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Un soir, une exposition. (Gaeul)

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Un soir, une exposition. (Gaeul) | Dim 20 Déc - 11:48
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outfit | Un soir de vernissage, Liên avait passé une simple robe pour l’occasion. Elle n’était pas forcément une grande fan de l’artiste qui exposait dans la galerie où elle travaillait, et quiconque ne faisait pas entièrement attention, pouvait penser qu’il s’agissait là de propagande. L’exposition mettait clairement en valeur la chrétienté, représenté par des peintures en majorité, mais celles-ci étaient accompagnées par quelques sculptures et une installation qui figurait dans la dernière pièce (la plus grande). Liên avait d’abord froncé les sourcils lorsqu’elle avait eu vent que l’artiste allait exposer chez eux, mais lorsqu’elle avait organisé toutes les installations, elle avait vite compris que le but de cette exposition étaient de décomposer la religion, la faisant partir de son piédestal, de son apogée pour la déconstruire jusqu’à la détruire sur l’installation de fin. C’était très intéressant et la vietnamienne avait pris un réel plaisir à se balader dans les différentes pièces, seule, peu avant l’ouverture de la galerie. Elle n’avait rien contre les religions et les respectaient toutes. Les seuls choses qui pouvaient encore la faire grimacer étaient les fanatiques (et ce n’était pas seulement pour la religion).
Son patron et propriétaire de la galerie était présent ce soir-là, comme lors de tous les vernissages qu’ils organisaient. C’était là les seules fois que Liên passait plus de deux minutes en sa présence, d’habitude elle s’occupait de la galerie seule (parfois aidée par des étudiants) et ne le voyait que lorsqu’une grosse vente se produisait. Il lui arrivait d’avoir l’impression d’être la vraie propriétaire et patronne du Contemporary Maze mais c’était un sentiment qu’elle gardait pour elle seule.

Pendant que son supérieur était occupé à discuter et rire avec l’artiste, la jeune femme finissait de préparer le buffet qui accompagnait toujours les vernissages. Elle donnait des dernières instructions au traiteur et s’assurait que le champagne était assez cher pour satisfaire leur clientèle exigeante. Elle-même vivait dans le luxe depuis sa majorité grâce à cette femme plus âgée qu’elle avait rencontrée dans son pays natal, pourtant elle n’oubliait jamais la valeur de l’argent. Elle continuait d’en envoyer tous les mois à sa mère afin qu’elle puisse continuer de jouir quotidiennement d’un confort nécessaire et à part quelques folies, notamment dans les vêtements (elle se devait d’être bien habillée à la galerie après tout), elle n’était pas devenue une de ces femmes pleines d’arrogance. Les petits fours, le champagne et le vin étaient prêts et Liên retourna à l’entrée pour finalement ouvrir la porte. Ils n’eurent pas à attendre longtemps pour que les premiers invités fassent leur apparition dans leurs salles. La vietnamienne se baladait pour tous les saluer correctement. L’image de la galerie était en jeu. Munie de ses multiples sourires, parfois naturels, parfois légèrement plus forcés, elle marchait la tête haute et pleine d’assurance pour guider, conseiller et souhaiter un très bon vernissage. Les visiteurs étaient généralement des têtes connues, des habitués de la galerie qui, satisfaits de ce qu’elle exposait, continuaient de venir pour trouver une nouvelle pièce à rajouter à leur collection. Pourtant, quelques têtes inconnues, des curieux, faisaient aussi régulièrement leur apparition. Liên les traitaient tous de la même manière et ce fut pour cette raison qu’elle arriva à hauteur d’une jeune femme qu’elle n’avait jamais vue avant pour la saluer. « Bienvenue à ce vernissage, n’hésitez pas à profiter du buffet avant, pendant ou après votre visite. » Elle lui tendit une coupe de champagne pour l’accueil. « Si vous avez la moindre question, l’artiste se trouve dans la dernière salle et je suis aussi à votre disposition. »
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Re: Un soir, une exposition. (Gaeul) | Sam 6 Fév - 21:28
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outfit | Les sorties culturelles hebdomadaires remontent à tes années de fac, elles font parties de ces enseignements qui s'apprennent davantage dans les couloirs que dans les salles de classes. Elles ont trois utilités : évidemment, en premier lieu, tu y vas pour te cultiver, pour élargir ton horizon et tes connaissances. C'est aussi l'occasion idéal d'élargir ton réseau, car les relations les plus intéressantes débutent lors d'évènements qui intéressent les personnes qui peuvent t'intéresser. Relis, tu vas comprendre. Enfin, et ce n'est pas à négliger, tu y vas pour pouvoir en parler. Cela fait bien longtemps que tu as compris que l'on ne cultive pas son physique et son esprit pour s'élever, mais pour se maintenir dans la société.
Evoluant dans un monde auquel tu n'étais pas destinée, tu as appris à analyser ce système social particulier et, tirant les bonnes ficelles, tu t'es infiltrée parmi eux. Tu ignores s'ils ont conscience de ces subtilités, ou s'ils perpétuent simplement le schéma dans lequel ils ont été élevés, sans se poser de questions. Certains, probablement, ont compris.
Evidemment, il ne suffit pas de saisir l'importance de ces sorties culturelles, il faut nécessairement en comprendre les codes, discerner les comportements attendus des attitudes inacceptables. Mieux vaut ne pas s'ébaudir et préférer rioter, les billevesées sont à proscrire, ainsi se taire est parfois préférable. Se rapprocher d'un mirliflore peut être contreproductif car ce comportement trahit un manque d'éducation et donc possiblement un statut social et une richesse fraîchement acquise ; en somme, en terme relationnel, c'est se risquer à un mauvais investissement. Toutes ces erreurs, tu les as déjà expérimentées, et la remembrance de tes premières fois t'évite ainsi de nouveaux faux-pas.

