Et voilà, Dae Won... C'est ce qui arrive lorsque l'on est trop sûr de soi. Faut dire que tu étais tellement persuadé d'avoir le dessus sur Yu Jin et que cette dernière finirait bien par capituler, tôt ou tard. Mais quelle grossière erreur de ta part que d'avoir oublié ce dicton qui dit qu'il ne faut jamais crier victoire trop vite. Toujours se méfier de son adversaire, même quand celui-ci semble être complètement aux abois… Et c'est d'autant plus vrai lorsque l'adversaire en question présente un si joli minois. Parce qu'en général, ce sont eux les plus vils. Eux qui cachent le mieux leur jeu... D'ailleurs, tu ne saurais dire exactement si c'est le fait de ne pas avoir pu goûter à ces délicieux gâteaux qui te contrarie autant ou simplement le fait que la jeune femme se soit ainsi jouée de toi, toujours est-il que tu te retrouves là, comme un con, à la regarder mâcher son gâteau. Et, bien évidemment, ta seule réponse à cela c'est d'aller bouder dans ton coin, comme le petit gamin que tu es. Cela dit, est-ce que tu en veux vraiment à la jeune femme de ne pas avoir partagé le dernier gâteau avec toi ? Bien sûr que non. Pourtant, quand cette dernière s'approche du canapé sur lequel tu es installé, une moue beaucoup trop mignonne accrochée au visage – toutefois, ce serait vraiment mal te connaître que de croire que tu pourrais te laisser berner une seconde fois par un tel stratagème – tu hausses légèrement les épaules, te contentant d'abord d'un simple « Hm... » pour toute réponse à sa question, avant de finalement ajouter, cet air boudeur ne te quittant pas : « J'en veux pas de ton chocolat... » Ton regard rencontre ensuite celui de la jeune femme et tu arques un sourcil, avant de rouler légèrement des yeux. « Et arrête de me regarder avec tes yeux de chien battu. Je sais très bien quelle vile personne se cache derrière ce visage, maintenant... » Et toi, t'en fais des caisses, encore et toujours. Tes bras croisés sur ta poitrine, tu ne peux d'ailleurs t'empêcher d'en rajouter une couche, laissant échapper dans un murmure : « Un bout de chocolat ?! Et puis quoi encore... » Comme si ça pouvait rivaliser avec les gâteaux de Si Han. Franchement... « Cela dit, si tu tiens vraiment à te rattraper, je sais ce que tu pourrais faire... » Aie... « Tu pourrais, par exemple, aller supplier Si Han pour qu'il me – et je dis bien me – refasse des gâteaux ! » Aussitôt, tes lèvres s'étirent en un léger sourire en coin. « Marché conclu ?! »

Victime de son propre stratagème, elle en oublierait presque sa dégustation et les multiples saveurs présentes dans sa bouche quand son colocataire décide de lui tourner le dos. Pire, il pourrait faire vœu de silence pour la sanctionner. Naïve, c’est peut-être elle qui tombe finalement dans le panneau. Elle ne souhaite pas être ignorée par l’australien. L’idée qu’il puisse lui en vouloir pourrait carrément l’empêcher de dormir. Alors, la jeune femme met tout son cœur pour l’attendrir, ne réalisant pas que ces mêmes gestes mignons qui sont à l’origine de cette crise. Accrochée à ses lèvres, Yujin attend sa réaction dans une impatience qui pourrait provoquer une crise d’urticaire. Elle doit reconquérir son cœur. Elle doit lui demander pardon pour cet impair. Pourtant, c’est Daewon qui avait commencé à se jouer d’elle et de ses joues teinte rouge. Il ne devrait pas être aussi imposant, il ne devrait pas la rendre aussi timide. “ C'est faux... J’ai pas fait exprès. C’est toi qui m’as regardé comme si tu allais me manger tout cru. “ Elle pose sa main sur ses lèvres, regrettant aussitôt ses propos. L'accuser n’est pas vraiment une bonne méthode pour se faire pardonner. Et puis, qu’est-ce qu’elle raconte encore ? “ Je crois que les gâteaux de Si Han sont démoniaques. “ Pour être aussi bon, c’est évident. La blonde échappe un rire gêné à sa demande. Devrait-elle déranger leur voisin à cause de cette histoire ? Si Han a beau être gentil, il ne peut pas non plus faire des gâteaux à la commande. S’il n’est plus chez lui, comment devrait-elle faire ? Courir dans toute la ville pour le retrouver ? Mais, ce qui travaille le plus la demoiselle, c’est admettre qu’elle a bouffé tous les desserts toute seule. Il va vraiment la prendre pour une goinfre. Mais quelle idée de faire des gâteaux aussi excellents ! Elle fronce les sourcils, maudissant tous ces hommes autour d’elle. Tout le monde veut sa peau. “ Je... Si Han n’est pas vraiment sensible à mon aegyo... “ Est-ce que c’est possible de ne pas craquer devant le visage craquant d’Eoh Yu Jin ? C’est courant, surtout pour les personnes qui ont vécu à l’étranger. C’est en tout cas la sensation ressentie par la belle. “ Je ne pense pas être en mesure d’y arriver ... “ Dire qu’elle était remplie de confiance en elle, son dos collé à cette porte. C’était sûrement à ce démon qui avait possédé son corps pendant des fragments de seconde. “ Je peux toujours te supplier de me pardonner ? “  

