A peine sorti de la voiture, je cherchais ma paire de lunettes de soleil dans la poche de ma veste. Moi qui passais la majeure partie de ma vie enfermé au Why Not sans voir la lumière du jour, dès que j'étais à l'extérieur, je me sentais presque agressé par les rayons lumineux du soleil. J'avais réussi à me garer non loin de l'Evidence. De ma démarche chaloupée et lunettes de soleil sur le nez, je rejoignais l'entrée du bar où j'allais pouvoir rejoindre mon frère jumeau qui allait avoir une sacrée surprise en me découvrant aussi blond platine que lui. J'étais un peu nerveux à l'idée de passer du temps avec lui. Même si notre rencontre avait réussi à apaiser les tourments qui se déchainaient en moi depuis tout petit, j'appréhendais de passer plusieurs heures en sa compagnie. Est-ce qu'on allait trouver des sujets de conversation, est-ce qu'on allait réussir à créer ce lien qui nous manquait depuis qu'on nous avait arraché l'un à l'autre ? J'avais peur de moi…. De foirer les choses. Je n'étais pas doué pour les relations sociales et je le savais.
Je sentais la pression peser sur mes épaules et je m'arrêtais à l'entrée du bar, m'accolant à la porte. Un dernier bol d'air avant d'entrer allait me faire du bien et me mettre les idées au clair. Il ne fallait pas que je me pose trop de questions, c'était quand je réfléchissais trop aux choses que je les foirais tout le temps. J'étais un être d'instinct, seul l'instant présent dictait ma conduite et aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle.
J'allais me retourner lorsque je sens deux bras venir m'encercler. Vue la chevelure qui s'agitait sous moi, venant me chatouiller le nez, il ne pouvait s'agir que d'une femme. Mes yeux s'arrondirent, c'était quoi ce cirque ? Mon corps réprima des frissons de dégoût, les femmes qui avaient tendance à me coller d'un peu trop près me donnaient de l'urticaire. J'allais l'éloigner du bout des doigts mais elle avait eu la bonne idée de prendre ses distances avant que je n'ai eu besoin de la toucher.
Qu'est-ce que cette jeune femme me racontait ? Elle voulait dépenser son argent en ma compagnie ? Je me retournais à gauche et à droite mais oui, c'était bien à moi qu'elle s'adressait. Je gardais un visage impassible mais je ne savais pas vraiment quoi penser de cette situation. Si cela avait été un beau jeune homme, mon instinct de prédateur aurait su quoi faire mais là….
Me voilà entraîné derrière elle, je me retourne regardant l'Evidence s'éloigner de nous et mon rendez-vous avec Yoon Ji avec. Elle continue d'avancer et j'essaye de faire attention à ce qu'elle raconte. Trois infos importantes dans la même phrase : elle s'appelle Dae Mi, elle me prend pour Yoon Ji et elle est l'employée de mon jumeau. Je l'oblige à lâcher mon poignet et j'en profite pour remettre en place le col de ma chemise. C'était la toute première fois qu'on me prenait pour mon frère.. Est-ce que j'allais lui dire qu'elle faisait fausse route ou bien j'allais faire durer la méprise un peu plus longtemps ? Je me rappelais de son enveloppe contenant sa paye et de son envie de tout dépenser. Cela faisait longtemps que je n'étais pas allé faire un peu de shopping ni que je m'étais amusé aux dépens de quelqu'un… D'un sourire amusé, je la fixais : « Donne-moi un instant, le temps d'envoyer un message et ensuite je suis tout à toi. » Façon de parler car je n'allais pas finir dans son lit. Mon téléphone portable sorti de ma poche, j'envoyais un message à la va-vite à Yoon Ji — J'ai une urgence à gérer, je vais avoir deux heures au moins de retard. Je débarque dès que possible, entraine-toi à me préparer ton meilleur cocktail. A toute frangin !
Le téléphone à nouveau glissé dans la poche de ma veste, j'offrais à cette Dae Mi un sourire que j'espérais ressembler à celui de Yoon Ji. « Alors comme ça, t'as envie de dépenser toute ta paye Dae Mi ? J'espère que dans tous tes achats, il y aura un petit cadeau pour moi… » J'étais horrible et Yoon Ji allait sûrement me faire la morale mais hé… J'y étais pour rien, moi, si cette petite n'arrivait pas à faire la différence entre lui et moi…! « Alors on commence par quoi ? »