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Take one's eye out. (Qin Tian)
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Take one's eye out. (Qin Tian) | Dim 6 Déc - 18:10 Citer EditerSupprimer
Loin de sa galerie et ses quartiers chics, Liên se baladait de l’autre côté de la ville, de l’autre côté de la rivière, dans le quartier, dit, idéal pour faire son shopping. Or, la vietnamienne n’était pas forcément de cet avis alors qu’elle n’arrêtait pas de se décaler dans tous les sens pour éviter la foule encore trop présente malgré la pluie battante. Déjà Myeongdong était en bas de la liste des quartiers appréciés car très bruyant, mais sous un sale temps d’hiver mélangeant froid et pluie, la jeune femme passait son temps à éviter de se prendre les baleines de parapluies dans la tête. Les différentes musiques populaires du moment sortaient des magasins dès que les portes s’ouvraient, et les pauvres jeunes femmes travaillant dans les très nombreuses enseignes de soins et maquillages tentait avec toujours autant d’ardeur d’attirer les pauvres clients potentiels dans leur magasin. Liên avait toujours une aura très positive autour d’elle, pourtant ce jour-là, et malgré les nuages couvrant le ciel, elle portait ses lunettes de soleil et son long trench coat gris de qualité, recouvrant des vêtements qui la maintenaient au chaud. Elle donnait cet air de femme très chic, de femme intouchable. Et elle espérait que son entourage comprenait le message. Elle n’avait aucune envie de s’énerver car une vendeuse lui attrapait le bras pour l’amener de force dans un magasin. Elle n’était pas venue pour des achats, elle pouvait trouver les mêmes magasins à côté de son lieu de travail ou près de son appartement. Elle cherchait simplement à traverser le quartier pour arriver de l’autre côté, vers sa réelle destination. Elle aurait pu prendre le métro, ou un taxi, mais marcher était un réel passe-temps pour la vietnamienne et ce, peu importait le temps qu’il faisait. Elle ne se considérait pas forcément comme une femme très sportive mais elle faisait attention à bouger régulièrement. Tous les matins (sauf le mardi, où elle se reposait) elle faisait son petit parcours en course à pieds pour se réveiller. Ainsi, dès qu’elle en avait l’occasion, qu’elle devait se rendre sur un lieu qui n’était pas trop loin, elle abandonnait les habitudes coréennes pour utiliser ses jambes.
Commençant à être ennuyée à force de se tordre dans tous les sens, et de lever le bras toutes les trois minutes pour esquiver un parapluie, car le couple dessous était trop occupé à sortir mille styles différents d’aegyo, Liên tourna dans une rue plus petite. Une perpendiculaire aux rues principales, une plus vide, plus calme. Elle n’était pourtant pas entièrement déserte, mais ces trois ou quatre personnes étaient largement suffisant comparé à la horde que Liên venait d’affronter. Il y avait quelques magasins cachés, mais surtout des entrées de restaurants aux étages que peu de touristes connaissaient.
Le son des talons de la femme claquait rapidement sur le sol, quand un parfum s’éleva. Tellement faible, tellement discret mais repérable par une personne qui avait déjà vécu cette situation. Elle n’était pourtant plus dans la partie sud de l’Asie, ni même à la campagne et l’odeur était différente. Plus sucrée, moins florale. Le bruit des talons ralentit, jusqu’à l’arrêt complet. Liên s’arrêta devant une entrée d’immeuble sur trois étages, dont la porte au rez-de-chaussée était fermée avec un garçon planté devant. Il ne s’agissait pas d’un esprit, le garçon portait bien trop de couleurs sur sa peau et ses expressions étaient trop prononcées pour être sans vie, mais ce qui était attirant venait de derrière la porte fermée. La fragrance sucrée se fit plus intense alors que le garçon s’approcha de la porte. La vietnamienne n’attendit même pas de voir s’il comptait frapper pour demander l’autorisation d’entrer qu’elle lâcha son parapluie et lui attrapa le bras pour le tirer en arrière. « Attention ! » Au même moment, la porte s’ouvrit brusquement jusqu’à claquer dans un boucan bref contre le mur, et un courant d’air froid en sortit. « Wouah, je crois que tu l’as vraiment énervé, qu’est-ce que t’as fait ? » Elle s’était mise à parler, comme si elle n’était pas face à un inconnu qui pouvait très bien lui demander de qui elle pouvait bien parler.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Lun 14 Déc - 20:05 Citer EditerSupprimer
ootd + Le temps était morose, terriblement morose. Alors qu’il regardait la pluie tomber par la porte vitrée de la boutique, Qin Tian ne pouvait empêcher sa lèvre inférieure d’avancer dans une moue boudeuse. L’hiver n’était pas une saison qu’il appréciait particulièrement. Il savait que cette saison était nécessaire, que beaucoup de choses s’y passaient, notamment avec le solstice d’hiver, mais il ne parvenait pas à s’empêcher de manquer de lumière et surtout de l’énergie du soleil sur lui. Qui plus est, la période était plutôt calme. La boutique était vide la plupart du temps, les clochettes de la porte ne sonnaient que trop rarement lorsqu’un ou une passant.e tenait à se rassurer sur le déroulé de la nouvelle année qui n’allait pas tarder à commencer. Le bonheur serait-il à leur porté ? L’amour ? La réussite ? L’argent ? Et la santé ? Le jeune médium ne pratiquait quasiment plus que des séances de cartomancie et chiromancie alors que sa mère était prise par des séances de communication. Cette période était éprouvante pour Qin Tian, pas parce qu’il était particulièrement fatigué, mais parce qu’il réfléchissait constamment à ce qu’il devait dire et à ce qu’il pouvait dire. Lorsque les cartes étaient mauvaises, il avait toujours du mal à l’annoncer. Cela dit, rien n’était écrit dans le marbre, n’en tenait qu’à la personne de prendre ces cartes comme un avertissement pour faire les bons choix ou comme une fatalité.