On ne va pas se mentir, si ça n'avait pas été pour une histoire de gâteaux, certainement que tu aurais trouvé une autre raison d'embêter ta colocataire préférée. Après tout, il ne serait pas digne du chieur né que tu es de rester tout mignon, tout sage alors que tu as une jolie victime à portée de main... Qui plus est, ne dit-on pas qui aime bien châtie bien ? Et peut-être qu'en effet, tu apprécies plutôt bien la jeune femme. Oui, tu l'apprécies... Même si cette dernière a osé manger le dernier gâteau sous ton nez et même si elle continue également d'user de sa bouille pour essayer de te faire flancher. D'ailleurs, et bien que tu ne peux t'empêcher d'esquisser un léger sourire moqueur à ses paroles – c'est qu'ils ont bon dos les gâteaux de Si Han – tu lèves les yeux au ciel, tes bras toujours croisés sur ton torse, et tu murmures, ta moue boudeuse ne te quittant pas : « Pas fait exprès ? à d'autres... » Comme si tu pouvais la croire, après ce qu'il vient de se passer...

Pour autant, tu pourrais peut-être te résoudre à lui pardonner son affront, si seulement la jeune femme se dévouait pour aller frapper à la porte de votre voisin adoré... Malheureusement, à sa réponse, tu comprends très vite que la jeune femme n'est pas trop disposée à aller plaider ta cause auprès de Si Han. Pire encore, celle-ci finit même par confirmer à demi-mots ce dont tu l'accusais quelques secondes plus tôt. « Ah, donc, nous y revoilà ! Tu me confirmes bel et bien que j'avais raison depuis le début et que ton petit air de chien battu, ou plutôt ton « aegyo » comme tu l'appelles, c'est bien un moyen de tromper les autres ?! » Hochant la tête de gauche à droite, tu fais mine d'être triste, déçu d'une telle découverte. « Moi qui commençais vraiment à croire en ta bonne foi... Je suis déçu. Vraiment déçu... » Si seulement il n'y avait pas ce petit sourire en coin pour te trahir. « Franchement, j'suis pas certain que me supplier suffira... Il faut que je réfléchisse encore un peu... » Oui, c'est bien cela. Un vrai chieur, et tu n'en démords pas..; Pourtant, quand tu vois le visage de la jeune femme se décomposer, une moue amusée vient prendre possession de ton visage et, dans un geste taquin, tu lui donnes un léger coup d'épaule avant d'ajouter : « Roooh allez, ne fais pas cette tête ! Au moins, je ne te déteste pas ! » Lui adressant ensuite un clin d’œil, tu te lèves finalement du canapé, l'air de rien, et tu te diriges vers la porte d'entrée, gratifiant la jeune femme d'un « J'te laisse, j'dois rejoindre des potes ! à ce soir ! »

Pourquoi il utilise ses mots pour la contrer ? Elle le regarde d’un air penaud tandis qu’un bruit de fond se fait entendre. Ce son ressemble à une urgence ou à un dysfonctionnement technique. En réalité, il s’agit de la petite voix dans sa tête qui lui signifie un court-circuit entre le neurone du quartier ouest et celui du quartier nord de son cerveau. Il est vrai qu’elle ait forcée sur ses traits mignons pour l’attendrir. Elle le sait mais ne peut pas le reconnaître car il existe un autre problème dans cette histoire. C’est qu’elle n’a pas forcément envie de l’utiliser pour un autre. Yujin n’y mettrait pas autant de bonne volonté... C’est fichu d’avance ! Est-ce qu’elle a le droit de répondre à l’australien ainsi ? Ses yeux dirigés vers lui, l’étudiante finit par lâcher de façon très bête : “ Hein ?! “ Elle n’est plus maître de la situation et la pauvre ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. Elle se fait berner à son tour mais y a-t-il une part de vrai là-dedans ? Est-ce qu’il se fâcherait réellement pour des gâteaux ? Non. Est-ce qu’il pourrait se fâcher car il ne serait pas le seul destinataire de ses actions dites mignonnes ? Car la blonde se fâcherait peut-être si elle le voyait en train de bloquer une autre demoiselle contre un mur.

Elle paie désormais les pots cassés et prie tous les dieux de la pâtisserie pour avoir le pardon de Daewon. Chaque jour, chaque soir avant de s’endormir, elle aura une pensée pour lui. A défaut d’avoir son accord pour le supplier directement. D’ailleurs, quand il lui met un léger coup sur l’épaule (et heureusement qu’il fait attention vu ses muscles), la demoiselle finit par relever la tête. Attendez ? Pourquoi il sourit subitement ? La moue collée à ses lèvres, la blonde n’est pas très convaincue. Il ne la déteste pas mais il ne l’aime pas non plus ? Et en plus, il se fait la malle. Il se fout encore de sa tronche ? Elle lâche un soupir et tente de garder bonne figure. “ A ce soir, amuse-toi bien ! “ La porte se referme et Yujin ne perd pas une seule seconde pour s’affaler sur le canapé. C’est qu’elle commence à avoir mal au ventre maintenant.