break these walls which lock ourselves
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break these walls which lock ourselves | Mar 5 Jan - 12:57 Citer EditerSupprimer
outfit - Il était en retard. Ce n’était pas faute d’avoir mis un réveil mais il ne l’avait pas entendu. Il était rarement en retard alors il avait rouspété. C’était un jour important alors ce n’était pas dans son lit qu’il devait trainasser. Quand il fut prêt, il grignota à peine et ne songea même pas à passer à la cafétéria, même s’il lui restait un peu de temps. Il se dirigea à la hâte jusqu’au studio de danse où il allait passer la journée en compagnie des membres du club de danse, puis de Shanyuan. Ils avaient bien avancé sur leur projet et il était temps de passer à l’étape supérieure. Pourtant, il n’était pas encore très confiant dans sa réalisation car on avait exigé qu’ils dansent sur une chanson les yeux bandés. Il avait une totale confiance en Shanyuan malgré tout ce qui leur était arrivé mais c’était en lui-même qu’il doutait. Cependant, il n’y avait pas de quoi s’en faire parce qu’il s’en sortait bien et que l’année allait bientôt prendre fin et qu’il savait qu’il l’obtiendrait sans problème.
En arrivant près de la porte, il fut soulagé de découvrir qu’il n’était pas le seul à être en retard. L’était-il réellement ? D’à peine cinq minutes. Il posa son sac dans un coin de la salle et partit se poster près de Shanyuan pour le saluer. Ils n’avaient pas reparlé depuis l’autre jour mais cela avait délié quelques fils emmêlés. Ils faisaient tous les deux de leur mieux chaque jour mais c’était encore fragile. Toutefois, c’était sans surprise qu’ils se comprenaient sans avoir à parler en dansant. Ils dansaient, ne s’arrêtaient pas et communiquaient par leurs gestes fluides et doucereux. Ils attiraient des regards d’admirations, attisaient la jalousie parce qu’ils étaient parmi ceux qu’on félicitait le plus et qui avaient rarement besoin qu’on les reprenne sur leurs pas. Il fallait dire que Soah ne s’était pas ménagé pour ce travail car il avait plus d’importance que n’importe quel autre.
Mais qui disait danse, disait également tenues, décors, ce qui faisait que le spectacle était encore plus enchanteur. Il y avait l’une de ces pièces fourre-tout au dernier étage du bâtiment et ils s’y dirigèrent pour voir s’ils y trouveraient quelque chose. Soah montait derrière Shanyuan et observait le pied à la cicatrice. Non, ils n’avaient pas reparlé alors qu’ils en avaient grand besoin. Lui, si bavard, continuait d’être silencieux avec Shanyuan et ça ne lui ressemblait pas ; il le savait. Ils entrèrent dans la pièce dont l’ampoule de la lumière au plafond émit un léger claquement avant de cesser de fonctionner.
« … Je croyais qu’on était dans une université de renom ici, rit-il légèrement, Mais il faut croire que c’est partout pareil. »
Sauf peut-être la porte grinçant et finissant par leur claquer dans le dos. Il sursauta et partit la rouvrir pour que l’extérieur de cette pièce puisse les éclairer mais impossible d’y parvenir.
« … On est enfermés ! »
Il sentit un frisson le parcourir. Il n’était pas claustrophobe mais il n’aimait pas être enfermé dans le noir dans une pièce exiguë. Heureusement était-il avec Shanyuan mais il n’était pas pour autant rassuré. Cette obscurité lui rappelait que trop bien la sienne et il commença à se sentir oppressé. Pourtant, quand il se retourna, il prit conscience que celui que ça rendait le plus mal, ce n’était pas lui.
@Koh Shanyuan
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Re: break these walls which lock ourselves | Jeu 14 Jan - 18:59 Citer EditerSupprimer
ootd / Et comme jeté depuis le bord d'un gouffre, il se sentit tomber. Encore, encore, et encore. Sans jamais sentir le sol glacé, sans jamais que la chûte ne se termine. Il continuait de tomber à l'infinie dans un ciel noir, froid, impersonnel. Il revoyait toutes les armes braquées dans une seule et même direction, enfoncé dans les tranchés, les pupilles visant par-dessus les barbelés. Et les balles qui ricochaient. Et les hommes qui tombaient. L'horreur brûlait ses entrailles alors que ses pieds étaient incapables de bouger. Sa respiration s'accélérait, les battements de son coeur étaient disparates et il se sentait étouffer. L'odeur de la terre, l'odeur du sel, l'odeur de la pluie et du sang. Les genoux bloqués, le regard dilaté, le corps était replié contre lui-même. Est-ce que la lumière reviendrait le guider ? Est-ce qu'on le sortirait de cet enfer dans lequel ses parents l'avaient plongé ?