Lorsqu’enfin il sortit de la boutique, la pluie n’avait cessé de tomber. Le bruit de la pluie sur le bitume avait quelque chose de réconfortant, il n’en restait pas moins que le ciel était gris et l’ambiance morose. Les tâches de couleurs qu’étaient les parapluies des passants étaient presque trop agressives, comme hors sujet. Les mains dans ses poches, et la tête légèrement rentrée dans les épaules pour se protéger à la fois du froid et de la pluie, Qin Tian marchait de ruelles en ruelles, connaissant assez le quartier pour éviter les grosses artères chargées de monde. Il avait en tête d’aller grignoter un morceau dans le restaurant d'une « tante » avant de filer dans une boutique de livres de seconde main qu’il visitait régulièrement.
Mais comme souvent, les choses ne se passaient pas comme prévues, et alors qu’il arrivait dans une ruelle par laquelle il passait souvent, les petits cheveux à la base de sa nuque se dressèrent alors qu’une émotion qui ne lui appartenait pas, lui serra le ventre. L’énergie qu’il ressentait était sombre, lui laissant presque un goût acide de bile dans la gorge. Grimaçant en déglutissant, Qin Tian regarda autour de lui, cherchant à complètement se connecter avec ce ressenti. Finalement, ce fût à la porte d’un établissement que la pulsation semblait la plus forte, et le médium n’aimait clairement pas ce qui l'habitait à cet instant. Certains, les plus rationnels, diraient que c’était seulement du stress ou une certaine anxiété, il n’avait pas été de très bonne humeur ce jour-là, cela jouait forcément. En réfléchissant rapidement, il avait dans ses poches de quoi purifier un espace, il espérait que ce serait suffisant, parfois, il fallait du temps ou plus de matériel. Mais alors qu’il allait ouvrir la porte de l’immeuble pour y voir plus clair et faire ce pourquoi il était né, il sursauta lorsqu’une main se posa sur son bras. Il regarda la jeune femme devant lui avec des yeux ronds, puis la porte s’ouvrit brusquement, et de nouveau il sursauta à la violence du son mais surtout de ce qui le submergea momentanément. Immédiatement, il eut envie de vomir et fronça les sourcils en fixant la jeune femme d'un air perdu. « Je... Rien ? » Il sentit l’odeur habituelle d’un saignement de nez, le fronçant légèrement, son attention toujours porté sur la jeune femme. « Enfin je n’avais encore rien fait. » Ses intentions avaient-elles été captées et repoussées ? Fouillant dans sa poche pour en sortir un mouchoir en papier qu’il appuya contre ses narines alors que les premières gouttes écarlates perlaient, il s’adressa à elle d’une voix devenue nasillarde. « Ça n’avait pas l’air très sympa en tout cas... » Il poussa un soupir « Je reviendrais plus tard voir ce qui peut être fait. » Car si dans l’immédiat il ne ressentait plus rien en particulier si ce n’est une agitation épuisée comme après chaque épisode du genre, il ne doutait pas que l’énergie puisse se manifester de nouveau.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Jeu 17 Déc - 21:44 Citer EditerSupprimer
Sa course avait été arrêtée par une apparition qui n’était pas si rare dans la vie de la vietnamienne. Bien qu’elle arrivait encore à s’étonner que ça puisse arriver dans une si grande ville. Elle, qui avait vécu toute son enfance la campagne tropicale où il faisait aussi sec qu’humide la moitié de l’année et où il pleuvait l’autre moitié. Voir autant d’esprits perdus dans une si grande capitale n’était pas si rare (il était presque logique que, plus la population était importante, plus il y avait de morts, plus il y avait de chances que des âmes non complètes restaient coincé parmis les vivants). Pourtant, Liên continuait de penser que le respect des vivants envers les morts s’était perdu dans la dite civilisation. Elle pouvait donc comprendre la colère de certaines âmes perdues, jusqu’à une certaine limite. Ça avait été son rôle, de les apaiser, et ce n’était pas toujours facile de suivre correctement les rites et gestes lorsque l’esprit prenait toujours un malin plaisir à ne pas la laisser faire tranquillement. Elle travaillait seule d’ordinaire, ne voulant mêler personne d’autre dans une situation qu’elle ne pourrait, un jour, plus contrôler. Alors, lorsqu’elle vit que le garçon risquait, au mieux, de finir avec un nez cassé à cause du coup d’une porte qui s’ouvrirait trop brusquement, elle courut à son secours. Dans un réflexe qui ressemblait à une mère inquiète pour son fils, Liên posa la paume de sa main sur le front du garçon. « Rien de rien ? » Vérifia-t-elle avant de jeter un coup d’œil rapide à la porte qui s’était refermée sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle vit le sang couler et s’empressa de sortir un mouchoir de son sac à main, seulement le jeune homme l’avait devancée, sûrement trop habitué à ce genre de réactions. Changeant donc d’objet, la jeune femme rangea discrètement le mouchoir à sa place et sortit une clémentine de son sac à la place. « Tiens mange ça, ça ira mieux après. » Si le fait qu’une clémentine traînait ainsi dans un sac semblait déjà étrange, le fait que le dit sac semblait trop petit pour la contenir l’était encore plus. « Je n’ai rien d’autre donc… Voilà. »
Elle ne pouvait pas laisser l’esprit ramper ainsi, et risquer qu’une autre personne sensible soit attirée par les émotions dégagées et se blesse. Seulement, elle n’avait aucun matériel sur elle, car tout ce qui avait été prévu de sa journée était d’aller faire un tour dans un des centres d’immigration de la capitale. Elle avait des papiers à renouveler mais elle devrait remettre ça à plus tard.