Tu avais été invitée à ce vernissage par une amie rencontrée lors d'une exposition sur l'héritage de Sejong le Grand, qui l'avait elle-même reçu de son frère, dont le patron est un habitué de la galerie. L'artiste commence doucement à se faire un nom, il est décrit en ces mots par un célèbre critique en ligne : "s'il fait preuve d'une technique impeccable, son art dépasse le beau pour chuchoter ou, au contraire, exposer violemment les opinions politiques et religieuses de l'artiste." D'après tes recherches, il a travailler sur les glorieux États-Unis d'Amérique et sur la société américaine et coréenne, élogieux ou réprobateur selon les œuvres. Sa statut, taille réelle, d'une splendide sirène affublée d'une médaille militaire et répondant à tous les critères de beauté coréens, avait beaucoup fait parler.
C'est donc plutôt curieuse et enthousiaste que tu franchis la porte de la galerie. Tu ne tardes pas à être accueillis par une charmante jeune femme « Bienvenue à ce vernissage, n’hésitez pas à profiter du buffet avant, pendant ou après votre visite. Si vous avez la moindre question, l’artiste se trouve dans la dernière salle et je suis aussi à votre disposition. » Tu acceptes poliment la coupe de champagne « Merci. Je suis assez intriguée par l'engouement autour de cet artiste. J'espère ne pas être déçue ce soir. »  Tu avales une gorgée de champagne et traverses précautionneusement la petite foule pour aller contempler les premières créations.

Devant toi s'impose d'abord la représentation d'une somptueuse église, peut-être même une cathédrale. Les couleurs sont sublimes. L'écriteau indique qu'il s'agit d'une photographie retravaillée à l'aide d'un logiciel de retouche d'image. A côté, une petite icône de la vierge regarde une autre icône de la vierge, qui elle-même regarde une troisième icône de la vierge. La première, à gauche, est caucasienne, à la peau très blanche. La suivante, en dessous, est plus foncée, mais pas tout à fait noire. Enfin, la dernière, à droite, est ostensiblement asiatique. Sous le titre, Mother Mary (엄어니 마리아)*, il est seulement précisé la technique : peinture sur bois. La qualité des couleurs est encore une fois remarquable et le style imite admirablement celui des icônes classiques. Sur un pan de mur isolé, un imposant triptyque, dont la forme rappelle ceux des vieilles églises européennes, trône sous un spot lumineux.

*maman Marie
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Re: Un soir, une exposition. (Gaeul) | Sam 13 Fév - 17:19
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La galerie attendait du monde, son patron l’avait prévenue. Liên était déjà très occupée, à l’entrée, à accueillir tous les visiteurs. Elle y voyait les habitués, auxquels elle accordait un grand sourire. Puis parfois des curieux qui découvraient jusqu’au bâtiment, devant lesquels son sourire ne s’élargissait que d’avantage. Elle distribuait les coupes de champagne, s’excusait lorsque le plateau était vide, partait et revenait avec plus de verres encore. Elle en voulait silencieusement à son patron pour ne pas avoir pris les devants. Il avait été prévu qu’ils soient appuyés par de l’aide (en plus du traiteur), venue de l’extérieur, des étudiants de préférence. Cependant son patron avait malencontreusement oublié. La vietnamienne jurait sans cesse dans sa tête, déjà qu’elle ne le portait pas dans son cœur, mais cette fois elle se retrouvait débordée. Au moins, tout était posé sur le buffet, au bon vouloir des visiteurs. Or, elle s’assurait de donner elle-même les coupes, pour plus de convivialité. Liên tenait à l’image de la galerie et n’allait pas laisser son patron misogyne la détruire.