Longtemps, il avait cru être fort, Shanyuan. Longtemps, il avait cru être capable de pouvoir porter les autres à bout de bras, les aider et les soutenir. Longtemps jusqu'à cette fois-là où les bombes explosaient, où les balles ricochaient. Ecorchaient. Son âme l'était, marquée à vif et le sang cognait avec force dans ses tempes. Ses mains vinrent se porter contre ses oreilles alors que, pourtant, dans cette pièce sombre où il était enfermé, il n'y avait pas d'autres bruits que les murmures inquiets de Soah, que les battements affolés de son coeur. Soah. Oui, Soah qui était là et qui assistait, sans doute impuissant, à ce qu'était en train de vivre Shanyuan tout aussi impuissant. Il lui offrait cette vision grotesque de lui-même, celle d'un enfant terrorisé, incapable de se relever. Doucement, toujours contre ses oreilles, ses mains tremblaient. Ses lèvres s'ouvrirent mais il ne parvint pas à prononcer quoi que ce soit. Pas encore.
Tout le reste était balayé et il arrivait à peine à se concentrer sur autre chose. Qu'étaient-ils venus faire dans cette pièce ? Pourquoi est-ce qu'il en était venu à cette frayeur, dans le noir ? Il se mordit la lèvre, se laissant tomber, assis, par terre. Et le contact de la main de Soah lui permit de relever les pupilles vers son interlocuteur. « Je suis désolé. » Quelques morts qui se perdent dans sa gorge, qui s'étendent dans cet endroit obscur. Mais il se souvint alors de la danse qu'ils devaient effectuer ensemble, de la recherche de décors et de ce partage qui, petit à petit, revenait entre eux. Aujourd'hui, Soah était enfermé avec lui, comme pris au piège dans ses souvenirs qui tournoyaient avec ardeur tout autour de lui. Néanmoins, bien qu'il eut l'impression que toutes ses forces l'avaient quitté, Shanyuan vint attraper les doigts de son meilleur ami, saisissant ses doigts pour les serrer dans les siens. « N'aie pas peur de moi, Soah, ça va aller maintenant que tu es là. » Oui, ça va aller.
@liu soah
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Re: break these walls which lock ourselves | Mer 20 Jan - 11:47 Citer EditerSupprimer
outfit - Il se détesta et il le détesta. De leur propre incompréhension, de leur propre silence. Il n’aimait plus être enfermé où que ce soit. Bien évidemment, la sensation était différente dans une pièce enfermée en cours bien qu’elle soit déplaisante et désagréable. Dans n’importe quel autre endroit, il n’aimait par contre pas être enfermé et prenait soin à toujours laisser la porte ouverte parce que cette porte fermée se relatait à trop de choses. Les portes closes de cet hôpital, les portes closes de ses parents face à sa détresses, ses propres portes qu’il avait fini par fermer pour se protéger, même contre son propre ancien meilleur ami avec qui il avait pourtant vécu les meilleures années de sa vie. Et ce noir n’était autre que significatif d’obscurité, celle dans laquelle il s’était noyé plusieurs fois avant de pouvoir être capable de sortir la tête hors de la surface. Il avait fait des progrès et il savait pourquoi il était là aujourd’hui mais ce fut difficile à gérer jusqu’à ce qu’il prit conscience de la détresse de Shanyuan.
