La terrasse du loft de Hoon a beau ne pas être la plus grande de la ville, ni la plus éloignée du centre, elle a cet avantage d’être sur-élevée et, ainsi, de permettre une vision sur le ciel plutôt privilégiée. Pour fêter Halloween et chasser la tristesse des derniers événements, Hoon avait pensé à tout. Il allait décorer sa terrasse de sorte à ce qu’elle ne soit pas reconnaissable ; avec des petites lumières, une tente au milieu, et beaucoup plus de verdure que d’habitude. L’objectif était d’imiter au mieux les conditions du camping nocturne que Jia Xin appréciait tant, mais avec les insectes et les bruits de la forêt en moins. Et avec du réseau aussi.

Pour cela, Hoon a fait beaucoup d’effort. Déjà, il a dépensé une somme assez conséquente pour les décorations. Des lumières douces, des lampes de toutes sortes, une tente jolie, des coussins mignons, des plaids chauds, des petits arbustes en pot, des snacks en tout genre et des bonbons, et enfin quelques citrouilles pour rester dans le thème. Ensuite, il a passé des heures à tout installer tout seul – et pour quelqu’un d’aussi peu débrouillard que lui, ce n’est pas rien. D’ailleurs, vu le nombre de fois où ses décorations sont tombées parce qu’il les avait mal accrochées, il est bien content d’avoir invité Jia Xin à dix heures du soir. Tant pis s’ils ne peuvent pas dîner ensemble : au moins, il a eu le temps de bien tout préparer au préalable pour que ses plans ne soient pas gâchés. Bien sûr, comme l’objectif principal du plan était de surprendre, il n’a rien dit à l’étudiante à part de venir en kigurumi pour faire une « soirée pyjama banale ».

Quand sonne vingt-et-une heure quarante-cinq sur son téléphone (il a mis l’alarme pour ne pas être en retard), Hoon regarde son travail d’un regard pleinement satisfait, éteint les lumières avec la télécommande faite pour ça, et rentre dans son loft pour enfiler son pyjama. Comme prévu, Jia Xin arrive à l’heure et il s’empresse d’aller l’ouvrir avec un grand sourire (si grand qu’elle peut déjà se douter qu’il a préparé quelque chose). « Salut la plus jolie ! » s’exclame t-il en ouvrant la porte, Choko à ses pieds, tout aussi ravi que Hoon de voir l’étudiante. Comme un geste automatique, il prend la main de Jia Xin et l’amène à l’intérieur avec lui. « J’espère que tu es prête à passer le meilleur Halloween de ta vie ! » dit-il, sans jamais la lâcher des yeux. Hoon a du mal à croire qu’il sort avec l’étudiante, alors que cela fait déjà deux mois et demi.

Une soirée pyjama banale, voilà ce que lui avait proposé Hoon. Jia Xin avait hésité un instant, suspicieuse qu’il ajoute banale à sa proposition. La sino-coréenne avait fini par accepter. Ça lui changerait les idées et elle en avait bien besoin. Les derniers évènements l’avaient vraiment secouée. Ne pas retrouver sa vue l’inquiétait aussi, grandement, mais la sango n’en disait rien, elle le gardait pour elle. Mais ce n’était pas vraiment un secret quand on l’entendait pester de voir flou les lignes de son livre. Ce qui rendait dingue son père qui la tannait pour aller voir un spécialiste mais elle refusait toujours. Après tout, c’était trop cher. Et sa vue reviendrait, non ? ça serait bête d’acheter des lunettes pour quelques semaines seulement… Mais la jeune femme forçait un peu trop sur ses yeux. Comme maintenant où elle tentait de lire les horaires du bus qui devait l’emmener dans le centre-ville. Jia Xin soupira bruyamment, avant de se tourner, frustrée de ne pas voir clair. Elle croisa les bras avant de rabattre la capuche de son kigurumi olaf. Heureusement que c’était Halloween, elle aurait fait sacrément tâche, sinon, ce soir.

Descendant enfin du bus, elle marcha jusqu’à chez Hoon. Arrivée devant, elle retira sa capuche et sonna à l’interphone. La jeune femme rentra et fut accueilli par un immense sourire. Fronçant les sourcils, soupçonneuse, elle le fixa en plissant les yeux pour tenter de le voir nettement mais aussi parce qu’il était louche. « Hey… » Répondit-elle doucement et presque timidement, le rouge aux joues à cause de son compliment. Il prit sa main et la traîna à l’intérieur, suivi de Choko. « Prête pour une soirée pyjama banale, oui. Mais… Je sens que ça ne va pas être banale. » Répondit-elle. « Qu’est-ce que tu as préparé ? » Demanda-t-elle, méfiante. C’était tellement évident qu’il lui cachait quelque chose ! La jeune femme le fixait, toujours aussi suspicieuse.

