Je me suis réveillé avec un sursaut, j'ai entendu le son de la pluie qui claque sur le sol. Il avait l’air d’être tôt. Je regarde autour de moi, assise sur une chaise à l’aéroport et je me remémore les dernières années de ma vie, tant de souvenirs gris et tranchants. J'ai vu les centaines d'endroits que j'ai visités, des centaines de personnes rencontrées, les centaines de secondes que j’ai vécues mais aucune n'a été rempli d'amour. Je n'ai jamais voulu ces souvenirs, je n'ai jamais voulu cela, mais je ne peux pas toujours tomber sous le charme de la vie. Je n'avais pas besoin de voir d'où je venais, seulement de voir où j'allais. Mais je n'allais nulle part... Pourtant, je devais continuer à avancer. Au cours des dernières années, j'ai été battu, jeté dans le feu, mais je me tenais debout, même si cela me valait des cicatrices qui resteraient à jamais gravées dans la mémoire de mon passé. Le tourment et la douleur me traversaient les veines, les servants à toutes les cellules et à tous les organes en moi, me rendant immunitaire, non, me rendant habitué. J'ai mémorisé comment ces cicatrices allaient me poignarder, la précision de leurs mouvements, le moment de leur attaque, je savais déjà tout ça. J'ai mémorisé leur sonorité, le ton de leurs voix lorsqu'elles murmuraient la souffrance à mes oreilles. J'ai mémorisé leur apparence et ils m’ont conduit à la seule image de la réalité déjà existante : mes parents.

J'ai pris mon sac entendant, la voix électronique sortant des hauts parleurs et me dirige vers les portes d’embarquement. Installée dans l'avion, je ferme les yeux et le visage de mon père apparaît devant mes yeux.

Ne puis-je pas être aimée ?  

Mes yeux n'étaient-ils pas reflet d'amour?  Mes mains n'étaient-elles pas suffisantes pour bercer l'amour ?  Mes lèvres n'étaient-elles pas suffisantes pour goûter à l'amour?  Mes oreilles n'étaient-elles pas suffisantes pour entendre les murmures de l'amour?  

Peut-être pas, peut-être jamais.


Je suis assise en face de mon père, son visage déformer par la colère. Ma vision est assombrie par les larmes reposant sur ceux-ci. Je restais immobile sans pouvoir dire quoi que ce soit. confuse, ma mère s'assit à côté de mon père. Les larmes commence à sortir une à une lorsque ma mère demande ce qu’il ce passe "Cette femme devant moi n’est pas ma fille. Je ne veux plus te voir, Mei. SORS!” une vague de peur me frappa et au moment où je m'apprête à me lever, ma mère attrape mon bras me regardant avec un air triste. “Maman…” “Elle n’est plus ta mère alors maintenant DEHORS” ma mère lâche mon bras et accompagné de toute mes économies je suis sous le porche de ce que je croyais être mon chez moi.

Mon père le savait depuis déjà 3 ans et depuis je vivais un enfer. Il m’avait séquestré, envoyé un prêtre, faire en sorte que toutes mes amies ne veulent rien avoir avec moi et j’en passe. Après toutes ces tortures, la dernière requête était d’essayer de sortir avec un homme, de faire semblant, que quand je serais avec lui je verrais que tout ceci n’était qu'une phase d’ados rebelle… Mais je ne peux pas renier qui je suis. Je suis fière de moi et je pensais qu’il pouvait comprendre, que sa fille comptait plus que le reste, que l’on était pas une de ces familles chinoises qui se sentent obligés de suivre les traditions. ils avaient tout fait pour que mes troubles émotionnelle ne me dérange pas, ils m’ont soutenu toutes ces années, m’ont défendu et pourtant ils ne peuvent pas supporter l’idée que leur fille soit gay. La seule chose dont j’ai encore le contrôle.





Durant une année j’ai pu loger dans un vieux motel et j’ai trouvé un travail de serveuse tout en continuant mes études jusqu’à ce que mon père refuse de payer l’université. J’ai économiser jusqu’à avoir assez pour avoir un billet d’avion pour sortir de ce pays qui ne fait que me blesser et me voilà maintenant dans cet avion prête pour une nouvelle vie. Je contemple les nuages derrière le hublot puis tourne mon regard vers la brochure de l’université qui m’a accordé une bourse. J’ai hâte d’y être mais j’ai une boule au ventre qui ne veut pas s’en aller. Je ne veux plus cacher qui je suis alors j'espère que cette fois c’est le bon commencement.