son mal de crâne était toujours présent et si elle avait voulu jouer les gamines en plein caprice, elle aurait probablement taper du pied avant de tourner les talons et aller se réfugier dans sa chambre afin d'oublier ce qu'il s'était passé - enfin ça c'était déjà le cas, mais plutôt de ne pas à vivre cette humiliation plus longtemps. c'était assez gênant qu'elle se soit mis dans cet état au point de ne plus se souvenir, et d'avoir été malade par dessus le marché, mais ça l'était encore plus que ce soit euigeon qui ait assisté à cela. aurait-elle préféré que ce soit leur grand frère ? non, clairement pas. cela aurait été sûrement encore pire si c'était lui qui l'avait ramené à la villa, elle n'en finirait pas d'en entendre parler pendant des jours, des semaines même le connaissant. il prenait son bien-être très à coeur, trop parfois, il avait toujours été si protecteur avec elle depuis que son père biologique est parti, il en aurait fait des tonnes. si elle ne supportait pas que euigeon ait pu la voir dans cet état, si daewon avait été là, cela aurait encore bien pire. cela ne changeait en rien qu'elle en était malade, pour différentes raisons. et elle se serait bien passé de la leçon de morale de son frère, plissant les yeux et refusant de croiser son regard, marmonnant du bout des lèvres des réponses pâteuses, serrant la mâchoire au fur et à mesure que les minutes passaient. elle n'avait pas besoin de ça, pas de sa part. « tu insinues quoi là ? que je me donnais en spectacle, que j'offrais à tout le monde l'occasion de me toucher ou quoi ? » elle rétorque avec amertume, elle n'aimait pas ce qu'il disait, l'image qu'il donnait d'elle à cet instant précis. voulait-il la faire passer pour une fille facile ou quoi ? elle savait qu'elle avait une image à garder, qu'elle devait faire attention à ce que l'on ne la reconnaisse pas, mais elle trouvait ça vexant qu'il puisse penser ça d'elle. passant une main dans ses boucles brunes, elle tente de garder une respiration calme, ce n'était pas le moment de s'énerver, pas quand elle avait encore l'impression d'avoir un marteau dans le crâne. en tout cas il semblait tout aussi surpris qu'elle de la situation, de son comportement, elle ne savait pas quoi en penser mais cela devait être la même chose pour lui. ils n'étaient pas habitués à cela. « ça fait quand même bizarre.  » elle n'arrive pas à s'enlever ça de la tête, elle était même à deux doigts de redemander si vraiment il n'était pas malade.   « si tu as été enlevé par e.t, fais moi un signe ok. comme cligner des yeux cinq fois. » elle plisse les yeux vers lui, tentative un peu désespérée de changer le malaise, l'étrangeté de la scène. elle pince les lèvres pendant plusieurs secondes, ne sachant réellement pas comment réagir à tout ceci. « tu veux que je dise la vérité ou non ?  » elle ne voulait pas être méchante, mais ce n'était pas ainsi qu'elle avait vécu les choses. mais elle n'ajouta rien de plus, acceptant le verre de jus que euigeon lui tendait, restant encore quelques instants à l'observer, étudier les expressions de son visage, sa gêne toujours présente mais elle s'adoucissait, il faisait des efforts, elle ne pouvait le nier. ça ne changeait rien qu'elle aurait aimé qu'il ne voit pas ça. « ce que tu veux, je... je n'ai pas de préférences. j'y connais rien aux remèdes de grands-mères.  » elle ignorait ce qui était le meilleur pour faire passer une gueule de bois.

