« Qui a laissé sa merde dans la salle commune ? Vous faites chier ! Vous avez des chambres. » Hanbin leva la tête de ses cours pour regarder une fille s’énerver à propos de quelque chose qu’elle avait dans la main. De là où il était, il avait du mal à voir ce que c’était et n’était pas réellement intéressé par ce qu’elle disait. Ce n’était pas rare que les étudiants s’engueulent entre eux parce que quelqu’un n’avait pas rangé telle ou telle chose et que c’était le bazar. Contrairement aux fraternités, ici, il n’y avait pas de présidence pour faire régner l’ordre. Alors, c’était un peu le bordel et personne ne rangeait réellement. Ou plutôt devait-il dire que lui ne rangeait pas. Il n’était pas connu pour être le plus ordonné du dortoir et encore moins le plus enclin à faire le ménage. Il n’aimait clairement pas ça et faisait le moins d’effort possible. Après tout, il y avait toujours quelqu’un pour ranger à sa place. Et encore une fois, ça se confirmait. Hanbin haussa donc les épaules et retourna vers dans ses cours sans chercher plus loin. Il avait du boulot et même s’il n’était pas le plus assidu en cours, il voulait quand même passer l’année suivante.

Cependant, c’était sans compter sur la fille qui l’avait repéré. Elle savait qui il était et surtout comment il agissait. Alors, tout naturellement, elle s’approcha de lui et lui foutu sous le nez l’objet en question : une capote usagée. Une grimace de dégoût passa sur son visage avant de se remémorer que c’était sûrement une de siennes, vu qu’il avait couché avec une fille pas plus tard que la veille et qu’il avait potentiellement oublié de la foutre à la poubelle. La fille lâcha le préservatif sur les cours de Hanbin et il s’insurgea, le poussant du bout de son stylo avant de désinfecter son stylo. « T’es sérieuse ? » lâcha-t-il en colère tandis qu’il ne pouvait pas s’empêcher de la fusiller du regard. « Y a que toi pour faire ce genre de chose… » Hanbin eu l’air outré avant de tourner la tête dans tous les sens et désigner une jeune femme dont il ne connaissait pas le prénom. Il l’avait déjà vu par ici, mais ne lui avait jamais réellement parlé. Ce serait une bonne occasion de se servir de ça pour lui faire porter le chapeau.

« C’est pas moi putain. C’est elle là. Elle a oublié de la foutre à la poubelle hier quand on l’a fait. » Il se mettait dans la merde tout seul, cherchant le bâton pour se faire battre. « Sérieux t’aurais pu faire ce que tu avais dit… » grogna Hanbin tandis qu’il s’adressait directement à la jeune femme qui n’avait rien demandé et se retrouvait là sans savoir dans quoi elle allait être embarquée avec le plus jeune de la famille Yang.

Belle journée, le soleil brille fort dans le ciel malgré le froid qui s’est installé sur le pays il y a quelques semaines et la neige qui a recouvert les rues il y a à peine deux jours. Sena apprécie ce genre de temps, où elle peut profiter de la lumière sans mourir de chaud. Puis elle a passé la matinée en cours de composition, à travailler le renversement des accords, théorie qu’elle a hâte d’appliquer sur ses propres morceaux. Rien ne peut troubler cette journée parfaite. Enfin, c’est ce qu’elle croit… Jusqu’au drame. Alors qu’elle rentre au dortoir pour travailler un peu dans sa chambre, elle se dit qu’une pause goûter ne peut pas faire de mal. Quelle naïve pensée. Alors qu’elle sirote son lait à la mangue en défilant son actu insta, elle entend des voix s’échauffer autour d’elle, ce qui après deux/trois paroles désagréables finit par la sortir de son petit monde. Pas qu’elle veuille particulièrement écouter la conversation, au contraire, elle préférerait un peu de calme, mais les voix sont si fortes qu’elle ne parvient pas à faire abstraction. Bientôt, elle sent la conversation l’intégrer alors elle relève la tête, surprise. « Quoi ? Moi ? » la demoiselle se pointe du doigts, en papillonnant activement des paupières, comme pour se réveiller d’un mauvais rêve ou plutôt d’un cauchemar irréaliste. Ses yeux se posent quelques secondes sur l’étudiant qui l’accuse de quelque chose dont elle n’est sûrement même pas capable de faire pour le moment. Puis les pupilles dérivent sur la jeune femme qui était rouge de colère après avoir trouver l’objet de la discorde puis sur le bout de latex en question. Son visage vire au rouge écarlate automatiquement, lorsqu’elle imagine la possibilité qu’on puisse la penser responsable de cela. « Hein ? Mais je n’ai jam- » elle s’exclame louchant bêtement le corps étranger sur la table en bois, avant de se couper. Elle lève les yeux vers la jeune enragée qui la fusille à présent du regard, Sena avale difficilement sa salive, les mots semblent se coincer dans sa gorge. Son cerveau s’active à chercher la meilleure façon de se sortir de là, l’argument logique qui fera qu’on la croirait tout de suite. Mais elle ne voit pas d’autre moyen que d’exposer publiquement sa virginité, ce qu’elle n’a pas du tout envie, mais alors vraiment pas du tout, de faire. Alors elle oublie l’argument logique qui aurait pu la sauver rapidement et efficacement. « Je ne sais pas de quoi il parle ! Bien sûr que je n’ai pas participé à… peu importe ce qu’il a fait hier soir avec… Je ne sais qui. Qui n’est vraisemblablement pas moi. » son ton est bas, presque calme. Mais son agitateur se lit dans ses yeux, qui font des allers-retours entre les deux autres étudiants dans la salle, à cause de qui elle se retrouve prise au piège, malgré son envie grandissante de disparaître d’ici. Par de petits pas hésitants, Sena s’approche des jeunes gens, la mine dépitée. « On ne se connait même pas. Pourquoi je ferais… ça avec quelqu’un que je ne connais pas ? » elle couine, l’air totalement perdue et profondément outrée de se retrouver dans cette situation improbable. Sena ne comprend pas ce qu’elle a bien pu faire au jeune homme, dans cette vie ou dans ses précédentes, pour qu’il décide de se servir d’aller comme de couverture. Cela lui paraît complètement injuste et incroyablement gênant au vu du contexte saugrenu. Avec son innocence presque totale, la jeune chanteuse ne pensait pas un jour être accusée de laisser traîner des préservatifs souillés dans une pièce commune du dortoir.

C’était clairement le genre de chose que Hanbin pouvait laisser dans le dortoir des étudiants, parce qu’il se foutait de tout et qu’il n’en avait que faire de choquer les gens. Cependant qu’elle vienne d’elle-même l’accuser de ça le mettait hors de lui. Certes, c’était peut-être à lui mais qu’on vienne l’accuser sans preuves, ça l’énervait plus qu’autre chose. Surtout qu’il ne se souvenait pas avoir eu de relation sexuelle la veille. Donc c’était encore plus fort qu’on l’accuse. Alors, il allait totalement faire en sorte de ne pas tomber seul. De toute façon, pour faire l’amour, il fallait être deux. Ses yeux cherchèrent donc la proie idéale pour qu’il ne plonge pas en solo et ils tombèrent sur une jeune femme. Il ne la connaissait pas vraiment et ne lui avait jamais parlé et pourtant, il l’amenait avec elle dans sa merde. Tant pis, il s’excuserait plus tard, si jamais il le faisait. Il commença donc à l’accuser de ne pas l’avoir foutu à la poubelle comme elle avait dit qu’elle le ferait. Avait-il des remords par rapport à ça ? Absolument aucun. Hanbin se foutait pas mal de la mettre elle aussi dans la merde elle aussi. Puis il ne pouvait pas nier qu’elle était canon et qu’il aurait très bien pu se la taper dans d’autres circonstances. Donc, ça restait totalement et complètement plausible son histoire. Deux options s’offraient alors à elle : entrer dans son jeu ou totalement nier les faits.