Qu’as-tu vécu sans moi ? Les mots lui brûlaient les lèvres mais il s’abstint de les prononcer parce que ce n’était pas le bon moment. Pour l’instant, il fallait qu’il le rassure et qu’il le réconforte et peut-être que via ces gestes parviendrait-il à aller mieux par la même occasion. Il s’agenouilla près de lui et posa sa main sur son bras pour qu’il revienne à lui. Il n’y avait qu’eux dans cette pièce. Ils étaient, certes, enfermés et sans lumière mais il n’y avait qu’eux. Il sourit tristement à ses mots et glissa son autre main dans ses cheveux. Puis, il réalisa qu’il l’aimait. Il l’aimait encore avec tant de force et il serait prêt à faire n’importe quoi pour lui, même à oublier ses propres peurs. Il souhaitait le protéger de ce qui le rongeait car il ne doutait pas un instant que rien ni personne ne serait dans la capacité d’effacer ses maux. Cependant, si au moins pouvait-il l’alléger d’un certain poids, il le ferait. Il ferait absolument tout pour lui et sans même s’en rendre compte, il déposa ses lèvres sur les siennes. Délicatement. Il tremblait de tous ses membres parce qu’il savait ce que cela signifiait mais si au moins ce baiser pouvait redonner un peu de courage à Shanyuan, cela lui réchaufferait le coeur.
« Je ferais en sorte de t’apaiser autant que je puisse me le permettre. », lui dit-il une fois que le baiser prit fin.
Il déposa ensuite un baiser sur son front et glissa ses bras autour de son cou. Ce n’était pas réciproque mais ce n’était pas grave car Shanyuan était la seule personne à faire battre son coeur. La seule personne à le rendre plus humain alors que toute présence de désir et d’envies ont disparu de son corps.
@Koh Shanyuan
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Re: break these walls which lock ourselves | Jeu 21 Jan - 16:12 Citer EditerSupprimer
ootd / Est-ce que cela irait-il vraiment un jour ? Shanyuan y croyait avec davantage de force que par le passé, parce qu'il n'y avait plus que ces cauchemars qui l'assaillissaient. Il n'y avait plus les cris, les hurlements, les bruits des hommes tombés au combat. Il n'y avait plus que cette image de lui, recroquevillé dans les tranchées en train de prier qu'ils s'en sortiraient tous. Ce n'était qu'une étape à passer parce que la paix semblait s'être établie de façon plus ou moins certaine dans tout le pays. Ce n'était qu'un service de deux longues années avant de revenir à la vie normale. Et c'était sûrement pour cette normalité que le jeune homme s'était perdu corps et âme dans la danse, renouant avec celle qu'il avait toujours aimé. Ses bras s'étaient tendus de nouveau, libres, sans aucun poids sur les épaules. Ses pieds avaient commencé à bouger, timides, avant de se laisser aller à un ballet inachevé. Aujourd'hui, il dansait, il dansait un peu plus fort pour conserver ses souvenirs et n'en plus partager que son apprentissage. Pourtant, ses barrières étaient fragiles et il venait de se mettre à nu devant l'unique personne devant laquelle il s'était toujours montré fort. As-tu peur de moi, Soah ?
Il sentait ses mains glissées sur son visage, se faufilant ensuite dans ses cheveux bruns. Alors, il ferma les paupières, s'isolant de lui-même dans sa propre obscurité, jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent celles de son interlocuteur. Son cœur se serra dans sa poitrine tandis qu'il rouvrit doucement ses prunelles, comprenant avec chaleur les sentiments qu'était en train de lui révéler avec conviction son cadet. Il en était touché, affreusement, comme une balle en plein cœur. Il l'enlaça contre lui, le serrant entre ses bras, le remerciant dans un murmure de se perdre ainsi dans leur relation. Shanyuan sut que Soah lui offrait une nouvelle chance et toutes les images terrifiantes qui l'avaient submergé furent remplacées par la tendresse du blond. A son tour, les doigts tremblants, il releva le visage de Soah par son menton pour l'embrasser à son tour. Un baiser plus ardent, transcendent son âme de part en part et même si lui, Shanyuan, ne voulait pas mettre de mots sur ce qu'il pouvait ressentir en cet instant, il savait qu'il serait lié à Soah pour toujours.
Ce ne fut que lorsque le souffle leur manqua que leur étreinte se rompit et que la porte s'ouvrit. Deux de leurs camarades venaient de la défoncer, faisant entrer la lumière. Visiblement, ils s'inquiétaient de ne pas les voir revenir depuis plusieurs minutes. Shanyuan se remit debout, saisissant la main de Soah pour l'aider à se relever à son tour. Il échangea un regard avec lui, lui demandant en silence si ça allait car il ne pouvait s'inquiéter pour lui. « Allons-y. » Et ils quittèrent la pièce, récupérant leurs affaires, s'échappant de ce cours qui, pourtant, était important pour eux. Shanyuan avait besoin de sortir de l'université, de prendre l'air et il sut que Soah accepterait de le suivre n'importe où. Ils débarquèrent dans une fury room. Une fois les lunettes et les gants d'équipement mis, ils purent entrer dans la salle et casser tous les objets qui s'y trouvaient. « Prêt ? » Et Shanyuan commença le premier. En hurlant, il saisit sa batte de baseball et frappa de toutes ses forces sur la télévision qui se présentait à lui. « Je n'ai jamais voulu m'éloigner de toi, jamais. Mes parents m'ont envoyé au service militaire aussitôt le diplôme passé et je... j'ai complètement perdu pied. » Il n'avait plus rien contrôlé.