Il s’était mal exprimé, c’était un fait. Il s’en rendit compte quand Jini reprit la parole, répondant à ses mots. Il leva les yeux au ciel en l’entendant. « C’est pas ce que j’ai dit Jini. Je fais juste une constatation de ce que j’ai vu hier soir. Je sais que ça te manque d’avoir une vie normale, mais tu as choisi cette voie et malheureusement, tu ne seras plus jamais normale. Donc quand tu me dis que tu en as conscience, j’en doute fortement surtout en voyant à quel point tu as été irresponsable hier. » Il ne voulait pas continuer à l’accabler, mais il n’avait pas le choix. Qu’aurait-elle fait s’il n’avait pas été là pour l’aider ? Et si un fan mal intentionné avait profité de la situation ? Qu’aurait-elle fait s’il l’avait amené dans un hôtel, abusé d’elle et surtout pris des photos et qu’elles étaient sorties ? Sa carrière aurait été complètement détruite et elle n’aurait malheureusement rien pu faire pour ça. C’était donc à elle de se comporter comme son métier le voulait. Il souhaitait simplement qu’elle s’en rende compte elle-même et surtout qu’elle ne commette plus ce genre d’imprudence. Ça aurait été différent si elle avait été un homme. Euigeon aurait simplement regardé de loin et n’aurait réellement agi que si elle avait eu besoin. Mais là, en étant une fille, n’importe quoi aurait pu arriver et donc, il lui fallait être vigilant. Il laissa donc ce sujet de côté pour se concentrer sur Jini et se comporta comme il aurait du le faire depuis des années, c’est-à-dire comme un grand frère le devait. Il était surpris d’être comme ça, mais la voir ainsi la veille avait réveillé en lui son instinct fraternel et il haussa les épaules aux mots de la plus jeune. Il tentait de faire comme si ça ne le dérangeait pas plus que ça alors que c’était le cas. Jini avait raison de trouver ça bizarre. Ça l’était. Il ne s’était jamais comporté de la sorte avec elle, passant plus de temps à l’éloigner de lui et la détester que réellement lui montrer de l’amour fraternel. C’était nouveau pour eux cette situation et Euigeon faisait des efforts, plus qu’elle ne pourrait imaginer. Il la fusilla du regard quand elle reprit ses conneries. « Par contre ta connerie elle s’est pas envolée toi pendant la nuit ! T’en as d’autres des comme ça ? Non parce que ça devient ridicule là Jini. » Il se retourna à nouveau et grogna. « Non dis rien. Je sais ce que tu penses et la vérité. » Euigeon savait qu’il était un connard avec Jini et que ça durait depuis des années, mais il n’avait pas vraiment envie de l’entendre le dire. Ça ne rendrait les choses que plus réelles et ça ne lui plaisait pas plus que ça. Il préférait donc changer de sujet une nouvelle fois. C’était sa façon de se protéger et surtout de ne pas voir la vérité en face. Il demanda donc à la jeune femme ce qu’elle voulait manger ou boire pour reprendre des forces. Jini ne savait pas et ça n’aidait pas vraiment Euigeon. « T’as pris l’aspirine que j’avais laissé sur ta table de nuit d’ailleurs ? » Parce que si elle avait déjà pris ça, ce serait déjà une bonne chose. « Je peux te faire des pancakes avec un chocolat chaud. » Ça la calerait bien et lui tiendrait au corps. Le lait n’était peut-être pas conseillé après des vomissements, mais ce n’était pas des vomissements de maladie mais de gueule de bois. « A moins que t’aies envie d’autre chose de plus spécifique... » Euigeon devait avouer qu’il ne connaissait pas les goûts de sa petite sœur. C’était triste, mais c’était ainsi. Il ne la connaissait pas.