Tout semblait naturel, à tel point que Liên ne remarqua pas qu’au lieu de se retrouver face à des regards étranges ainsi que des paroles qui la disait folle, elle se retrouvait devant un garçon qui n’était même pas effrayé par la situation. « Ne t’inquiète pas, prends soin de ton nez et repose toi. » Elle s’éloigna de quelques pas pour ramasser son parapluie qui avait été abandonné à terre. Tant pis si elle était trempée. Bien que ce n’était que peu pratique avec sa tenue (parfois porter un simple áo dài lui manquait). « Est-ce que tu saurais où je peux trouver de l’encens et du sel ? » Si elle allait s’en occuper tout de suite, autant qu’elle soit équipée sinon c’était une mission suicide. « Et des clous, de l’eau, une lanterne rouge, un miroir ? » Elle n’avait aucune idée de quel genre d’entités elle allait tenter d’apaiser alors autant qu’elle soit totalement préparée. Ils étaient à Myeongdong après tout, ils avaient le choix des magasins mais elle se doutait qu’elle pourrait trouver tout ce dont elle avait besoin seulement dans une seule enseigne. « Tu peux y aller, ne t’inquiète pas je vais m’en occuper. Et fais attention les prochaines fois. » Finit-elle avec un grand sourire qui se voulait rassurant.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Sam 2 Jan - 18:54 Citer EditerSupprimer
ootd + Les saignements de nez après ce genre d’événements étaient habituels pour Qin Tian. Cela avait commencé chez lui depuis l’enfance, il avait appris à reconnaître l’odeur et la sensation de ce phénomène autant qu’il avait appris à sentir et reconnaître les énergies qui l’entouraient. L’un n’allait pas sans l’autre, c’était une leçon apprise et retenue depuis longtemps. Néanmoins, il se sentait assez retourné après cette rencontre, l’énergie était brutale et ne l’avait pas ménagé. Il ne s’était pas senti plus en danger qu’en d’autres circonstances cependant, peut-être l’aurait-il dû ? Il était difficile de savoir si c’était là un excès de confiance en lui et en son don ou une trop grande confiance en la vie et donc une certaine naïveté. Il sourit tout en s’inclinant légèrement et pris la clémentine que la jeune femme lui tendit. « Merci. » Il la fît rebondir dans sa main et après avoir coincer son mouchoir dans ses narines (dans une grande distinction !) il commença à enlever la peau du fruit sans plus attendre. « J’essaie de toujours avoir quelque chose de sucré sur moi, mais je finis toujours par le grignoter à un autre moment. » Ou alors il distribuait ce qu’il avait, Qin Tian prenait soin de ceux qu’il aimait et cela passait par s’assurer qu’ils avaient une petite collation prête à tout moment de la journée. Il mit un morceau de la clémentine dans sa bouche. « Et un fruit c’est parfait ! Exactement ce dont j’ai besoin après - il fît un geste vague de la main - ça. » D’ailleurs, il commençait à être intrigué par cette jeune femme en face de lui. Elle le regardait sans aucun jugement et semblait, au contraire, très investie et contrariée par ce qui venait de se passer.
Inclinant la tête, il la regarda lister toutes ces choses dont elle avait besoin, certaines familières d’autres non. Il avala un morceau de clémentine avant de sourire doucement. Il secoua légèrement la tête. « Vous allez vous en occuper ? » Il haussa un sourcil d'un air dubitatif avant de rire doucement et de mettre presque entièrement la dernière moitié du fruit dans sa bouche. « -ous a-ez ve-ir a-c -oi. » Dit-il la bouche pleine se rendant absolument incompréhensible. Il déglutit bruyamment, et leva le doigt. « Je disais, vous allez venir avec moi, parce que je sais où trouver tout ça. » Il poussa un petit son. « Enfin presque. Je ne suis pas certain pour les clous ou la lanterne. » Il lui fît un signe de tête, l’invitant à le suivre. « Je m’appelle Wu Qin Tian. » Il la regarda du coin de l’œil avant de reporter son attention devant lui et de refaire le trajet qu’il venait de parcourir mais dans le sens inverse. « Comment ça se fait que vous soyez au courant de tout ça ? Que vous ayez senti ce qui vient de se passer ? » Il haussa les épaules comme si de rien n’était. « C’est que c’est pas très courant... » Qu’on ne le juge pas, qu’on semble comprendre ce qu’il se passait, que l’instant ne finisse pas dans un échange plein de jugements et d’aprioris. Ils arrivèrent devant la boutique et sans hésitation, Qin Tian poussa la porte et y entra, saluant dans sa langue natale sa mère qui s’affairait dans les lieux. « Bienvenue à l’Astra Bookshop ! » Dit-il de sa voix la plus commerciale.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Lun 4 Jan - 21:52 Citer EditerSupprimer
Liên devait penser de toujours tenir sa langue concernant certaines choses. Elle s’était faite moquée, insultée, ridiculisée tellement de fois que l’on pourrait penser qu’elle avait retenu la leçon, or il lui arrivait encore bien trop souvent de parler de phénomènes surnaturels à des inconnus. Enfin, plus que d’en parler, elle faisait comprendre qu’elle y croyait fermement et racontait ses aventures personnelles avec ces entités avant même de s’assurer que la personne en face était assez libre d’esprit pour ne pas prendre peur. Il fallait cependant croire qu’elle avait été chanceuse ce jour-ci. Alors qu’elle offrait une clémentine au jeune homme, ce dernier ne semblait ni la regarder de travers, ni faire une quelconque remarque. Surtout que ce n’était pas avec son mouchoir dans le nez qu’il pouvait se permettre de faire le quelconque commentaire.
Elle s’était assurée qu’il allait bien, qu’il n’était pas pris de vertiges malgré son saignement de nez significatif, et elle avait listé ce dont elle avait besoin pour faire disparaître cet esprit joueur. « Qui d’autre, sinon. » Elle n’allait pas demander à cet inconnu de s’en occuper pour elle, surtout qu’elle n’était pas encore sûre de sa position sur le surnaturel (mais elle en avait une petite idée grâce à sa réaction devant ce qu’elle lui disait). Puis, ça avait été son métier pendant quelques années. « Ce n’est pas très poli de parler la bouche pleine jeune homme ! » Réprimanda-t-elle sur un ton qui était tout sauf sérieux. Elle se retint de rajouter une petite tape derrière la tête (elle venait à peine de le rencontrer après tout).