Une jeune femme, très séduisante, passa la porte de la galerie à son tour. Comme un réflexe, Liên répétait des mouvements devenus mécaniques, et les paroles de bienvenue qui allaient avec. Si cette robotisation de sa personne pouvait parfois gêner, si certaines personnes pouvaient voir cela comme de l’hypocrisie, pour la vietnamienne il en était rien. Elle aimait le contact humain, et tout était naturel et vrai chez elle. Néanmoins, face à cette femme, son sourire se crispa légèrement (seuls des années d’entraînement lui permettait de garder la face). Sans trop y réfléchir, elle ne fut pas sûre de la manière dont elle recevait la remarque de l’inconnue. Elle, qui se démenait pour toujours apporter les meilleures expositions entre les murs de sa galerie. « Je doute que vous soyez déçue par l’exposition. Mais c’est très subjectif. » Elle n’avait pas non plus mal pris son commentaire, seulement qu’elle avait laissé son objectivité de côté quelques secondes. Alors, reprenant son véritable sourire, elle invita la jeune femme à pénétrer la galerie, jusqu’à la première salle. « Notre galerie met un point d’honneur à choisir les meilleures expositions. » Mais tout dépendait de ce qu’une personne entendait par les meilleures. « En général, elles sont très intéressantes. Le sujet peut déranger, peut-être. » Ses yeux se posèrent sur l’image, recherchant tous les détails qu’elle avait déjà longuement étudiés en préparation de cette exposition. Chaque recoin, chaque couleur et chaque mouvement. Tout avait été passé en revu, de même que les multiples analyses. Liên avait étudier l’Histoire des arts mais elle appréciait toujours en apprendre plus, aller plus loin dans ses réflexions et que, même après des années de pratique, elle ne possédait pas le savoir absolu. Il serait bien triste pour elle de se dire qu’elle avait tout appris. « Pourtant, on s’ouvre à l’art autant qu’il s’ouvre à nous dans l’esprit. »
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Re: Un soir, une exposition. (Gaeul) | Sam 20 Fév - 13:08
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« Notre galerie met un point d’honneur à choisir les meilleures expositions. En général, elles sont très intéressantes. Le sujet peut déranger, peut-être. » Tu écoutes la jeune femme défendre les mérites de son établissement. Evidemment, elle ne va pas le dénigrer, elle y travaille. Ses remarques n'en sont pas pour autant dénuées d'objectivité. On a tendance à donner plus de valeurs aux commentaires venant de l'extérieur qu'à ceux des personnes directement impliquées, ils seraient trop subjectifs. Pourtant, ce sont les premiers témoins, ils n'ont pas seulement vu ce dont ils parlent, ils l'ont vécu, de l'intérieur. Pour peu qu'ils se montrent honnêtes, quel avis pourrait avoir plus de valeur ?

Arrivée dans la première salle d'exposition, devant la première œuvre, tu réalises le sujet qu'a choisi d'explorer l'artiste : le christianisme. Si tu avais un doute, ton intuition est confirmée par les icônes de la vierge adjacentes.
La tableau devant toi est une photographie retouchée intitulé L'imposante dame. Il représente une somptueuse église, peut-être même une cathédrale. L'image est très plaisante et l'édifice est parfaitement mis en valeur. Mais rien d'extraordinaire à tes yeux. Par contre, pour les yeux experts de ton accompagnatrice ce doit être différent, elle scrute la photographie dans ses moindres détails. « Pourtant, on s’ouvre à l’art autant qu’il s’ouvre à nous dans l’esprit. » Formule un brin provocatrice. Tu comprends que si quelqu'un ne peut reconnaître la qualité d'une œuvre, c'est uniquement parce qu'il n'a pas su la saisir dans son entièreté. On ne juge que ce que l'on perçoit : si l'art ne nous parle pas, on ne risque pas de s'y arrêter. Mais est-ce le tort de l'observateur ou de l'œuvre ? « Dois-je entendre que les mécontents ne savent simplement pas apprécier toutes les subtilités de l'art que vous accueillez ? Parfois, ce qui nous est donner de voir est tout simplement illisible. J'ai du mal avec les artistes qui créer pour eux-mêmes et s'attendent à ce qu'on les comprenne. Au moins, celui-ci fait de jolies choses. » 