au fond, euigeon avait raison de lui faire la morale, elle en avait bien conscience, il jouait son rôle de grand frère à la perfection pour le coup, à s'inquiéter et à lui dire qu'elle n'aurait pas dû se laisser aller de cette façon hier soir. même pour une nuit, le prix à perdre était trop gros, elle avait pleinement conscience de ce qu'elle avait sacrifié pour arriver où elle était, et que son rêve pouvait partir en fumée à la moindre étincelle. mais ce euigeon, elle ne le connaissait pas, elle n'en avait pas l'habitude. alors le ton du jeune homme l'irrite, elle pince les lèvres en plissant les yeux dans sa direction, les barrières de ses défenses se relevant d'un coup sec, sa gueule de bois n'aidant en rien la situation. ça ne pouvait pas être pire comme situation pour des rapprochements fraternels. elle ne pouvait pas dire qu'il avait tord dans ses propos, mais ça elle ne lui dira jamais en face, elle avait bien trop de fierté en elle, surtout après hier soir, elle n'avait pas les souvenirs mais si ce qu'il disait était bien le cas, elle avait eu de la chance que son frère soit dans les parages et pas les paparazzis et autres vautours. « ça ne se reproduira plus, satisfait ? » elle n'avait pas envie de se prendre la tête, pas avec lui, ça ne changerait rien de d'habitude, jini n'était tout simplement pas en étant de l'entendre dire à quel point elle avait failli faire une connerie. sa culpabilité intérieure, c'était déjà suffisant. la brune n'allait pas ajouter une couche de colère par dessus, il avait eu raison, et oui elle aurait dû faire attention. ça ne changera rien au fait que malgré tout ça, elle avait, l'espace d'une soirée, eu la possibilité d'oublier et de faire la fête comme si elle n'avait pas une carrière sous le feu des projecteurs à côté. il faudra qu'elle rassure gaeun au passage, la demoiselle avait eu quelques jours pour des soucis de famille, et qu'elle prenne des nouvelles de son amie et ses proches. laissant tomber le sujet, la conversation prit un tournant que probablement ni lui, ni elle, ne savaient comment se comporter l'un envers l'autre. depuis le tout début, euigeon avait montré de l'hostilité, elle ne pouvait pas l'en blâmer réellement avec le recul, que son père et sa mère se mettent ensemble au vu de leur histoire commune et de la mère d'euigeon, mais elle n'en était pas responsable, et c'est cela qui avait été dur. levant les yeux au ciel à sa remarque, elle laisse une moue enfantine naître sur son visage, comme une petite fille à qui on aurait refuser des bonbons. « non, capitaine, je n'ai plus rien sous la main.  » elle lâche, avant de sourire timidement, elle n'était pas habituée à tenter l'humour avec lui, alors elle testait à tâtons. elle l'observa en silence pendant de longues secondes, comme si c'était la toute première fois qu'elle le voyait, il lui avait donné en une nuit une toute nouvelle image, et elle ne savait pas trop ce qu'elle devait en penser. elle avait peur d'espère, de croire que cela pouvait signifier quelque chose. pouvaient-ils vraiment être une famille au final ? « tu as laissé quelque chose sur ma table ?  » elle hausse un sourcil vers lui, fouillant dans sa mémoire brumeuse, elle n'en avait pas le souvenir. se mordant la joue, elle secoue la tête, si il avait laissé un truc, elle ne l'avait pas vu. « non, non, c'est parfait.  » elle murmure à sa proposition, soudainement timide. elle était heureuse, intérieurement, qu'il essaye. « si tu n'as pas déjà mangé... on peut les faire ensemble ?  » sa voix descendant au fur et à mesure des mots, comme si elle avait peur.

