DaeMi venait de sortir de cours en courant afin de partir le plus loin possible se cacher quelque part de façon à ce que personne ne la remarque, elle était en pleine crise de panique. Elle détestait ça, elle se sentait tellement misérable tellement capable de rien voir même inutile elle avait donc peur de son avenir qui lui était déjà si abstrait. Elle avait conscience qu'elle avait échappé à la mort de justesse et qu'à chaque fois la mort lui rendait visite lors de ses crises pour lui rappeler que son existence n'était que misère et qu'elle avait la chance d'avoir survécu. Une chance qui lui serait d'ailleurs bien vite retiré aussi vite qu'elle était arrivée. DaeMi était morte de peur elle courait dans les couloirs ne voulant surtout pas qu'on la voit exploser et craquer de la sorte, personne ne devait savoir et personne ne saurait pour tout ça. De toute façon qui s'en inquièterait vraiment ? Est-ce que quelqu'un viendrait lui proposer de l'aider ? De toute façon personne ne pouvait l'approcher lors de genre de crise ça lui était impossible elle perdait foi en tout surtout en l'humanité donc laisser quelqu'un l'approcher était impensable.

Elle finit par s'arrêter non loin des toilettes pour filles, elle s'accroupit au sol et plongea son visage déjà rempli de larmes entre ses mains, elle avait tellement peur que quelqu'un découvre cette faiblesse en elle. DaeMi se répétait sans cesse qu'on s'amuserait d'elle et de sa maladie qui lui bouffait la vie, pourquoi ne pas être morte avec ses parents, c'est ce qui aurait été le plus simple et le moins douloureux. Elle n'avait pas demandé de rester dans ce monde c'était beaucoup trop compliqué pour elle, cette solitude ,cette foutu bipolarité comme disaient les médecins. DaeMi était fatiguée ,épuisée de toujours devoir se battre avec autant d'énergie, une force qu'elle n'avait plus et qu'elle ne voulait plus. Elle était tombée si bas alors pourquoi espéré s'en sortir, elle aurait aimé remercier quelqu'un de lui avoir donné le sourire et une année joyeuse ,mais ce n'était pas le cas elle n'avait personne. La seule personne pour qui elle aurait pu se battre aurait été HanYul ,mais il avait disparu en Australie, lui aussi était partit sans elle la laissant sur place.

Elle entendit la sonnerie de l'université sonner annonçant la sortie des cours ce qui la fit trembler, on allait la voir, si misérable. Elle refusait que quelqu'un la voit comme ça, que dirait les gens après ,car ils auront découvert ce secret caché derrière ce petit mur que s'était construit DaeMi. Elle avait tellement peur alors, dans un dernier effort elle essaya de se redresser en s'appuyant au mur puis elle se sentit tomber tellement elle tremblait.