Finalement, elle le suivit. Elle ne rouvrit pas son parapluie, la météo devenue clémente, et marcha à ses côtés dans un rythme donné par ses talons contre le bitume. « Tran Liên. » Répondit-elle dans un sourire. C’était dommage que, de sa liste, deux objets étaient manquants. La vietnamienne aurait voulu avoir un maximum de choix dans ses outils pour calmer cette âme perdue. Néanmoins, c’était une capitale et Liên doutait qu’elle pourrait se trouver face à un esprit typique des campagnes, des montagnes ou encore des rivières. « Je suis au courant car je fais attention. » C’était tellement normal de rencontrer des personnes qui croyaient aux esprits dans son pays, et dans tout le sud du continent, que la jeune femme avait été étonnée par la question du garçon. Mais encore une fois, elle oubliait les moqueries. « Et il y avait cette odeur. » Odeur qu’elle ne supportait plus car trop lourde en souvenirs douloureux.
Finalement, ils arrivèrent à l’endroit destiné et la jeune femme y découvrit une petite boutique discrète. Entrée, elle salua, en se penchant légèrement, une femme au fond de la boutique avant de reposer les yeux sur le garçon. « Tu travailles ici ? » Avant même de faire un tour du magasin, elle se dit qu’il l’avait attirée dans ce lieu au même titre que les vendeuses des enseignes de maquillage qui forçaient les clients potentiels à entrer dans leur boutique. Mais ces pensées disparurent rapidement alors qu’elle s’approcha des premiers objets dont elle avait besoin. « Vous n’avez donc pas de lanternes rouge ? Vous avez pourtant des festivals de fantômes ? » Tant pis, elle ferait avec ce qu’elle trouverait. « Du coup, encens, sel... » Elle se récita la liste mentalement. « Est-ce que vous auriez des oranges ? Des longanes ? » Elle faisait le tour de la boutique, fascinée par ce qu’elle voyait. « Si j’avais su qu’une telle boutique existait dans cette capitale, je serais venue bien plus tôt. » Elle revint vers le garçon, plaçant les premiers articles dans ses mains comme pour lui demander de tout porter sans parole. Les articles continuaient de s’accumuler, d’abord entre les bras de Qin Tian, puis dans les mains de Liên. « Et vous faites de l’exorcisme aussi ? Ou seulement des lectures peut-être ? » La jeune femme était moins portée sur ce genre de choses, préférant ce qu’elle sentait dans son quotidien qu’au possible futur. Finalement, elle se dirigea vers la caisse, posant sur le comptoir ce qu’elle tenait entre ses mains avant de récupérer les objets des mains du chinois.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Dim 10 Jan - 19:04 Citer EditerSupprimer
ootd + Aussi peu populaire puisse-t-il être, avec toutes les rumeurs qui lui collaient aux fesses, Qin Tian était d’abord quelqu’un de plutôt avenant et chaleureux. Il passait sur la réserve lorsque les premiers doutes et les premières remarques à son égard pointaient le bout de leurs nez. Alors même s’il était à présent en compagnie d’une inconnue, il était fidèle à lui-même, apparaissant plutôt à l’aise (ce qu’il n’était pas forcément) mais toujours souriant et joviale. Même l’étrangeté de la situation semblait lui passer au-dessus. Pourtant, il n’était pas courant de tomber sur quelqu’un d’aussi connecté au monde que lui ne l’était mais étrangement... Il se disait aussi que ses parents et lui ne pouvaient pas être des cas uniques. Alors presque aussi simplement, il marchait aux côtés de la jeune femme, sans davantage questionner les événements. De toute façon, il était dans l’immédiat bien trop occuper à manger son fruit pour se requinquer plutôt qu’autre chose. D’ailleurs, amusé, il sourit à l’inconnue lorsqu’elle le réprimanda, et il inclina doucement sa tête sur le côté pour se donner un air plus innocent qu’il ne l’était vraiment. Allez savoir, ce simple commentaire le laissait penser qu’elle était plus âgée que lui.
« Enchanté Tran Liên. » Dit-il d’un ton presque chantant, légèrement remis de ses émotions. Il ôta d’ailleurs le mouchoir de son nez, le saignement ayant enfin cessé. Il fît une grimace en sentant du sang séché autour de ses narines, il était bon pour passer rincer tout cela une fois qu’il aurait accès à des toilettes, s'il y pensait. Ne comptez pas sur Wu Qin Tian pour se contenter d’un simple nom, il voulut en apprendre plus sur la jeune femme, surtout qu’elle était bien au courant des choses que l’on pouvait ressentir et aussi de comment s’en défaire. « Faire attention mmh... » Répéta-t-il plus pour lui-même qu’autre chose après cette explication on ne peut plus vague mais qui, dans un sens, lui faisait sens. Il hocha la tête quelques secondes avant de s’arrêter et de tourner la tête vers elle brusquement, sa curiosité piquée au vif. « Une odeur ? Quelle odeur ? » Il lâcha ensuite un rire en se grattant l’arrière de la tête. « Je dis souvent que je sens les choses, mais pas sentir au sens propre. Je ne sens jamais rien à ce niveau. » Il fît une petite moue. « Peut-être parce qu’un des premiers trucs que je sens, au sens propre j’entends, c’est le sang dans mes narines ! » Et il se mit à rire parce que oui, tout cela sonnait plus comme une plaisanterie qu’une réelle réflexion qu’il se faisait.