Il hocha la tête en l’entendant lui affirmer que ça ne se reproduirait plus. Il n’était pas vraiment satisfait mais il ne pouvait pas faire autrement. Elle avait choisi cette voie, elle l’avait voulu, maintenant, il lui fallait assumer les conséquences de ses actes. Si elle pensait que ça amusait Euigeon de lui faire la morale, ce n’était pas le cas. Il avait d’autres choses à faire que de lui faire. « Je dis ça pour toi… Pour t’éviter un scandale. » Parce qu’il savait qu’un scandale signifiait souvent l’arrêt de la carrière des idoles et malgré tout, il ne le souhaitait pas à Jini. C’était son rêve et il avait envie qu’elle suive ses rêves plus que n’importe qui. Pourquoi ? Parce que lui suivait les siens et qu’il était heureux de le faire, donc il se doutait que sa petite soeur l’était aussi. Du moins l'espérait-il. Il ne lui avait d’ailleurs, jamais demandé mais il se doutait que ce serait bien trop pour elle à digérer. Déjà qu’elle avait du mal à le faire avec l'apparente gentillesse dont Euigeon faisait preuve. Certes, ce n’était pas quelque chose qu’il faisait régulièrement, mais il lui arrivait de le faire quand elle avait le dos tourné. Cependant, c’était bien la première fois qu’il s’occupait d’elle ainsi, alors qu’elle était réveillée et qu’elle pouvait le voir et même lui répondre. C’était quand même assez bizarre pour les deux et ils essayaient de détendre l’atmosphère avec des blagues qui n’étaient pas à leur goût. Il hocha à nouveau la tête quand elle lui assura qu’elle n’avait plus rien sous la main et ne prit pas la peine de lui répondre. Il n’avait rien à ajouter. A la place, il mentionna le verre d’eau ainsi que le cachet d’aspirine qu’il avait laissé près d’elle, sur sa table de chevet. Au vu de sa réponse, il se douta qu’elle ne l’avait pas vu et donc pas pris ou qu’elle ne s’en souvenait pas. Euigeon poussa un soupir et leva les yeux au ciel. « Oui j’ai laissé quelque chose pour que tu n’aies pas mal au crâne et que tu t’hydrates. » S’hydrater c’était la clé pour ne pas forcément avoir de gueule de bois le lendemain matin parce que la déshydratation était ce qui provoquait ce mal de tête. Il avait pensé que ce serait une bonne idée qu’elle le prenne mais elle ne l’avait sûrement pas fait. Tant pis, il n’allait pas la materner plus qu’il ne le faisait maintenant. Il lui proposa tout de même de cuisiner pour elle, des pancakes et un chocolat chaud. Il se retourna pour la regarder quand elle lui demanda de les faire ensemble. Il n’avait pas d’expression sur le visage mais intérieurement il était content. C’était donc ça d’avoir une vraie famille et une petite sœur. Jini et lui qui cuisinaient ensemble. « J’ai pas mangé encore. Je me suis levé y a pas lontemps. » Il avait simplement pris sa douche avant de descendre dans la cuisine et elle était arrivée à ce moment-là. « On peut les faire ensemble si tu veux… Mais vas voir avant si t’as pris le cachet. Sinon, prends le. » Euigeon avait dit qu’il ne la maternerait plus mais au final, il n’avait pas pu s’en empêcher. Il lui tourna alors une nouvelle fois le dos et commença à préparer les ingrédients pour la recette. « T’en fais pas, je vais pas commencer sans toi, ou même m’enfuir pendant que tu seras dans ta chambre. Alors file ! » Bien que la deuxième option était alléchante, il ne le ferait pas. Il avait envie de ce moment, partagé à deux. Quelque chose qu’ils n’avaient jamais réellement fait. Ce n’était pas le fiasco des guirlandes de Noël qui était un exemple de ce qu’ils devraient réellement faire en tant que frère et soeur.