Les accusations de Jia Xin le prennent de court ; il était certain qu’il avait bien caché son jeu, comment peut-elle deviner qu’il a préparé quelque chose ?! « Hein ?! Mais euh, pas du tout, j’ai rien préparé » ment-il maladroitement, comme toujours. Piètre menteur qu’il est et il s’en rend compte une fois que les mots sont sortis : aucune chance de berner Jia Xin avec un jeu d’acteur aussi mauvais. « Bon, d’accord. J’ai préparé quelque chose, mais je ne te dis rien, je te laisse voir par toi-même ! » s’exclame t-il finalement. Il vaut mieux abandonner rapidement, dans de telles circonstances. Tenant toujours sa petite-amie par la main, il s’apprête à la diriger vers le jardin extérieur pour lui montrer ce qu’il a préparé mais s’arrête dans son élan. « Ne t’en fais pas, ce n’est rien de… d’effrayant quoi. Fin, je veux juste pas que tu t’imagines un truc terrible » précise t-il. C’est Halloween après tout ; si elle s’imagine qu’il a fait une décoration terrifiante, elle risque de déchanter assez vite. Hoon est le premier à avoir peur de ce genre de choses. « Si tu veux, on peut rester au chaud un peu avant d’y aller. C’est sur la terrasse que j’ai tout préparé. » explique t-il en souriant. « Tu vas bien, d’ailleurs ? Oh là là, je fais tout à l’envers, pourquoi je te demande ça que maintenant ? » Sans doute parce qu’il est trop pressé de montrer le résultat de ses efforts, il se met à parler, parler, parler sans cesse. « Je dois être trop pressé de te montrer la surprise » Il rigole. « D’ailleurs, Choko est pressé aussi ! » s’exclame t-il en montrant le chien qui courre autour d’eux, à leur pied, d’un air qui semble leur demander pourquoi ils ont arrêté de marcher.

C’était aussi évident que le nez au milieu de la figure. Hoon avait préparé quelque chose. Lui qui lui avait annoncé une soirée pyjama tout à fait banale, il l’avait berné. Les yeux plissés, suspicieuse, Jia Xin ne croyait pas un seul mot du garçon. « Tu mens mal. » Dit-elle en le fixant, secouant doucement la tête avant de soupirer. Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander de lui dire ce qu’il avait prévu, il lui coupa l’herbe sous le pied. « Mais sinon, tu n’as rien préparé, hein ? » Pouffa-t-elle, prête à suivre le garçon mais il s’arrêta dans son élan, la laissant perplexe et les yeux grands ouverts, interrogateurs. « Je ne m’imaginais rien de terrible. » Dit-elle en esquissant un sourire. Vu comment il avait eu peur lors de leur petite escapade, la dernière fois, la sino-coréenne avait bien vite compris qu’il était peureux. Alors, elle imaginait bien qu’il n’avait rien fait de terrifiant. Halloween, ça n’était pas pour lui. Et puis, le voilà qui parlait, parlait et parlait encore, ne lui laissant aucun moment pour en placer une. Il enchaînait les questions, lui disait de regarder ça puis autre chose. Jia Xin lâcha la main du sango et attrapa son visage entre ses mains. « Respire, Hoon, tout va bien. » Dit-elle, sourire amusé aux lèvres. « Je vais bien et toi ? » Demanda-t-elle, gardant toujours ses mains sur les joues de son petit-ami. « Je veux bien aller voir maintenant. Je crois que, si on attend, tu vas me faire une crise cardiaque à cause de la pression. » Ajouta-t-elle, le taquinant, avant de finalement lâcher son visage. Elle récupéra sa main dans la sienne. « Allons voir. » Dit-elle, lui adressant un doux sourire.