La jeune femme choisit la deuxième option, celle de feindre l’ignorance, le contredisant également quant à ce qui s’était passé. Elle nia toute action sexuelle avec lui, plus encore, Hanbin remarqua le malaise qui l’habitait. Elle semblait vraiment sur le point de fuir et il ne put s’empêcher de penser qu’elle était complètement inexpérimentée dans le domaine, et donc vierge. Cette information le fit sourire un peu plus et il se promit de l’utiliser plus tard. Finalement, ça allait servir ses intérêts. Elle se tenter de se dépêtrer de l’histoire qu’il avait inventé sans avoir de vrais arguments à part celui qu’elle n’avait pas été celle avec qui il avait couché. Il la laissa finir sur le fait qu’ils ne se connaissaient même pas et donc qu’elle ne pouvait pas avoir de relation sexuelle avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas et un nouveau sourire s’afficha sur ses lèvres. « C’est moche de mentir. Je t’ai quand même fait grimper au septième ciel. » Insolent gamin qui se foutait clairement de ce qu’elle, elle pouvait ressentir ou même penser, Hanbin continuait de la regarder avec ce sourire arrogant et suffisant qu’il arborait en permanence. « C’était pas ce que tu disais hier soir alors que je te faisais crier et jouir. T’as honte que les gens apprennent que tu as pris du plaisir dans la salle commune ? C’est dommage, tout le monde le sait maintenant. » L’étudiant se foutait que tout le monde pensait qu’ils avaient couché ensemble. Ça l’aiderait avec son histoire et c’était parfait. « Maintenant, prends ce truc là et jette le à la poubelle comme tu as dit que tu le ferais hier. »

Hanbin ne savait pas comment elle allait réagir à ses provocations. Allait-elle s’énerver ? Allait-elle fuir ? Il n’en avait réellement aucune idée. Cependant, plus elle s’évertuerait à nier ce que lui clamait, plus les gens le croiraient lui parce qu’ils auraient l’impression qu’elle avait honte et ne voulait pas que ça se sache. Le jeune homme était même plutôt fier de lui parce que c’était parfait pour son plan de ne pas tomber tout seul, alors que pour une fois, il n’était même pas sûr que ce soit lui le fautif. Cette capote que l’étudiante avait dans la main, pouvait très bien dater de plusieurs jours comme d’hier mais ne pas lui appartenir. Ça pourrait être le cas, mais il ne se souvenait pas de l’avoir fait avec qui que ce soit récemment. Peut-être après avoir bu, mais il n’avait pas touché à la bouteille depuis quelques jours. Donc à moins qu’elle ne soit là depuis des jours, ce qui serait dégueulasse, lui-même en convenait, ce préservatif n’était définitivement pas à lui et il n’allait pas payer pour quelque chose qu’il n’avait pas fait.

Le karma. Sena y croit de toute son âme, et il s’agit de la seule explication possible de comment elle s’est retrouvée dans cette situation, de pourquoi elle fait face à de telles accusations injustes et surtout terriblement fausses. Pourtant, elle ne voit pas ce qu’elle a fait pour mériter cela. Elle a beau retourner toute sa journée dans sa tête, elle ne se souvient pas avoir fait quelque chose qui justifierait un tel retour de bâton de son karma. De façon générale, Sena ne fait jamais rien qui justifie que le pire lui tombe dessus pour rééquilibrer les forces de son karma et malgré tout, le sort continue de s’abattre sur elle. Pour beaucoup, être accusé d’avoir fait des cochonneries dans un endroit inapproprié n’est pas quelque chose de si grave, bien qu’un peu gênant. C’est monnaie courante que ce genre de choses arrive entre étudiants, et le dortoir gris étant moins surveillé que les dortoirs de luxe des fraternités, les dérapages sont plus fréquents qu’ailleurs sur le campus. Cela n’a jamais réellement dérangé Sena, les gens font bien ce qu’ils veulent et sont responsables de leurs actions après