Euigeon soupira quand Jini reprit la parole. Il le savait que sa petite sœur n'était pas stupide. Néanmoins, il n'arrivait pas à la trouver responsable non plus. Son comportement de la veille en était la preuve. Quelle idole aurait l'idée d'aller faire la fête dans une boite de nuit et se retrouver dans ce genre de situation ? Personne, mais Jini y avait été. C'était presque comme si elle avait crié à tous ses fans de prendre des photos d'elle dans cette situation. Il comprenait son besoin de vivre normalement sa vingtaine, mais malheureusement elle n'était pas normale. Elle avait choisi de se débarrasser de sa normalité en prenant la voix de la célébrité. Euigeon décida donc de ne pas lui répondre. Il n'avait rien de plus à dire et si elle savait que sa vie ne serait jamais normale, c'était un bon point. Le plus vieux ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose qui pourrait détruire sa carrière alors qu'elle était heureuse de faire ce qu'elle faisait. C'était nouveau pour lui de se soucier de la jeune femme après autant d'années en n'en ayant rien à faire. Il lui avait mené la vie dure alors que malheureusement, elle n'était pour rien dans la tromperie de son père et encore moins la mort de sa mère. Euigeon s'en était rendu compte sur le tard, mais il y avait toujours possibilité qu'elle lui pardonne non ? Apparemment, oui. Du moins, Jini ne semblait pas fermer à cette hypothèse alors qu'elle le remerciait pour ce qu'il avait fait. « C'est rien... » répondit-il alors qu'il lui avait indiqué qu'il avait laissé un cachet avec un verre d'eau sur sa table basse. Apparemment, elle ne l'avait pas vu et donc le plus vieux se doutait que sa jeune sœur ne l'avait pas pris. Néanmoins, elle restait plantée dans la cuisine sans bouger, attendant il ne savait quoi. Euigeon lui tourna le dos pour préparer les ingrédients pour leur petit déjeuner et il envoya Jini dans sa chambre. Elle s'exécuta alors, le laissant seul avec ses pensées. Il ne commencerait pas sans elle et ne partirait pas. La deuxième option était quelque chose qui le tentait plus que tout. Ça ne lui ressemblait pas de faire des choses avec elle. Ils n'étaient pas une fratrie soudée et ce surtout à cause de lui. Néanmoins, au fond de lui, le futur professeur avait envie de ce moment partagé à deux. Ça ne rattraperait pas les dernières années et la souffrance qu'elle avait sûrement ressenti, mais c'était déjà mieux que rien non ? Euigeon n'en savait rien. Il n'était pas doué avec ça. Il savait sûrement mieux y faire avec Yeongbin parce que c'était un mec et surtout parce qu'il était plus proche de lui qu'il ne l'était de Jini. Il soupira en se massant les tempes. Sérieusement, à quoi jouait-il ? Il ne sut combien de temps elle mit à revenir mais quand ce fut le cas il entendit un murmure quelques mots dont il ne saisit pas le sens. Il se retourna pour la regarder intrigué. « T'as dit quelque chose ? » demanda-t-il en la regardant. Il l'avait entendu parler c'était sûr, mais qu'avait-elle dit ? Ça, il ne serait pas en capacité de dire ce que c'était. Euigeon lui montra alors les ingrédients. « Tu veux t'occuper de quoi ? Faire la pâte et je fais les pancakes ? Ou tu veux faire l'inverse ? » Il laissait le choix à Jini de faire ce qu'elle voulait, ce qui était le plus simple pour elle. Lui s'en moquait, il savait faire les deux. Il avait appris bien vite à s'occuper de lui et donc à cuisiner quand il avait pris son appartement à ses seize ans. « Pour le chocolat chaud on le fera après quand les pancakes seront faits. Sinon, ils vont refroidir et ils ne seront pas bons. » Réchauffer un chocolat au lait le rendait vraiment dégueulasse. Du moins du point de vue de Euigeon. Après, c'était ce que lui pensait. Jini pouvait avoir un autre point de vue. Il attendit donc qu'elle lui dise ce qu'elle souhaitait faire pour pouvoir commencer à faire ce petit déjeuner en famille.