@liu soah
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Re: break these walls which lock ourselves | Dim 24 Jan - 13:11 Citer EditerSupprimer
outfit - Contrairement à ce qu’on pouvait alors penser, il sut qu’il avait évolué. Auparavant, il n’aurait pas été capable de faire face à cette simple obscurité d’une salle fermée sans avoir la respiration saccadée et le corps secoué de violents tremblements même en compagnie de Shanyuan. Aujourd’hui, il se tenait avec force dans cette pièce et il parvenait à réconforter maladroitement cette même personne. Il était fier de lui bien qu’il ne sut que penser de ce dont il prit conscience. Cet amour qu’il croyait avoir oublié, avoir enfoui existait toujours et emplissait tout son être. C’était peut-être, voire sûrement ce qui lui manquait ; cet amour si puissant qu’il n’avait ressenti que pour lui et personne d’autre. Aimer avec tant de passion, tant d’ardeur, il ne pensait pas cela possible sauf que les faits étaient là. Bien sûr qu’il lui en voulait toujours et qu’il avait le coeur serré contre sa poitrine de toutes ces années qu’ils avaient passé à souffrir séparément sans autre réponse que le silence mais il se voyait mal ne plus voir sans l’avoir à ses côtés. Personne d’autre ne serait capable de remplir le vide dans son coeur autre que lui.
Ce deuxième baiser qu’ils échangèrent, il en fut surpris et voulut se détacher parce qu’au fond, les séquelles étaient toujours présentes. Malgré tout, il s’y perdit bien qu’il fut dans l’incompréhension la plus totale. Shanyuan allait bien devoir lui faire part de ce qu’il ressentait pour que ça ne tourne pas plus à l’ambiguïté. Cependant, la porte s’ouvrit tout d’un coup à la volée et il s’agissait de camarades de classe venus à leur rescousse. Il fut autant soulagé que son ancien meilleur ami d’enfance et ne broncha pas quand il l’entraîna hors de la pièce. Toutefois, ils avaient du travail qui les attendaient alors il ne sut pas réellement sur quel pied danser quand il l’entraîna loin de l’université. Il était temps d’avancer, était-ce la raison ? Il le suivit en silence et entra dans cette fury room avec appréhension. C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans une salle comme celle-ci et il sursauta légèrement quand Shanyuan fracassa à coup de batte une télévision, même si ce fut surtout son cri qui le transcenda. Que ressentait-il en cet instant ? En tout cas, son visage se décomposa quand il entendit enfin la vérité.
« Pourquoi… », fut tout ce qu’il parvint à prononcer.
Pourquoi envoyait-on contre leur gré des enfants faire leur service militaire ? Il savait que c’était obligatoire mais ils avaient jusqu’à un certain âge avancé pour le faire et, pour quelqu’un comme Shanyuan, cela avait été trop tôt de l’envoyer à peine son lycée terminé. Il le savait parce qu’il le connaissait par coeur à l’époque et d’autant plus après ce qui leur était arrivé à tous les deux.
« Pourquoi est-ce que des parents font ça à leurs enfants ?, lâcha-t-il tristement, Mais je comprends mieux pourquoi je ne t’ai jamais vu revenir chez tes parents. »
Il ne savait pas quoi dire de plus alors il frappa à son tour avec la batte l’un des objets les entourant. Cette sensation de satisfaction, de soulagement que cela lui procura lui fit ressentir des milliers de frissons dans tout son corps alors il continua de frapper pour en venir à revivre toutes ces sensations, ses émotions l’ayant submergé ces années sans Shanyuan.