tout. La jeune femme passe la plupart de son temps à étudier et à travailler, alors les parties communes du dortoir l’intéressent peu. Ce qui la dérange par contre, c’est d’être prise au piège ainsi alors qu’elle n’a rien à faire dans cette histoire. Ce qui la gêne d’autant plus, c’est d’être tirée dans une histoire du genre. Sena n’est pas du genre à s’énerver, cela ne lui arrive pratiquement jamais à vrai dire, mais l’accuser d’être eu des rapports sexuels avec lui fait perdre son calme et ses moyens. Bien sûr, elle ne peut s’empêcher de nier les dires du jeune homme, bien qu’au fond elle sache que cela n’arrange en rien son cas, qu’au contraire cela l’enfonce un peu plus dans le mensonge de l’étudiant. D’elle-même, elle trahit son malaise et le léger stress qui commence à l’envahir, ceux qui ne la connaissent pas pourrait croire que ce sont des signes qu’elle ment. Mais Sena ne ment pas. Alors qu’elle se défend pitoyablement devant l’autre étudiante, qui semble outrée de constater que Sena est dans le coup au vu des regards dégoûtés qu’elle promène entre elle et le jeune homme, la chanteuse repère un sourire en coin du garçon. Cela l’agace autant que cela l’attriste, elle ne parvient pas à comprendre pourquoi la situation l’amuse, pourquoi l’emmener dans sa chute avec lui le fait sourire ainsi. L’ancienne idole ne fait que dire la vérité, mais ses défenses sont maigres contre le grand méchant loup. Les mots vulgaires du menteur lui provoquent des rougeurs timides aux joues, autant qu’ils lui filent la nausée. Et toutes ces réactions enfantines, qui découlent uniquement de son innocence certaine, n’aident en rien son cas. « Je n’ai pas honte de quelque chose que je n’ai pas fait. » elle répond en élevant la voix pour la première fois. Sena tente de rester calme et de raisonner logiquement, mais cela lui semble être une tâche bien grande à l’heure actuelle. Si seulement Max était avec elle pour la soutenir, pour la défendre, elle se sentirait plus forte. C’est vrai, elle n’a aucune raison d’avoir honte, pourtant c’est un peu ce qu’elle ressent lorsque les regards curieux se posent sur elle. « Pourquoi est-ce que tu m’accuses ainsi ? Je t’ai fait quelque chose et tu te venges, c’est ça ? Je suis pourtant sûre qu’on ne se connait pas. » elle lui demande sur un ton légèrement désespéré et triste, avant de se pincer les lèvres. Non, vraiment elle a beau y réfléchir encore et encore, ce visage et ce sourire arrogant ne lui disent rien. Sena ne se souvient même pas de l’avoir déjà croisé sur le campus et au dortoir. Et elle se refuse à croire que c’est parce qu’elle a fait partie du monde du showbiz quelque temps. Et même si, c’était le cas, le garçon sera bien malheureux en apprenant qu’elle n’a rien à lui offrir. Elle tourne rapidement la tête vers les oreilles indiscrètes qui s’agglutinent à l’entrée de la salle commune. « Que ce soit clair pour tout le monde : je n’ai pas… fait ça avec lui et je ne le ferai jamais. » elle se force à parler fort et clairement pour que le message passe, mais elle ne peut s’empêcher de buter sur le mot clé de sa phrase. Elle espère que cela suffira à rétablir les choses, et qu’elle pourra aller se réfugier sous sa couette très bientôt.

Dire qu’il ne prenait pas de plaisir à torturer la jeune femme qu’il avait emmené avec lui dans sa chute serait un mensonge. Il voyait bien ses joues rougies par la gêne et il devinait aisément qu’elle n’était pas à l’aise avec ce genre de choses. Soit elle était extrêmement timide ou alors c’était une vierge. Dans les deux cas, Hanbin prenait un malin plaisir à la martyriser, la placardant sur la place publique sans aucune gêne. Lui se foutait bien qu’on pense qu’il avait couché avec elle. Elle était plutôt mignonne dans son genre et même si pour beaucoup de coréen sa couleur de