Seizan n’est pas certaine de savoir si elle arrive à s’accoutumer à cette nouvelle vie. Celle étudiante, celle où elle est heureuse, celle où elle travaille dur pour réussir ses études, celle qu’elle n’avait pas prévu d’avoir. Celle qui n’était pas elle. Seizan n’était pas certaine d’être réellement heureuse, d’aimer ce quotidien qui composait ces jours. Elle les laissait défiler attendant ce moment fou où tout basculerait. Alors en attendant, elle se complaisait dans une vie qui n’était pas la sienne. Elle l’observait, étrangère enfant à ce qu’elle décidait de faire. Elle s’était décidée à se perdre dans la musique mais Seizan se perdait plus encore dans sa relation avec Kitae. Elle la savait loin d’être saine, elle avait pleinement conscience de courir après un garçon, mais c’était plus facile que réaliser à quel point la solitude lui volait sa sanité. Elle reniflait en fourrant dans sa bouche cette sucette qu’elle ne cessait de manger, comme si son corps si souvent privée de sucre, finissait par céder à toutes ses envies dont elle s’était privée depuis des années. Rien n’était équilibré dans son esprit, ni dans sa vie, et pourtant Seizan souriait, riait avec cette facilité déconcertante. Rien ni personne n’aurait pu deviner son réel ressentiment. Elle remontait le couloir de l’université en se demandant si elle devait reprendre ses études comme tout le monde l’incitait à faire. A quoi bon ? Ce n’était pas ce qu’elle voulait faire, elle, elle voulait danser, mais son corps ne suivait plus. Elle ne voulait pas faire autre chose que s’épuiser sur scène, sentir son corps devenir douloureux, et en payer le prix à coup de sacrifices. Elle ne voulait pas d’une vie facile, d’une vie bien rangée … elle voulait … voler. Ignorant ses pensées, elle tira son bâton de sucette qu’elle fit glisser entre ses lèvres délicatement et avisa une silhouette qui sembla chuter au sol. Fronçant les sourcils elle reconnut Dae Mi, s’approchant rapidement d’elle, Seizan se pencha vers elle et souffla de son haleine fraise « Dae Mi, qu’est-ce qui t’arrives ? » passant une main dans le dos de la jeune femme, Seizan cru reconnaitre comme une crise de panique. Elle n’était pas franchement certaines de savoir ce qu’elle devait faire, mais en voyant le flux d’étudiant arriver rapidement elle aida Dae Mi à se relever et l’entraina vers les toilettes des filles. Elle ferma la porte à clé quand bien même cela lui était interdit et se tourna vers Dae Mi qu’elle avisa un instant. Rangeant sa sucette dans son papier elle al fourra dans sa poche et déroula suffisamment de papier qu’elle mouille pour lui éponger le front. « Respire ma belle. »

DaeMi vit du coin de l'œil Seizan s'approcher d'elle au début elle recula un peu puis laissa ses émotions l'emporter et dès qu'elle sentit une certaine odeur de fraise elle se rapprocha d'elle immédiatement. Comme si en la collant de la sorte sa crise de panique allait passer il était vrai que d'être collé à quelqu'un jusqu'à entendre ses battements de cœur ça avait un côté des plus apaisants pour elle. Quand elle était plus jeune lors de ses crises elle prenait souvent un de ses frères ou une de ses sœurs et elle se lovait dans les bras de la personne tête contre la poitrine pour écouter et se concentrer sur les battements de cœurs. Elle entrouvrit la bouche afin de lui dire qu'elle faisait une crise de panique ,mais la sonnerie retentit et Seizan eut le merveilleux réflexe de l'aide à se lever.

Après s'être déplacé avec difficultés dû à ses tremblements, dans les toilettes des filles elle se mit dans un petit coin et remonta les genoux au niveau de son visage. Elle fixait un point au loin et tremblait toujours autant, elle se sentait dans un autre monde ,mais revient vite à la réalité en sentant de l'eau fraiche contre son front ce qui la fit légèrement soupiré. C'était agréable, car là, son cerveau marchait à mille allure donc le refroidir était une bonne idée, elle tourna la tête vers Seizan un léger sourire et lui murmura.

DaeMi : Je fais une...c-crise de panique....

Elle se mit à essayer de prendre des respirations ,mais elles étaient toutes irrégulières ,car parfois son souffle se bloquait dans sa gorge l'empêchant de respirer. Elle essuya du revers de sa manche les larmes déjà omniprésentes sur son visage durant un instant ses larmes cessèrent puis elle repensa à l'accident et après un petit cri les larmes reprirent. Elle avait peur toute seule sans eux , elle chercha du regard Seizan et lui prit la main afin de la serrer légèrement pour pouvoir évite de hurler sa tristesse et surtout elle voulait arrêter cette crise. Elle refusait de succomber et de prendre ses médicaments ,elle voulait la surmonter comme une grande et sans ces trucs chimiques et trop fort pour elle.

DaeMi : Ne pars pa-as...