Leurs pas les menèrent jusque-là boutique, et si Qin Tian avait fini pour la journée, il se retrouva à servir la jeune femme. « Oui je travaille ici à mi-temps, le dragon derrière le comptoir, c’est ma mère. Elle va sans doute vous demander qui vous êtes et si on sort ensemble, ignorez-la. » Dit-il en riant, à al fois amusé et gêné, mais ça ne dura pas longtemps. Lorsqu’elle lui mît dans les mains les premiers articles qu’elle souhaitait acheter, il l’avait regardé d’un air offusqué prêt à lui dire de se débrouiller, qu’il ne bossait pas à cette heure-ci. Sous son regard sûr d’elle et l’attention de sa mère (surtout à cause de cette attention), il s’affaissa comme un ballon de baudruche et suivi Liên dans la boutique. Il répondit à toutes ses questions, essayant de montrer qu’il n’était pas très content de jouer les portes bagages. « Des oranges et des longanes ? Non. On n’est pas un magasin de fruits. » Et il inclina la tête sur le côté, comme s’il s’agissait d’une évidence. « Pour les lanternes, il faudrait voir avec ma mère, je ne connais pas tous les stocks, je m’occupe surtout des pierres et des gemmes ici. » Pour ces éléments, il était bien au courant des quantités en réserve et des livraisons à venir. Finalement, un sourire étira ses lèvres. « C’est notre boutique familiale. Je vous conseille de refaire ce compliment à ma mère, elle vous fera peut-être une ristourne ! » Aucune chance, mais il savait que sa mère serait contente d’entendre une telle chose. « On n’utilise pas vraiment le terme exorcisme, on parle plutôt de nettoyage. Il nous arrive d’en faire pour apaiser des personnes le plus souvent et parfois des lieux. Enfin c’est surtout ma mère qui se charge de tout ça et on utilise surtout des herbes et les pierres. Pour ma part, je préfère m’occuper des lectures, cartes ou lignes de la main pour les raisons que vous avez vu plus tôt. » Il pointa son nez du doigt. N’étant pas effrayé par un quelconque jugement sur ce qu’il était, Qin Tian était donc bavard et avait retrouvé son sourire rapidement, plus vraiment dérangé par tout ce qu’il avait dans les mains. Il suivait la jeune femme à la trace, trop content d’avoir trouvé une personne avec qui parler de tout ça, quelles étaient les probabilités hein ?! « Et vous ? Vous avez l’air au courant pour tout ce qui est nettoyage. Enfin, exorcisme. Vous faites ça souvent ? Ce n’est pas très commun comme hobby... » Pas qu’il était du genre à se fier aux apparences, mais elle n’avait pas l’air d’être une médium à plein temps, c’était son instinct qui le lui soufflait.
Finalement, ils arrivèrent à la caisse, et il déposa ce qu’il avait en main sur le comptoir, pendant que sa mère enregistrait les articles dans la machine. De temps en temps, il la voyait les regarder, ses yeux allant de l’un à l’autre, et avec une grimace, le jeune homme fît « non » de la tête, espérant dissuader sa mère de poser la moindre question. Qin Tian finît par donner un petit coup de coude à la jeune femme, et indiqua la quinquagénaire derrière la caisse d’un mouvement du menton, l’encourageant à tenter d’obtenir sa ristourne (qu’elle n’obtiendrait pas, mais il voulait faire plaisir à sa mère). Après un échange on ne peut plus gênant pour le chinois, sa mère se permettant de poser des questions assez personnelles à Liên quant à son identité, son âge et comment elle avait rencontré son fils, le médium s’éloigna de la caisse en grognant, légèrement mortifié. Avisant les deux sachets que tenait la jeune femme, il les lui prit des mains et la regarda, curieux. « Vous comptez vraiment retourner voir cette énergie ? Maintenant ? Qui vous dit qu’elle est stagnante ? »
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Sam 16 Jan - 14:35 Citer EditerSupprimer
Liên ne s’était pas privée pour réprimander le garçon (gentiment) lorsqu’elle n’avait rien compris de ce qu’il lui demandait à cause de la clémentine dans la bouche. Elle lui avait donné ensuite son nom, répondant aux présentations du garçon alors qu’ils se dirigeaient vers en endroit encore inconnu pour la vietnamienne. Ses pensées étaient portées sur l’évènement qui venait de se dérouler et elle se sentait plus ou moins présente mentalement pour répondre aux interrogations de ce Qin Tian. Si elle fut surprise de découvrir qu’elle n’était pas la seule attirée par les fantômes et âmes, elle ne le montra pas. Elle avait rencontré maintes personnes qui y croyaient car là était leur culture, cependant dès qu’elle entrait dans plus de détails, les mêmes remarques négatives refaisaient surface. « Ce n’est pourtant pas toujours bon d’avoir le nez qui saigne en permanence. » Pas qu’elle était très inquiète, mais ce n’était jamais bon signe non plus. « Tu n’as pas cette odeur de jasmin ? » Elle pensait qu’à chaque apparition, cette odeur s’élevait dans l’air, prenant pour cible ses narines et avec les terribles souvenirs de son enfance. Elle savait aussi que ce n’était pas seulement le cas pour une seule personne, ayant lu maintes témoignages sur cette odeurs présente avant un drame.
Finalement, ils arrivèrent devant l’Astra Bookshop et la vietnamienne fut agréablement surprise de découvrir un tel magasin. Celui-ci pourrait grandement lui servir à l’avenir bien qu’elle ne semblait pas vendre tout ce dont elle aurait eu besoin. « Ne sois pas aussi impoli envers ta mère. » Répondit-elle sur un ton détaché alors que ses yeux se perdaient déjà sur toutes les étagères qu’offrait la boutique. Elle n’avait même pas fait attention à la dernière partie de sa phrase, tout comme elle ignorait le regard offusqué du chinois alors qu’elle plaçait les premiers articles entre ses bras. Elle ne souhaitait pas perdre de temps, et voulait apaiser cette âme au plus vite. Elle s’arrêta de rouler des yeux après qu’elle ait demandé s’ils avaient des oranges et continua ses recherches non sans complimenter la boutique. « Je ne cherche pas de ristournes, au contraire il faut soutenir les commerces. – Surtout qu’elle avait largement les moyens de payer – Mes compliments sont gratuits aussi. » Elle finit d’un clin d’œil en direction du garçon. Continuant de poser ses questions, la jeune femme s’était dirigée vers le comptoir pour payer tous ses achats. Elle grimaça face à l’expression utilisée comme synonyme d’exorcisme. Elle-même ne l'utilisait pas souvent, peu sûre de la bonne traduction du terme dans sa langue natale, pourtant parler d’exorcisme ou d’apaisement des âmes était, pour elle, moins froid qu’un nettoyage. Peut-être qu’ils se comprenaient sur certains points (notamment celui de ne pas être fous lorsqu’ils parlaient surnaturel), mais si le chinois voyait ces âmes égarées comme de la saleté à nettoyer, ils ne pourraient pas s’entendre. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il avait été visé par une attaque. Finalement, elle planta son regard dans celui du garçon, souriante malgré tout. « Nettoyage, uh. » Si son ton passait comme hautain, ce n’était en aucun cas l’effet désiré. « Quel triste mot pour des âmes perdues. » Elle salua tout de même la mère du garçon, présentant sa carte bleue pour payer ses achats. « C’était mon métier. » Elle ne précisa rien de plus quant à ce métier spécial qui n’était présent que dans certains pays du sud du continent. Heureusement pour elle, elle fut coupée par les questions venant de la mère et alors toujours sur un ton très poli, Liên lui répondait honnêtement. « Oh non, je viens de le croiser dans la rue. Il a manqué plus qu’un saignement de nez. » Puis elle ricana. « C’est un homme très mignon, malheureusement mes goûts préfèrent les personnes à poitrines développées et sans pénis. » Elle avait moins de problèmes à s’affirmer homosexuelle que docteure à esprits.
