Petite aquarelle sur fond de lumière. C'est cela qu'il est Soah. Une enrobée de couleurs s'envolant au gré du vent. Et il n'irait pas nier le fait qu'il en a vu passer des couleurs dans sa vie. Malheureusement, des plus sombres au lieu des plus claires, parfois des nuancées et avec une touche de brillance. Une seule...

Il est né dans une bonne famille. Il l'a aimée et on l'a aimé en retour. À l'âge de quatre ans, son père s'est vu muter à Séoul et la vie s'est enjolivé. Il y a rencontré Shanyuan et sa famille. Shanyuan, il lui a apporté, comment dire, un lot de couleurs à lui tout seul. Ils ont beau eu avoir trois ans de différence, ils se sont directement entendus et rien ni personne n'ont réussi à les séparer. Ils ont tout vécu ensemble toutes les années qui les menèrent jusqu'au lycée. Il a paru évident que leur cercle d'ami(e)s a été à peu près le même et cela a convenu à tout le monde, même s'ils ne se sont pas tous forcément appréciés.
Cependant, cette différence d'âge s'est fait ressentir à leur plus grand regret. Ou du moins à son plus grand regret à lui, Soah. Nuit de printemps aux feuilles éblouissantes, corps enchevêtrés, coeurs sauvages, émotions volages, baisers fugaces. Aujourd'hui, quand il lui arrive d'y penser, il ne sait pas quoi en déduire. Oui, Shanyuan et lui ont eu toujours cette complicité entre eux sans pareille. Ils ont échangé bon nombre de gestes affectueux sans se douter que ça en a fait jalouser plus d'un. Pourtant, ils se sont toujours dits qu'amis. Qu'en a-t-il été réellement ?

Cela a pris fin comme cela a débuté. Comme un courant d'air. Quand Shanyuan a disparu de sa vie, lui a perdu pied.  Même aux cours de danse qu’ils ont débuté ensemble tous les deux, même parmi ses ami(e)s et sa famille aimants, il n’a pas retrouvé le chemin. Lui, de nature si enjoué et se poussant à l’extrême face à la moindre difficulté, n’a jamais su pourquoi son corps s’est retourné contre lui-même.
Deux ans. Les deux plus longues, les deux plus intenses. Toujours ancrées au fond de son être. On parle de dépression sans en être sûr. Lui-même ne l’est pas. Qu’est-ce qui a pu déclencher cela ? Il en a des idées mais ne veut pas les étayer. Cela, il le garde pour lui et sait se protéger aisément des questions ses parents et de ses petites-soeurs jumelles, nées quand il a eu sept ans. Les prunelles de sa vie qui ont eu le don de le faire remonter à la surface.
Il a lutté. Il a pleuré, crié jusqu’à n’en plus pouvoir. Il s’est excusé mais en a voulu aussi. Parce que ces deux années, il ne les a passés chez lui bien au chaud. On l’a enfermé et il a essayé de leur faire comprendre que cela ne l’aide pas. À bon entendeur. Le principal est qu’il en est sorti ; à quel prix ?

Aujourd’hui, il revit. Il est entré à l’université Yonsei. Il a choisi arts du spectacle spécialité danse car il espère devenir professionnel dans ce domaine. Il n’y a qu’en mouvant son corps qu’il parvient à montrer ce qu’il ressent et à se libérer. Ses envies, ses peurs, ses doutes, ses joies. Il fait de son mieux chaque jour et espère que les démons du passé ne viendront pas l’importuner.