Hoon aurait préféré créer un effet de surprise mais il n’a jamais été très doué pour cacher des choses et mentir. C’est le genre d’ami qui révèle le contenu des cadeaux sans que personne n’ait demandé, trop fier de ce qu’il a acheté pour attendre le jour de l’anniversaire ou de Noël. « Tu sais bien que ce n’est pas mon genre de ne rien préparer » répond-il avec un sourire, en haussant les épaules. Puis il enchaîne sur une phrase, et une autre, et n’arrête son flot de paroles que quand il sent les deux petites mains de Jia Xin se poser sur ses joues. L’aspect soudain de l’action le prend de court et le réduit au silence, tandis qu’il plonge ses yeux dans ceux de sa petite-amie. D’une traite, elle répond à tout ce qu’il lui a demandé, puis lui lâche le visage – c’est à ce moment-là qu’il s’aperçoit qu’il peut reprendre la parole. « Oui, ça va aussi » Un peu stressé, c’est vrai, parce qu’il a hâte de voir la réaction de Jia Xin à sa préparation. Chose qu’elle a l’air de comprendre sans qu’il ne le dise, puisqu’elle propose d’aller voir de suite sa terrasse – le sourire de Hoon s’agrandit alors et ses yeux se mettent à briller avec une telle intensité qu’il est facile de savoir qu’il est terriblement pressé. « Super ! » s’exclame t-il en serrant la main de Jia Xin dans la sienne pour la guider vers la terrasse, Choco les suivant de près.

Ils montent ensemble l’escalier qui les mène au premier étage, là où il y a la terrasse, mais juste avant de la laisser sortir, Hoon se tourne de nouveau vers elle. « C’est trop facile si tu découvres ça comme ça. » déclare t-il en se positionnant derrière Jia Xin. Il lâche sa main et pose ses deux mains sur les yeux de l’étudiante, l’obligeant à les fermer. « Je te guide jusqu’à la terrasse et je te dis quand tu peux ouvrir les yeux. » explique t-il, et il met aussitôt son plan à exécution. Prudemment, ils font quelques pas, il ouvre l’ouverture vers la terrasse – le froid de dehors frappe son visage – regarde le résultat de son travail pendant un court instant avant de murmurer, juste à côté de l’oreille de Jia Xin :  « Tu peux ouvrir les yeux. » En disant ça, il baisse ses mains et attrape aussitôt la main de la sango qu’il avait lâchée. En même temps qu’elle, il a l’impression de redécouvrir la tente éclairée au milieu de la terrasse, remplie de snacks et de plaids, la fausse verdure au sol, les petites lanternes qui créent un chemin vers le centre, les éclairages sur les plantes. « Alors ? » ne peut-il s’empêcher de demander, la voix remplie d’excitation. « J’ai essayé de reproduire l’ambiance camping que tu aimes tant ! » explique t-il aussitôt d’un ton inquiet, comme si ce n’était pas évident – mais il a trop peur qu’elle ne comprenne pas, ou que ça ne lui plaise pas.

Son petit-ami ne lui laissait pas le temps d’en placer une. Elle ne pouvait pas répondre à une question, qu’il en posait une autre. Jia Xin lâcha sa main et posa ses mains contre le visage de Hoon, l’entourant, et l’obligeant à la regarder. Et surtout, à arrêter de parler. Soufflant discrètement en ne l’entendant plus, la sino-coréenne put, enfin, répondre à ses questions. Elle lui adressa un sourire et lâcha ses joues, récupérant sa main dans la sienne juste après, fin prête à aller voir la surprise qu’il avait concocté. Elle avait hâte, ses yeux pétillaient, mais il semblait que l’étudiant soit encore plus pressé qu’elle car il la guida aussitôt vers la terrasse. Ils montèrent les escaliers menant au premier étage et si Jia Xin s’attendait à pouvoir sortir presque aussitôt, Hoon s’arrêta et se tourna vers elle. Elle posa un regard interrogateur sur lui avant de sourire, le laissant faire son petit ménage. Elle ferma les yeux et laissa le sango la guider jusqu’à la terrasse. « D’accord ! » Répondit-elle, ayant bien compris qu’elle n’aurait, de toute façon, pas le choix. Le froid frappa son visage quand il ouvrit l’ouverture vers la terrasse et la jeune femme avança de quelques pas encore, prudemment. Puis, la vue lui revint enfin, les mains de l’étudiant lui laissant enfin voir sa surprise. Elle écarquilla les yeux, surprise, et émerveillée par la beauté des lieux. Elle resta muette pendant plusieurs longues secondes, qui devaient sembler une éternité pour le garçon. Il prit la parole, lui faisant tourner la tête. Un immense sourire ornait ses lèvres. « C’est juste parfait, Hoon ! » Dit-elle, émue par l’attention de son petit-ami. Elle regarda de nouveau ce qu’il avait préparé et tourna la tête vers son petit-ami pour le remercier avec un baiser sur la joue. « Vraiment parfait. J’aime beaucoup. » Confia-t-elle doucement, sourire aux lèvres. « Tu as tout préparé tout seul ? » Demanda-t-elle en s’approchant de la tente pour observer un peu tout ce qu’il avait fait.