Finalement, tous ses achats étaient dans des sacs et la vietnamienne était prête à repartir. Seulement, on les lui prit des mains et ce fut presque offusquée qu’elle leva un sourcil vers le chinois. « Qui te dit qu’elle ne l’est pas. Dans tous les cas, je peux au moins retourner vérifier. » Elle reprit possession des sachets, têtue. « Si elle est toujours là-bas, il faut faire quelque chose. Là ce n’était qu’un saignement de nez, la prochaine fois ça pourrait être pire. » Elle eut une rapide pensée pour son défunt père, avant de sortir du magasin, non sans dire au revoir à la mère du garçon. « Mais si tu désires jouer les héros, tu peux m’accompagner. Mais sache que ce titre reste le mien. » Elle n’avait aucunement besoin d’être protégée, elle était assez forte d’elle même. « Juste, ne traîne pas dans mes pattes. » Ce n’était pas dit méchamment, c’était la vérité. Si jamais quelque chose devait se passer, Liên préférerait ne pas avoir à s’occuper de l’esprit et du garçon.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Ven 5 Mar - 22:21 Citer EditerSupprimer
ootd + Qin Tian avait souvent échangé avec sa mère et avec son père sur ce qu’ils pouvaient ressentir lorsque des énergies (que sa mère appelait fantôme ou esprit d’ailleurs). Aucun n’avait vraiment les mêmes sensations, et le fils était le seul à se retrouver avec des saignements de nez ou migraines. Il était presque envieux. Sa mère lui disait que cela venait sans doute du fait qu’il était encore plus réceptif et sensible qu'eux. Dans tous les cas, ce n’était pas quelque chose que le chinois appréciait particulièrement mais tout comme son don, il avait fini par l’accepter. Néanmoins, constater les différences avec d’autres personnes médiums était quelque chose de fascinant, Qin Tian aurait aimé avoir la raison de ces différences, mais encore, certaines choses étaient mieux sans réponse. « Non pas d’odeur de jasmin. » Il grimaça légèrement. « L’odeur de sang prend souvent le dessus il faut dire. » Et avec un rire étrangement léger comparé à ce qu’il disait, il continua de guider la jeune femme jusqu’à la boutique.
Le jeune homme balança entre deux expressions faciales tout au long de leur présence dans la boutique. Des sourires excités à l’idée d’avoir une nouvelle personne avec qui partager son don (et être compris) et une moue boudeuse, parce que Liên le reprenait sur plein de choses (et le prenait aussi pour un larbin). Mais, serviable, il se laissait faire et portait les achats de la jeune femme non sans lâcher des commentaires ici et là. « Pourtant, une aussi belle femme que vous pourrait largement faire payer ses compliments. » Un sourire en coin, c’est ainsi qu’il répondit au clin d’œil de la jeune femme, pas réellement impressionné par son aura, mais plutôt intrigué parce qu’elle pouvait faire et intrigué par ses capacités. D’ailleurs, il écarquilla légèrement les yeux aux découvertes qu’il faisait sur Liên. « Votre métier ? Vous faites quoi maintenant ? » Il fît une moue en repensant à leur échange. « Pour vous il s’agit d’âmes perdues ? » Il n’était pas d’accord avec ce propos, mais il était intéressé de savoir pourquoi elle les désignait ainsi et n’était pas contre l’idée de voir évoluer son propre avis. Son avis sur la façon dont sa mère avait d’essayer de le vendre à chaque ami.e qu’il ramenait ne changerait jamais par contre. D’ailleurs la réponse de la médium (puisque c’était bien ce qu’elle semblait être) le fît éclater de rire, s'affaissant même sur le comptoir caisse, alors que la mine de sa mère s’assombrit, déçue de voir son plan tomber à l’eau avant même d’avoir commencé.
Toujours autant intriguée par la jeune femme et par son don, il la suivit, devinant ce qu’elle avait l’intention de faire. Il était à la fois impressionné et à la fois amusé par l’assurance qu’elle avait. Avec un léger ricanement, il lui jeta un regard, les bras chargés des sacs de Liên. « J’ai l’air si incompétent ou c’est que vous êtes trop sûre de vous ? » Ce n’était pas parce qu’il était jeune et qu’il saignait un peu trop facilement du nez qu’il ne savait pas utiliser son don avec efficacité. « Je ne joue pas les héros, je veux juste aider les gens avec mon don. » Même s’ils n’étaient pas souvent reconnaissants comme ils devraient l’être. Haussant les épaules, parce que s’appesantir sur ce fait ne changerait rien. « Vous n’avez qu’à me briefer si vous ne voulez pas que je sois dans vos pattes. » Répéta-t-il dans une mauvaise imitation de la médium. « Qu’est-ce que vous voulez que je fasse et qu’est-ce que vous voulez que je ne fasse pas ? » En réalité, il ne comptait pas faire grand-chose, il était trop curieux et comptait bien la regarder pratiquer comme s’il était absent. « Je vous propose un deal ! » Il tourna la tête vers elle à défaut de pouvoir utiliser ses mains. « Si j’apprends quelque chose avec vous aujourd’hui, je vous invite à boire un verre ! » Et c’était presque un sacrifice parce qu’il était certain d’apprendre quelque chose. Ils furent de nouveau devant cette fameuse porte. Immédiatement, Qin Tian fronça les sourcils, n’aimant pas ce qui émanait de l’endroit. « C’est toujours là. » Dit-il en grimaçant. « L’énergie est tellement... Sombre... » Il en avait la nausée. « Elle imprègne complètement les lieux, elle déborde presque... Mais je ne l’avais jamais senti avant. » Alors qu’il passait souvent dans le quartier... Qu’était-il arrivé pour qu’elle s’installe là ?
