Tu t’es fait avoir. Ça ne t’arrive pas souvent car tu fais bien attention d’avoir constamment cette étiquette de garçon poli et respectueux de plaquée sur le visage... mais ça arrive. Aujourd’hui, tu as peut-être un peu trop abusé en déclarant que le partenaire qu’on t’a attribué en cours de sport n’est qu’un « gros tas incapable de se remuer ». Tu sais que c’est méchant, mais tu n’as pas pu t’en empêcher. Ton professeur te l’a fait remarqué, ça t’a agacé car tu sais très bien ce que ça fait d’être jugé sur son physique, et t’as écopé de travaux de nettoyage après les cours, après les clubs. Tu as soupiré parce que tu dois aussi travaillé au 7eleven afin de pouvoir payer tes études... sauf que tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Toi qui n’aurais pas du t’énerver si vite et être aussi blessant.
Tu abandonnes un soupir quand tu entres dans la salle du club de littérature, oui, parce que ton partenaire de sport en fait partie. Peu importe, pour toi, de quoi il fait partie car le résultat est le même : tu dois astiquer les étagères, briquer le sol et ranger les livres qui traînent. Sérieusement... tu ne sais pas tellement par quoi commencer. Toi, tu aimes bien les bouquins, ils sentent bons, mais ton truc c’est davantage les jeux vidéos, le sport ou la musique. Ou encore mieux, les voyages. Tandis que tu cherches de quoi nettoyer, tu rêvasses à ces fameux voyages que tu aimerais effectué un jour ou l’autre. Dans tes pensées, tu n’entends même pas quelqu’un débarquer et ce n’est qu’en te retournant pour saisir un seau d’eau que tu sursautes.

« Tu m’as fichu la trouille ! tu lui dis en sentant ton cœur affolé dans ta poitrine, je pensais être seul ici. »

Tu hausses les épaules, à moitié avachi sur le balai que tu as trouvé dans la réserve. Tes pupilles sombres de déposent sur le nouveau venu et tu t’interroges sur son objectif. A-t-il oublié quelque chose ? Est-il lui aussi de corvée de ménage ? À cette pensée, tu ris en ton fort intérieur. Les professeurs ne seraient pas assez stupides pour coller deux étudiants au même endroit.

« Tu as besoin de quelque chose ? » tu reprends alors.

Ce n’est pas tellement que tu veux le renvoyer d’où il vient, non, c’est juste que tu as envie de terminer la tâche qu’on t’a donné au plus vite. Peut-être que tu auras ensuite le temps de te rendre à cette soirée où tu aurais voulu te rendre...

(J’espère que ça te plaira @chun min jun   )

Lire était un plaisir coupable de Minjun. Pas parce qu’il tenait un livre dans les mains mais parce qu’il aimait les histoires à l’eau de rose, les histoires avec des triangles amoureux et qui faisaient battre son cœur d’adolescente prépubère. C’était donc quelque chose qu’il cachait parce qu’il n’avait pas envie de voir et lire le jugement des autres dans leurs yeux. Chacun était libre d’aimer et de lire ce qu’il voulait, mais les gens pensaient que ce genre d’ouvrages n’étaient exclusivement que féminin. Jun ne partageait pas ce point de vue mais il n’avait pas envie qu’on le juge pour ça. Alors, il lisait quand personne n’était autour de lui. Il volait les livres de sa mère quand il était plus jeune, se glissant dans ses draps pour parcourir les lignes de ces bouquins un sourire sur les lèvres. Et aujourd’hui, il se dirigeait vers le club de littérature pour dénicher une autre merveille. C’était le seul lieu qu’il avait pensé et qui serait potentiellement désert à cette heure de la journée, la bibliothèque étant sûrement un endroit bien trop peuplé et avec des gens qui le connaissaient. Minjun avait l’air d’un mec qui allait commettre un crime en se faufilant comme ça vers les lieux.

C’est pour cette raison qu’arrivé sur place, il demanda s’il y avait quelqu’un afin d’être sûr de ne pas avoir de compagnie. C’était sans compter sur quelqu’un qui se trouvait déjà dans le club et sursauta en le voyant. Jun eut une grimace alors qu’il le regardait se calmer. « Désolé, c’était pas mon intention de te faire peur… Je croyais qu’il n’y avait personne. » Il ne mentait pas, il était censé n’y avoir personne. Il n’avait clairement pas de chance et ça l’ennuyait profondément. Comment allait-il pouvoir récupérer le livre qu’il voulait sans qu’on ne le juge et ne lui fasse de remarque. Il reprit alors la parole et il remarqua qu’il était en train de tenir un balai. Il devait être de corvée de ménage sinon pourquoi serait-il là ? « Oui d’un livre… Je sais qu’ils ont une quantité de livres ici… » Jun détourna le regard presque gêné, ayant peur que cet inconnu puisse lire dans ses pensées. « Je peux passer ou t’as déjà fait le ménage ? » Il ne voulait pas que l’autre ait fait le ménage pour rien. Il avait été bien élevé et sa mère lui avait toujours dit de ne pas détruire ce que autrui avait fait.