peau pouvait choquer, lui s’en moquait totalement. Un trou était un trou comme il disait. Ce n’était donc pas une nouveauté de le voir coucher avec n’importe qui, homme et femme confondus. Néanmoins, c’était bien la première fois qu’une capote restait après un de ses passages. Normalement, il mettait tout à la poubelle et donc, il en déduisait que ce n’était pas à lui. Après tout pourquoi aurait-il laissé ça là, alors que les étudiants auraient pu la retrouver. C’était totalement débile. Il n’allait donc pas tomber seul et ce que ce soit la sienne ou non. Ainsi, la jeune femme était toute désignée. De plus, le fait qu’elle essaie de se dépêtrer de la situation alors qu’elle était complètement gênée, la faisait passer encore plus pour la coupable. C’était donc tout bénéfique pour le jeune homme. Hanbin continuait donc dire ce qu’il pensait, dans des termes plutôt crus et un nouveau sourire moqueur et arrogant s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle continuait à se débattre pour quitter les files de sa toile d’araignée. Son sourire s’agrandit encore plus quand elle reprit la parole et haussa les épaules. « C’est pas bien de mentir. » lança-t-il avec un clin d’œil alors que les étudiants présents commençaient à le croire alors que la jeune femme était clairement en détresse par rapport à la situation. Elle élevait sa voix, mettant un poing d’honneur à nier les faits qu’il exposait mais plus elle le faisait et moins elle était crédible. Hanbin ne ressentait aucune gêne ni même de gêne à l’idée de l’embarquer avec lui dans cette merde. Est-ce qu’il aurait des remords, sûrement pas. S’il devait prendre pour quelqu’un qui avait laissé son préservatif dans la salle commune du dortoir des students, il ne prendrait pas seul, quitte à ce que la personne le déteste à vie. Au pire, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Elle continua d’essayer de se dépêtrer de ce piège qu’il avait formé autour d’elle et un rire s’échappa des lèvres de Hanbin. « J’aurais du me douter qu’une vierge poserait problème hier soir en te prenant sur le canapé… Dommage que tu n’assumes pas maintenant alors que tu en redemandais. » Exposait-il son secret ? Peut-être, mais il s’en moquait totalement. Le danseur était un connard égoïste et il le savait, en jouait même. Viendrait-elle lui en mettre une ? Peu sûr mais ne la connaissant pas, elle ne serait peut-être capable de le faire. La jeune femme se tourna alors vers le reste des personnes là et il vit à nouveau à quel point elle était désespérée que personne ne le croit. Hanbin finit par se lever et attrapa la capote que l’autre étudiante avait dans la main et s’approcha de sa victime. Il prit son poignet pour ouvrir sa main et la posa à l’intérieur. « La prochaine fois, évite de laisser trainer quand on te demande de mettre à la poubelle. » Nouveau sourire arrogant et insolent qui s’afficha sur ses lèvres avant qu’il ne se tourne vers celle qui avait mis en lumière le déchet non jeté. « Tu aurais peut-être du la mettre toi-même à la poubelle en silence. Ça aurait éviter la gêne de toutes les personnes ici. Même si personnellement, je m’en moque, j’assume. » Hanbin laissa penser qu’il se souciait des sentiments des autres alors qu’il s’en foutait totalement. Il sourit à tout le monde présent avant de quitter la pièce pour se rendre dans la cuisine pour se laver les mains. Il ne savait pas à qui ça avait appartenu et n’avait pas souvenir que ce fusse la sienne. Après tout, hier il avait bu et fumé. Il avait peut-être couché avec quelqu’un sans même s’en souvenir. Cependant, comme personne n’avait semblé être plus gêné que ça par la découverte de la capote, il avait des doutes. Ça se trouvait ce n’était même pas la sienne. Il ne saurait sans doute probablement jamais et ce n’était pas vraiment grave.