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Dim 21 Mar - 10:22 Citer EditerSupprimer
La vietnamienne sourit légèrement. Malgré son ton parfois dur bien que joyeux, elle se demandait si elle devait trancher son avis de suite, de dire si ce garçon était amusant ou simplement stupide (elle vous dirait qu’un homme était forcément stupide cependant). « Oh, je fais payer mes compliments, mais juste d’une différente manière. » Et surtout pour les femmes, du coup. Elle n’était pas gênée par le fait de révéler son attirance pour la gente féminine, pas même aux inconnus et avait comme le sentiment que ça ne gênerait pas les personnes présentes dans le magasin. Avec le temps, elle avait appris à reconnaître les premiers signes d’inconfort dans son entourage, et selon son humeur, elle s’en jouait plus ou moins. Vérifiant ses achats, payant ces derniers, la vietnamienne répondait aux questions du chinois qui semblait un poils trop curieux à son goût. « Je travaille dans une galerie d’arts. » Un très bon endroit pour faire de belles rencontres omit-t-elle d’ajouter. Peut-être désirait-elle garder cette information en même temps que les belles femmes pour elle. « Des âmes perdues, vengeresses, des âmes qui ont été bloquées du processus de réincarnation et qui sont obligées d’errer ici. » Elle savait de quoi il s’agissait, pour les avoir vu, pour les avoir guidées pendant de nombreuses années. Ses croyances taoïstes venaient se mettre dans toutes les pensées de Liên et, bien qu’elle était ouverte à toujours en apprendre plus sur les points de vues d’autres horizons, pour ce qui était de ces fantômes, son idée restait relativement ferme. Elle ne pouvait accepter autre chose, pas alors que son père y avait laissé la vie. Pas alors qu’elle-même dormait avec un couteau sous son oreiller pour éviter de mauvaises rencontres durant la nuit. Elle ne demanda donc pas le point de vue du garçon, ne cherchant pas à créer le débat ou un conflit de pensées. Elle n’avait pas le temps pour cela, elle avait un lieu à nettoyer.
Elle regrettait presque de lui avoir laissé la possibilité de l’accompagner. Il n’était pas rare que Liên emmenait sa meilleure amie « à la chasse aux fantômes » seulement il s’agissait de sa meilleure amie, qu’elle connaissait parfaitement et pouvait anticiper ses réactions. De plus, les règles avaient toujours été claires et la vietnamienne se faisait obéir lorsqu’il le fallait. Or, la jeune femme ne connaissait pas ce garçon et ne désirait pas risquer de le mettre en danger à cause d’une erreur. « Tu n’as pas l’air incompétent. » Il était vrai que Liên pouvait parfois être un peu trop sûre d’elle, après des années d’expérience, elle se sentait légitime. « C’est noble de vouloir aider les autres, comme a dit un grand philosophe un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » Elle ne put s’empêcher d’en rire, surtout qu’elle avait trouvé sa blague beaucoup plus drôle qu’elle ne l’était réellement. La vietnamienne observait le garçon, prête à abandonner, pourtant elle ne pouvait répondre qu’il continuait sur sa lancée en lui tendant une perche qu’elle ne s’empêcha pas d’attraper. « Baby Wu Qin Tian, tu ne serais pas en train de me proposer un date ? » Elle faisait la moue, dans sa voix enfantine. « Car si tu n’as pas compris, je ne suis pas intéressée. Puis tu seras mieux avec quelqu’un de ton âge. » Bien que la proposition d’aller prendre un verre était alléchante, Liên aurait préféré prendre ce verre en présence d’une belle femme. « Mais pour être tout à fait honnête, je ne voudrais pas qu’il t’arrive quoique ce soit, je travaille seule en général. »
Finalement, ils étaient de retour devant cette porte. La vietnamienne n’était apparemment pas la seule à savoir que, peu importait ce qui se trouvait de l’autre côté de cette porte, c’était toujours là. L’odeur du jasmin était forte, presque enivrante. Liên essaya de rester concentrée. « On l’a énervé-e. » Si toute son attention n’était pas portée sur cette porte et tout ce qu’elle représentait, la jeune femme aurait eu, elle aussi, des questions à poser au chinois quant à son don. Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment. « Recule-toi un peu. » Elle commença par verser du sel au sol, devant la porte, puis allumer un bâton d’encens qu’elle fit aller devant la porte. Elle se pencha en avant, saluant l’entité derrière cette porte, avant de demander dans sa langue natale la permission d’entrer. Elle se reprit cependant et répéta la question cette fois en coréen. Rien ne se passa pendant quelques secondes et donc la jeune femme attrapa la poignet pour enfin ouvrir cette porte. Un courant d’air se créa alors, mais pas aussi puissant que la dernière fois. « Ah ah, donc elle nous laisse entrer comme ça, maintenant ? » Elle savait qu’entrer tête baissée était une très mauvaise idée pourtant, elle ne voulait pas reculer alors que le garçon l’observait.
