“ doha & lowen : le hasard fait bien les choses .” &

le silence règne dans la chambre 4.2 au sein du dortoir des beolsae. parfois, voir même la moitié de mon temps, j’aime la solitude et sa compagnie m’apaise. ça me permet de réfléchir à toutes sortes de choses, et là, en l’occurrence, je ne réfléchis pas à mon prochain stream ou à mon prochain hacking. je ne réfléchis pas non plus à mon prochain devoir d’études géographique du littoral, de toute manière je ne pense pas qu’il soit trop compliqué. non. ce à quoi je pense à l’heure actuelle ne m’a pas quitté depuis deux semaines déjà. depuis la mi-novembre, je ne fais qu’y penser et je ressasse la scène dans ma tête comme s’il s’agissait de ma scène cinématographique préférée. mon regard dévie sur l’écran de mon ordinateur. casque sur les oreilles, playlist de mon groupe japonais favori allumée, je navigue encore et toujours sur la fenêtre de conversation avec firefly. je crois que, intérieurement, je ne m’en suis toujours pas remis. alors que la rencontre n’était absolument pas prévue, j’ai, l’autre jour, mis enfin un visage et un prénom sur le pseudo internet de ma meilleure amie depuis une dizaine d’années. c’est incroyable comme le hasard fait bien les choses. pourtant, même si l’on continue toujours de se parler normalement, elle et moi, je ressens comme une gêne presque évidente à chaque fois que l’on se croise dans les couloirs de la yonsei. le curseur de ma souris fait remonter rapidement la conversation jusqu’au tout début, où nos pseudos n’étaient pas les mêmes et étaient plus ridicules qu’autre chose. bibi1812 et superman444. je n’ai eu, toute ma vie, que deux personnes aussi importante à mon faible cœur l’une que l’autre. firefly et rencontré presque à la même période mais dans la vraie vie cette fois, mon voisin de palier, doha. si au début nous étions juste voisins et que je l’invitais pour jouer aux jeux vidéos, nous sommes très vite devenus plus proches. jusqu’à ce qu’il devienne quelqu’un qui sait presque tout sur moi. en somme, le meilleur des meilleurs. et c’est justement à lui que j’ai donné rendez-vous aujourd’hui.

nous sommes en début d’après-midi. je sors du métro qui mène au quartier sud de la digital city. ça bouge pas mal ici et je n’ai pas trop l’habitude de la foule. doha m’a envoyé l’adresse du shark coffee shop comme lieu de rencontre. apparemment ils font les meilleurs matcha latte du quartier. j’esquisse un sourire en apercevant la devanture qui ne se trouve pas très loin de la sortie du métro. j’observe aux alentours pour essayer de distinguer mon meilleur ami dans la foule. j’espère simplement qu’il ne s’est pas perdu. c’est un peu sa marque de fabrique alors je m’avance devant le coffee shop tout de vert coloré avec son logo de requin bien mis en avant. maintenant que j’y pense, je n’ai pas demandé à nabi si elle faisait partie d’une fraternité en particulier. a cette pensée, j’hausse les épaules avec nonchalance, avant de tapoter sur mon écran tactile. bah alors, tu fous quoi ? tu t’es perdu ? dis-moi que t’as allumé ton gps. je lâche un léger rire en envoyant mon message. je rigole mais, intérieurement, je me dis que s’il est encore perdu quelque part, il va falloir que je le retrouve dans toute cette foule.. ce qui ne semble pas s’avérer chose facile. mais je suis plutôt impatient de le voir. j’avais besoin de lui parler. de lui parler de firefly et nabi, de lui dire que je l’ai enfin vu en vrai et en plus, par le plus grand des hasards. j’ai besoin de me confier et de lui dire comment je me sens, il est le seul qui me connaît assez pour comprendre toute l’histoire puisqu’il l’a suivi depuis un bon moment déjà. et surtout voir simplement mon meilleur ami, parce que à chaque fois c’est comme une bouffée d’air frais. enfin, la bouffée d’air frais se fait attendre pour le moment. je commence à m’inquiéter, j’espère véritablement qu’il n’a pas pris le mauvais chemin…  

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“ doha & lowen : le hasard fait bien les choses .” &

elle est pourrie cette application ! j’éclate de rire à la réponse de mon meilleur ami et je m’empresse de lui répondre par une avalanche d’émojis. évidemment, c’était pratiquement certain qu’il se perde quelque part. le pire dans tout ça, c’est que je suis sûr aussi qu’il n’est pas très loin de moi. je l’imagine tourner et tourner encore dans la même zone, n’écoutant qu’à moitié les conseils de la voix du gps.  je lève la tête et observe de nouveau les alentours. il va bien finir par se montrer. je me penche de droite à gauche, usant de ma taille plutôt grande pour un coréen, pour distinguer les visages familiers. il y en avait très peu, voir pas du tout. et il commençait à faire froid. hésitant, je jette un coup d’œil à la porte d’entrée du café et grelotte légèrement. pourtant, la silhouette de doha apparue devant mes yeux la seconde d’après et mon sourire s’est agrandit par sa simple présence. je frotte mes mains et souffle dans l’air glacial. « au cas où, on sait jamais que j’aie à aller te chercher dans le quartier d’à côté. » j’ai ricané le taquinant un peu comme j’en avais l’habitude. je le vis râler en évoquant les matcha latte si connus de l’endroit où nous avions prévu d’aller. je lui ai emboité le pas, fermant la marche en riant. « le seul truc dégueulasse si tu veux mon avis c’est bien ton application qui t’emmènes dans le fin fond de l’amazonie. »

la serveuse nous vit arriver et nous interrogea directement sur la commande que nous allions prendre. je n’ai pas pris longtemps pour répondre avec assurance. « votre matcha latte. il paraît que c’est le meilleur du quartier, j’ai bien envie de voir ça. » ai-je dis avec des yeux scintillants. après que doha ait commandé à son tour, nous sommes partis nous asseoir dans un coin proche de la fenêtre. « alors, c’était laquelle cette fois ? » par-là, je signifiais laquelle application il avait encore une fois testé. j’esquisse un sourire malicieux. « bien content que tu sois arrivé à bon port en tout cas ! parce que j’ai vraiment pleins de choses à te dire. c’est dingue, il m’est arrivé de ces trucs.. il fallait trop que tu sois au courant. » et voilà, je bavarde déjà beaucoup. si habituellement je ne me confie pas beaucoup aux autres, les autres ne veulent jamais dire doha. doha, c’est doha. la serveuse arriva nous apporter nos commandes et j’ai observé curieusement mon matcha latte, l’analysant de toutes part. « j’espère qu’il vaut le détour. »

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