« Je lui en veux !, cria-t-il en continuant de fracasser ce qui l’entourait, Je lui en veux tellement de m’avoir enfermé ! De ne pas avoir cherché à me comprendre ! D’avoir été égoïste ! D’avoir été une si mauvaise mère ! Deux ans ! Deux ans à me sentir acculé ! À pleurer ! À crier sans que personne ne m’entende ! À croire que c’était moi le problème parce qu’elle nous avait vu ! Parce que… »
Puis il s’arrêta, essoufflé. Il passa une main dans ses cheveux et mordilla sa lèvre inférieure. Il était rentré de cette soirée en ne sachant que penser des sentiments et des émotions qui l’avaient assaillis entre les bras de Shanyuan. Il s’était attablé à table dans la cuisine après s’être fait un rapide petit-déjeuner parce qu’il mourrait de faim. Puis, elle était apparue avec son éternel sourire et lui avait posé de vagues questions sur cette soirée avant de tout envoyer valser par terre et de le gifler. La seule et unique fois où elle avait levé la main sur lui. Depuis, le néant.
@Koh Shanyuan
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Re: break these walls which lock ourselves | Ven 12 Fév - 19:39 Citer EditerSupprimer
ootd / Il avait complètement perdu pieds et il s’était enlisé, au sens propre comme au figuré. Il s’était enfoncé dans la mélasse, jusqu’aux genoux, jusqu’à la taille, jusqu’au sommet de son crâne. Il s’y était perdu et avait eu du mal à remonter la pente, ses prunelles ayant perdu la lumière du ciel, ayant perdu foi en cette humanité en laquelle il croyait pourtant avec tant de vigueur. Alors ce fut avec toute sa force actuelle qu’il frappa à maintes et maintes reprises contre le téléviseur usagé qui n’avait rien demandé. Ce fut avec toute la rage au cœur qui s’emparait de son âme qu’il cogna encore et encore avec sa batte de baseball. Autant de débris qui s’étalaient au sol, qui s’envolaient dans les airs, qui représentaient tous les morceaux qu’il avait perdu, Shanyuan. Et alors, il avoua. Ses lèvres s’enflammèrent et son cœur s’embrasa dès lors qu’il donna de l’éclairage à la zone d’ombre de son passé dans lequel Soah s’était perdu. Et si le plus jeune ne comprenait pas, son aîné non plus n’avait jamais compris les raisons de ses géniteurs.
Sa matraque pendant la tête vers l’asphalte, Shanyuan s’était retourné pour faire face à son interlocuteur, l’écoutant le questionner sans avoir jamais trouvé les réponses lui-même. « Ils voulaient faire de moi un homme. » Mais qu’est-ce que cela signifiait vraiment, dans le fond ? Le chinois n’avait fait que vivre son adolescence, ne créant qu’à peine quelques vagues, toujours sérieux dans ses études et dans ce qu’il entreprenait. Il n’avait jamais attiré d’ennuis qui auraient fait défaut à ses parents et, s’il avait su, oui, s’il l’avait su, sans doute se serait-il permis d’être davantage casse-cou. Au moins il aurait eu cette explication sur les agissements de sa famille. Sauf qu’à dix-huit ans, fraîchement diplômé, il n’avait pas eu d’autres choix que de partir, de suivre le mouvement : de le subir. Au début, il s’était dit que cela ne devait pas être aussi terrible puis les mois s’étaient écoulés, inlassables. Combien de fois avait-il voulu hurler ? Combien de fois avait-il désiré rentrer chez lui ? Mais pour qui, pour quoi ? Pour lui. Pour Soah.
Et ses pupilles rencontrèrent les siennes avant que le jeune homme ne s’acharne à son tour sur le premier objet qui se présentait à lui. Cet endroit était fait pour et Shanyuan s’aperçut qu’il avait eu raison de les y emmener aujourd’hui. Si lui avait des choses à raconter, c’était aussi le cas de Soah. Alors, un peu en retrait, il le laissa tout casser, tout briser, peut-être à l’image de l’homme qu’il avait été avant de se reconstruire tout doucement, pièce par pièce. Ainsi, les morceaux purent aussi se rejoindre dans l’esprit du brun, saisissant un peu mieux la souffrance qui avait également accompagné son meilleur ami durant deux longues années ; les mêmes que lui. Il se demanda aussi si, par ricochet, la mère de Soah n’était pas allée vendre la mèche à la sienne. Tout découlait d’une logique informe, insupportable, à l’instar de la scène qui se jouait sous les iris sombres de Shanyuan.