Tu secoues légèrement la tête pour mentionner que ce n'est pas grave, tu vas t'en remettre. C'est juste que tu es souvent perdu dans tes pensées et ce soir-là, tu ne t'attendais pas à ce que quelqu'un d'autre que toi et ton balai soit présent dans cette pièce. Après tout, c'est plutôt sympa, non ? Au moins tu n'as pas besoin de faire la conversation à cette maudite serpillère qui te regarde de l'autre côté, avachie contre le mur.

« Je suis de corvée, comme tu peux le voir, tu réponds en riant. J'ai frappé l'un des vôtres qui s'y croyait un peu trop. »

Car oui, pour toi, l'étudiant en face de toi fait partie de ce club de lecture. Pour quelle autre raison serait-il venu ici en pleine nuit, sinon ? Tu hausses doucement les épaules en lui faisant signe pour lui montrer qu'il pouvait avancer. De toute façon, tu n'as fait que la moitié de l'endroit pour le moment, et ce n'est pas comme si ce garçon revenait de l'extérieur trempé, avec un manteau qui goutte et des chaussures boueuses. En fait, à bien y regarder, tu as comme l'impression qu'il vient en catimini. Mais s'il fait partie du club, pourquoi agir ainsi ?
Tu ne lui poses néanmoins pas encore cette question, te contentant de le suivre des pupilles tandis qu'il s'avançait vers les livres entreposés sur les étagères non loin de vous. Toi, tu es bien plus calé en jeux vidéos qu'en livres, alors tu ne saurais pas vraiment l'aider à chercher ce qu'il veut. Alors tu reprends ton balayage quelques secondes avant de relever la tête vers ton camarade.

« Tu viens souvent ici en pleine nuit ? »

Tu joues les curieux car tu t'ennuies un peu à mourir depuis une demi-heure que tu es là à tenir compagnie aux murs. Tu as déjà fait la poussière, un peu de balai, alors tu as bien le droit de t'accorder une petite pause, n'est-ce pas ? Ce n'est pas non plus comme si le professeur qui t'a collé allait venir vérifier ton travail.

Minjun pensait que personne ne se trouverait sur les lieux. S’il avait choisit cette heure c’était parce que justement personne n’était là et même s’il avait regardé autour de lui s’il allait rencontrer une personne, ça n’avait pas été le cas. Du moins, sur le chemin. Il avait été seul tout le long. Et alors qu’il allait entrer dans le cul de lecture, quelqu’un se mit sur son chemin. Ce n’était clairement pas de chance et ça emmerdait Jun qui avait pensé pouvoir attraper un livre à l’eau de rose pour le lire plus tard dans son lit. Seulement, c’était raté. Il fronça les sourcils en l’entendant parler pour répondre à sa question. « L’un des miens ? T’as frappé un pyo ? » C’était la seule chose qui lui était venue à l’esprit. Parce qu’il ne faisait pas parti du club de littérature donc ça ne pouvait pas être ça, si ? Mais comment avait-il su qu’il était pyo ? Ça c’était un mystère pour Minjun qui finit par passer pour entrer dans la pièce. Il n’avait clairement pas envie de rester longtemps et donc, il ne ferait pas attendre le jeune homme. Il pourrait reprendre son activité de nettoyage plus vite qu’il ne le pensait.

Le coréen fit attention à ce que sa compagnie de la nuit ne remarque pas vers quels livres il se dirigeait et sursauta légèrement en l’entendant reprendre la parole. Il se tendit à la question. Il était vrai que ça paraissait suspect qu’il vienne en plein milieu de la nuit et encore plus pour chiper un livre. Il réfléchit rapidement à la question pour éviter de le laisser sans réponses. Minjun se devait de ne pas dire de bêtises pour éviter d’avoir des ennuis. Après, ce n’était clairement pas très grave, même s’il s’était introduit dans le bâtiment sans autorisation. « Disons que je suis insomniaque… J’ai l’habitude de venir la nuit pour prendre des livres et les lire pendant ces moments-là. » Mensonge qu’il avait complètement inventer en espérant qu’il le gobe. « Et toi, ça t’arrive souvent de nettoyer parce que t’as frappé quelqu’un ? » Qu’il sache où il allait avec le jeune homme. Il n’avait clairement pas envie de se retrouver sous ses coups surtout si ça lui avait valu une punition. Soit un professeur les avait vu et séparé, soit l’autre type était dans un état plus ou moins correct et en avait parlé. Pourtant, il ne payait pas de mine quand on le regardait. Il était même plutôt quelconque. Minjun n'avait pas spécialement peur de lui d'ailleurs et se disait que potentiellement il arriverait à le maitriser.