Seizan l’aidait tant bien que mal à lui essuyer les joues. Les larmes venaient et repartaient … C’était un déchirement pour son cœur de la voir ainsi. Elle qui paraissait si sûre d’elle d’ordinaire. On ne connait jamais vraiment les gens … pensa Seizan qui réalisait alors qu’elle n’était pas la seule à construire tout un tas de barrière entre elle et les autres malgré ses grands sourires. « Qui a dit que j’allais quelque part ? » souffle-t-elle en caressant les cheveux de la jeune femme. Elle se laissa tomber à côté d’elle et attrapa sa main pour entremêler leur doigt et lui signifier sa présence. Elle se blottit contre elle et posa sa tempe contre l’épaule de la jeune femme qui peinait à respirer. « Ferme les yeux … » murmure-t-elle « Et concentre-toi sur ton souffle … doucement … inspire… expire … » elle prenait le temps de contrôler son souffle pour lui montrer, pour l’aider à se caler à un rythme. Seizan savait qu’elle ne pourrait la calmer qu’un temps avant que la crise ne reprenne mais au moins elle était là. Au moins elle la soutenait. Elle serait sa main un peu plus fort et se mit à fredonner une chanson qu’elle avait pour habitude de se chanter pour calmer son stress avant de monter sur scène. Une mélodie douce, presque enfantine, elle n’était pas certaine que ça puisse pleinement l’aider, mais elle faisait aux mieux. Elle relevait la tête vers elle de temps en temps et essuie ses joues délicatement. « Dae Mi » murmura-t-elle en apercevant la jeune fille se calmer un peu. « Est-ce que tu … » Mais elles sont vite coupées par des bruits qui toquent à la porte et qui essayent d’entrer. « Fais chier » jure Seizan qui se redresse rapidement craignant qu’une interruption aussi soudaine puisse perturber Dae Mi. Elle s’assure que le loquet reste bien fermé et lance à travers la porte « On a besoin de calme encore dix minutes ! Allez aux toilettes du deuxième s’il vous plait. » les jeunes femmes derrières la porte râlent encore un temps mais le temps autoritaire de Seizan ne leur laisse pas le choix. « Deuxième étage ! » elle revient rapidement vers Dae Mi en soufflant « Shh ma belle, ça va aller on est plus que toutes les deux. Les autres sont retournés en cours … » dit-elle pour la rassurer. Elle lui caresse la joue et tente de lui relever doucement le visage pour qu’elle croise son regard. Seizan ne savait pas aussi douce mais pour ses panthères elle ferait n’importe quoi … Elle croise son regard et souffle « T’es belle quand tu pleures. » ses lèvres s’étirent d’un petit sourire doux et amusé alors qu’elle reprend sa place à ses côtés. « Quand tu te sentiras prête à parler, tu me diras ce que tu veux faire après. Je t’aiderais à rentrer à la frat si tu veux … » même si cela impliquait qu’elle doit manquer les cours. Qu’importe, Dae Mi était plus importante à cet instant.

DaeMi la regarda s'installer à ses côtés et d'un coup elle ressentit un sentiment de soulagement ,sa présence et ses paroles étaient rassurantes. Elle se sentait bien avec Seizan, DaeMi réussit même à prendre une grande inspiration lui apportant une bonne quantité d'air qui aide à calmer un peu sa crise. DaeMi regarda sa main ainsi que ses doigts entrelacé avec ceux de sa sauveteuse ce qui lui laissa apparaître un léger sourire, ça faisait longtemps que quelqu'un n'avait pas pris soin d'elle de la sorte. Elle se sentait aimé et apprécié même dans les pires moments c'est-à-dire ceux de crises, ça lui faisait bizarre. Elle qui de base gérait ses crises toute seule dans son coin, elle trouvait agréable la présence de quelqu'un dans ce moment de mal-être, même si elle détestait du plus profond de son être ses crises.

