… « Reviens !! » reviens s’il te plait. Je suis là ! Elle t’a laissé tomber… « Tu m’avais promis Mok !!! » jamais tu ne partirais. « Reviens !!!! »

Ne pas te laisser. Quelle merveilleuse idée, mais Mok n’était pas certaine de savoir comment s’y prendre. C’était plus fort qu’elle, cette fatigue, ce repos tant mérité était si attrayant. Si apaisant. Ça fait du bien tu sais, Junho, de ne plus souffrir. La sérénité de l’instant était une pause à cette vie de tourment qu’elle ne vivait que comme un orage, une tempête la bousculant, constante et sauvage. Elle donnerait tout ce qu’elle a pour Junho, sa vie ne semblait n’être qu’un prix dérisoire pour le voir sourire. Mais parfois il lui manquait le courage et les cartes pour avancer. Guidez-moi. Un cri, déchirant, celui du cœur, la fait grimacer dans ces limbes. Elle se retourne, elle qui voyait ses parents se retrouve désormais seule, englouti dans le noir, dans un entre deux. Un monde qui n’existe pas encore. Elle voit la silhouette de sa flamme jumelle vaciller devant elle. Elle lui sourit, tout ira bien Junho. Ne crains rien. Elle veut s’approcher de lui mais déjà son néant le fait disparaitre. Mok. Elle pouvait l’entendre gémir son prénom dans une peur panique qu’on ne peut jouer. Junho n’était pas assez bon menteur pour ça. Blessé, le souffle erratique, le voilà à appuyer sur cette poitrine pour la ramener à la vie. Pourquoi ne pars tu pas ? Sauve ta vie ! Pars, laisse-moi ! elle voudrait pouvoir le faire partir, car la structure du bâtiment menace de s’effondrer à tout moment. Autour d’eux des corps jonchent le sol mais il ne semble pas s’en apercevoir. Ses gestes sont pressés, avec cette ardeur de lui sauver la vie. Le néant disparait soudainement, et toutes les douleurs du monde l’assaillent soudainement, comme une naissance soudaine, quittant ce monde apaisant. Tout lui fait mal. Tout. Et le souffle qui revient alors brusquement dans ses poumons la fait tousser. Peine à se réveiller, à peine en vie, mais suffisamment pour qu’il la fasse rester avec lui … à ses côtés.

 

REUSSIS : Elle est réanimée enfin ! Junho peut tenter de les sortir de là.

FAIL : Elle est réanimée mais Junho a appuyé trop fort, une de ses côtes a craquée.

Un battement de cœur, imperceptible. Discret. Un battement de cœur qui la maintenait en vie. A cet instant Junho venait de lui sauver la vie, à bien des égards. Pas seulement ce soir, mais à chaque seconde passée avec elle. Elle revoyait leur retrouvaille, la colère et la douleur d’un passé gâché qu’elle aurait dû ressentir. Mais Mok avait oublié depuis l’accident ce que ressentir voulait dire, mais depuis lui … tout était différent. La mécanique de son cœur s’était relancé et elle avait senti chacun de ses rouages s’enclencher à nouveau. La douleur était si intense qu’elle en avait oublié comment dormir des jours durant … puis doucement la douleur avait laissé place à une chaleur diffuse, délicate, rassurante. Elle s’était perdue, dans des tourments et des faux pas, sans jamais lâcher sa main. Elle s’était accrochée à lui, qu’importe les suffocations et les coups qu’il lui portait. Elle avait tenu bon pour atteindre cette sérénité. Celle qu’ils avaient partagés à Tokyo. Un paradis parfait. Des semaines de bonheur si intense qu’elle avait craint la chute, chute arrivée bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru. Jamais assez bien. Elle avait tant souffert, souffrait tant d’une réalité qu’elle ne voulait pas voir, ni comprendre. Mais Mok s’accrochait, comme toujours. Pourtant … son âme flottante près de leur corps à moitié enseveli elle se sentait à nouveau happé à la vie par la seule volonté de Junho. Souffrant de le voir aussi dévastée, elle s’agenouille devant lui, de sa douceur qu’elle n’accordait qu’à lui et vint caresser sa joue. Elle savait qu’il sentirait sa présence. Que son touché ne lui serait pas étranger, ni invisible. « Junho … » sa voix se perdu comme un murmure lointain mais qu’elle savait résonner en écho dans son cœur. « Laisse-moi partir … » tout ira bien mon amour … laisse-moi partir … Mok, aveuglée par une lumière, détourne le visage et sourit devant la silhouette de ses parents qu’elle aperçoit. Tout est encore trouble mais elle les devine, à deux pas d’elle, enfin. Comme un lien qui se défait, détisse, elle s’éloigne de lui, trainant derrière elle leur file rouge. Et Junho peut la sentir s’éloigner à nouveau, comme le vent glisserait dans sa poigne. A l’orée de cette lumière rassurante et délicate Mok réalise qu’elle peut enfin atteindre le repos éternel … sans lui. Son cœur s’émiette doucement à cette pensée, à l’image de grain de sable, elle se sent se défaire, fondre pour n’être plus aussi … complète ? Comme si elle laissait une part d’elle en arrière. Les suppliques de Junho lui déchirent le cœur alors qu’elles lui arrivent si violente à ses oreilles. Comment pouvait-elle aussi sereine en le laissant ainsi ? déglutissant elle recule d’un pas malgré la main tendue de ses parents. Elle ne veut plus les rejoindre. Elle ne veut plus … elle ne veut pas quitter Junho. L’enfant à soudain peur, peur que son monde ne s’écroule sans lui … Les murs s’effritent et dans un fracas ramènent son âme brutalement dans son cœur. Et alors que le plafond s’effondre sur eux Mok réalise. Ramenée à la vie elle gémit un faible « Jun … » sans réaliser qu’il la protégeait de son corps … ne me laisse pas partir.

REUSSIS : Un groupe d'intervention arrive à se frayer un passage à leur étage et avance vers eux doucement. 

FAIL : Le groupe d'intervention est ralenti par les débris.