Tu fronces les sourcils à son interrogation. Un... pyo ? Il te faut quelques secondes pour te remettre en tête le nom de toutes les fraternités puisque, visiblement, ce n'est pas comme cela que se nomme le club de littérature. Tu secoues alors la tête. « Non, pas un pyo, un membre du club. » comme si c'est évident. Mais apparemment... ça ne l'est pas pour tout le monde. Cela veut donc dire que ce garçon ne fait pas partie du club ?! Tu en lâches presque ton balai en te disant que, si ça se trouve, il va aller cafter que le commis au ménage laisse entrer n'importe qui n'importe où... et tu n'as pas vraiment besoin d'avoir d'ennuis supplémentaires. D'ordinaire, tu es plutôt un gars droit dans ses baskets, c'est vraiment l'une des premières fois que tu t'énerves à en frapper un autre. En même temps, tu souris légèrement, mais il t'a bien cherché.
Au final, tu décides de t'accorder une petite pause en faisant la conversation à l'intrus. Ton balai toujours sous le bras, tu t'es rapproché de sa silhouette qui furète dans les étagères à la recherche d'un bon bouquin à se mettre sous la dent. « Je ne suis pas un bagarreur, tu te défends, l'autre gars a juste... visé là où ça fait mal. » Tu parles bien sûr de l'insulte qu'il t'a balancé, mais tu n'as pas envie d'y repenser, au risque de partir dans tes travers. Tu abandonnes alors un soupir et tu te lances : « J'ai comme l'impression que tu ne fais pas partie du club... » Tu lui adresses un sourire, guettant sa réaction, avant que tes pupilles ne se dirigent vers les œuvres rangées par auteurs dans le rayon. Certains titres semblent assez bizarres, mais en règle générale, tu t'aperçois bien qu'il ne s'agit pas de livres policier ou d'horreur que ton interlocuteur regarde. « Tu aimes bien les livres de romance ? » tu l'interroges sans arrière-pensée. Quand tu y songes, tu n'en as peut-être jamais lu plus d'un. Une vieille histoire d'une adolescente qui tombe sous le charme d'un vampire... et tu te souviens l'avoir rendu sans avoir lu plus de la moitié.

Il fronça les sourcils quand il lui dit qu’il avait frappé un membre du club de littérature et pas un pyo. Même si frapper un membre de sa fraternité ne faisait pas sens, Minjun ne comprenait pas non plus l’intérêt de taper sur quelqu’un. Peut-être que c’était justifié et que l’inconnu en face de lui avait ses raisons, mais il trouvait ça quelque peu, déplacé. Néanmoins, il ne releva pas. Il ne faisait pas parti du club et donc n’avait aucune raison de se trouver dans les lieux si tard. A la place, il chercha des livres pour lire, prétextant des insomnies chroniques. Est-ce qu’il allait le croire ? Ce n’était pas sûr mais au moins, il essaierait de lui faire penser que c’était le cas. Il lui demanda s’il faisait souvent le ménage après s’être battu et sa réaction le fit lever les yeux au ciel. « Justement il t’a fait mal avec des mots et toi tes poings. Tu crois que ce qui va rester c’est quoi ? Les mots. Ce que tu lui as fait subir partira et il se souviendra simplement de l’humiliation alors que toi tu te souviendras de ce qu’il t’a dit. » Est-ce qu’il émettait des hypothèses, totalement. Jun ne savait pas du tout ce qui s’était passé et donc, n’avait aucun moyen de savoir si ce qu’il disait était vrai ou non.
Le jeune homme mit ensuite le doigt sur quelque chose et Minjun se tourna vers lui, un sourire sur le visage. « Qu’est-ce qui te fait croire ça ? » demanda-t-il alors qu’il semblait totalement serein tandis qu’à l’intérieur de lui c’était un peu la foire. Comment avait-il su ? Comment s’était-il rendu compte qu’il ne devait rien faire dans ce club ? C’était quelque chose qu’il ne savait pas et il ne montra aucune expression sur sa figure. Minjun n’avait pas l’habitude de mentir, mais lorsqu’il le faisait, il était pratiquement indétectable. A nouveau, la question de l’inconnu le dérangea et il soupira en le regardant. « C’est pas pour moi ceux-là. Je lis pas des livres de bonnes femmes. » Pris sur le fait, il laissa échapper la première chose qui lui venait à l’esprit et c’était quelque chose qui rabaissait les femmes. D’ordinaire, il n’était clairement pas comme ça, soutenant les femmes plus que tout. Mais là, il empiétait sur son espace et ça l’agaçait plus que tout.