Elle se concentra sur la voix de Seizan et ferma doucement les yeux en se calant comme elle le pouvait sur son rythme cardiaque. Son cœur battait régulièrement et malgré le fait qu'elle ait un souffle rapide c'était reposant, DaeMi se sentait petit à petit mieux ses larmes ruisselant sur ses joues se faisaient rare. Tout allait en mieux cependant elle entendit la porte des toilettes s'ouvrirent et entendit une bande de filles rentrer elle enfonça sa tête entre ses mains refusant de repartir en crise. Malheureusement, c'est ce qui commença à se passer ses tremblements reprirent de plus belle tandis qu'elle secouait la tête en se recroquevillant, personne ne devait la voir dans cet état-là. Seizan eut l'air de prendre les choses en mains ,car immédiatement elle prit les devant et dit à ces filles de partir. Quand elle revient à ses côtés DaeMi se colla contre elle et murmura doucement.

DaeMi : Merci..

Quand elle lui prit le visage pour lui dire qu'elle était belle quand elle pleurait DaeMi eut un hoquet de surprise puis plongea son regard perdu dans le sien. Finalement, elle se réinstalle à côté d'elle, après quelques minutes dans le silence DaeMi prend une grande inspiration elle sent son corps qui tremble ,mais elle sent aussi que la crise est presque totalement partie. Elle tourne la tête vers Seizan est murmure.

DaeMi : Je n'ai jamais eu personne à mes côtés lors de mes crises par peur...mais finalement d'avoir quelqu'un qui est là c'est agréable…

Elle se décale un peu se rendant compte qu'elle est presque affalée sur Seizan, une fois de son côté elle se détend petit à petit. Elle décontracte lentement ses muscles qui s'étaient tous un à un contracté pour se mettre à trembler, ensuite elle sèche ses dernières larmes et regarde un instant le plafond. Elle se dit que retourner en cours est une mauvaise idée ,car elle en est actuellement incapable ,c'est impossible pour elle de faire quoi que ce soit qui demande un trop plein d'énergie. Dû à sa crise ses forces l'ont quitté la laissant un peu impuissante elle demande doucement à Seizan en tournant la tête vers elle.

DaeMi : On peut rester là un peu...ensemble..? Puis je veux bien de l'aide pour aller jusqu'au dortoir, car il me faut du repos après ça.

Seizan restait assise à côté d’elle, guettant sa réaction craignant que sa crise ne reparte de plus belle. Elle gardait sa main dans la sienne et se moquait bien que son petit corps ne l’écrase. Elle resterait aussi longtemps que Dae Mi en aurait besoin. Elle savait ce que c’était que d’avoir l’impression que le monde s’écroule autour de vous pour des choses qui vous échappe. Quand elle était encore danseuse professionnelle, elle partageait ces moments avec d’autres de ses amies. Le stress et la passion les poussaient toujours à la pire des angoisses. Elle berçait la jeune femme avec un sourire et quand se redressa légèrement, Seizan tourna le visage vers elle. Elle semblait aller mieux, être suffisamment calme pour rassembler ses pensées, c’était le principal. Laissant son regard aller sur son visage, elle détaillait ses traits avec un sourire doux en dégageant une de ses mèches de cheveux devant son visage. C’est agréable. Oui, on pouvait voir les choses ainsi. Elle aussi repoussait les autres dans les moments les plus durs. Elle soupir pour partager sa peine et pose sa tête sur son épaule en acquiesçant. Bien sûr, on attendra aussi longtemps. La main de la jeune femme toujours dans la sienne, Seizan ferme un instant les yeux pour savourer le silence de la pièce. Au loin on pouvait entendre les conversations, les rires et autres cavalcades s’éloigner pour les plonger dans une bulle sans aucun bruit. Le seul son qui venait troubler la quiétude du moment n’était que le cliquetis d’un des robinets qui semblaient mal fermé. Pourtant, loin d’être gênant, ce son semblait marquer le temps. Le définir, amical et serein, il ne faisait plus peur. Seizan adorait personnifier les choses impossibles, tout lui paraissait ainsi moins effrayant. Elle passa une main dans ses cheveux et attrapa son carnet pour noter les quelques mots qui lui venaient à l’esprit. Elle s’en servirait sûrement pour un devoir. Chanson et composition n’était pas son point fort, elle était douée pour le chant mais excellait dans la danse. Pourtant cette passion qui l’avait si longtemps tenu debout avait pris fin brutalement. Privée de ses ailes Seizan ne dansait plus. Oubliant qu’elle avait un jour brillé sous la lumière. Elle n’était plus, aujourd’hui, qu’une femme sans saveur, sans talent, qui se contentait d’avancer. Pourtant, loin de rester déprimée de son état, Seizan s’amusait à découvrir un monde qu’elle ne connaissait pas. Un monde où elle pouvait désormais faire ce qu’elle voulait. Rangeant son cahier en vrac dans son sac elle se tourne vers Dae Mi en plongeant son regard dans le sien. « Dis-moi ce qui t’as mise dans cet état … » souffle-t-elle avec affection en caressant la joue de Dae Mi. Enfant si forte d’ordinaire, elle lui apparaissait si fragile … tristement, elle aurait voulu lui retirer tout ce qui la faisait souffrir, mais parfois la souffrance était la seule chose qui nous faisait tenir debout. Tendant sa jambe devant elle, elle ne grimaça pas lorsqu’elle sentit une vive douleur se réveiller sur sa blessure. Elle se contenta de fixer Dae Mi et de l’écouter si elle le voulait.