Cette relation, ou du moins ce début de relation, les changeait, autant Euigeon que Jini. Aucun des deux n’avait l’habitude de se comporter ainsi en présence de l’autre. D’habitude, c’était plus des conflits qui leur donnaient une raison de se parler et de se lancer des vacheries au visage. Là, ce n’était presque de l’amour et de l’affection. C’était nouveau pour eux deux et ils avançaient à tâtons. Euigeon avait réalisé que la rancœur qu’il possédait pour son père avait été dirigée pendant des années à tort sur la pauvre Jini qui n’avait rien demandé. Au contraire, elle aussi avait été propulsée dans cette nouvelle famille sans avoir son mot à dire et sûrement s’était-elle attendu à avoir un grand frère et elle n’avait eu qu’un connard en guise de frère. Il savait qu’il ne rattraperait pas le temps perdu, mais il pouvait tenter de faire en sorte qu’elle le déteste un peu moins et que les prochaines fois qu’ils se verraient, ne seraient que le reflet de cette matinée. Euigeon n’en savait rien à dire vrai, mais il espérait que ce soit le cas. Mais avant de penser à l’avenir et à leurs prochaines rencontres, il devait s’assurer que celle-ci se passe bien. Alors, avant de commencer à cuisiner pour elle et avec elle, il obligea sa jeune sœur à aller prendre le médicament qu’il avait laissé près de son lit. En la ramenant après ccsa soirée il en avait déduit qu’elle en aurait bien besoin. Il était sorti avant elle et savait ce qu’on risquait les lendemains de soirée. Alors il avait prévu le coup pour Jini. Seulement, elle ne l’avait pas pris et donc, il ordonna presque d’aller le prendre, lui promettant de ne pas partir avant qu’elle ne revienne. Ça aurait pu être le cas s’il n’avait pas eu l’envie de faire les choses bien avec la jeune femme. Mais Euigeon lui avait donné sa parole, il ne bougerait pas et ils auraient un petit déjeuner comme une fratrie normale, ce qu’ils auraient dû être depuis le début. Jini finit par revenir tandis qu’il avait commencé à rassembler les ingrédients pour les pancakes. Il fronça les sourcils quand il entendit sa soeur murmurer quelque chose qu’il n’entendit pas.Il tourna la tête vers elle quand elle répéta plus fort et leva les yeux en voyant son sourire, un sourire d’enfant heureuse. Il la pinça doucement. « Comme ça tu réalises que tu dors pas et que je suis bien là ! » dit-il légèrement taquin avant de lui demander ce qu’elle voulait faire, la pâte ou faire les pancakes. L’un ou l’autre ne dérangeait pas Euigeon, il s’en foutait même. Jini mentionna la pâte et il hocha la tête. « Okay je te laisse faire la pâte alors. Je m’occuperai de les faire chauffer… » La suite le fit sourire amusé. « Même si j’ai encore ma chambre ici, ça fait plus de dix ans que je n’habite plus ici… Donc comment veux-tu que je sache où est la recette ? » Le jeune homme avait quitté la maison familiale à ses seize ans, après avoir demandé son émancipation et il vivait seul depuis ce temps-là, dans un appartement. Ça lui convenait très bien, mais alors qu’il partageait ce moment avec Jini, il se rendait compte de tout ce qu’il avait perdu en restant loin de sa famille. « Regarde sur internet sinon ! Ce sera plus simple. » Parce qu’elle trouverait une recette facile et rapide à faire. « C’est ça plus tard… » confirma-t-il alors qu’il lui tend ce dont elle avait besoin. Ils restèrent silencieux quelques instants avant que Euigeon ne décide d’y mettre un terme. « Et sinon… Comment tu vas ? En général… Ta vie tout ça quoi ? » C’était le genre de question qu’un frère posait à sa soeur non ? Il n’en savait rien. Il était novice dans ce domaine.