Tu fronces les sourcils à ton tour quand ton interlocuteur te répond que tu n'aurais pas dû le frapper, mais plutôt répondre par des mots. Quelque part, ça te met mal à l'aise et tu ne sais pas trop quoi lui dire en retour. Il n'était pas là quand ça s'est passé et il ne connaît pas les raisons qui t'ont fait partir comme une furie. Pour la première fois. D'ordinaire t'es plutôt une bonne pâte sauf que ce gars... il t'a fait sortir de tes gonds. Alors tu frottes ta nuque, presque pataud face au pyobeom devant toi. « J'avoue que j'ai craqué, mais je me repens assez en nettoyant tout ça, non ? » Tu veux paraître sûr de toi, mais c'est un peu raté. Dans le fond, tu sais bien que même si tu as aujourd'hui plus confiance en ton apparence, tu restes en partie ce même jeune homme que des années plus tôt.
Alors tu te concentres avec plus d'aisance sur les recherches de ton camarade, t'approchant doucement pour voir les livres qu'il fixe depuis tout à l'heure. « Tu n'as pas trop l'air de savoir ce que tu cherches, tu expliques alors, mais je n'irais pas te balancer si ça peut te rassurer. » Tu n'as aucun intérêt à le lui assurer, mais tu n'es pas du genre à rapporter aux professeurs, au contraire. Sauf quand, bien sûr, c'est beaucoup trop à gérer. En tout cas, tu te rends compte que tu l'as... vexé ? ou énervé. Ou peut-être même les deux. Alors tu hausses les épaules et tu retournes t'occuper de ton balai. « Les thrillers et les policiers sont de l'autre côté, au cas où que ça t'intéresse plus que la romance. Je viens de les épousseter. » Tu as croisé son regard avant de te remettre à la tâche, le regardant néanmoins en coin pour savoir s'il est en train de changer de rayon ou pas. Toi, ça ne te dérange pas qu'il prenne de la romance, ou de n'importe quoi d'autre, mais visiblement tu as mis le doigt sur quelque chose qu'il n'assume pas.

Minjun n’était pas fan des bagarres. Il ne frappait jamais personne sauf en cas d’extrême nécessité et il savait que si un jour il devait taper quelqu’un ce serait pour Hyuntae. Si on venait à l’insulter ou lui faire du mal il ne répliquerait pas forcément. En revanche, si on s’en prenait à son meilleur ami, c’était une toute autre version de Jun que la personne aurait devant les yeux. Alors, même s’il comprenait dans une certaine mesure qu’on puisse exploser si on s’en prenait à nous, il était toujours convaincu qu’il y avait d’autres méthodes que la violence pour résoudre les choses. « Si tu le dis. » Minjun haussa les épaules avant de laisser le jeune homme devant la pièce pour entrer et chercher les livres dont il avait besoin. Seulement, il ne savait pas qu’il était épié. Sinon, il ne serait clairement pas dirigé vers les livres à l’eau de rose. Il n’avait pas vraiment honte d’en lire, mais ce n’était pas quelque chose qu’il voulait crier sous tous les toits. Ça ne lui plut donc pas qu’il lui fasse la remarque. Jun se sentit attaquer et se mit automatiquement sur la défense. « Je te l’ai dit c’est pas pour moi ces livres. » Il se répéta et aurait presque pu grogner de mécontentement.
Il essaya donc de cacher un peu plus les livres qu’il choisit quand sa voix se fit à nouveau entendre. Il darda sur lui un regard noir avant de soupirer. Ce n’était pas un livre policier qu’il cherchait. Cependant il s’y rendit pour éviter d’avoir des questions et que l’autre se fasse des idées sur ses lectures. Minjun était un fan de romance, il ne s’attardait pas trop sur les autres genres. Néanmoins, il ne disait jamais qu’il aimait les romans d’amour de peur de se retrouver juger. Il chercha donc un livre qui ne lui paraissait pas trop mal et le mit sur les autres qu’il avait pris, essayant de cacher les titres. Jun revint vers le jeune homme et le fusilla du regard. « Tu m’as pas vu. » dit-il au cas où ce n’était pas clair pour lui. Il avait l'impression d'être un criminel.