DaeMi la regarda et apprécia ce long silence qui s'était naturellement fait ,un silence qui pouvait paraître pesant en réalité il était doux et agréable. Elle avait l'habitude d'un bruit quotidien ,mais aussi qu'il y ait toujours de l'agitation autour d'elle. Donc ce moment de tranquillité où seul le bruit de leurs respirations et celui de Seizan qui écrivait sur son cahier résonnait, c'était reposant. Elle ferma même de nouveau les yeux ayant une respiration stable ,elle appréciait ce moment agréable qu'elle passait comme ça. DaeMi sentit alors Seizan qui rangeait son cahier dans ce qu'elle se douta être son sac elle entrouvrit les yeux puis elles plongèrent mutuellement leurs yeux dans ceux de l'autre. DaeMi lui adressa un petit sourire qui était le plus sincère possible ,à travers ce léger sourire elle lui montrait sa reconnaissance d'avoir été là. Elle se doutait que faire face à une crise de panique d'une personne qu'on ne connait pas spécialement était toujours quelque chose de compliqué. Géré une crise de panique était de base quelque chose d'assez complexe et inhabituel surtout que Seizan et DaeMi ne se connaissaient pas plus que ça. Elle lui était donc réellement reconnaissante qu'elle ait pris soin d'elle de façon si attentionné et si douce.

Puis elle lui demanda ce qui l'avait mise dans cet état et là DaeMi avala de travers, il fallait qu'elle parle de la cause de cette crise. Ce qui n'était pas une partie gagnée cependant, elle se devait de le faire ,car vue toute l'aide qu'elle lui avait apporté elle méritait de savoir la raison et cette fameuse cause. Elle se gratta l'arrière de la nuque tout en prenant une grande inspiration, elle allait pour la première fois de sa vie surement se confier. Son objectif n'était pas de raconter toute sa vie ,mais de parler seulement de l'accident de ses parents et cette mort à laquelle elle a su échapper et qui avait emporté ses parents. Elle entrouvrit la bouche tout en détournant légèrement le regard voulant commencé puis expira longuement avant de commencer par un début qui aurait pu être la fin.

DaeMi : Mes parents ont été victime d'un accident de voiture où j'aurais dû mourir, voir même être la seule victime. Cette crise s'est déclenchée, car j'étais perdue dans mes pensées et j'ai réalisé qu'aujourd'hui c'était l'anniversaire de leurs morts. Une date que j'oublie pour éviter de faire une bêtise et les rejoindre...