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Re: Take one's eye out. (Qin Tian) | Mar 30 Mar - 22:49 Citer EditerSupprimer
ootd + « Oh. » S'il s'était attendu à une telle carrière de la jeune femme. Non pas qu'il ne l'en pensait pas capable. Depuis qu'ils échangeaient depuis leur rencontre, il s'était rendu compte qu'elle était cultivée, en plus d'avoir beaucoup de répartie. Elle dégageait quelque chose qui était bien plus que son simple don qui réagissait à celui de Liên. Il avait juste du mal à imaginer qu'ils puissent avoir un travail qui n'était pas lié à ce qu'ils étaient. Pour Qin Tian, être médium, travailler avec ses parents et peut-être plus tard avoir son propre travail dans la médiumnité lui avait semblé évident, il ne s'était jamais dit qu'il pourrait être autre chose, peut-être parce qu'il n'en avait pas envie ? Il était, en tout cas, surpris et admiratif du choix de carrière de la vietnamienne. Et il n'était pas au bout de ses surprises. « Des âmes perdues mmh ? » Mais elle ne commenta pas davantage, il était presque déçu. Il n'était pas campé sur ses positions, si quelqu'un parvenait à lui démontrer que ce qu'il ressentait n'était pas juste des énergies, mais des esprits ou des âmes, il pourrait le croire. Mais pour le moment, il avait plus la sensation de sentir des énergies stagnantes qu'autre chose. Il y avait aussi peut-être le fait qu'il trouvait l'idée que des âmes se perdent un peu triste... Mais au fond, il pouvait comprendre l'envie d'une âme de rester là lorsqu'il était trop tôt. S'il devait mourir le lendemain, et que Liên avait raison, l'âme du chinois choisirait sans doute de rester auprès de Ming Wei, et quoi ? Lorsque tout serait fini, il restait coincé dans ce monde ? C'était trop triste, l'idée des énergies lui paraissait bien plus correcte, d'autant plus que c'était ce en quoi il croyait et la médiumnité qu'il pratiquait pour le moment.
Il était curieux de voir comment la jeune femme pratiquait, et alors qu'ils reprenaient la direction du lieu « hanté », l'excitation de Qin Tian était palpable. Il ne parvenait pas à taire sa curiosité, interrogeant presque non-stop la jeune femme, qui devait déjà regretté de l'avoir laissé l'accompagner. Il fronça légèrement le nez. « Vous ne citez pas Spider-Man parce que vous pensez que c'est une des rares références que je suis capable d'avoir ? » Ce qui n'était définitivement pas le cas, tout comme il n'était pas incapable. Il était convaincu qu'elle et lui ne nettoyait pas du tout de la même façon et qu'il aurait beaucoup à apprendre en l'observant. Il se demandait aussi si l'inverse serait le cas, mais il doutait qu'elle ne veuille apprendre de lui. Il tenta néanmoins sa chance, tentant de l'inviter pour discuter avec elle, ce n'était pas tous les jours qu'il rencontrait une médium qui n'était pas sa mère. « Whoah... Je ne m'étais jamais pris un râteau alors que j'étais même pas en train de draguer. » Il fît une moue légèrement contrariée. « C'était pas plus cool pour autant. » Un râteau reste un râteau, il était certaine que son meilleur ami saurait lui rappeler ce moment à tout jamais une fois qu'il le lui aurait raconté. Continuant de faire la moue, il regarda Liên. « Je n'ai pas souvent l'occasion de parler de tout ça avec des personnes qui comprennent vraiment. Je voulais juste discuter. » Car même s'il avait la chance d'avoir des proches qui acceptaient ce qu'il était et qui il était, il était difficile pour eux de comprendre ce que c'était réellement. Il haussa les épaules d'un air un peu penaud. « Bien Liên Laoshi, je vous suis. »
Et c'est ce qu'il fît. Ils arrivèrent à destination et il resta en retrait. Il observait tout ce que faisait la jeune femme, notant mentalement les étapes de sa progression. Ressentant une énergie sombre, violente, lui donnant presque la nausée. Par habitude, il fronça le nez, se disant qu'il finirait bien par saigner du nez à un moment ou un autre. Lorsque la porte s'ouvrit après la question de Liên, il haussa le sourcil, c'était bien trop simple. « Vous savez autant que moi qu'entrer ne serait pas une bonne idée. » Mais c'était dit avec un petit sourire en coin, parce qu'il était certain qu'elle allait entrer, parce qu'il n'y avait pas d'autres moyens pour régler cet incident. Jonglant avec les affaires qu'il avait en main, il finit par atteindre son sac, et en fouinant dans les différentes pochettes intérieures, fini par rassembler des feuilles de ci, des branches de ça, et forma un bouquet de plantes et d'herbes qui se voulaient apaisantes (il en utilisait certaines lorsque son colocataire de chambre était trop stressé). D'ailleurs, s'il venait à se faire arrêté un jour, avec le contenu de son sac, il finirait sans doute en garde à vue. D'un coup de briquet efficace, il l'alluma et s'approcha de l'entrée sans en franchir le pas. « C'est comme de l’anti-moustique énergétique. Ça ne la fait pas disparaître mais ça la repousse un minimum. » Juste de quoi entrer et préparer ce qu'il fallait. D'ailleurs, d'un geste de main, Qin Tian invita la jeune femme à entrer, la suivant de prêt pour rester dans le halo que la fumée générait autour d'eux. « Je ne suis là qu'en soutien, c'est vous qui menez la danse. » Et comme pour ponctuer sa phrase, la porte se referma derrière eux, et Qin Tian n'avait pas besoin de vérifier pour savoir qu'ils seraient incapables de la rouvrir. L'énergie était pugnace et semblait se nourrir de ce qu'ils dégageaient pour se renforcer. « Et donc, c'est là que je suis supposé sentir le jasmin ? » Sa question était sincère mais pouvait sembler ironique, il était réellement curieux, mais il doutait que Liên apprécie de l'entendre ainsi l'interroger. Lorsqu'elle se retourna vers lui, il mima une fermeture éclair sur ses lèvres, et à peine termina-t-il ce mouvement, que son bouquet de plante arriva en fin de combustion, l'énergie apaisante éphémère disparu dans un dernier volute de fumée.
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