C’était rare ce genre de moment entre eux. Euigeon ne se souvenait pas que ce soit un jour arrivé. Il n’était pas contre l’idée que ça se reproduise maintenant qu’il n’était plus aussi borné à la possibilité. Avec le temps, il avait compris que ce n’était pas la faute de Jini et même s’il aurait aimé continuer à la détester, il ne pouvait plus le faire maintenant. Elle était sa petite sœur et c’était presque agréable de passer du temps avec elle. Ça le serait complètement quand ils seraient moins dans une situation gênante. Puisque c’était nouveau pour les deux, ils ne savaient pas encore comment bien se comporter l’un avec l’autre. Ce fut une des raisons qui poussa Euigeon à envoyer la plus jeune dans sa chambre pour vérifier qu’elle avait bien pris l’aspirine et le verre d’eau qu’il lui avait préparé. Ça leur donnait du temps pour reprendre leurs esprits chacun de leur côté et revenir près de l’autre avec des pensées plus claires. Pendant qu’elle fut absente de la pièce, le plus vieux commença à préparer ce qu’ils avaient besoin pour ce petit déjeuner et quand elle fut de retour, Jini eut le droit de se faire pincer par son grand frère. C’était une façon de lui prouver qu’il était bien là et qu’ils allaient bien passer du temps ensemble. Chose qu’ils n’avaient jusqu’à présent jamais faite de leur plein gré. Du moins, Euigeon. Il savait que tout au long de son enfance ainsi que pendant son adolescence, Jini avait tenté maintes fois de se rapprocher de lui et à chaque fois, le plus vieux l’avait envoyé paître ailleurs. S’il s’en voulait maintenant, à l’époque ce n’était pas le cas et avec le recul il se comprenait mais il avait quand même été un connard avec cette gamine qui ne souhaitait que se faire accepter dans cette nouvelle famille. Il posa son regard sur elle, le regret et la pitié prenant place dans ses yeux. Il les détourna avant qu’elle ne voit ce qu’il y avait à l’intérieur et haussa les épaules à ses mots. « C’est toi qui connait cette maison mieux que moi… » répliqua-t-il avec un sourire désolé sur les lèvres. Il avait décidé de déménager quand il avait seize ans, ne supportant plus l’ambiance de la famille, ambiance qu’il avait créé. Alors, même si Jini disait que cela n’avait pas changé de place, il n’était pas sûr que ce soit le cas. Il préférait donc la laisser regarder sur son téléphone plutôt que de fouiller dans une maison qui n’était plus la sienne maintenant. Euigeon la regarda faire et se pencha vers elle quand elle en eut trouvé une. « Oui elle a l’air pas mal et rapide. On pourra en manger vite.  » dit-il hochant la tête pour approuver la recette que sa soeur venait de trouver. Le futur professeur finit par lui demander comment ça allait dans sa vie, comment elle, elle allait. Il y eut un silence et il tourna la tête vers elle, se demandant s’il avait dit quelque chose de mal. Peut-être qu’elle ne souhaitait pas faire la conversation avec lui ? Peut-être que c’était trop intime et qu’elle ne voulait pas partager ce genre d’infos ? Mais quand elle reprit la parole et qu’elle lui répondit, il se détendit instantanément. Elle avait sûrement eu du mal à trouver ses mots, la façon de lui répondre et surtout quoi lui répondre parce qu’elle n’avait pas l’habitude de conversation comme ça entre eux. D’ordinaire, c’était plutôt du sarcasme, des insultes parfois de la part de Euigeon mais jamais du réel intéressement pour sa vie. « Et pourtant c’est vrai ! Je suis content pour toi, que tu aies pu réaliser ton rêve… » Il sourit et détourna une nouvelle fois le regard. « Je regarde et écoute tout. » avoua-t-il les joues un peu rouge de cet aveu. Mais il ne laissa pas le temps à Jini de bien assimiler ce qu’il venait de dire qu’il lui répondit. « Ça va. La vie suit son chemin… » Il grimaça légèrement avant de reprendre. « J’ai encore du mal à accepter le fait que mon ex m’ait plaqué comme une merde sans rien me dire et ait disparu à l’autre bout de la planète mais ça va… Je le vis bien. » Mais ce n’était pas le cas. Entre Narae et Malia il avait été servi niveau femme.