Seizan n’aurait pu imaginer la douleur de la jeune femme. Elle l’écouta religieusement. Elle peinait à se mettre à sa place. Elle souffrait tant de cette perte et Seizan pouvait décemment voir la culpabilité qui étouffait Dae Mi. Tout perdre était un sentiment qui vous détruisait. Quand bien même sourire redevenait possible et qu’on tenait bon, il y avait toujours cette part de nous qui restait abimée. Impossible à réparer. Impossible à combler. Perdre ce qu’on aime le plus, ceux qu’on aime le plus, était bien là la pire des douleurs. Elle attrapa la main de Dae Mi et noua ses doigts aux siens pour en calmer les tremblants. Elle ne lui ferait pas l’affront de lui dire que tout ira bien, ou qu’elle comprenait. Parce qu’elle ne pourrait jamais comprendre ce que c’était que de perdre ses parents, tout comme Dae Mi, si elle ne l’avait pas vécu, ne pourrait comprendre ce que cela faisait à Seizan de perdre la danse. De perdre sa raison de vivre et sa passion. Une vie pour quoi faire ? Une vie sans saveur sans passion, sans cette liberté qu’elle avait pourtant eu avec la danse … Elle posa sa tempe contre l’épaule de son amie et souffla « Je suis contente d’avoir pu te croiser aujourd’hui alors … » parce qu’elle n’aurait pas supporté que son amie puisse se perdre ainsi entre la vie et la mort … Seizan savait ce que c’était … mais elle ne voulait plus flirter avec la mort, elle préférait de loin le démon qui vivait dans ses rêves. A cette pensée, Seizan se sentit poussée des ailes, elle savait quoi faire pour aider son amie. Elle se redresse et se glisse devant Dae Mi pour attraper son visage entre ses mains, comme si elle venait d’avoir la meilleure des idées. Elle attire Dae Mi à elle et pose sa bouche contre la sienne. Un baiser chaste d’enfant malicieuse qui voulait la dérouter dans ses pensées. Elle laisse échapper un petit rire enfantin avant de pencher la tête sur le côté. « J’ai toute ton attention ? » sourit-elle amusée avant de se lever en lui attrapant la main. « Viens avec moi, on oublie les cours aujourd’hui, on va sortir un peu … on va commencer par manger une glace, puis on ira se promener, louer des trottinettes électriques et faire le tour de la ville. Et on ira faire du shopping ! » quel programme parfait semblait-il à Seizan. Il tira son amie à elle et souffla « Prête ? »

DaeMi serra doucement la main de Seizan en sentant leurs doigts se lier et leurs mains se rejoindre, elle apaisa ses tremblements rapidement grâce à sa main. Ça avait un côté des plus apaisants pour elle puis elle sentait son cœur battre grâce à son poignet ce qui lui fit même un instant fermé les yeux. Elle ré ouvrit rapidement les yeux en sentant le souffle de Seizan contre son visage ainsi que ses doigts sous son menton et avant qu'elle n'ait pu réagir elle sent une paire de lèvres se poser sur les siennes pour ensuite s'éloigner. DaeMi ne comprenant pas dans un premier temps le geste devient rouge comme une tomate ne comprenant pas le sens de ce baiser chaste. Puis quand son amie lui demande si elle a toute son attention elle comprend que c'était juste un moyen de la sortir de sa rêverie et d'attirer son attention. En guise de réponse elle plonge son regard dans le sien en hochant doucement la tête, rapidement Seizan se redressa et expliqua son programme avec joie et conviction. Le programme plaisait bien à DaeMi puis elle aurait besoin de se détendre et de penser à autre chose que les cours et cette crise de panique. Plus doucement que son amie elle se redressa et lui dit avec enthousiasme ayant hâte de faire ce programme.