Les trois icônes de la vierge installées à côté de la photographie sont formidablement réalisées, si bien qu'elles pourraient tout à fait provenir directement d'une vieille église orthodoxe. Elles sont parfaitement identiques, à un détail près, Marie change de couleur. Encore une fois, le spectateur est invité à l'interprétation, aucune information ne lui est donnée sur la signification voulu par le peintre. L'écriteau mentionne uniquement un titre et la technique utilisée. Si tu ne peux nier un certain talent, une maîtrise technique, une esthétique certaine, tu doutes encore de l'intérêt de ce travail et donc de cette exposition. « Est-ce là tout ce que vous me proposez, de jolies choses ? Des photos d'églises, il y en a déjà de très belles sur Instagram et il est facile de dénicher des icônes de la Vierge tout aussi admirables ailleurs. Je ne vois pas vraiment ce que vous trouvez de si intéressant. » 
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Re: Un soir, une exposition. (Gaeul) | Jeu 25 Fév - 19:48
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Liên avait une petite fierté concernant sa galerie, certes. Elle continuerait à parler de sa galerie bien que sur les papiers, celle-ci appartenait officiellement à son patron. C’était pourtant bien la vietnamienne qui la faisait vivre. Elle, qui connaissait les œuvres exposées, qui faisait les recherches et courrait partout pour que tout aille au mieux. Elle ne s’arrêtait presque jamais et ne voyait son patron qu’à de rares occasions, lorsqu’il daignait se montrer pour rappeler au monde qu’il restait le propriétaire et qu’il était celui qui s’enrichissait. Alors, oui elle pouvait se montrer comme une mère protégeant son enfant parfois. Néanmoins, elle ne se disait pas non plus vexée à la moindre remarque. Liên savait passer au-dessus de certains commentaires et ces derniers ne l’empêcherait pas de garder sa bonne humeur.
Guidant la jeune femme vers la première salle, elle lui présentait son sourire malgré les légères tensions qu’elle pouvait déjà ressentir. Sa phrase avait été mal comprise apparemment, et elle retint un soupir de justesse. Elle devait encore penser à l’image qu’elle renvoyait. « Vous vous méprenez. J’essayais simplement de dire qu’un peu de curiosité peut nous ouvrir d’autres portes. » Son ton n’était pas insultant, loin de là. Elle cherchait simplement à faire comprendre son point de vue et son expérience. Elle, qui venait d’un pauvre petit village du sud du Vietnam, elle n’avait accès qu’à peu de choses. Elle possédait sa propre culture, certes, mais celle-ci s’arrêtait bien vite aux traditions de la famille et aux traditions de son pays. Sa curiosité l’avait poussée à quitter le pays, l’avait poussée à en découvrir plus, à s’ouvrir l’esprit. Grâce à sa curiosité, elle avait pu continuer des études d’Histoire des Arts et travaillait à présent dans cette galerie. Même si un univers nous échappait, il suffisait d’un peu de curiosité pour s’y ouvrir et qu’il s’ouvre à nous. Qu’il soit bien accueilli ou non.

Elle avait envie de lui dire qu’elle pouvait aller voir ailleurs, or, repensant à son image, elle n’en fit rien. Pour Liên il ne s’agissait pas simplement de la photo d’une église, c’était le début d’une histoire qui continuait au travers des œuvres jusqu’à arriver à la destruction de la religion via des sculptures et des installations.La photographie donnait place à la peinture qui, elle même se mélangeait avec de la gravure, des collages, revenant sur des photos pour des mélanges. Et enfin, tout devant en trois dimensions. « Peut-être que le sujet ne vous intéresse pas, ça arrive. Ce n’est pas parce que vous ne comprenez pas le travail de l’artiste que c’est raté. » Elle-même n’était pas intéressée par la chrétienté, pourtant elle reconnaissait le travail derrière. « Des icônes, il y en a déjà des milliers et l’Homme continue d’en créer, je ne pense pas que ce soit pour rien. » En tout cas, ce n’était pas pour elle qui était d’une autre religion.
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Re: Un soir, une exposition. (Gaeul) | 
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