douce gelée blanche qui s'éveille à la lueur du soleil ; l'odeur printanière est agréable, quand l'hiver se montra bien plus rude qu'à l'accoutumé. hélas, qu'il fut idiot de croire que ce schéma pouvait s'appliquer en bien des occasions. heureux furent ces idiots à espérer le printemps, quand l'avalanche n'attendait qu'une ouverture pour éteindre leurs dernières étoiles. c'était un coup de massue qui s'était abattu sur leurs envies vengeresses. à présent, seuls des débris les tiennent compagnie afin de faire face à leur crédulité, et les conséquences de leurs espoirs étouffés.  par chance, les rais n'étaient pas complètement éteints. ils entraînèrent même une cohabitation particulière, mais appréciée des dragons. une cohabitation que le jeune homme n'oublierait certainement jamais, et à l'égard de laquelle un sentiment de reconnaissance perdurerait pendant un long moment. finalement, il y avait un peu de bon dans chaque malheureux événement. 

je crois qu'on a tout là, non ? un regard attentif flirtait avec le contenu du sac de course, avant que yanjun vienne à sortir un à un les divers ingrédients. farine, sucre, œufs... tout semblait en ordre. hélas, il n'était pas vraiment le mieux placé pour s'attarder là-dessus, tant il était un piètre cuisinier. par chance, des applications lui permettaient de le sauver de toute catastrophe. on pouvait dire tout ce que l'on voulait mais la technologie était certainement une merveilleuse création humaine. on doit commencer par quoi ? dites-moi, je vous suis il ne pouvait faire que ça, malheureusement.

Sa dernière rencontre avec les Dragons l'avait laissé avec une jolie bosse sur le crâne - bien que celle-ci soit le fait d'une de ses camarades Sangos qui visait maladroitement avec un cadre un des petits bleus venus envahis leur dortoir - mais pouvait-il leur en tenir rancune quand il n'avait aucun souvenir de cette soirée ? Il était sorti à moitié endormi et son corps avait trop subi pour qu'il ne réussisse à sortir de ce demi-coma dans lequel son corps l'induisait par erreur mais qui s'était sûrement avéré pratique cette fois-là.

Devoir partager sa chambre ne lui avait guère fait plaisir. Premièrement, il avait toujours eu une chambre rien que pour lui - aaah, les enfants uniques... - même une fois arrivé au dortoir. Deuxièmement, son sommeil était bien trop précieux pour qu'une quelconque colocation ne vienne le déranger. Troisièmement, il avait bien trop peur qu'on découvre son secret. Aussi, avant l'arrivé des deux gentlemen, il avait soigneusement caché ses cachets et autres anti-dépresseurs dans un coussin et gardait une petite bouteille d'eau dans son lit pour pouvoir les prendre une fois que tout le monde dormait (ou discrètement pendant que les autres avaient le dos tourné puisque selon les rumeurs, ils avaient été assez forts pour réunir l'insomniaque des bleus avec le narcoleptique des verts.) Et quatrièmement - ses désormais congénères survivraient-ils à ses manies nocturnes ? Il avait sérieusement peur de leur faire du mal dans leur sommeil.

"L'a... L'appareil ?" balbutia-t-il. Surpris d'être interrogé alors que le fil de ses pensées et sa journée trop intense alourdissait ses paupières.

Pourtant, c'était lui qui avait proposé cette soirée crêpes pour briser la glace. Peut-être était-il un peu trop nostalgique du temps où il cuisinait des pancakes à quatre heures du matin pour consoler son ex-meilleur ami de ses terreurs nocturnes...

Il trébucha sur un sac mais parvint à atterir sain et sauf devant la porte du placard d'où il sorti son vieil appareil à pancakes (l'espèce de plaque en fonte électrique avec des petits trous pour faire des mini-crêpes).

"Laissez-moi préparer la pâte !" dit-il avec confiance. "Mes parents sont cuistots, donc j'ai les bases. Je vous laisserais le soin de les cuire ?"

Il se pencha vers le sac de course, s'assit sur le sol, et commença à composer la mixture. Il se tourna avec un sourire malicieux et lança un clin d'oeil.

"Vous n'auriez pas pensé à introduire des boissons par le plus grand des hasards ?"