Si un jour, on lui avait dit que son manque de réparti lui causerait de tels soucis, Sena ne l’aurait pas cru. Il faut dire qu’elle ne s’est jamais retrouvée dans une telle situation, pourtant on peut dire que pour son âge, elle en a déjà vécu des choses. Mais se faire accuser d’avoir laisser un préservatif dans une salle commune fait parti des choses qu’elle n’a jamais expérimenté et qu’elle espèrerait ne jamais expérimenter. Mais le sort se joue d’elle et de son innocence. Quelque part, elle maudit son éducation ou plutôt son manque d’éducation sur le sujet. Peut-être que si elle avait un peu de connaissance ou d’expérience dans le domaine, les attaques du jeune homme lui passerait au-dessus, peut-être qu’elle parviendrait à s’en détacher plus facilement. Mais à cet instant, sa gêne est telle de se retrouver dans une situation qu’elle ne maitrise pas et sur un sujet sur lequel Sena est plus que novice, que toutes les fausses accusations de l’étudiant lui semblent provoquer la fin du monde. « Nan mais ça va pas ? » elle lève la voix, inévitablement choquée par ce que le jeune femme vient de dire. Bien sûr, il n’a aucune façon de savoir qu’elle est réellement vierge et c’est très certainement juste une information balancée en l’air pour appuyer son mensonge. Mais tout de même, le simple fait qu’il soit capable de faire ce genre de choses plus que privée devant des inconnus la met incroyablement mal à l’aise. N’a-t-il donc aucun respect pour ses partenaires, avec qui il semble régulièrement prendre du bon temps ? En dehors même de son cas à elle qu’elle trouve tout bonnement injuste, Sena pense à toutes ces filles ou à tous ces garçons à qui ce jeune homme a pu manquer de rester auparavant. Cela l’agace et la désole de façon certaine. Bien qu’elle ne puisse pas y faire grand-chose, elle ne peut que se sentir désolée qu’un idiot pareil se sente tout permis ainsi. « Je ne suis même pas vierge. » elle ajoute, divulguant le plus grand mensonge de l’univers. Sena tente de garder sa tête haute et son calme, pour convaincre les spectateurs clandestins de sa crédibilité. Elle ne cherche pas ici à rétablir la pureté aux yeux des autres, mais simplement à trouver un moyen de contredire l’étudiant pour montrer qu’il ne raconte que des conneries. « Et même si je l’étais, cela ne regarde personne ici. ». Elle sert les dents, et elle espère que ça suffira à terminer cette conversation absurde, car en effet, rien de ce qui se passe hier ne regarde qui que ce soit et encore moins, les curieux qui s’entasse à l’entrée de la salle commune. Mais non, ce serait trop beau pour être vrai. Sous les yeux ébahis de Sena et sa bouche semi-ouverte sous le choc, le jeune homme s’approche d’elle pour oser lui déposer l’objet des discordes dans la main. Elle reste à fixer le préservatif de longues secondes avant d’intégrer ce qu’il vient de se passer et ce qu’il vient de lui dire. Une grimace finit par s’afficher sur son visage, et elle se hâte d’aller jeter l’objet dans la poubelle. Sena regarde la chose tombée dans la poubelle dans un frisson de dégout avant de relever la tête pour chercher le petit con des yeux. Disparu. Rapidement, des étudiants lui indiquent la cuisine du bout du doigt. Elle retrouve le jeune homme en train de se laver les mains, ce qu’elle a hâte de faire également. Les mains loin devant elle, Sena se dirige vers lui les sourcils froncés. « Je crois qu’il faut qu’on parle. En privé, cette fois. » elle déclare, posant avec forces ses mains le plan de travail, avant de réaliser ce qu’elle vient de faire. Un couinement de panique lui échappe alors qu’elle retire ses mains du plan de travail pour les passer sous l’eau sans prendre en compte le fait que l’étudiant est encore en train de se laver les mains. « Pourquoi est-ce que tu fais ça exactement ? T’as besoin de te faire remarquer, c’est ça ? Et s’attaquer à quelqu’un qui semble bien trop gentille pour se défendre t’amuse, non ? » elle demande alors qu’elle savonne activement les doigts, comme si elle avait touché un truc radioactif. Elle y passe de longs instants avant de finalement se dire que cela devrait suffire. Alors qu’elle se sèche les mains, elle se tourne une nouvelle fois vers l’homme de tous ses soucis. « Sale pervers. » elle finit par lâcher ce qu’elle a sur le cœur.