Jetant sa batte par terre, il revint vers son cadet pour le serrer contre lui, l’enlacer tout contre sa poitrine pour sentir son myocarde pulser de cette adrénaline qu’il venait de décharger. De ces aveux si puissants qui balayaient tout autour de leurs deux silhouettes bancales. « Je suis tellement désolé que tu aies eu à subir ça tout seul. » Parce qu’il avait été inscrit aux abonnés absents. Parce que durant ces deux années, il avait lui aussi tenté de s’en sortir, de ne pas crever de peur. Debout au beau milieu des décombres de cette pièce reconstituée, le monde aurait pu exploser cette après-midi-là. Soah lui était revenu et il n’y avait rien de plus précieux que ce petit bout d’homme. « Je ne te perdrais plus jamais Soah. » Murmuré alors que ses lèvres vinrent s’échouer tout contre son oreille, ses prunelles captivant son regard tout comme ses lippes capturèrent les siennes.
@liu soah
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Re: break these walls which lock ourselves | Lun 1 Mar - 11:43 Citer EditerSupprimer
outfit - Elle avait toujours été une bonne mère. Attentionnée, prête à tout pour ses enfants. Il l’adorait. Néanmoins, ce jour-là, il prit conscience qu’elle s’était enlisée toute seule dans ses propres croyances sans avoir l’esprit ouvert. Il n’avait pas eu son mot à dire et il avait fini par se convaincre qu’elle avait peut-être raison. La raison pour laquelle on l’avait enfermé n’était pas que parce qu’il avait pu coucher avec un homme, c’était également parce qu’il s’était oublié lui-même. Cela ne justifiait pas qu’on pense que la meilleure solution soit qu’il se retrouve entre quatre murs blancs à prendre des médicaments matin et soir et à participer à diverses activités pour son propre bien et une bonne guérison mais, peu à peu, il s’était laissé porter par le flot. Il aurait juste aimé qu’on l’écoute car on ne l’avait jamais écouté. Elle, elle ne l’avait pas fait et il s’agissait de sa mère alors ne devrait-il pas plutôt lui l’écouter ? Il avait longtemps convergé là-dessus avant de prendre conscience de sa propre naïveté. Il était un être humain et c’était à lui d’être simplement lui-même. On n’avait pas à dicter à comment être et, peut-être était-ce mal d’aimer un autre homme, mais, l’amour, ça ne se décide pas. Ça ne se contrôle pas. On ne contrôle pas un coeur et ça, Shanyuan lui aussi l’avait subi.
Sois un homme. N’aime pas les hommes. À quel moment auraient-ils dû se méfier de leurs parents ? Pourquoi est-ce qu’un enfant devrait-il rester sur ses gardes face à ses géniteurs ? Ça n’avait pas de logique. Leurs parents les avaient poignardés dans le dos et n’avaient eu aucun sang-froid à leur faire subir ce qu’ils avaient subi. Oh, il savait Soah que son père n’y était pour rien dans cette histoire mais il n’avait pas bougé le petit doigt. Son père avait laissé faire sa mère sans dire un mot et ça n’avait fait qu’agrandir l’ombre menaçante de sa mère sur lui. Il avait pris peur, il avait commencé à délirer et il avait totalement perdu pied. Être enfermé sans échappatoire au point d’en oublier le seul amour lui ayant fait du bien car celui-ci était de toute façon parti loin de lui. Qu’est-ce qu’il aurait aimé que cela se passe différemment et qu’ils puissent avoir le droit au futur qu’ils s’étaient imaginés tous les deux de toute force. Désormais, ils étaient brisés et, même s’ils s’étaient retrouvés, il avait peur du chemin escarpé se dressant devant eux. Mais ça irait… n’est-ce pas ?
Parce qu’il y croyait. Il croyait en Shanyuan et en son amour - quel qu’il soit. Il ne le laisserait plus s’éloigner de lui et s’accrocherait à lui. On ne le lui enlèverait plus, c’était fini. Pourtant, ça n’allait pas être facile et il lut bien sûr l’incompréhension dans le regard de cet être qu’il aimait à en crever quand il le repoussa gentiment après son baiser.
« Yû, je… »
Ce n’était pas facile à dire. Il regarda ailleurs, chercha comment expliquer ce qui l’assaillait. Il était sorti de l’hôpital et il allait beaucoup mieux mais il n’était pas guéri. Shanyuan n’était lui non-plus pas guéri et cela se ferait avec le temps. Leurs blessures cicatriseront mais elles seront toujours présentes et c’était bien là le problème.