DaeMi : Je te suis avec plaisir ! Puis ça me permettra de penser à autre chose et pas à ma crise et ce sombre jour.

Tout en lui tenant la main elle sortit des toilettes rapidement pour se diriger vers l'extérieur et sortir du bâtiment, elle était vraiment de bonne humeur à l'idée de transformer ce jour pas de plus agréables en une douce journée. Une fois à l'extérieur du bâtiment elles franchissent rapidement le portail afin de ne pas se faire attraper, car DaeMi était censé être de nouveau en cours. Elle ne tenait pas à briser cette journée en se faisant choper en train de sécher des cours d'où la discrétion qu'elles devaient faire preuve. Une fois à l'extérieur DaeMi lui dit.

DaeMi : Je connais un glacier sympa si tu n'avais pas d'idée où aller, c'est toi qui vois.

Il était difficile pour Seizan d’avoir conscience de l’horreur qu’avait vécu son ami. Ni de la culpabilité qui l’étouffait, ni des cauchemars qui devaient l’assaillir encore et encore … tout ce qu’elle se sentait capable de faire c’était d’occuper son esprit suffisamment longtemps pour l’empêcher d’y penser. Comment pouvait-on repousser autant de traumatisme, surtout en ce jour sombre ? Elle attrapa sa main et l’entraina dehors pour aller à ce fameux glacier. Seizan s’était longtemps interdit de manger des glaces parce que c’était ce que son ancien fiancé appelait : un nid à calorie. Mais maintenant qu’elle n’avait plus aucune pression quant à sa ligne elle s’accordait de plus en plus de folie alimentaire. Tenant le bras de son amie, elle marchait dans la rue silencieusement. Elle repensait aux mots de son amie, à ce qu’elle avait vécu. Il y avait mieux comme attitude pour lui changer les idées, mais Seizan était touché par le vécu de son ami. Elle tourna son visage vers elle et lança et si après la glace on allait au temple. « Peut-être qu’oublié cette journée n’est pas la solution. Peut-être que si on y faisait face ensemble et qu’on honorait leur mémoire il serait plus facile pour toi de passer cette journée … » Seizan se doutait que sa proposition risquait d’être à double tranchant mais c’était toujours ce qu’on lui avait appris pour faire face à ses traumatismes. Ne jamais leur tourner le dos, les oublier n’était pas la solution non plus, au contraire … il fallait les regarder en face et les assumer. Les affronter. Les combattre sans fuir. Parce plus elle fuyait et plus cette idée sombre s’insinuerait en elle … ses démons l’engloutissait et pas de la meilleure des façons. Elle monta dans le bus avec son ami et la fit s’asseoir sur ses genoux sur la seule place de libre. Elle posa sa joue contre son bras en regardant les rues défiler. « J’ai envie d’aller dans une fête foraine. Je veux entendre des rires, manger des cochonneries, et crier à m’en fatiguer la voix. Tu sais que je n’y ai jamais mis les pieds. » dit-elle comme si c’était un secret avec un petit rire déroutant. Pourquoi lui raconter ça maintenant ? Parce que Seizan réfléchissait toujours trop, plus qu’elle ne le devrait. « On passe à côté de tellement de choses dans nos vies tant on se raccroche au passé … pourquoi c’est si dur de tourner la page et d’avancer ? De croire qu’on mérite une deuxième chance ? » souffle-t-elle en relevant le visage vers Dae Mi. Parce qu’il était clair qu’on méritait tous une deuxième chance sauf les monstres. Affichant une moue sur son visage délicat, Seizan croisa le regard de son ami en ajoutant, resserrant sa prise pour une étreinte douce et aussi peut-être pour ne pas qu’elle tombe à cause des soubresauts du bus, « tu mérites de t’accorder une seconde chance. » elle esquissa un sourire délicat en déposant un baiser sur le bras de son amie avant de reporter son attention sur la route qui, elle, ne cessait de défiler.