Hanbin mentirait s’il ne disait pas que la scène qui se déroulait sous ses yeux ne le divertissait pas. Il n’avait pas prévu d’être un si gros connard avant que l’autre ne vienne lui prendre la tête avec sa capote usagée. Comme tout le monde semblait persuadé qu’elle lui appartenait, il n’avait pas nié ce fait, même s’il savait qu’il n’en était pas le propriétaire. Après tout, il avait une réputation de coureur de jupons et donc c’était presque normal qu’elle vienne l’emmerdait avec. Du coup, pour se sortir de ce mauvais pas, il avait entrainé quelqu’un avec lui, une jeune femme qui réagissait bien mieux que ce qu’il aurait pensé. Elle se démenait pour qu’on ne croit pas Hanbin et sa version des faits. Plus elle tentait de se sortir de la toile d’araignée qu’il avait commencé à tisser autour d’elle avec son mensonge et plus en s’empêtrait à l’intérieur et plus le jeune homme se délectait de ce spectacle qu’elle lui montrait. Il avait été interrompu dans ce qu’il était en train de faire et donc, il lui fallait bien un nouveau moyen de passer le temps sans que ça ne l’emmerde. Il continua de torturer la jeune femme et quand elle énonça qu’elle n’était pas vierge, il ne put s’empêcher de rire. « Bien sûr et moi je suis le président de la SM. » Hanbin était persuadé que ce n’était qu’un mensonge qu’elle sortait, autant pour se donner bonne figure mais également parce qu’elle n’avait sûrement pas envie qu’on pense qu’elle l’avait été avant qu’il ne vienne tremper son biscuit en elle. L’étudiante continua et il haussa simplement les épaules. Ce n’étaient clairement pas leurs affaires, mais elle semblait vouloir défendre à tout prix le fait qu’elle n’était pas vierge et qu’elle n’avait pas couché avec lui. Seulement, plus elle le faisait et plus les gens doutaient de sa parole et ça convenait parfaitement à Hanbin. Il finit par se lever, attraper le préservatif et le mettre dans la main de celle qu’il a décidé de faire passer pour sa complice de la soirée. Avait-il des remords ? Absolument aucun. Ça lui avait permis de faire passer le temps et elle avait été une bonne source de distraction. Il dirait même qu’elle avait été comme le bouffon du roi et cette idée lui arracha un sourire tandis qu’il tournait les talons après avoir déposé dans la paume de sa main l’objet usagé et qu’il se précipita dans la cuisine pour se laver les mains. Il se doutait qu’elle viendrait bientôt lui parler en privé. L’engueulerait-elle ? Le frapperait-elle ? Il n’en savait rien, mais vu ce qu’il avait vu, elle n’allait pas faire de mal à une mouche. Ou alors, c’était parce qu’elle était en public et comme il l’avait prise de court, elle n’avait pas su comment réagir à tout ça. Hanbin n’attendit pas longtemps avant d’entendre sa voix et un rictus prit possession de ses lèvres. « Mais bien sûr très chère. Je t’écoute. » lança-t-il insolemment sans même lui accorder un regard. Le danseur fut néanmoins dérangé par la jeune femme quand elle vint se laver les mains elle aussi, sans se soucier du fait qu’il était encore en train de le faire lui. Il râla mais la laissa faire. Elle partit alors dans un monologue de questions et son sourire ne quitta pas les lèvres de Hanbin tandis qu’il écoutait. Il s’apprêta à répondre quand elle l’insulta de « sale pervers ». Le jeune homme ne l’ayant pas vu venir se mit alors à rire, se tenant les côtes tellement il en avait mal. Elles n’avaient pas réellement guéri après son dernier combat. « Sale pervers ? Vraiment ? T’as que ça en réserve ? » réussit-il à dire entre deux rires, les larmes lui montant aux yeux tellement le fou rire était incontrôlable. « Vraiment, tu m’as bien distraite. J’aurai jamais pensé que tu serais aussi drôle. Entre le fait que tu rougissais comme une vierge effarouchée et maintenant ça. C’est bon je peux mourir en paix. » Il continua de sourire insolemment, son rire s’arrêtant petit à petit tandis qu’il s’essuya les mains. Il se retourna ensuite vers la jeune femme. « Mais sinon pour te répondre, cette capote n’était pas à moi ! Mais j’avais pas la foi de me battre pour qu’on me croit pas coupable. Jsuis un quetard alors c’est souvent, pour pas dire toujours, moi le fautif quand il y a ce genre de choses. Mais je voulais pas tomber seul. T’es juste rentrée dans la pièce au mauvais moment. Toi ou une autre personne, masculine ou féminine, ça aurait été pareil. » Il n’avait pas honte d’avouer sa bisexualité comme ça, pas plus qu’il n’avait honte de lui dire qu’elle n’avait été qu’une victime parce qu’elle était arrivée dans la pièce.