« Je t’aime, Yû, lui déclara-t-il en plongeant son regard dans le sien, Je croyais que cela s’était estompé mais il faut croire que je m’étais trompé. Que c’était juste…, déglutit-il avant de secouer la tête, Mais ça a été difficile et je ne ressens plus aucun désir. Je ne sais pas si c’est compréhensible, se mordit-il la lèvre inférieure, T’embrasser, cela ne me dérange pas mais… »
Il se sentait terriblement mal. Ses mots moururent dans sa gorge et il regarda ailleurs. Aimer quelqu’un mais ne pas avoir envie de lui. Ce n’était pas comme s’ils allaient aller plus loin qu’un baiser en cet instant mais il trouvait cela douloureux. Ce blocage parce qu’au final, il s’agissait peut-être bien de cela. Ils avaient bien couché ensemble au lycée alors c’était qu’il n’était pas totalement dénué de désir mais, aujourd’hui, c’était perdu. Il se passa une main dans les cheveux et son visage se crispa sous la douleur. Il se remit à frapper les objets à fracasser autour de lui et espéra que toute sa colère et sa peine parvienne jusqu’à la seule personne lui ayant réellement fait du mal. Mais n’avez-vous pas songé un jour lui parler ? Qui vous dit qu’elle ne vous écouterait pas ?
@Koh Shanyuan
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Re: break these walls which lock ourselves | Dim 28 Mar - 18:21 Citer EditerSupprimer
ootd / Shanyuan l’embrassa et se fit repousser. Doucement, mais il se fit repousser. Il comprit alors que quelque chose avait changé, que quelque chose était différente, malgré les dires qu’ils échangeaient en cet instant. Il y avait eu toutes ces années, et tout ce qu’ils avaient subi, l’un et l’autre, chacun de leur côté, et Shanyuan n’était pas quelqu’un qui obligerait les autres à faire quoi que ce soit. Lui-même ignorait grossièrement tous ces sentiments qui s’emparaient de son être lorsqu’il faisait face à Soah, alors il ne pourrait pas lui demander davantage. Ce fut pour cette raison qu’il respecta la distance remise entre eux, les doigts jouant sur la matraque avant de la jeter plus loin ; il en avait fini de tout briser.
Alors il l’écouta. Encore, avec patience. Il le fixa, lui, ce petit bout d’homme blondinet, au beau milieu de toutes ces décombres. Il l’écouta lui dire qu’il n’éprouvait plus aucun désir et il s’en mordit les lèvres. Soah lui avoua ce lourd secret qui devait étreindre son cœur depuis toutes ces mêmes années et Shanyuan lui en était reconnaissant. Parce qu’à travers cela, il avait l’impression que son cadet recommençait à véritablement lui faire confiance. Soah l’aimait encore, mais son désir était parti en même temps que son absence ; comment pourrait-il lui en vouloir ? Néanmoins, avant que le brun n’eût le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, le danseur se remit à cogner alentour, brisant chaque objet qui se présentait sur son chemin. Shanyuan ressentit toute la douleur et la rage qui s’échappaient de ces nombreux coups et il ne le retint pas de le faire. Que tout ceci sorte et ne revienne jamais. Que les larmes s’écoulent, que la peur s’évade et n’en reste plus qu’un homme droit, fier. Lui-même avait appris par ses enseignements au service militaire et son cœur se serra à cette pensée.
Revenant auprès de Soah, il glissa ses mains sur ses poignets, l’entraînant contre son torse. Il avait la respiration saccadée et Shanyuan sentait son myocarde qui pulsait à tout allure. Ils demeurèrent là, silencieux, durant plusieurs minutes. « Tu n’as pas à te justifier, Soah, pas auprès de moi. » Parce que si les choses avaient tant changé, n’était-ce pas aussi de la faute du plus âgé ? Lentement, il le prit par les épaules pour planter son regard dans le sien, le soutenant avec tendresse. « Est-ce qu’on peut rentrer, à présent ? » Il attendit sa réponse avant de se permettre de déposer un baiser sur son front et de l’entraîner à l’extérieur. Avant de retourner à l’université, ils firent une halte à son travail et Shanyuan leur paya des boissons chaudes pour qu’ils se remettent de leurs émotions en vrac. Qui sait de quoi demain sera fait.
@liu soah
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